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lundi 17 février 2014

Comment j'ai détesté les maths

Ce documentaire d'Olivier Peyon s'intéresse au statut que les mathématiques ont atteint dans notre société du 21e siècle. A travers des rencontres avec des profs de prépa, des chercheurs en mathématiques ou des enseignants à Berkeley, il nous fait aussi rentrer dans un monde méconnu et victime de beaucoup de stéréotypes.


Mondrian Composition in Oval 1914 Amsterdam
Plusieurs aspects des maths sont ainsi abordés. Tout d'abord, les maths comme mode de sélection dans le système scolaire. Là où le consensus est de penser que les mathématiques sont égalitaires et démocratiques, on se rend vite compte que tout le monde n'est pas égal devant elles. Est-ce que cette matière mérite vraiment la place que l'on lui donne ? Fait-on trop de mathématiques dans nos classes ? En fait-on bien ? On apprend tout de même que des générations d'élèves ont été traumatisés par l'avènement des "maths modernes" qui remplaçaient la définition classique de la ligne droite, "le plus court chemin d'un point à un autre", par une définition de 4 lignes intégrant la notion d'ensemble et de droite affine... 
Étonnante chose pour les mathématiciens que les méthodes d'apprentissage changent si souvent, et que l'on n'arrive pas à trouver la "meilleure" d'entre elles.

On aborde également, au fil de discussions avec des mathématiciens, la recherche fondamentale. Sa beauté, son aridité parfois, et aussi l'exigence qu'elle requiert. C'est l'occasion d'entendre les vues de Cédric Villani, médaille Fields 2010, sur ce métier. On rencontre aussi des chercheurs qui étudient le cosmos, ou l'écoulement de miel sur un tapis roulant... Et l'on voit beaucoup d'étoiles dans les yeux, de grattements de têtes devant des tableaux noirs, de persévérance. Ça m'a fasciné de voir à quel point les gens qui travaillent dans la recherche en mathématiques sont convaincus de la beauté de ce qu'ils font. 

Enfin, le film se concentre sur l'impact des mathématiques, au quotidien, dans notre société, par le biais des mathématiques financières. C'est peut-être la partie du film qui prend le plus parti. On constate en tout cas que si les modèles mathématiques sont omniprésents (dans les banques, dans nos entreprises, sur les rapports de nos dirigeants), bien peu de personnes les comprennent réellement profondément. Les limites du modèle qui a causé la crise des subprimes étaient connus de chercheurs : ce mode d'optimisation marchait localement, ils l'avaient bien remarqué. Mais quand chaque banquier et trader a découvert le rendement qu'il pouvait obtenir localement avec cette nouvelle technique, il en a profité à son échelle, et la généralisation du modèle a causé la crise de 2008. 

Un film vraiment intéressant, qui n'appelle pas à rejeter les maths ou faire naître des vocations, mais qui nous fait toucher du doigt un monde certainement trop mystifié et replié sur lui-même.

8 commentaires:

  1. Je suis dyscalculique, rien que le mot "mathématiques" me donne des vapeurs. M'enfin bon, on peut réussir dans la vie malgré cette tare...

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  2. J'ai un souvenir des maths au CP!!! On nous faisais expérimenter les bases. Compter en base 4 par exemple. Je trouvais ça excessivement difficile. Par contre, par la suite, je n'ai pas souffert des maths.

    Aujourd'hui, j'ai également la sensation que l'anglais devient une matière très inégalitaire. L'enseignement est désastreux (pire je crois que celui que j'ai eu) alors que cela devient une matière incontournable dans de nombreuses formations post-bac.

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    1. C'est bizarre cette histoire de base. Je ne crois pas avoir subi cela en CP !
      Je suis bien d'accord avec toi pour l'anglais : je ne crois pas avoir eu un prof correct avant la prépa.

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  3. Intéressant ce documentaire, quand on y pense on ne nous enseigne jamais l'histoire des mathématiques et on se contente souvent de faire apprendre bêtement des théorèmes sans même prendre la peine de les faire comprendre.
    C'est vrai que les maths occupent une place de choix dans les programmes jusqu'à la répartition des élèves dans des filières plus spécialisées. Et encore, j'aurai bien aimé faire biologie si je n'étais pas partie vers les lettres, mais l'omniprésence des maths m'a probablement dissuadé de choisir cette voix.

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    1. C'est vraiment devenu un moyen de sélection mais ce que montre le documentaire, c'est qu'il y a aussi des moyens d'être bon en math pour passer les exams sans pour autant apprécier les maths !

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  4. Très mauvais souvenir des maths à l'école, j'étais interdite de récré quand je ne parvenais pas à finir les divisions avec le T... L'horreur ! Mais j'ai toujours vu la passion et l'intérêt que peuvent prendre tous ces chiffres chez mon père, comme quoi :-)

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    1. Ce qui est bien dans ce documentaire, c'est qu'il nous montre aussi que nous ne sommes pas tous égaux devant les maths. Et que c'est normal d'aimer ou de détester les maths !

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