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lundi 1 juin 2020

La saison des pluies

Je crois que c'est la première fois que je lis Graham Greene, qui est pourtant bien représenté dans la bibliothèque familiale. Et c'est une vraie joie que ce roman ! Merci Cléanthe de m'avoir donné envie de le lire.

Querry, un homme discret, arrive au bout de la ligne de bateau qui traverse le Congo. Il descend du navire pour y trouver une léproserie, tenue par Colin, médecin, et des religieux. On lui offre une cellule, il file des coups de main, va construire un hôpital. Lors de l'une de ses missions vers la grande ville, il rencontre Rycker, un marchand d'huile, un colon, qui s'entiche de lui et projette sur lui toutes ses questions ou plutôt ses réponses sur l'amour chrétien. Il croit avoir rencontré un saint tandis que Querry se dit simplement désabusé par les succès et les amours, en retraite de la vie. 
Mais peut-on vraiment échapper à son passé ? A ce que la société projette sur les siens ? Surtout la micro société coloniale et chrétienne de ce bout de Congo ? Quand un journaliste débarque pour écrire sur le saint Querry, c'est la fin d'une tranquillité, d'une joie de vivre simple qu'il pensait avoir trouvées dans cette jungle.

Un roman aux personnages vifs, croqués en quelques mots bien sentis et sobres. Pas de fioritures ici, c'est l'homme et ses doutes qui nous intéressent. On parle questions existentielles, manques et relations à l'amour. Enfin, chez les blancs - les noirs sont là pour être soignés et n'ont pas de place dans ce roman. C'est très orienté autour de la mort de Dieu et de ce qu'on met à sa place : l'amour des femmes, du succès, le progrès, ... des interrogations qui n'ont pas fini de nous habiter !

"Une vocation est un acte d'amour : ce n'est pas une carrière professionnelle. Quand le désir est mort, on ne peut pas continuer de faire l'amour. Je suis arrivé à la fin du désir et à la fin d'une vocation. N'essayez pas de me lier par un mariage sans amour et de me faire imiter ce que j'accomplissais jadis avec passion. Et ne me parlez pas de mon devoir comme le ferait un prêtre. On nous a appris dans les leçons sur les Évangiles, quand nous étions enfants, qu'un talent d'argent ne doit pas être enfoui tant qu'il possède un pouvoir d'achat, mais si la monnaie a changé, si l'effigie a été remplacée par une autre, ne laissant à la pièce que la valeur d'un mince disque d'argent, tout homme a le droit de la cacher. On a toujours trouvé des pièces de monnaie périmées, ainsi que du blé, dans les tombeaux"
"L'ennui est pire dans le bien-être. J'ai pensé qu'il pourrait y avoir ici assez de souffrance et assez de peur pour distraire l'esprit"
 
Voilà qui lance avec beaucoup de joie le mois anglais chez moi ! 

6 commentaires:

  1. J'ai "Voyage avec ma tante" en attente dans ma bibliothèque. Je ne connaissais pas celui-là, qui a l'air intéressant aussi. Un jolie façon de débuter le mois anglais !

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  2. Oh avec un sujet bien interessant didonc....oui tout un livre qui doit se lire bien

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  3. Un auteur qu'il faut vraiment que je découvre ; merci pour ce rappel et très beau mois anglais ! :-)

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  4. Je n'ai lu que "La fin d'une liaison" qui m'avait déçue, trop de bondieuseries à mon goût... Son œuvre me semble assez datée, même si tu es plus enthousiaste que moi.

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  5. Un auteur que je n'ai pas lu depuis longtemps. Tu me le remets en mémoire.

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  6. Pas trop tentée par le résumé mais je note l'auteur, j'essayerai de le lire avec un autre titre ! Merci pour cette découverte !

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