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vendredi 24 septembre 2010

Oméga mineur

C'est Keisha qui a attiré mon attention sur ce roman de Paul Verhaeghen. Je l'en remercie car ce fut vraiment une découverte extraordinaire. J'ai été littéralement happée durant toute ma lecture, parfois bouleversée, parfois révoltée, quelque fois perplexe. 
Commençons par Paul Andermans par exemple puisqu'il prend la parole le premier. Il nous conte sa conception, ses déconvenues en guise d'introduction. Mais il restera le témoin (assez normal pour un psychologue) plus que l'acteur dans ce roman riche et labyrinthique. On pourrait aussi évoquer Goldfarb, un vieux beau, physicien de renom et nobel, fasciné par le corps des femmes mais en quête désespérée de son unique. Ou Donatella, une de ses étudiantes, certainement la plus douée. Ou Nebula, femme fatale aux identités multiples. Ou Jozef de Heer qui est comme Goldfarb un vieil homme, qui a connu Berlin depuis l'enfance et a vu se succéder les régimes et leurs excès. Bien entendu, tout ce petit monde est amené à se rencontrer...
Ce livre est l'histoire d'hommes et de femmes mais derrière, non comme toile de fond mais comme machine infernale, le 20e siècle avance, broyant des vies et des illusions, époque de toutes les utopies et de leur démenti. Vous l'aurez compris, ce livre ne se résume pas, il se ressent, il fait écho, il continue de vivre en vous mais son foisonnement ne permet pas de le réduire en quelques lignes. Sachez que Berlin sera souvent au coeur du propos, que la ville est presque un personnage à part entière (là, j'ai été heureuse d'avoir étudié l'histoire de cette ville, ça aide un peu). Que le langage employé sera très évocateur, poétique ou cru. Que d'ailleurs, scènes de sexe et de torture sont décrites avec la même violence. Qu'il y aura de la physique et des bombes. Qu'il y aura les camps, le mur et tout ce qui a fait ce petit siècle, entre les deux guerres jusqu'à 1995 voire au delà. Qu'on parlera un peu philo, que la métaphysique voisine avec les ordures. 
Bref, c'est un roman complet, un roman rare. Un de ceux que l'on aimerait croiser plus souvent mais dont la force pourrait nous écraser. Un roman qui joue avec les références, les intertextualités, qui parle parfois sanscrit, qui s'interroge sur ce qu'est la littérature.
Assurément parmi mes plus belles découvertes de l'année !

3 commentaires:

  1. Oh oui, un roman extraordinaire, qui mérite totalement le (petit) effort demandé pour s'y couler à l'aise. Je mets ton billet en lien, et j'attends que d'autres se décident à découvrir ce roman. Un pavé exigeant, évidemment, ça fait peur, dommage! Bravo à toi!
    Tu comprends mon amour pour les auteurs américains pas toujours faciles mais... Je vais tenter Pynchon bientôt...

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  2. J'ai une amie qui m'en a parlé il y a 2 ou 3 semaines car elle venait de le terminer. Bien sûr, le temps que j'aille à la biblio et il était déjà emprunté mais il est noté !

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  3. Je compte aussi poursuivre ma découverte de cette collection prometteuse !

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