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samedi 20 juin 2020

L'homme-joie

Notre challenge touche à sa fin avec l'été mais je pense bien poursuivre la lecture de Bobin qui m'est un régal pour l'âme ! 

Avec ce titre, tout en joie et en lumière, il nous offre 17 courts textes et phrases lancées sur le papier. Des textes comme des rencontres, brefs mais profonds, des textes simples qui dévoilent des beautés que nous ne voyons plus. Une ode à la vie, à cette joie d'être vivants qui coule dans nos veines quand on en perçoit le miracle. Une ode à l'écriture aussi : 
"Ecrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir". 
Je vous livre des extraits, ou quelques mots, sur chacun de ces textes.

Et ma phrase choc de ce livre est, sans surprise :
"Un livre est voyant ou il n'est rien. Son travail est d'allumer la lumière dans les palais de nos cerveaux déserts"

L'homme joie : 
"Nous massacrons toute la douceur de la vie et elle revient encore plus abondante"
"Quelques secondes suffisent, n'est-ce pas, pour vivre éternellement"

C'est Maria : portrait lumineux d'une gitane.

Soulages : sur une visite au musée.
"Ce qu'on voit nous change. Ce qu'on voit nous révèle, nous baptise, nous donne notre vrai nom. Je suis un enfant dans une buanderie, devant des draps noirs mis à sécher sur une corde. Les tableaux sont de grandes bêtes vivantes allongées, un peu engourdies d'être là. Une lumière d'or blanc bat leurs flancs"
"Expliquer n'éclaire jamais. La vraie lumière ne vient que par illuminations, explosions intérieures, non décidables"

L’irrésistible : sur Glenn Gould. 
"Vous m'aimez trop. Vous voulez m'enfermer là où je suis, là où vous êtes, entre les murs de piano noirs, de fauteuils rouges, bien au chaud avec vous"
"Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais on ne peut pas faire deux choses en même temps, mener deux chevaux dans le même galop. On ne peut pas écouter et voir. Voir l'emporte. Voir est beaucoup trop fort, beaucoup plus fort. Au concert, nous sommes trois : vous, moi et le piano. Quatre si je compte la musique. Cela fait trop de monde, et trop de monde cela fait trop de bruit. Au bout du compte on n'entend rien"
"C'est un des rares principes que vous vous connaissez, et peut-être même est-ce le seul : ne jamais contrarier le cours des choses. Ne surtout pas résister au désastre. Quand l'incapacité est là - l'incapacité d'entendre, d'écrire ou d'aimer, l'empêchement de toute respiration - vous lui donnez la place, toute sa place, tout son temps, tout le temps. Vous ne faites donc pas réparer les appareils [...] Vous n'avez à votre disposition que ces instruments rudimentaires, ces machines capricieuses qui rongent vos cassettes, laissant de loin en loin passer un filet de musique, comme les plaintes d'une fée enfermée dans le noir"

Un prince : sur les fleurs. 
"Nous recevons la nouvelle de la disparition d'un être aimé comme l'enfoncement d'un poing de marbre dans notre poitrine. Pendant quelques mois nous avons le souffle coupé. Le choc nous a fait reculer d'un pas. Nous ne sommes plus dans le monde. Nous le regardons. Comme il est étrange. Le moins absurde, ce sont les fleurs. Elles sont des cris de toutes les couleurs"

Un carnet bleu : lettre à la plus que vive.

Le laurier-rose : pour traverser la mort, la mort de l'aimée. 
"La souffrance que nous avons de notre amour est encore notre amour, l’empêche de glisser au noir comme l'y feraient glisser les affreuses consolations"

La gueule du lion : 
"Mon idéal de vie c'est un livre et mon idéal de livre c'est une eau glacée comme celle qui sortait de la gueule du lion d'une fontaine sur une route du Jura, un été"
"Un livre est voyant ou il n'est rien. Son travail est d'allumer la lumière dans les palais de nos cerveaux déserts"

Des yeux d'or : sur l'essentiel.
"Deux choses importantes sont arrivées aujourd'hui. J'ai tout de suite su qu'il n'y en aurait pas d'autres. A deux heures de l'après-midi c'était plié. Deux émerveillements c'est beaucoup pour un seul jour, non ?"
"Le miracle arrive dans un deuxième temps, quand s'éveille ce qui dormait sous nos yeux, quand ce qui surgit de la vie crève nos yeux et les remplace par des yeux d'or"

Vita Nuova : sur Dante et la chasse. 
"Au bord d'une rivière de feu, Dante découvre ces gens qui ont passé leur vie en ne faisant ni bien, ni mal. Ceux-là "qui ne furent qu'eux-mêmes", le ciel les refuse et l'enfer les recrache"

La main de vie : sur son père et Bach. 
"L'absence de vérité dans une voix est pire que la fin du monde. On ne tord pas un rayon de soleil"

Trésors vivants : sur Alzheimer. 
"Quand mon père ne savait plus rien de moi, il savait encore qui j'étais, je le sentais, je l'éprouvais, et ce qu'on éprouve est plus grand que tout ce que nous dit la science. Ne trouvant plus les prénoms, il rusait. Interrogé sur moi il répondait : "c'est celui qu'on n'oublie pas", et sur ma mère : "c'est la meilleure". Ces oublieux n'oublient rien d'essentiel, c'est ce qui les distingue de nous." 

Les minutes suspendues : sur les fleurs des cathédrales.

Mieux qu'un ange : sur le Christ comme poète 

Le petit charbonnier : sur la mort d'un chat. 
"La vie nous mène à la mort comme une chatte, en les prenant dans sa gueule, mène ses chatons à l'abri."
"Je sais ce que c'est maintenant, un chat : c'est quelqu'un qui ressemble à un chat, qui vient et qui vous prend le coeur."

La restitution : sur le don d'une gitane. 

Un trousseau de clés : sur les clés des philosophes qui ne servent à rien.

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