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jeudi 3 mai 2012

L'appât

Somoza nous l'affirme : le monde est un théâtre et Shakespeare l'a compris et mis en scène dans ses pièces. 
Partant de ce principe, les humains correspondent à des caractères, leur psynome, et à des passions, leur philia.  En stimulant l'autre par des gestes très codés, on peut prendre pouvoir sur lui. 
Bon, le plus simple pour comprendre tout ça, c'est encore de parcourir le bouquin.

L'intrigue tourne autour de Diana Blanco. Elle est appât. En gros, elle maîtrise Shakespeare, les psynomes, les philias et les gestes qui font réagir chaque philique. Disons que c'est une bonne actrice. Elle peut jouer des masques. Et elle le fait pour la bonne cause : arrêter les fous, les pervers et assassins qui hantent Madrid. 
Son jeu : procurer un plaisir si fort et le briser pour provoquer une 'disruption'. 
Sa proie actuelle : le Spectateur. Un assassin qui abandonne les cadavres féminins dans un état indescriptible. Pour l'arrêter, Diana fait appel à toutes ses capacités mais jamais il ne la choisit. Par contre, sa petite soeur pourrait être à son goût.

Diana va donc chercher à la protéger et atteindre le summum de son art. Art bien obscur d'ailleurs, qui peut consumer les appâts autant que les criminels...

Encore une fois, Somoza propose de faire de l'homme quelque chose de plus puissant, de plus pervers, de plus froid que l'homme. Un peu comme dans Clara et la pénombre, l'humain devient un objet que l'on peut maîtriser, rendre malléable. C'est à la fois fascinant et effrayant.
Je me suis laissée porter par cette histoire dont l'héroïne ne m'a cependant jamais touchée ou réellement troublé. Cette femme est presque un robot. Est-ce parce qu'elle est philique de travail ? 
Le souci, c'est que les personnages secondaires sont assez peu attachants ou remarquables. Par contre, le concept, wahou ! Où va-t-il chercher tout ça ? 

Somoza est définitivement un auteur que j'admire énormément. Et que L'Amoureux apprécie. Sur chaque thème, il fait mouche. Vous pouvez le découvrir via l'art, la physique, la poésie, la fiction, la traduction...

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