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lundi 24 septembre 2018

L'homme qui parlait à la nuit

Voici mon dernier pavé de la (fin de) l'été. Un livre de Mira Jacob qui m'a attiré l'oeil par sa jolie couverture et sa 4e qui parle de fantômes et de famille. En fait, c'était beaucoup moins fou que ce que j'attendais et bourré de coquilles (jusque dans les noms des personnages qui passent d'Akhil à Khalil à Akhim ou je ne sais quoi encore).


Amina est photographe. Elle vit à Seattle, loin du Nouveau-Mexique où elle a grandi. D'origine indienne, ses parents ont laissé leur pays pour les USA. Thomas et Kamala élèvent deux enfants, Akhil et Amina. Enfin, c'est plutôt Kam qui s'y colle parce que Thomas est un neurochirurgien très impliqué dans son boulot, qui ne rentre pas très tôt à la maison. Mais tout cela, on le découvre petit à petit, en flash back alors qu'Amina a quitté Seattle pour une urgence : son père passe des nuits entières à parler aux morts, notamment à sa mère. Et quand on découvre sa relation à sa mère et à sa famille indienne, on s'inquiète. Est-ce une folie ? Est-ce un peu de fantastique dans notre réalité ? Ou simplement une maladie ? Je vous laisse découvrir.

Avec ce retour d'Amina chez ses parents, c'est toute l'histoire de cette famille qui nous est contée. La difficulté de vivre dans un autre pays que le sien, la maladie et la mort, la liberté que l'on a ou pas par rapport aux siens...

C'est plutôt agréable, on ne sent pas les pages passer, mais on referme le livre en se disant "Ce n'était que ça ?!". Une rencontre un peu ratée pour moi.

"- Kurt Cobain était un junkie, maman.
- Parce qu'il manquait de soleil !
Amina soupira. Si elle avait su que le numéro de Rolling Stone qu'elle avait laissé dans la salle de bains lors de son dernier séjour allait transformer Kamala en experte autoproclamée de tout ce qui touchait à Seattle ("Le grunge ! Les Starbucks ! Les start-up!"), elle aurait fait plus attention, mais enfin, ce mépris de sa mère pour le lieu de résidence qu'elle s'était choisi n'était pas sans avantage. Ne fut-ce que parce qu'il limitait ses visites"

"Ce merveilleux pays où les enfants suivent les avis d'autres enfants pour savoir avec qui vivre leur vie"


jeudi 20 septembre 2018

Le coeur est un chasseur solitaire

J'attendais beaucoup de ce roman de Carson McCullers que certains ont porté aux nues. Trop d'attentes ? 

Le plot ? Plusieurs personnages, dans le Sud de l'Amérique, dans une petite ville de filatures. Il y a Mick, une ado de 12-14 ans, qui aime la musique et rêve d'écrire des symphonies. Blount, un agitateur communiste qui boit trop, Biff, tenancier du bistrot ouvert toute la nuit, Copeland, un docteur noir qui rêve que la race noire se distingue et qui ne cesse d'être déçu par les siens. Et Mr Singer, un sourd muet qui reçoit les confidences des uns et des autres, les fascine, les apaise, les comprend (peut-être) mais est surtout attaché à son ami Antonapoulos, interné depuis peu.

On suit ces personnages dans leur vie quotidienne, leurs petits ravissements et grands soucis d'argent, de goût, d'ennui, de revanche etc. Des personnages très seuls, dans leur famille, leur milieu, leur couple. Des personnages en lutte, temporairement, avant une défaite, une fuite, la mort... Des bouts de résistance à un destin tracé, médiocre, pauvre et sans issue. Mais est-il vraiment possible d'échapper à son destin dans une Amérique ravagée par la crise et le désespoir ?  

Impossible pour moi de m'attacher aux personnages, à leurs préoccupations, sauf peut-être celles de Copeland, je sors déprimée de cette lecture déprimante. Très peu pour moi les dialogues de sourds !

lundi 10 septembre 2018

La vie mode d'emploi

Je n'avais pas lu Georges Perec depuis la licence, où j'avais étudié (et beaucoup apprécié) W ou le Souvenir d'enfance. C'était un roman à deux voix, mêlant autobiographie et utopie sur une île de sportifs... qui se révèle être une vraie dictature. Avec La Vie mode d'emploi, j'ai redécouvert cet écrivain brillant qui se joue des contraintes qu'il s'impose pour offrir au lecteur un livre foisonnant.


Ce roman sous forme de puzzle retrace la vie d'un immeuble parisien sur 100 ans, de 1875 à 1975. On y rencontre les divers propriétaires et locataires, des concierges aux notables, des caves aux chambres de bonnes. Riche en descriptions, en listes ou en énigmes, ce roman ce veut exhaustif. Aucun meuble ne semble oublié, aucun livre, aucune petite histoire. Cela peut être celle des habitants actuels comme celle des locataires passés, des escrocs aux grandes familles. Mais partout souffle l'aventure, que ce soit chez l'archéologue rêveur, le milliardaire enrichi en Afrique, les peintres ou la cantatrice. 

Composé selon des contraintes mathématiques (il ne faut jamais passer plusieurs fois dans la même pièce de l'immeuble (il y en a 100), chaque pièce a des caractéristiques propres et imposées et des livres et tableaux inspirent les chapitres) savamment dissimulées par l'auteur, ce roman pourrait se lire dans n'importe quel ordre, en suivant les personnages (il y a des index), des temporalités, ou au hasard. Se détache simplement le fil rouge de l'histoire de Bartlebooth, un riche jeune homme qui imagine un projet maîtrisé, esthétique et logique, sans autre but que lui-même à savoir la réalisation d'aquarelles partout dans le monde pendant 10 ans, envoyées à l'artisan Gaspard Winckler qui en fait des puzzles. A son retour, Bartlebooth fait les puzzles, reconstitue l'aquarelle, la renvoie sur les lieux de réalisation pour l'y détruire et récupérer une feuille blanche. 

C'est là le point d'ancrage du roman, l'intrigue qui nous attache. Mais chaque chapitre propose une ouverture sur d'autres intrigues, d'autres aventures, d'autres vies qui entrent en résonance avec l'histoire principale. C'est riche, c'est malin, c'est foisonnant de vie !


lundi 3 septembre 2018

Diotime et les lions

Je continue ma découverte de Henry Bauchau. J'ai comme l'impression que ce sera un des auteurs que j'aurai le plus lu cette année. 

On repart dans l'Antiquité avec ce titre. Cette fois, pas dans la Grèce d'Antigone, mais plutôt dans la Perse voisine. Diotime est une jeune femme singulière, qui aime la chasse au faucon et l'équitation. Nullement impressionnée par Cambyse, son grand-père imposant, elle apprend ces arts de lui. Ce n'est pas vraiment des arts féminins et parfois, sa mère s'en inquiète. Surtout quand Diotime déclare vouloir participer à la chasse au lion. Scènes étonnantes de danses et de buchers... Puis vient l'histoire d'amour, la quête d'Arsès pour être digne de Diotime.

Ce petit ouvrage, une nouvelle, mêle la Grèce, la Perse et l'Inde dans son déroulé et ses personnages. C'est une histoire de découverte et d'apprivoisement de soi, de ses désirs et de ses démons. C'est l'histoire de nouvelles traditions, dans un temps mythique. Agréable mais un peu court.