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mercredi 30 novembre 2016

Elephants can remember

C'est une année pleine de contrastes quant à mes lectures d'Agatha Christie.
Avec ce titre, bonne pioche. Un Agatha très sympa avec un Hercule Poirot secondée par une Mrs Oliver très proche de notre auteur, écrivain à succès de polars mais pas encore détective.

Quand elle est abordée par Mrs Burton-Cox lors d'un déjeuner d'écrivains, Mrs Oliver a deux options : ignorer la demande ou mener une enquête. Car l'interpellation est particulière et demande de remonter dans le temps, lors du double suicide de Lord et Lady Ravenscroft. Mais est-ce elle ou lui qui a tiré ? Notre romancière décide de reprendre l'affaire et de débusquer des "éléphants", comprendre des personnes qui se souviennent de l'affaire et ont des indices à partager. On commence avec la fille des Ravenscroft, Célia, concernée au premier chef, puisque future brue de Mrs. Burton-Cox et filleule de la romancière. Aidée d'Hercule Poirot, Mrs. Oliver mène les interrogatoires. Quant au détective, il fait des listes et découvre la vérité... Un peu après le lecteur ! Mais ça n'en reste pas moins un bon cru.

"Curiosity. I don't know who invented curiosity. It is said to be usually associated with the cat. Curiosity killed the cat. But I should say really that the Greeks were the inventors of curiosity. They wanted to know. Before them, as far as I can see, nobody wanted to know much. They just wanted to know what the rules of the country they were living in were, and how they could avoid having their heads cut off or being impaled on spikes or something disagreeable happening to them."


mercredi 16 novembre 2016

Voyage autour de ma chambre

Voilà des années que je souhaitais lire ce roman de Xavier de Maistre qui conte comment l'on peut voyager tout en ne quittant pas sa chambre. Attention, découverte d'un petit bijou très XVIIIe ! Retenu en prison pendant 40 jours suite à un duel, notre jeune homme ne s'ennuie pas un instant. Il réfléchit, il s'amuse avec son chien, il embête son valet. Mais surtout, il parodie le récit de voyage, passant de l'univers de son lit à celui de son bureau ou de sa bibliothèque. En chaque endroit, il y a des surprises, des découvertes que nous partage l'auteur. Au cœur du propos, le jeu qui se poursuit sans cesse entre l’âme et la bête :"J’ai fait je ne sais combien d’expériences sur l’union de ces deux créatures hétérogènes. Par exemple, j’ai reconnu clairement que l’âme peut se faire obéir par la bête, et que, par un fâcheux retour, celle-ci oblige très souvent l’âme d’agir contre son gré. Dans les règles, l’une a le pouvoir législatif et l’autre le pouvoir exécutif ; mais ces deux pouvoirs se contrarient souvent. — Le grand art d’un homme de génie est de savoir bien élever sa bête, afin qu’elle puisse aller seule, tandis que l’âme, délivrée de cette pénible accointance, peut s’élever jusqu’au ciel."

Van Gogh, Couloir d'asile, MET"Lorsque vous lisez un livre, monsieur, et qu’une idée plus agréable entre tout à coup dans votre imagination, votre âme s’y attache tout de suite et oublie le livre, tandis que vos yeux suivent machinalement les mots et les lignes ; vous achevez la page sans la comprendre et sans vous souvenir de ce que vous avez lu. — Cela vient de ce que votre âme, ayant ordonné à sa compagne de lui faire la lecture, ne l’a point avertie de la petite absence qu’elle allait faire ; en sorte que l’autre continuait la lecture que votre âme n’écoutait plus."

Sympathique séparation, n'est-ce pas ? Parmi les autres moments forts intéressants, un chapitre sur l'usage du miroir...

"Or, puisque les miroirs communs annoncent en vain la vérité, et que chacun est content de sa figure ; puisqu’ils ne peuvent faire connaître aux hommes leurs imperfections physiques, à quoi servirait un miroir moral ? Peu de monde y jetterait les yeux, et personne ne s’y reconnaîtrait, excepté les philosophes. — J’en doute même un peu.

En prenant le miroir pour ce qu’il est, j’espère que personne ne me blâmera de l’avoir placé au-dessus de tous les tableaux de l’école d’Italie. Les dames, dont le goût ne saurait être faux, et dont la décision doit tout régler, jettent ordinairement leur premier coup d’œil sur ce tableau lorsqu’elles entrent dans un appartement."

Délicieux également, qu'en pensez-vous ? Court, sympathique, enlevé, c'est le genre de classique à mettre entre toutes les mains. 


lundi 14 novembre 2016

Debout les morts

Encore une fois, je découvre un Vargas bien après l'Amoureux. Du coup, je squatte son billet !
Un Fred Vargas, c'est souvent trop peu et l'on aime à y revenir. Après Un peu plus loin sur la droite, j’enchaîne avec ce titre qui a pour héros les trois évangélistes. Saint Marc, Saint Mathieu et Saint Luc sont trois historiens, spécialisés l'un en histoire médiévale, l'autre en préhistoire et le dernier en histoire de la Grande Guerre. Sans le sou, Marc, Mathias et Lucien viennent d’emménager dans une grande baraque avec l'oncle de Marc, ex-policier. Ils font connaissance de leur voisine, la cantatrice Sofia Siméonidis. Cette dernière est inquiète lorsqu'elle découvre dans son jardin un arbre qui n'y était pas la veille. Que cache-t-il ? Les évangélistes creusent. Mais rien. On oublie cette curiosité et chacun se replonge dans ses recherches historiques. Mathias s'intègre un peu plus dans la vie de quartier puisqu'il commence à travailler chez une amie de Sofia, Juliette, qui tient un restaurant. Mais avec la disparition de Sofia, tout bascule et nos trois compères se lancent dans l'enquête... Surtout que la nièce de Sofia vient de débarquer et qu'elle est à la fois très jolie et très suspecte !



Une fois encore, j'ai beaucoup aimé ce polar pour ses personnages insolites et sympathiques. 

.......

Depuis ma découverte de Fred Vargas avec L'armée furieuse, l'envie de lire un autre livre du même auteur m'a titillé plusieurs fois... Eh bien  c'est chose faite, et je dois dire que je n'ai pas été déçu d'y revenir !

L'intrigue de Debout les morts commence de façon fort singulière : Sophia Siméonidis, ex-cantatrice d'opéra qui s'est retirée de la vie publique, se rend compte un beau matin de printemps qu'un arbre de taille adulte est apparu au beau milieu de son jardin du jour au lendemain !
Décontenancée, pas écoutée pour deux sous par son mari, elle demande à ses voisins, trois historiens de l'art sympathiquement fauchés, de creuser sous l'arbre pour voir ce qu'il peut bien cacher.

Les recherches sont pourtant infructueuses. Quelques semaines passent, la vie suit paisiblement son cours... jusqu'à ce que Sophia disparaisse subitement, alors même que sa nièce devait débarquer chez elle, venue de province. Ses voisins, qui hébergent également un ex-flic, décident de se lancer sur ses traces - à cause de l'arbre qui continue de les intriguer, mais aussi à cause de la jolie nièce en proie au désarroi ! 
Mais qui pourrait bien en vouloir à Sophia ? Un admirateur déçu ? Un membre de sa famille, pressé de toucher une part d'héritage, sa nièce qui a l'air pourtant si innocente ?

Drôle, bien écrit et fourmillant de rebondissements dans son dénouement, ce livre de Vargas m'a fait passer un très bon moment. J'ai trouvé les personnages attachants, même si l'auteur a parfois tendance à verser dans la caricature.

vendredi 11 novembre 2016

Un peu plus loin sur la droite

Un petit Fred Vargas de temps à autre, rien de tel pour se reposer entre deux tomes de Proust. Avec cette enquête, pas d'Adamsberg présent. Notre héros est Louis Kehlweiler. Ex-policier, il a des indics dans tous les coins de Paris. Notre enquête débute avec un os humain trouvé dans une crotte de chien. Mais pas de corps auquel raccrocher l'os... Louis poste son archiviste, Marc Vandoolser, pour repérer les chiens qui passent et leurs maîtres. Marc est historien, médiéviste, et peine à joindre les deux bouts. Il n'hésite donc pas à rejoindre quelque peu le XXe siècle pour subvenir à ses besoins. 

L'os et les archives mènent Louis jusqu'en Bretagne, dans une petite ville où vit justement un de ses grands amours. La suite de l'enquête continue avec Marc mais aussi Mathias, préhistorien.

Un roman plein d'humour et de sensibilité, comme on les apprécie chez Vargas, qui m'a introduit aux fameux "évangélistes", ces historiens qui s'adonnent aux joies de l'enquête policière pour se changer des recherches historiques.