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mardi 31 mars 2009

Victor Hugo, mon amour


Comme vous le disait pour moi Louise, j'étais fort occupée la semaine dernière, non pas à bosser le concours, mais à recevoir mon amoureux bostonien. Je l'attendais pour aller voir une pièce fort vantée par Delphine au théatre Comédie Bastille, petite salle fort sympathique, presque familiale (tout près de chez toi Ikastor, ce serait dommage de la manquer).
Sur scène, deux excellents acteurs incarnent Juliette Drouet et son amant, Victor Hugo. Leurs mots sont tirés de la correspondance des amoureux et sonnent très juste. Quelques dates nous donnent des repères dans l'évolution amoureuse du couple et le contexte politique français. Juliette rencontre son Toto comme comédienne et en tombe amoureuse, passionnément. Hugo est tout aussi fou d'amour mais... fou de travail, de politique, de femmes. Alors quand il ne peut pas voir Juliette, il lui écrit, pour notre plus grand plaisir. Et Juliette l'adore, le tance, le supplie ou le menace au fil d'une liaison orageuse et rayonnante, qui dure jusqu'à la mort. Vraiment une réussite !

La lie du bonheur


La lie du bonheur accompagnait Benjamin Button. Cette nouvelle comme la précédente semblent sortir de derrière les fagots. Un jeune couple vit une année de bonheur et d'amour. Mais une maladie le terrasse et fait de lui un légume. Sa femme veille sur lui. Son meilleur ami vit lui aussi une période difficile avec sa femme, obsédée par la lingerie, les vêtements couteux et les soirées. Ils finissent par divorcer. Et le temps passe et leur laisse des souvenirs heureux, mais le quotidien est bien morne.
Comme je préfère les romans de Fitzgerald à ses nouvelles. Ah, tendre est la nuit...

lundi 30 mars 2009

L'étrange histoire de Benjamin Button


Dimanche, club des théières sur le thème : adaptations cinématographiques. Sans grande originalité (et sans conviction car je n'aime guère lire un livre dont j'ai vu une adaptation ou voir un film dont j'ai lu le livre), j'ai choisi Benjamin. Je commencerai par le film que j'ai vu avant de lire le livre.
A la Nouvelle Orléans, on célèbre l'armistice de 1918. Une femme meurt en accouchant d'un nouveau né que son père abandonne : Benjamin. Celui-ci est un enfant aux traits de vieillards. Il grandit dans une maison de retraite avec sa famille adoptive et rajeunit au lieu de vieillir. Il participe à la guerre 45 sur un cargo. Lorsqu'il revient, la petite fille avec qui il jouait vieillard est devenue une belle jeune fille, lui un fier cinquantenaire. Ils jouent au chat et à la souris. Puis belle histoire d'amour, cliché au possible. Mais le temps éloigne les amoureux, l'une vieillit et l'autre rajeunit... Le tout traité de façon romantico-historico-psychologique. Pas très convaincant !
La nouvelle de Fitzgerald n'est pas du tout traitée sur le même mode. Le thème de la croissance inversée est le même. Mais le ton est beaucoup plus ironique. Benjamin est un vieillard mais contrairement au film, il n'a rien à apprendre, il s'amuse plus avec son grand père qu'avec les enfants de son âge. Il épouse une femme qui aime les hommes mûrs, vite outrée de voir son mari rajeunir. Tout le monde considère qu'il le fait exprès et le gronde de faire son intéressant.
Un film et une nouvelle sans grand lien, seul le thème du rajeunissement est commun. Et chacun de son coté ne présente pas un intérêt dément. Une grande déception et un thème qui aurait mérité d'être plus creusé.

mardi 24 mars 2009

Encore Louise...



Baise m’encor, rebaise moy et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise.

Las, te pleins tu ? ça que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :

Tousjours suis mal, vivant discrettement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.

Par cette chère Louise Labé, qu'elle soit femme ou homme, qu'importe après tout !
Et ceci pour vous annoncer que cette semaine, le temps libre ne sera pas bloguesque. A plus tard !

lundi 23 mars 2009

Idomeneo


Ce week end, j'ai enfin pu voir un opéra. Vous n'imaginez pas le bien que ça m'a fait ! Vraiment, c'est très difficile de devoir renoncer à ma sortie favorite pour suivre des cours peu passionnants pour un concours qui risque de n'offrir que 5 places cette année. Mais bon, si je voulais un travail, il fallait choisir une voie moins ludique que la culture comme l'affirme mon entourage prévenant...
Bref, Idomeneo à Garnier était un vrai bol d'air. L'histoire est simple, structurée comme une tragédie classique. Idamante est un guerrier grec. Il libère les captifs troyens, poussé par son amour pour la belle Ilia (héroïne au nom efficace : Ilium = Troie). Celle-ci lui montre beaucoup de froideur mais brûle en secret pour le héros. C'est le souvenir de son père Priam, de son peuple et des cruautés de l'invasion grecque qui l'empêchent de céder au jeune homme. Mais elle se méfie d'Electre, princesse folle d'amour pour Idamante... Idomeneo, père d'Idamante, est sauvé de la noyade lors d'une tempête contre le serment de sacrifier à Neptune le premier mortel qu'il rencontrera. Devinez qui : son fils, bien entendu. Idomoneo tente de ruser avec les dieux mais ceux-ci déclenchent des cataclysmes.
Un opéra tout ce qu'il y a de plus classique, très bien pour renouer avec le genre. Mais une performance vocale qui ne m'a pas transportée... sympathique mais sans plus.

vendredi 20 mars 2009

La reine des lectrices


Maman a reçu ce petit livre d'Alan Bennett pour son anniversaire. J'avais vu cette couverture sur pas mal de blogs et passé outre. Cela ne me tentait pas du tout. Mais la curiosité l'a emporté, j'ai ouvert le livre et lu les premières pages. Et finalement, j'ai enchaîne et reposé le livre, l'air de rien, fini. Bon, ce n'est pas la lecture de l'année. Mais c'est fluide, amusant, ça passe tout seul avec une part de battenberg (ma grande réussite culinaire du we, youpi ! j'étais trop frustrée de la rupture de stock du M&S d'Oxford Street) et un tea.

La reine promène ses chiens et croise... un bibliobus ! On voit vraiment de tout à Buckingham ! Elle décide de rentrer et de prendre un livre par politesse. Mais après quelques lectures, c'est l'engrenage fatal : la reine aime lire. Elle dévore. Elle rencontre aussi Norman, qui devient son conseiller és lettres. Mais le drame, c'est que personne ne comprend cette passion. La reine entreprend de poursuivre ses activités avec moins d'entrain, ne peut survivre sans un livre et en conseille à tout son entourage. La LCA passe de livres en livres, on note quelques titres par ci par là. Elle aussi prend des notes et son regard sur le monde change. A quel point ? Je ne vous le dirai pas !

jeudi 19 mars 2009

La voleuse de livres


Il faut l’avouer, les avis sur ce livre de Markus Zusak sont divers. Pour ma part, il m’a fortement émue, emballée, je n’ai pas pu le lâcher ! Je vais employer les grands mots : c'est un coup de coeur ! La narratrice n’est pas ordinaire, il s’agit de la mort elle même. Elle a trouvé un carnet alors qu’elle emportait des âmes. C’est le carnet de Liesel, déjà croisé plusieurs fois, qu'elle commente. Liesel, la petite voleuse de livres s’est fait prendre celui qu'elle écrivait ! Mais c’est un crime que l’on pardonne aisément car il nous permet de découvrir une superbe histoire. Liesel voit mourir son petit frère dans le train qui la conduit en famille d’accueil. C'est la première fois que la mort rencontre Liesel mais certes pas la dernière dans cette Allemagne des années 39-45. La jeune demoiselle est placée chez Hans et Rosa, rue Himmel. Elle devient la meilleure amie de Rudy. Comme toutes les écolières, elle subit des rebuffades, d'autant plus qu'elle ne sait pas lire. Commence alors un apprentissage nocturne avec Hans et une passion pour les livres... qui la pousse au vol... quand on ne lui en offre pas. Pensez qu'un juif ira jusqu'à réécrire sur Mein Kampf pour plaire à Liesel. Un livre sur la guerre, en Allemagne, sur les juifs mais surtout sur les allemands, les bombes, la vie quotidienne, l'amour de la lecture, l'amitié, la famille... et la mort. Il y a beaucoup d'humour et d'humanité dans ce livre. De la tendresse et des larmes. C'est un livre que je conseille (mais rien à voir avec Anne Frank pour le coup).

mercredi 18 mars 2009

La petite maison


Toujours dans la veine XVIIIe, Jean-François Bastide raconte comment un libertin cherche à faire céder une femme assez peu chaste mais décidée à lui résister : Mélite. Il prend avec elle le pari qu'après une visite de sa maison, elle ne pourra qu'être vaincue. La dame se déclare prête à relever le défi.

Trémicour la mène dans son petit domaine. La dame s'extasie sur les extérieurs. Mais c'est à l'intérieur qu'elle commence à perdre de sa superbe. Chaque pièce est orné avec un goût très sûr (pour le XVIIIe, alors il faut aimer le rococo) par les plus grands artistes du temps. A mesure qu'elle passe de salon en boudoir, de jardin enchanté à chambre magnifique, Mélite se sent atteinte par tant de beautés. Et ce qui est amusant, c'est qu'elle succombe lentement mais sûrement au séducteur, ne pouvant que confondre le bon goût et le bon fond de Trémicour.

Cette plongée dans le XVIIIe n'a pas vraiment le cynisme des liaisons dangereuses et me donne envie de les relire.

mardi 17 mars 2009

Le Baron Denon


A la suite du livre d'hier figurait également une notice historique d'Anatole France sur Vivant Denon. Il est extrait de la vie littéraire.
C'est un petit texte qui montre Denon vieillissant quai Voltaire au milieu de ses bibelots. Retraçant l'histoire de cet homme, Anatole France raconte comment il s'est rendu indispensable auprès de Louis XV par ses contes, comment il a échappé à la fureur révolutionnaire par son goût de l'art, comment il papote avec Napoléon alors qu'il n'est encore qu'un obscur soldat... Et à l'heure de la narration, sous Louis XVIII, il est toujours là, serein, dans un cabinet qui regorge de souvenirs.
Pour plaire à sa visiteuse, Lady Morgan, il présente ses trésors et les anecdotes qui y sont liées. Il s'avoue amateur de tout mais en rien connaisseur ou passionné... Un joli portrait !

lundi 16 mars 2009

Point de lendemain

Vivant Denon n'est pas seulement un amoureux de l'art bon à donner son nom à une partie du Louvre (c'est quand même grâce à lui que le musée a pu conserver quelques unes des spoliations européennes). C'est un homme très XVIIIe, bon courtisan, libertin, aimant les arts. Il s'est même essayé à la littérature, d'abord au théâtre puis aux nouvelles. Celle-ci en est un bel exemple. Le narrateur est un très jeune homme, 20 ans à peine, amoureux d'une comtesse qui le fait devenir chèvre et se joue de lui. Un soir, à l'opéra, il se retrouve dans la loge d'une de ses amies qui a de grands projets pour lui. Elle l'emmène dans sa propriété où ils dînent avec le mari de Mme de T. Puis ils partent en promenades dans un jardin délicieux avant que le jeune homme ne soit entraîné dans un cabinet délicieux, qui joue sur les miroirs, les faux semblants et les trompes-l'œil. Notre narrateur s'enflamme pour Mme de T. Après une nuit folle, il comprend qu'il n'a été que l'artisan d'une ruse. Joli conte très XVIIIe avec ces femmes qui se masquent, qui jouent les galantes ou se font passer pour chastes mais s'abandonnent joyeusement au libertinage. Il existe deux versions de ce conte, dont une version (annotée chez moi) plutôt osée, voire complètement pornographique (très amusante ! les métaphores valent le coup d'oeil !) Pour ceux qu'ils tentent, les textes sont sur wikisource.

dimanche 15 mars 2009

Les naufragés de l'île Tromelin


Comme tout le monde, j'ai reçu le dernier roman d'Irène Frain grâce à chez les filles. Je l'ai lu sans grand plaisir mais je m'y attendais un peu car ma première rencontre n'avait pas laissé de grandes traces dans ma vie littéraire. En fait, c'est ma maman qui adore cet auteur. Mais je dois avouer que cette histoire de naufrage m'a plus plu que l'histoire de famille. Mon amour de la mer, des bateaux et de l'aventure a été comblé ! Après, le coté moralisateur sur l'esclavage est parfois de trop même si je comprends et partage cette indignation. En fait, ça n'avait pas vraiment sa place au fil du texte ai-je trouvé.
L'histoire est celle du naufrage de l'Utile qui avait à son bord une cargaison frauduleuse d'esclaves. L'île sur laquelle les survivants abordent est un caillou balayé par des ouragans dans l'océan indien. Les premières nécessités : trouver de l'eau, vivre sans s'entretuer et trouver un moyen de regagner la civilisation. Castellan, chef charismatique aux yeux couleur pluie, dessine les plans d'un nouveau bateau et organise le travail de tous, blancs et noirs. Sauf que seuls les blancs repartiront, abandonnant leur "cargaison" aux ouragans. Et les autorités compétentes se contrefichent du serment d'un Castellan à des esclaves. Ce qui m'a vraiment plu : le premier contact avec cette île qui se cache de ceux qui a cherche, cette île qui navigue presque, sa sauvagerie et le travail d'historien (qui a pu écrire, où ont atterri les archives etc). Ce qui m'a plus pesé : les aspects psychologiques, même suggérés, sont omniprésents et le saut constant d'un personnage à l'autre, sans trop creuser : l'auteur imagine quelques pensées, ressentis, paroles... et jamais on n'en entend plus parler.
Une lecture qui ne m'a pas transportée, mais qui plaira certainement plus aux autres membres de ma famille !

samedi 14 mars 2009

L'amour en plus


Sous titre : histoire de l'amour maternel

A travers un livre très documenté qui se dévore comme un roman, E. Badinter nous montre que l'instinct maternel n'est peut être pas si instinctif que ça. Remontant aux comportements du XVIIe siècle où l'abandon, l'infanticide, la mort du nourrisson ou la mise en nourrice étaient courants (bon, moins l'infanticide), elle s'intéresse à la construction d'une famille aimante, centrée autour de l'enfant. Au XVIIe, on regarde l'enfant comme un jouet imparfait et ennuyeux condamné par le péché originel. C'est aussi l'époque des précieuses qui veulent maîtriser les désirs et passions du corps : le mariage et la maternité les dégoûtent comme autant de chaînes. Pour être une femme "philosophe", il faut se garder des mondanités, du mariage et de la maternité. Voilà pour l'élite. 
Pour le reste, il n'y a que les plus pauvres qui gardent leurs enfant chez eux car ils ne peuvent pas payer de nourrice. Les ouvriers, bourgeois et même paysans n'hésitent pas à se séparer des nourrissons (je vous raconte pas les conditions, vous pleurerez)... 

C'est notre bon ami Rousseau qui change un peu la donne en prônant une maternité naturelle et belle, comme chez les "sauvages". Sans compter qu'un discours sur l'idéal mystique de la vocation maternelle et un déplacement du centre de la famille du père à l'enfant tendent à culpabiliser la mère indigne. Bref, on moralise tout ça et on ajoute : c'est mal de travailler (parce que vous imaginez bien que ces dames tenaient boutiques, comptes ou glanaient avec leurs maris... et tenaient la maison). 

Enfin, cerise sur le gâteau : le bon docteur Freud. Avec lui, c'est fini : la mauvaise mère est normativée par le discours médical. Qu'est-ce qu'une femme normale ? Simple : une egoiste-narcissique, maso et passive. J'adore cet homme ! Et c'est à elle que revient la tache éducative des premières années. Si elle se plante, c'est dommage parce que ça traumatise le petit qui développe ses névroses... Bonjour la responsabilité ! Ce qui est sympa c'est que les politiques natalistes réutilisent tout cela

Et maintenant ? Les mouvements féministes ont dénoncé cette femme-sacrifice créée par la psycho. Et surtout l'accès généralisé à l'éducation a permis un réel choix, pas un destin éternel. Mais... le discours culpabilisant existe toujours. 
Contrepoint : la femme peut se définir autrement que comme une mère et dénonce la maternité comme une déception. Par contre, émergence en pointillés d'un amour paternel...

Lecture tout à fait passionnante, parfois étonnante. Un ton juste et des exemples frappants conduisent la plume de l'auteur. Et la lectrice ? Cela la confirme dans ses craintes. La maternité, c'est vraiment un sacerdoce ! Courage Mélou !

vendredi 13 mars 2009

Premier amour


Josie (Joséphine) est une jeune fille. Elle a onze et vit avec sa mère depuis que cette dernière a quitté son mari pour une raison qui reste inconnue. Les deux femmes sont logées chez une tante et son fils, Jared. La mère de Josie a un amoureux, elle n'a eu aucun problème à se trouver un job et à s'organiser des week end en vadrouille. Elle néglige un peu sa fille. A l'école, Josie est douée mais dissipée. A la maison, elle est curieuse, elle fouille dans les affaires de son cousin et dans sa bibliothèque. Lui même, très distant au début, semble finalement s'intéresser à elle. Ils jouent dans le jardin, se lavent, partagent leurs sangs après s'être incisé la poitrine... Sachant qu'il a 25 ans, et qu'il cache des revues obscènes voire violentes, vous commencez à voir où l'auteur, Oates, veut en venir. Inceste à demi mot, amour-haine de la fillette, folie grandissante de Jared...

Ce livre très court se lit très vite, le texte met en exergue certains thèmes et mots : le serpent noir par exemple. Les images et le style sont parfois déconnectés de la réalité, on ne sait plus bien où l'on est, c'est assez onirique et cette distanciation rend l'inceste moins violent. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble est dérageant et m'a parfois fait penser à Laura Kasischke. Je continuerai ma découverte de Joyce Carol Oates avec d'autres titres !

jeudi 12 mars 2009

La mort à Venise


Après Claude Gallay, j'ai voulu me promener un peu plus longtemps dans cette ville fascinante. Thomas Mann me semblait tout indiqué ! Eh bien, j'avoue que je n'ai pas été transportée par ce livre.
Le narrateur est un écrivain reconnu, Aschenbach, descendant d'une noble famille sans trait remarquable si ce n'est sa moralité. Arrivé à Venise, il s'installe dans un hôtel et croise Tadzio, un jeune garçon charmant. Se rendant compte que sa santé supporte mal l'humidité de la ville, il cherche à partir mais fait tout pour rater son train. Il prend conscience qu'il souhaite revoir le jeune polonais. La suite n'est qu'observation de Tadzio, questions de conscience et refus de le fuir et de quitter la ville en proie à une sournoise épidémie. Tout cela est porté par un fond très classique, les références à l'art grec, aux textes latins et à l'imaginaire Apolinnien/Dionysiaque. Aschenbach se sent comme victime d'une folie amenée par le cortège de Dionysos. Des indices de son destin tragique émaillent le texte comme autant de mises en garde auxquelles le narrateur reste sourd.
Un roman lent, dans lequel il ne se passe pas grand chose, tout est très contemplatif et intérieur... Mais l'intimité et la conscience d'un écrivain allemand, c'est parfois un peu alambiqué...

mardi 10 mars 2009

dessins de Gérome



De passage dans la ville du bon roi Stanislas, je ne pouvais manquer son musée (bon, j'y allais plus pour le boulot que pour le fun mais c'était quand même agréable). L'exposition temporaire concerne les dessins de Gérome, vous savez, ce peintre académique qui a fait ça :
Les dessins présentés appartenaient à plusieurs catégories : portraits, scènes historique (ou harem mais c'est kif kif à l'époque), animaux. Rien à dire sur les dessins eux-même ou sur la muséo aérée, plaisante quoiqu'un peu froide (à l'image du musée en fait). Non, ce qui m'a gênée c'est de lire trois explications à tout casser, redondantes entre elles (oui, on a compris que Ingres l'inspirait ce petit) et de ne pas voir un pourquoi du comment. Pourquoi choisir ce peintre ? Comment le situer ? En quoi le dessin est primordial ou non pour lui ? Bref, une exposition-décoration qui ne donne pas vraiment d'indications. Là encore, c'est ce que je reproche au musée de Nancy...

lundi 9 mars 2009

Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

Merci encore à Grasset et à InMédiatic pour leur envoi d'un livre choc : celui de Didier Decoin. Comme Malice, j'étais conviée à un petit déj' mais bon... stage oblige, je ne pouvais pas m'y rendre. Mais j'ai lu le livre. En très peu de temps, car on ne peut pas le lâcher. Et cela pose quelques questions... 
Ce roman se présente comme le rapport sur l'assassinat de Kitty Genovese par Winston Moseley. Le narrateur est, curieusement mais vous comprendrez plus loin, l'un des rares habitants du quartier à avoir été absent de chez lui le soir du meurtre. Il s'est déroulé un soir glacial, vers trois heures du matin alors que la jeune femme venait de fermer son bar. Un homme l'a suivie avec une seule intention, la tuer puis la violer. Car Winston est nécrophile. Or, l'attaque a lieu en pleine rue, sous les fenêtres des voisins de Kitty. Et personne n'a réagi. Voire certains semblent avoir observé la scène. On compte une trentaine puis une quinzaine de témoins directs du meurtre. Mais aucun n'a appelé la police ou une ambulance. L'un d'eux observe le déroulement du crime et s'informe auprès d'un proche sur la procédure à suivre. Ce dernier l'encourage à ne rien faire ! C'est cette aberration que pointe du doigt Didier Decoin tout en retraçant l'histoire du procès et des autres crimes de Moseley. Personnage froid et réfléchi, bon travailleur et père parfait, il a l'habitude de cambrioler et tue plusieurs femmes pour assouvir ses désirs. Le monstre ordinaire... Effrayant ! Un roman qui fait froid dans le dos ! Les détails des crimes sont particulièrement atroces. Au fil de la lecture, une question insidieuse pointe son nez : et nous, qu'aurions-nous fait ? C'est une question traditionnelle, genre en 39 en Allemagne, qu'auriez-vous fait ? Mais là c'est d'autant plus intéressant que ce type de crime arrive, hélas, encore, qu'il peut vous frapper ou que vous pouvez en être témoin. Au cours du texte, autre gène : le lecteur n'est-il pas aussi un terrible voyeur ? Décidément, ce texte m'a mis mal à l'aise. Mais c'est tant mieux ! "Tout mais pas l'indifférence"

vendredi 6 mars 2009

L'amour comme par hasard

Merci au Livre de poche pour l'envoi de ce livre. Jamais je n'aurais pensé à acheter ce petit bonbon rouge au titre kitschounet d'Eva Rice. Je sors finalement enchantée et détendue de cette lecture !
Pénélope n'aurait certainement jamais rencontré Charlotte si elle n'avait accepté, sans la connaitre outre mesure, de partager un taxi avec elle et de venir prendre le thé chez tante Clare. Embarquée dans cette situation incongrue, Pénélope se réjouit d'une amitié naissante avec cette belle jeune fille, très élégante, amusante et aussi grande qu'elle ! Car il n'est pas facile d'assumer son mètre quatre vingt à coté de fragiles jeunes filles ou d'une mère aussi ravissante qu'une star de cinéma.
Pénélope vit avec sa mère, la très jeune et très jolie Talitha, veuve d'un mari adoré, mort à la guerre, et avec son frère Inigo, lorsque celui-ci rentre de l'internat. Inigo ? Mais oui, c'est le prénom du grand architecte de Saint Paul et de la banqueting House de Whitehall. Figurez vous que cette famille vit dans une de ses villas ! La réalité fait un peu moins rêver : la maison se délite et les efforts pour la sauver se soldent souvent par la vente de tableaux. L'idéal serait qu'un des enfants épouse un(e) héritier(e) pour renflouer les fonds et refaire la toiture.
Mais l'intérêt principal des jeunes gens est aileurs. En cette année 1955, Inigo remarque les débuts d'Elvis Presley tandis que Charlotte et Pénélope s'amourachent du romantique Johnnie Ray. Au menu : jazz et rock, diners au Ritz, marivaudages (qui choisir ? Harry qui est amoureux de Marina, Rocky qui est plus vieux que sa mère ou Johnnie le chanteur). Le tout bercé par un grand humour et une plume légère. Je vous l'avais dit, c'est un petit bonbon, tout doux, tout mignon. Sans prétentions.

jeudi 5 mars 2009

Les noces rebelles


J'ai d'abord entendu parler de ce film comme des retrouvailles des héros de Titanic. Vous vous doutez bien qu'une telle réclame m'a éloignée des cinémas plus qu'autre chose ! Je crois que sans le message d'Erzébeth, j'aurais complètement zappé ce film. Et cela eut été dommage !
April et Frank forment un jeune couple dynamique. Ils ont un atout qui les distingue : ils sont différents. Ou ils se croient différents, comme tous les amoureux finalement, non ? Ils ont des désirs, des envies et refusent de se laisser porter par le temps. Mais ce dernier avance sournoisement... C'est un personnage important ce temps, il dessine les visages, il exacerbe les passions, les tensions, les regrets.
Frank a trente ans quand April lui soumet un projet fou : partir à Paris. Leur vie dans le pavillon de banlieue, le métro (train) boulot pour lui, le foyer à tenir et les enfants à élever pour elle, c'est celle de monsieur tout le monde. Or, ils ne peuvent tout simplement pas supporter cette médiocrité du quotidien, ces rêves laissés sur le coté. Le jeune couple se ressoude autour de l'idée du départ. Voisins et amis les contemplent avec envie ou plaisantent de leur coup de tête. Seul un fou, plus lucide que dingue, les soutient. Elle, reste très à l'aise et investie. Lui, supporte plus mal ce changement radical et se voit face à un dilemme.
Should they stay or should they go ? telle pourrait être le résumé de ce film. Comment faire vivre ses rêves ? Comment ne pas sombrer dans la routine écrasante et débilitante ? Sujets qui me posent question, qui m'angoissent... je préfère ne pas m'y attarder ici.
Sinon, le rythme est assez lent, la musique est entêtante et répétitive, mais belle, nostalgique, on entend les silences et les cris d'hommes qui refusent le banal. Un film à voir !

mercredi 4 mars 2009

Le vol de l'ibis rouge


Chiffonnette et Yohan avaient fait des billets élogieux sur ce livre de Rezende, mais c'est leur enthousiasme conjugué lors du dernier club des théières qui m'a donné réellement envie de le découvrir. Je ne crie pas au chef-d'oeuvre mais j'ai trouvé ce roman agréable et poétique.
Irène est une prostituée. Elle est malade. Elle doit travailler pour nourrir son fils et la femme qui s'en occupe. Elle est maigre et n'attire plus les clients. Un jour, Rosalio, travailleur de force, croise son chemin. Après une petite incompréhension, ils discutent et nouent des liens. Le plus grand rêve de Rosalio est d'apprendre à lire. Il promène une boite dans laquelle il conserve les livres qu'il a hérité de l'indien. Irène sait lire et écrire mais n'a pas de quoi s'exercer. Les deux personnages font donc cause commune : Irène lira des histoires et écrira celles que Rosalio lui raconte. Entre oralité, légende et roman, ce texte, divisé en courts chapitres, joue sur les interventions des personnages. La mise en abyme est un procédé utilisé en permanence. On notera aussi les titres des chapitres qui font voir les pages en couleur et les références aux mille et une nuits, à Don quichotte, à Jacques le fataliste...
J'ai trouvé particulièrement intéressant cette transcription d'une culture orale, cette façon de figer le passé du personnage dans des mots. Un livre qui fait voyager en Amérique latine, qui s'inscrit au coeur de l'histoire de la littérature, entre poème, théâtre et roman.

mardi 3 mars 2009

The last debutantes


Je reviens d'un petit week end londonien ! Bien sûr, ma valise de livres s'est un peu alourdie et mon appareil photo contient la moitié du British (concours oblige). Mais au programme du dimanche, il y avait Kensington Palace. Et cela mérite le détour ! Dans cette demeure royale, la collection permanente comporte des tableaux, des meubles et des objets usuels de prestige, propres à ce genre d'endroit. Ce dont je veux vous parler, c'est des expositions temporaires. Après avoir traversé l'espace "comment s'habillait-on pour aller saluer la reine ? et comment travaillaient les tailleurs ?", on tombe sur deux salles avec des vêtements de Diana. C'est assez kitsch, autant vous prévenir. Mais ce qui l'est mille fois plus mais ne manque pas de faire rire ou rêver les princesses frustrées, c'est l'exposition sur les débutantes, leur présentation à sa majesté, leur apprentissage de la valse, leurs invitations... C'est assez amusant et très ludique. Les robes sont assez datées fifties et pastel forever... mais c'est le style princesse ! Une expo qui ne vaut pas le détour quand même mais qui peut vous amuser, si jamais vous passez par là. Bémol : Diablement cher pour ce que c'est !

lundi 2 mars 2009

Onitsha


Je n'ai pas fini de lire ce titre de Le Clézio pour Blogoclub. Le billet arrive demain ! En attendant, je vous renvoie à Mondo et autres histoires :)

EDIT : Roman terminé !
J'ai été moins séduite par cette histoire que par mes précédentes rencontres avec Le Clézio. Cela commençait bien : Maou et son fils, Fintan, ont embarqué pour retrouver leur mari et père, Geoffrey Allen. Séparés par la guerre et par l'éloignement (Geoffrey est parti en Afrique), les époux n'ont jamais vécu ensemble. Maou a accouché de son fils, seule et l'a élevé avec sa famille en tentant de lui épargner les restrictions de la guerre. Mais maintenant que l'Europe a pansé ses plaies et que Geoffrey a demandé à sa famille de le rejoindre, Maou s'enthousiasme ! Gagner l'Afrique, voir Onitsha ! Quant à Fintan, il est extrémement jaloux et réticent par rapport à ce père qu'il n'a jamais connu. Le voyage m'a fait penser à Céline, on retrouve la chaleur étouffante, les premières fièvres. Quand ils arrivent à Onitsha, il faut rattraper les années de séparation, retrouver des points communs, s'habituer à ce continent, s'adapter à la hierarchie des colons. Maou et Fintan ne parviennent pas à rentrer dans ce moule et passent volontiers leur temps avec les indigènes. Fintan a la peau qui fonce, ses pieds se durcissent au contact de cette terre sèche, son vocabulaire se colore. Maou subit la chaleur, la lenteur et finalement noue des contacts avec les jeunes femmes noires. Quant à Geoffrey, il est obsédé par la reine de Meroë qui a fui l'Egypte. L'histoire de cet exil est contée à part, de la même façon que dans Désert, avec un ton presque prophétique et une mise en page particulière.
Mais l'intégration de cette famille demeure impossible. Geoffrey ne peut pas mener ses recherches comme il le souhaite, Fintan est fasciné par l'étrange Oya, présentée comme une descendante de la reine de Méroë. Tout cela dérange les colons...
Le ton du livre reste elliptique, mystérieux, tout n'est pas évident et la dernière partie, qui ne se déroule plus en Afrique, semble un rajout grossier, un faire valoir des parties précédentes. Un livre qui ne m'a pas emballée mais dont le style assez poétique, les descriptions de l'Afrique et du voyage m'ont fait voyager. Seule l'intrigue me laisse un peu perplexe. Mais j'ai repéré quelques titres chez les copines qui me tentent beaucoup, donc Le Clézio et moi, c'est une histoire qui va se poursuivre, malgré cette rencontre ratée.