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vendredi 10 avril 2015

(Dé)placements

Merci à la Société Générale qui m'a fort bien accueilli pour le vernissage de son nouvel accrochage, (Dé)placements. Si vous m'avez suivi lors de ma précédente visite de cet espace, lors de l'expo Invitations au voyage, vous n'êtes pas sans savoir que la banque se constitue une collection d'art contemporain depuis 20 ans.

Koyo Kouoh devant Rui Moreira, the machine of entangling landscapes VII, 2011

Régulièrement, un commissaire est contacté pour jeter un regard sur cette collection et proposer un parcours dans ce qui est à la fois un espace de travail, un endroit de passage et un lieu de réception. Cette année, c'est Koyo Kouoh, directrice de RAW Material Company, qui a carte blanche. Sa démarche ? Se laisser guider par ses perceptions et sa sensibilité pour déployer de nouvelles facettes de la collection. Jouant sur les mots, elle a mis derrière ce (dé)placement à la fois des œuvres mobiles, des œuvres trompe-l’œil que le visiteur anime entre visible et invisible, des œuvres sur le mouvement, voire sur les migrations et la mondialisation. Il parait même qu'il y a un jeu avec les placements bancaires mais cet aspect ne m'a pas sauté aux yeux. A moins que la collection ne soit considérée comme telle, ce qui n'est pas du tout le message de la banque... Koyo Kouoh a aussi voulu donner de la visibilité à des œuvres qui n'avaient peu ou pas été présentées lors des dernières expositions ainsi qu'à des artistes souvent sous représentés en histoire de l'art : les femmes et les artistes d'origine non occidentale. 

Zilvinas Kempinas, columns, 2006
Amusantes ces Columns de Zilvinas Kempinas en bandes vidéo

Les espaces sont scandés par ces thèmes : "Regardeur/regardé", visible, invisible ; "Cinétisme et jeux visuels", illusion, trompe-l’œil, camouflage ; "Visibilité et invisibilité" ; "Flux et dynamiques", arrêt/déplacement, esthétique et réalité. Mais ils ne constituent pas un parcours à proprement parler : ils invitent le visiteur à se laisser guider et déplacer par ses propres réactions et attirances. Certaines œuvres jouent ainsi sur la notion de cartographie, entre réel et imaginaire, intérieur et extérieur, avec des artistes comme Rui Moreira, The machine of entangling landscapes VII (2011), Philippe Favier, La légende d'Iflomène (1986) ou Lyndi Sales, Flight path I, Variation 3/3 (2009). D'autres sur l'optique et l'art cinétique comme Jake, Virtual picture (1995) ou Philippe Decrauzat, Sans titre (2011). Vous pouvez même tenter un jeu des 7 différences avec Bernard Piffaretti ! D'autres œuvres enfin tentent de représenter le mouvement comme Cheval flèche de Sotor (1993). 

Philippe Favier, La légende d'Iflomène, 1986
Philippe Favier nous propose une curieuse chasse au trésor avec La légende d'Iflomène (1986)

Ce qui étonne dans cet accrochage, c'est finalement d'avoir voulu les rassembler sous une même thématique. Leur hétérogénéité et leur variété parviennent à brouiller leurs liens et à questionner le visiteur sur ce que recouvre le terme même de (dé)placement. Se sent-il réellement déplacé ? Moi j'ai été surprise par les effets de l'art optique qui m'ont rappelé Dynamo, j'ai été touchée par deux-trois œuvres qui m'ont fait voyager, mais la notion de parcours m'est restée étrangère. De même, j'ai assez rarement eu l'impression de dialogue entre les œuvres voire de dialogue entre les œuvres et le lieu. Du coup, j'ai plutôt envie de parler d'accrochage plutôt que d'exposition.  

Pour vous faire votre propre idée, sachez que l'expo est visitable gratuitement, sur réservation
Pour découvrir l'accrochage en images

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