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lundi 31 octobre 2016

Sodome et Gomorrhe

Charnay, Liseuse
Je poursuis mon petit rythme dans La recherche malgré une motivation en baisse. Pourquoi s'attarder tellement dans les salons, à partager tant de médiocrité ? Pourtant le début m'a étonnée, non pas à cause de la découverte par le narrateur de l'homosexualité de Charlus mais par la description de la scène telle qu'il la perçoit, auditivement. Beaucoup de soupçons d'inversion dans ce tome, afin de savoir qui en est et qui n'en est pas. L'autre élément fort, c'est toujours les salons qu'hante notre héros, qu'il s'agisse de ceux des Guermantes ou des Verdurin.

Mais ce qui a plus compté dans ma lecture, c'est la douleur du décès de la grand mère, qui n'est perçue qu'au retour à Balbec. Et les jeux étymologiques autour des noms de villages normands.
La relation avec Albertine bat son plein même si le lecteur se perd de crise de jalousie en soupçons et de ruptures en retrouvailles.

Bref, c'est un tome assez sombre autour de la sexualité et de la mort, des vanités et de l'envie. On comprend mieux qu'il porte ce terrible titre biblique car il en annonce tous les excès.

Challenge classique

"Et comme les impressions qui donnaient pour moi leur valeur aux choses étaient de celles que les autres personnes ou n'éprouvent pas, ou refoulent sans y penser, comme insignifiantes, et que, par conséquent, si j'avais pu les communiquer elles fussent restées incomprises ou auraient été dédaignées, elles étaient entièrement inutilisables pour moi et avaient de plus l'inconvénient de me faire passer pour stupide aux yeux de Mme Verdurin, qui voyait que j'avais gobé Brichot, comme je l'avais déjà paru à Mme de Guermantes parce que je me plaisais chez Mme d'Arpajon".

vendredi 28 octobre 2016

The restaurant at the end of the universe

Avec ce titre, je m'attaque enfin à la suite du Guide galactique... Et si le premier tome m'avait beaucoup fait rire, je suis restée assez insensible à l'humour de la suite. Peut-être parce que les blagues sont quasi les mêmes. Seul le chat du maître de l'univers m'a fait sourire, à cause de Schrödinger.

Ce roman commence par une course poursuite entre Zaphod Beeblebrox, ex-président de la Galaxie, et les Vogons, deux secondes après la fin du livre précédent. Immobilisé par une demande incongrue d'Arthur Dent, le vaisseau ne peut pas utiliser son "improbability drive", trop occupé à préparer du thé (oui, le roman est anglais). Mais qu'à cela ne tienne, un grand père de Zaphod leur sauve la mise. L'aventure se poursuit d'un côté pour Zaphod, qui cherche toujours celui qui gère les règles de l'univers, sur diverses planètes. Le petit groupe se retrouve cependant au Dernier restaurant avant la fin du monde, qui rejoue chaque soir la fin du monde. Suite à ce repas bien arrosé, les amis décident de voler un joli vaisseau. Et se retrouvent pris au piège...


Un roman de Douglas Adam toujours aussi délirant mais moins plaisant selon moi.

mardi 25 octobre 2016

L'avenir de l'eau

Sous-titré "Petit précis de mondialisation II", cet ouvrage d'Erik Orsenna est une enquête dédiée à l'eau dans le monde, à sa gestion, à sa disparition et, au contraire, à sa multiplication. On commence avec un "Portrait du personnage". Petit passage par quelques phénomènes propres à la demoiselle. Puis très vite, commence notre voyage. Nous allons suivre notre auteur, d'abord en Australie, puis à Singapour, en Inde, au Bangladesh, en Chine, en Israël puis en Afrique, Amérique et Europe avec des cas moins détaillés.


Avec sa plume très agréable, comme toujours, Orsenna nous introduit à la complexe problématique de l'eau sur notre planète, n'hésitant pas à simplifier ses données pour le lecteur. Et à les rendre passionnantes. Parce que même si le sujet t'intéresse, tu reste un peu baba devant tout ce qui sort chaque jour sur le thème. 

L'essai se termine sur une conclusion douce-amère, à savoir que le problème de l'eau n'est malheureusement pas l'unique défi du XXIe siècle...

S'il m'a beaucoup plu lors de sa lecture, je sors un peu déçue de l'ouvrage car je n'en retiens pas grand chose. Je ne sais pas si c'est parce que l'auteur se plait à conter ses aventures et ses rencontres en plus de son enquête, si je n'ai pas été assez attentive... Mais j'ai l'impression d'avoir simplement fait un joli voyage, sans rentrer dans le cœur des questions de l'eau. C'est assez bizarre cette impression de survol. Incapable de savoir si c'est mon état d'esprit à la lecture, pourtant très intéressée par l'idée de mieux connaitre l'eau, ou le livre en lui-même, je suis curieuse de savoir ce qu'en ont pensé d'autres lecteurs !

mercredi 19 octobre 2016

La Sociedad del Cansancio

Le philosophe coréen allemand Byung-Chul Han a vu les ventes de son petit ouvrage exploser à la publication. Enfin, pour un ouvrage de philo. Il ne fait certainement pas le même chiffre d'affaire que Dan Brown. Personnellement, je ne l'ai pas vu passer et ce n'est que maintenant que je le découvre. En espagnol qui plus est...

Remouleur, Malevitch

Il se compose des parties suivantes :

El Prometeo Cansado
La violencia Neuronal
Mas Alla de la Sociedad disciplinaria
El aburrimiento profundo
Vida activa
Pedagogia del Mirar
El Caso Bartleby
La sociedad del Cansancio


L'essai débute avec une analyse de ce qu'était la société du XXe siècle. L'auteur parle d'un processus immunologique c'est-à-dire de défense contre tout ce qui est étranger, à l'image de la Guerre Froide. Si tu n'es pas avec nous, c'est que tu es contre. Cette protection contre l'ennemi se lit dans tous les aspects de la société, qu'il s'agisse de l'histoire, du droit, de la médecine, etc. C'est une disposition tout à fait contraire à la globalisation, qui dresse des murs plutôt que des ponts. 
Ce procédé de "négativité" est aujourd'hui remplacé par la "positivité", qui au lieu de rejeter, inclut. Mais asphyxie par la saturation du semblable, du même. 

D'une société de la discipline et du devoir telle que la décrit Foucauld, on passe à une société du rendement et du pouvoir, du "Yes, we can". Une société qui produit des échecs aussi. Devant cette course au rendement, l'homme moderne se fatigue de chercher à devenir soi-même, de travailler et de s'exploiter librement... jusqu'à la dépression. Il se confronte à sa liberté obligatoire et à sa libre obligation de maximiser le rendement ! Au travail, bien sûr, qui devient l'unique absolu mais aussi dans ses loisirs. Pas question de ne rien faire, de s'ennuyer. De toute façon, il existe tellement de stimulus extérieurs que ce n'est même plus possible de ne rien faire. Et cette abondance de stimulus, qui va jusqu'à l'excès, n'est pas forcément preuve de progrès. C'est l'animal sauvage qui est tout le temps aux aguets, qui a besoin d'une attention fragmentée, pour veiller en même temps sur sa proie, sa femelle et ses prédateurs... et assurer sa survie. Au contraire, l'ennui pour notre auteur, est nécessaire pour sortir de la répétition et créer quelque chose de neuf. 
Cette déferlante d'activités va de pair avec l'éphémère... et conduit à un monde superficiel, qui manque d'être. Plus d'emphase, de colère, de passion... au milieu de cette dispersion. La pensée devient un simple calcul, comme celui des ordinateurs, mais ne conduit plus à une intériorité. Pour cela, il faudrait revaloriser la vie contemplative, l'ennui, le repos du dimanche, le sabbat où il est interdit d'agir, et peut-être la négativité, c'est à dire de fait de lutter contre quelque chose, de savoir dire non plutôt que de se noyer dans un relativisme et un égoïsme solitaire, étouffant et impuissant. 

Cet essai court mais puissant m'a beaucoup interrogée sur mon rapport au devoir et au travail, à cette nécessité de se réaliser à travers d'une activité économique. A cette valeur de notre société pour laquelle seul le succès compte et où l'épanouissement doit passer par le travail. J'ai noté toutes les pressions que l'on peut subir lorsqu'on n'a pas de boulot, de la part de la société mais aussi de soi-même. J'ai aussi questionné mon rapport à l'ennui, mon besoin de sortir mon téléphone ou mon bouquin dès qu'il faut patienter, mon impatience devant un jour sans activité prévue, mon besoin de faire quelque chose pour que la journée vaille quelque chose. Mais je connais aussi l'importance des moments de calme, le goût d'une retraite spirituelle au rythme d'une communauté religieuse. Et la valeur que ces pauses permettent de donner à toutes nos activités galopantes, qui, sans ce recul, passent semblables et stériles.

mercredi 5 octobre 2016

Douze femmes

Voici un recueil de Paul Feval qui rend honneur à la vertu de jolies femmes. La majorité de ces contes se déroule en Bretagne ou sur la route de la Normandie. Terre de preux et de piété. Certaines nouvelles sont médiévales, d'autres révolutionnaires, d'autres encore XIXe. Chacune d'elle gravite autour d'un ou plusieurs personnages féminins.

Eve: Échange de lettres entre deux amis qui se sont promis de ne jamais se marier. L'un d'eux tombe fatalement et follement amoureux d'une femme mariée... 
Gaité : Après une introduction sur les bons mots que l'on peut échanger avec les rois, petit conte sur une fille trop pure et fragile.
Fleur-des-Batailles : Malédiction de ces femmes qui perdent toute famille au cours des révolutions qui agitent le siècle et déciment les hommes. 
Francine : Conte médiéval d'un bel aristocrate et d'une fleur des champs, protégée par le fil de la Vierge, fil d'araignée léger qui veille sur la vertu. 
Marina : Dans l'Italie de la Renaissance, Marina et Francisco s'aiment tendrement. Mais il décide de partir... La belle dépérit, persuadée d'être maudite par la Vierge.
Mariole : Une belle enfant sauvée des eaux lors d'une grande marée et la lutte de deux jeunes hommes pour son amour.
Clémentine : Lors d'une soirée où toute l'élite littéraire du temps se réunit, Nodier conte la cocasse histoire de son première amour, Clémentine.
Claire : La belle Claire, marquise de Jaucourt, reçoit des lettres d'amour de son cousin. Le jeune fou décide de lui rendre visite en pleine nuit alors que l'époux revient. La chaste épouse conduit alors Raymond dans une chambre abandonnée du château pour le cacher. Mais cette chambre est dite hantée... 
Miss Anna : Plus que l'histoire d'Anna, c'est celle du banquier Lowter qui nous est contée. Cet anglais habité par le spleen a tout tenté pour se désennuyer mais rien n'y fait. Il est donc temps de se suicider...
Ernestine Quesnot : Il se passe des événements bien curieux dans cette diligence qui file à tout allure vers la Normandie. Poursuite de jeunes amants et héritage, tous les ingrédients d'un joli vaudeville sont réunis. Avec l'étonnant notaire, Mr. Quesnot, dont les mimiques sont hilarantes. 
Mademoiselle de Presmes : Une aventure du sieur Bechameil, amoureux de la bonne chère, et de la belle Aline. Sauf que la belle n'est pas fan du gros intendant royal de l’impôt de Louis XV et lui préfère son officier de cousin.
Juliette : La famille Sidoux des Moraindières accueille sous son toit tous les légitimistes de Rennes (ou presque). Neuf jeunes gens qui n'ont d'yeux que pour la gentille Juliette. Sauf que seul le plus offrant pourra la mériter.

Bien entendu, il n'est question dans ce recueil que de jeunes femmes fragiles, languides, faibles, qui n'existent souvent que par les hommes qui les chassent. Une vision très petite fleur romantique qui fatigue un peu la lectrice contemporaine.