Je voulais écrire un billet global sur les deux tomes qui composent Le deuxième sexe, ce manifeste de Simone de Beauvoir. A mesure que j'avançais dans ma lecture, je me suis rendue compte qu'ils étaient singulièrement différents et que j'en parlerai mieux en deux temps. Commençons donc par le premier tome, le second sera pour demain.
En 1949, sort cet essai qui est immédiatement intégré au mouvement féministe. Soixante ans après, le féministe semble dépassé, les hommes et les femmes cohabitent en toute égalité. Et pourtant, ce livre mérite toujours d'être lu.
Après une introduction assez divertissante sur le pourquoi du livre, Simone de Beauvoir divise son livre en trois parties : biologie, histoire et mythes. Ces trois parties sont intéressantes d'un point de vue historique voire contextuel. Il est fort probable que tout un chacun reconnaisse les faiblesses de l'argumentation biologique. Toutefois, cette description de la femelle chez l'homme et l'animal ne manque pas de brio. Pour ce qui est de l'histoire, c'est tout aussi contestable, les gender studies ont pas mal fait évoluer nos connaissances. Mais cela nous renseigne bien sur les idées de l'époque. Quant à la partie mythes, elle couvre surtout les idées reçues des écrivains : Lawrence, Montherlant, Stendhal, Claudel et Breton témoignent par leurs textes de différentes facettes de la femme. Là, ça devient franchement intéressant car vous savez bien que ces messieurs ont des idéaux très différents. Et l'on découvre sans étonnement, que le plus moderne n'est pas le plus contemporain mais certainement notre cher Stendhal :) Enfin, comme je vous le disais, Simone ne manque pas d'humour : "M. Claude Mauriac, dont chacun admire la puissante originalité, pouvait écrire à propos des femmes : "Nous écoutons sur un ton d'indifférence polie... la plus brillante d'entre elles sachant bien que son esprit reflète de façon plus ou moins éclatante des idées qui viennent de nous". Ce ne sont évidemment pas les idées de M. C. Mauriac en personne que son interlocutrice reflète, étant donné qu'on ne lui en connaît aucune". Je vous épargne ses propos sur Montherlant, tout aussi misogyne que Mauriac voire plus, mais ils sont aussi cinglants.
Un premier tome appétissant, un peu dépassé mais qui se lit divinement. Madame a du style et ça se sent. Le deuxième tome est encore plus prenant parce que touchant à l'intimité.
En 1949, sort cet essai qui est immédiatement intégré au mouvement féministe. Soixante ans après, le féministe semble dépassé, les hommes et les femmes cohabitent en toute égalité. Et pourtant, ce livre mérite toujours d'être lu.
Après une introduction assez divertissante sur le pourquoi du livre, Simone de Beauvoir divise son livre en trois parties : biologie, histoire et mythes. Ces trois parties sont intéressantes d'un point de vue historique voire contextuel. Il est fort probable que tout un chacun reconnaisse les faiblesses de l'argumentation biologique. Toutefois, cette description de la femelle chez l'homme et l'animal ne manque pas de brio. Pour ce qui est de l'histoire, c'est tout aussi contestable, les gender studies ont pas mal fait évoluer nos connaissances. Mais cela nous renseigne bien sur les idées de l'époque. Quant à la partie mythes, elle couvre surtout les idées reçues des écrivains : Lawrence, Montherlant, Stendhal, Claudel et Breton témoignent par leurs textes de différentes facettes de la femme. Là, ça devient franchement intéressant car vous savez bien que ces messieurs ont des idéaux très différents. Et l'on découvre sans étonnement, que le plus moderne n'est pas le plus contemporain mais certainement notre cher Stendhal :) Enfin, comme je vous le disais, Simone ne manque pas d'humour : "M. Claude Mauriac, dont chacun admire la puissante originalité, pouvait écrire à propos des femmes : "Nous écoutons sur un ton d'indifférence polie... la plus brillante d'entre elles sachant bien que son esprit reflète de façon plus ou moins éclatante des idées qui viennent de nous". Ce ne sont évidemment pas les idées de M. C. Mauriac en personne que son interlocutrice reflète, étant donné qu'on ne lui en connaît aucune". Je vous épargne ses propos sur Montherlant, tout aussi misogyne que Mauriac voire plus, mais ils sont aussi cinglants.
Un premier tome appétissant, un peu dépassé mais qui se lit divinement. Madame a du style et ça se sent. Le deuxième tome est encore plus prenant parce que touchant à l'intimité.
Je pensais que c'était une lecture assez aride mais tu me donnes envie de me pencher sur cet incontournable un jour... pour l'instant j'ai les "mémoires d'une jeune fille rangée" en attente :)
RépondreSupprimerLes "mémoires..." sont plus accessibles, c'est un roman. La forme de l'essai et surtout ce premier tome est effectivement plus aride. Je te recommande plus chaudement le second, car je le trouve plus parlant et il peut se lire indépendamment du premier.
RépondreSupprimer@ Lou : pas aride du tout, ça se lit fort bien, comme un roman
RépondreSupprimer@ d'accord avec Praline sur le fait que le 2e tome est mieux sur le fond et la forme mais ça serait tout de même très dommage de ne pas lire le premier aussi !!! (et d'abord !)
@ pas du tout d'accord avec Miss Praline sur "Soixante ans après, le féministe semble dépassé, les hommes et les femmes cohabitent en toute égalité."
Ah bon ? Les femmes et les hommes ont le même salaire à travail égal ?
Ah bon ? Il y a autant d'hommes battus que de femmes battues ? d'hommes violés que de femmes violées ? de morts par violence conjugale que de mortes par violence conjugale ?
Ah bon ? Les femmes trouvent naturel de garder leur nom quand elles se marient et de le transmettre à leurs enfants ?
Ah bon ? les hommes trouvent naturel de prendre le nom de leur femme quand ils se marient et de ne pas transmettre leur nom à leurs enfants ?
Ah bon ? en cas de divorce, les enfants sont indifféremment confiés au père ou à la mère sur les seuls critères liés à leur bien ?
Ah bon ? A compétences égales, les femmes progressent aussi vite que les hommes dans la hiérarchie d'une entreprise ?
Ah bon ? Il y a autant de dirigeantes d'entreprise que de dirigeants d'entreprise ?
Ah bon ? Quand on dit une grande femme, ça veut dire la même que lorsqu'on dit un grand homme ?
Ah bon ? On ne parle plus de littérature d'un côté et de littérature pour femmes l'autre ? de blogs tout court et de blogs de filles ?
Ah bon ? Dans certains quartiers les filles ne se sentent plus obligées de se "revoiler" ou de porter uniquement des pantalons et des vêtements amples pour ne pas être insultées ?
Ah bon ? On a créé récemment le mouvement "ni gigolo ni soumis" pour lutter contre les pressions physiques et morales faites aux hommes ?
Ah bon ? Quand une femme s'énerve on n'entend plus jamais de blagues sur ses hormones et ses règles ?
Etc.
Avouons simplement que le féminisme en tant que mouvement social n'est plus aussi présent qu'à la publication de cet essai. Mais les inégalités, si elles sont peut être moins visibles, existent toujours.
RépondreSupprimer@Cécile: certes, les hommes transmettent le nom... mais les femmes transmettent la vie. On ne saurait le leur enlever...
RépondreSupprimerPar ailleurs, la violence des femmes s'exprime aussi, même si elle ne passe pas par les mêmes canaux que pour les hommes, ni ne se tient dans les mêmes contextes. J'étais tombé sur un texte pas mal, à ce sujet, d'Elisabeth Badinter (qu'on ne saurait soupçonner de machisme), à méditer: http://www.hommecible.com/www.hommecible.com/elisabeth_badinter.html
"Ni gigolo ni soumis" n'existe pas en tant que tel. Mais tout le mouvement hoministe/masculiniste est là pour rappeler (même s'il a ses excès) que parfois, les hommes ont aussi des droits...
Encore une contribution au débat!
Je remets le lien du texte de Badinter:
RépondreSupprimerhttp://www.hommecible.com/www.hommecible.com/elisabeth_badinter.html
Il est aussi dans l'en-tête du présent message, au cas où il ne passerait pas autrement.
Je pense que le texte de Beauvoir reste d'actualité. il est en tout cas suffisamment accessible pour faire réfléchir les plus jeunes au moins sur l'axe nature.culture. Badinter est une héritière de Beauvoir d'ailleurs. Et en lisant les commentaires, je me dis que les exc_s du féminisme (Fattore) ne peuvent oblitérer le fait que chaque minute plusieurs femmes meurent sous les coups dans le monde, ni fait qu'être une femme en Asie, en Iran, par le seul fait d'être une femme, vous condamne à une vie bien plus difficile et avec moins de droits qu'un homme.
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