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mercredi 17 octobre 2012

Histoire du miroir

L'Amoureux n'a cessé de me demander ce que ce livre de Sabine Melchior-Bonnet pouvait avoir d'intéressant. Et ce qu'on apprenait avec de telles lectures !

La première partie s’intéresse à la technique même de création des miroirs. De l'Antiquité à l'époque contemporaine, la taille, la clarté et la résistance des miroirs n'a cessé de changer. De petits miroirs de bronze antiques à la galerie des glaces, il y a du chemin. Un chemin qui passe par Venise. La France a bien des difficultés avant de trouver les bonnes proportions, des bons outils et les bons ouvriers.
La suivante concerne la ressemblance. Après tout, ce n'est pas évident pour nos prédécesseurs de se connaitre et de se reconnaître. On se voit plus souvent dans une flaque que dans un miroir au Moyen-Age. Le miroir est un moyen de se découvrir qui n'est accessible qu'à un petit nombre. Mais le miroir est aussi cet instrument qui reflète. La lumière. Le monde. Et de ce jeu de reflets, l'homme imagine pouvoir connaitre Dieu. Car le monde est une image du mode divin. Il existe un jeu de reflets entre l'âme et Dieu. 
A l'époque moderne, le miroir est omniprésent à la cour. Et il permet de s'observer comme d'observer les autres. Miroir où s'apprennent les mines et les manières, miroir du courtisan et de l’enjôleuse. Miroir qui trahit les hypocrisies. Miroir avec lequel jouent les peintres. Miroir des artifices.
Et miroirs des dangers, du diable et de la mort dans la dernière partie. Le côté obscur du miroir. Cette mort qui fauche la jeune fille insouciante, qui ne la voit pas venir, hypnotisée par son propre reflet. Ces sorcières condamnées pour la possession (entre autres) d'un miroir où se mirent Satan et l'enfer. Miroirs qui font naître la vanité. Qui reflètent le monde différemment selon qu'ils sont bombés ou non. Miroir qui dédouble l'homme, qui accompagne sa schizophrénie (pensez au Horla)... à moins qu'il n'ouvre sur d'autres mondes ?

Une lecture historique du miroir, objet polysémique selon les époques. Peut-être est-ce effectivement anecdotique comme le signale l'Amoureux. Mais cette histoire permet de mieux appréhender une société, ses croyances et ses rites. A travers un objet qui nous semble banal, n'apprend-t-on pas énormément ?
Une analyse intéressante. Un seul regret : des illustrations plus nombreuses auraient été les bienvenues !

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