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mardi 28 juillet 2015

Lettres

Mon classique du mois de juillet est un peu particulier puisqu'il prend la forme épistolaire. Avec les Lettres de Madame de Sévigné, de son nom de jeune fille Marie de Rabutin-Chantal.


Bureau de Mme de Sévigné
Mon édition propose ses lettres de 1655 à 1696. Entre Paris, Versailles, la Bretagne et le Sud, notre marquise croque à traits vifs la société de l'époque de Louis XIV. Ses correspondants favoris ? Le Comte de Bussy Rabutin, son cousin, mais surtout Madame de Grignan, sa fille adorée. De sa plume alerte, notre marquise évoque à la fois les potins de la Cour (salons, lectures et religion), les événements appelés à devenir historiques (procès de Foucquet, mort de Turenne et de La Rochefoucauld, représentation de Bajazet, affaire des poisons, etc.) et sa détresse d'être si loin de sa fille. "Ah ! ma bonne, que je voudrois bien vous voir un peu, vous entendre, vous embrasser, vous voir passer, si c'est trop que le reste ! Eh bien, par exemple, voilà de ces pensées à quoi je ne résiste pas. Je sens qu'il m'ennuie de ne plus vous avoir : cette séparation me fait une douleur au cœur et à l'âme, que je sens comme un mal du corps".

Bon, notre marquise a parfois des visions du monde paysan et de ses gens un peu angéliques... ce qui ne l'empêche pas de mener sa barque comme elle l'entend :
"Savez-vous ce que c'est que faner ? Il faut que je vous l'explique : faner est la plus jolie chose du monde, c'est retourner du foin en batifolant dans une prairie ; dès qu'on en sait tant, on sait faner. Tous mes gens y allèrent gaiement ; le seul Picard me vint dire qu'il n'iroit pas, qu'il n'étoit pas entré à mon service pour cela, que ce n'étoit pas son métier, et qu'il aimoit mieux s'en aller à Paris. Ma foi ! la colère m'a monté à la tête ; je songeai que c'étoit la centième sottise qu'il m'avoit faite ; qu'il n'avoit ni cœur, ni affection ; en un mot, la mesure étoit comble. Je l'ai pris au mot, et quoi qu'on m'ait pu dire pour lui, je suis demeurée ferme comme un rocher, et il est parti. C'est une justice de traiter les gens selon leurs bons ou mauvais services. Si vous le revoyez, ne le recevez point, ne le protégez point, ne me blâmez point, et songez que c'est le garçon du monde qui aime le moins à faner, et qui est le plus indigne qu'on le traite bien".

En quelques lignes alertes, elle nous brosse un portrait, elle nous fait sentir une époque, elle nous introduit chez les plus grands. Ce qui frappe, c'est la liberté de son ton. Elle s'émeut, elle s'agace, elle se réjouit avec une simplicité qui nous la rend proche. Un bon moyen de découvrir l'esprit et les mœurs du XVIIe siècle !



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