Je n'ai pas le même enthousiasme devant mon Kipling de cette année que devant celui de l'an dernier,
La lumière qui s'éteint. Est-ce le format "nouvelles" ? Est-ce l'exotisme ? On retrouve par contre la puissance de l'écrivain, son gout de l'aventure et ses personnages étonnants.
La préface nous invite dans un monastère indien, auprès d'un sage aux nombreuses histoires, que rencontre notre auteur.
"J'écris sur toutes les choses qui sont à la portée de mon entendement et sur beaucoup qui ne le sont pas. Mais surtout j’écris sur la vie et la mort, sur les hommes et les femmes, sur l’amour et la destinée dans la mesure de mes capacités, en racontant l’histoire par les bouches d’une, deux personnes ou plus. Alors, par la grâce de Dieu, les histoires se vendent et me rapportent de l’argent qui me permet de vivre".
C'est certainement la partie qui m'a le plus plu, notamment avec ce passage :
"- Moi, j’étais jadis un conteur renommé, quand je mendiais sur la route entre Koshin et Etra ; avant le dernier pèlerinage que j’aie fait à Orissa. Je racontais beaucoup d’histoires et j’en entendais encore plus aux gîtes d’étape le soir quand nous nous réjouissions après la journée de marche. Je suis persuadé qu’en matière d’histoires, les hommes faits sont tout pareils à des petits enfants, et que la plus vieille histoire est celle qu’ils aiment le mieux.
- Pour ton peuple, c’est la vérité, dis-je. Mais en ce qui regarde mes compatriotes ils veulent de nouvelles histoires, et quand tout est écrit ils s’insurgent et protestent que l’histoire aurait été mieux racontée de telle et telle façon, et ils demandent si elle est vraie ou bien si c’est une invention.
- Mais quelle folie est la leur ! fit Gobind, en écartant sa main noueuse. Une histoire qu’on raconte est vraie durant tout le temps qu’on met à la raconter."
Quant aux nouvelles, elles se déroulent toutes en Inde et s'intéressent aux liens entre anglais et indigènes, aux combats, aux femmes... Bien entendu, c'est très daté et les indiens passent souvent pour des imbéciles. Dans mon édition, j'ai trouvé ces titres :
La Noire et la Blanche : Georgie Porgie s'installe en Birmanie. Il prend une locale comme gouvernante, qui s'attache à lui. Alors que Georgie pense à se marier en Angleterre.
Le Retour d'Imray : Imray a disparu. Mais il semble que son esprit erre encore dans sa maison.
Le Chef du district : Remplacer un anglais par un indien, ce n'est pas forcément une bonne idée. En tous cas, dans cette nouvelle.
Naboth : Un mendiant, Naboth, s'installe près de chez vous...
La Rancune de Pambé Serang : Certains ont la rancune tenace, même pour un plat de riz !
"Il fut soigné et ramené à la vie avec toute la science que peut procurer l’argent, car la justice le réclamait ; et à la fin il recouvra suffisamment de santé pour être pendu en bonne et due forme"
Par le feu : Histoire d'amour et d'adultère qui finit mal.
L'Homélie de l'émir : C'est pas bien de voler ! L'émir est assez sévère avec ce genre de crime.
Les Juifs de Sheshuan : Ephraïm rêve d'une synagogue pour les siens. Mais c'est sans compter sur les calamités qui se préparent !
Route du puits-qui-gazouille : Lors d'une chasse, notre héros découvre un lieu mystérieux, qui rend fou les hommes.
La Cité de
l'épouvantable nuit : nuit de chaleur où tous dorment, corps entassés. Promenade nocturne.
Mulvaney, incarnation de Krishna : Mulvaney, Ortheris et Learoyd sont inséparables. Mulvaney, le soldat le plus courageux, mais aussi le plus fou. De retour d'une expédition avec un palanquin, il se retrouve à voyager à travers l'Inde et à se faire passer pour un Dieu à Bénarès.
Comment Mulvaney
épousa Dinah Shadd : Et malgré ce que dit le titre, ce n'était pas gagné. Car il a beau être fort, il n'est pas très malin avec les femmes, Mulvaney.
Sur le mont de Greenhow : Encore une histoire avec Mulvaney et ses amis. Cette fois, il est question d'un déserteur.
La Mutinerie des Mavericks : histoire de société secrète et de complots à San Francisco.
Des nouvelles d'intérêt et de longueur variés. Tout est loin d'être inoubliable.