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lundi 12 décembre 2016

Réparer les vivants

Celui-là, on l'a vu sur tous les blogs il y a deux-trois ans. Il attendait patiemment sur un étagère que la pression retombe, que l'on l'oublie un peu. Enfin, si ça se trouve, il vient de paraître en poche et c'est sa deuxième chance...

Ce roman de Maylis de Kerangal, je ne savais même plus de quoi il parlait. J'avais oublié tout ce que j'avais lu sur lui. Ne demeurait que l'impression de l'avoir vu partout partout. Mais sans la pression de savoir si j'allais faire partie des "fans" ou des "déçues". Une approche plus tranquille des livres m'aurait-elle gagnée ? 

Ce livre, c'est celui d'un cœur. Le cœur de Simon. Un ado fan de surf qui se retrouve en réa à 19 ans. Pas à cause du surf dans l'eau glacée, à cause d'une ceinture inexistante dans un van hawaïen. Avec sa mort, commence une course contre la montre, celle de la greffe de ses organes.

Avec une écriture mitraillette, qui débite les mots comme des balles, Maylis de Kerangal nous fait galoper dans les couloirs des hôpitaux. Tantôt aux côtés de Sean et Marianne, les parents assommés, qui doivent pourtant trancher - Simon est-il, était-il donneur-, de Cordélia, l'infirmière trop sexy, de Tom, l'infirmier en charge de la procédure, ou de tous les grands pontes qui s'agitent autour des organes. Quelques moments de respiration nous font entrer dans l'intimité de l'un des personnages, mais la course reprend, inlassable. Précise, tranchante, la syntaxe de l'auteur est curieusement belle, malmenant le lecteur et l'entraînant dans ce rythme sans fin. Sans parler du vocabulaire, du choix des mots, que l'on sent pesées, maîtrisés. Rien ne dépasse, rien n'est de trop, le cœur de Simon ne nous laisse pas le temps de nous tromper ou d'hésiter. Il laisse à peine le temps des larmes et de la tristesse... 

Mantegna, Lamentations sur le Christ mort, 1480, Milan

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