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vendredi 22 mai 2015

Chagall, Soulages, Benzaken... Le vitrail contemporain

Exposer le vitrail est un véritable défi. Comment rendre dans une salle sans fenêtres les jeux de lumière du soleil sur des verrières colorées ? Comment faire ressentir les heures du jour et révéler tous les aspects d'un vitrail ? Si l'exposition de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine ne permet pas de découvrir toutes ces nuances, elle a su jouer sur le rétroéclairage pour valoriser la transparence et les couleurs des verres. Les mettant à hauteur du regard, elle nous rend proche des objets bien souvent trop hauts ou trop éloignés pour que nous puissions en percevoir toute la subtilité. 

Rouault, Sainte Véronique pour Assy, 1945

L'exposition s'ouvre sur l'église d'Assy. Ce manifeste de la modernité est un creuset pour l'élaboration d'un nouvel art sacré. Il me suffira de vous citer quelques noms pour que vous preniez conscience de l'incroyable bijou qu'est cette église : Rouault, Chagall, Bazaine notamment pour la conception des verrières ! Si ces interventions dans une église moderne ne choquent pas, il n'en est pas de même lorsque l'édifice date un peu : la bataille pour les vitraux de Saint-Michel des Bréseux en témoigne ! 
Mais ce précédent n'empêche pas l'alliance de l'Eglise et de l'art contemporain. Bien au contraire ! Et le vitrail est l'un des lieux où s'exprime ce lien. Dans un contexte de reconstruction et d'évangélisation, le vitrail a pour rôle d'introduire à la prière. Sont favorisées des œuvres plus abstraites, colorées. Vous découvrirez notamment un vitrail étonnant, expérimental, de Soulages qui joue sur les nuances de bleu et les aspects du verre. C'est aussi l'âge d'or de la dalle de verre que vous verrez dans la majorité des églises des années 50-60.

Mais l'introduction de vitraux contemporains n'est pas réservée aux églises nouvelles. Les réalisations de Chagall à Metz, dans une cathédrale classée, ouvrent la voie. L'exposition évoque également le chantier titanesque de Nevers dont les 1052 m2 de vitraux sont issus de commandes publiques entre 1976 et 2011. Après Nevers, tous les possibles sont ouverts. La création contemporaine s'exprime autant dans l'abstraction (Soulages, Ricardon) que dans la figuration (Garouste, Benzaken), dans la couleur (Raysse) comme dans son absence (Convert). Parmi les œuvres les plus étonnantes, je retiens le Dieu androgyne du jugement dernier de G. Ettl, les enfants aliénés de Courtet ou encore les empreintes digitales de Sarkis. L'exposition se termine sur les chantiers de vitraux en cours, notamment à Lyon et l'usage du vitrail dans des édifices civils, encore discret en France. 

Alberola / Duchemin, détail d'un vitrail de la cathédrale de Nevers

Pour continuer le voyage, une borne numérique vous permet de découvrir des vitraux contemporains in situ, en voyageant à travers la France. Rien qu'en Île-de-France ou à Paris, on en compte un sacré paquet ! Pensons à Bazaine à Saint-Séverin (Paris), à Zack à Issy-les-Moulineaux, Raysse à Notre-Dame-de-l'Arche-d'Alliance... et bientôt à Zembok à la cathédrale de Créteil !

Si le but était de nous donner envie de lever les yeux et de partir en visite, c'est gagné ! Je rêve désormais de découvrir le travail de Courtet à Saint-Gildas-des-Bois, de me rendre à Nevers... et mon envie de voir Assy se confirme. Vivement les vacances !

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