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lundi 28 décembre 2020
Teologia guarani
mercredi 23 décembre 2020
La folle allure
Voilà un magnifique Bobin comme je les aime, un joli roman - avec une vraie narration. Au centre, une héroïne, dont on ne connaitra pas le nom. Une héroïne libre, fugueuse, amoureuse. Une jeune femme, une jeune fille, une fillette qui a grandi dans un cirque et dormi avec un loup. La fille d'une femme très aimée, rayonnante, et d'un père perfectionniste. La sœur de jumeaux. La femme d'un écrivain raté, bohème. L'amie de la liberté, de la joie. Une héroïne qui nous emporte dans sa vie comme un tourbillon de vitalité et d'amour ! Qu'en dire d'autre ? Que la moisson des phrases est plus qu'abondante !
"Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une eclipse ? Eh bien c'est ça : la lune qui se glisse devant le coeur, et le coeur qui ne donne plus sa lumière. La nuit en plein jour. La mélancolie c'est doux et noir"
"Les fugues ont commencé après la mort du loup. C'est ce que prétendent mes parents. Moi je crois qu'elles avaient commencé bien avant. Simplement elles n'étaient pas visibles. Passer des heures à contempler le feu couvant dans les yeux d'un loup, c'est aller au bout du monde. Aujourd'hui encore, dans cette petite chambre aux murs blancs, si je veux voyager, je m'approche de la fenêtre et je regarde le ciel longtemps, le plus longtemps possible, jusqu'à y reconnaitre quelque chose de la brulure et de la douceur d'un loup"
"Ma mère est folle, je crois. Je souhaite à tous les enfants du monde d'avoir des mères folles, ce sont les meilleures mères, les mieux accordées aux coeurs fauves des enfants. Sa folie lui vient d'Italie, son premier pays. En Italie, ce qui est dedans, ils le mettent dehors. Leur linge à sécher et leur coeur à laver, ils mettent tout à la rue sur un fil entre deux fenêtres, et ils font l'inventaire plusieurs fois par jour, devant les voisins, dans un interminable opéra de cris et de rires"
"Je sors et je rentre après avoir embrassé mon loup, après avoir exercé le droit élémentaire de toute personne vivant sur cette terre : disparaitre sans rendre compte de sa disparition"
"La séparation la plus grave entre les gens, elle est là, nulle part ailleurs : dans les rythmes"
"J'ai toujours reconnu d'instinct ceux qui se lèvent avec le jour, même en vacances, et ceux qui restent pour des siècles au lit. J'ai immédiatement craint les premiers. J'ai toujours craint ceux qui partent à l'assaut de leur vie comme si rien n'était plus important que de faire des choses, vite, beaucoup. Ma mère était tellement aimée que ce n'était plus la peine d'occuper toutes les heures du jour. Le monde appartient, dit-on, à ceux qui se lèvent tôt. Ils le font bien sentir que ça leur appartient, le monde, ils en sont assez fiers de leur remue-ménage. Mais quand on est aimée, on s'en fout du monde, on a beaucoup moins besoin d'y faire son tour. Ma mère baignait dans un flux d'amour. Ses parents l'avaient célébrée. Les hommes l'admiraient. Elle n'avait rien à prouver, à construire. Elle pouvait bien rester au lit à des heures déraisonnables"
"Parfois, chaque seconde qui passe peut vous amener la mort ou la joie pure d'y avoir encore échappé - jusqu'à la seconde suivante où tout recommence. Je décide d'utiliser chaque seconde comme ça. Utiliser n'est pas un mot heureux : je décide d'aller d'une seconde à l'autre comme on saute d'un rocher au suivant, pour traverser une rivière profonde. Eclaboussée, rafraichie. Jamais noyée"
"Mourir doit ressembler à ça : nager dans le noir et que personne ne vous appelle"
"J'ai peur qu'on ne m'aime plus - de rien d'autre. Si, peut-être : des araignées. Pour la première peur, je suis rassurée. J'ignore pourquoi mais je suis rassurée, comme ma mère l'est pour elle-même : il se trouvera toujours quelqu'un pour m'aimer. Et s'il n'y a personne, il y aura toujours l'air, le sable, l'eau, la lumière. Je ne serai jamais abandonnée"
"Mon père, lui, c'est une maladie incurable, celle de la perfection. Tout doit être fait au mieux et le mieux ce n'est jamais ça, jamais, jamais. C'est un mal éprouvant pour l'entourage"
"Un détail en somme, mais l'amour réside dans les détails, nulle part ailleurs"
"mémé, qu'est-ce qu'il y a de plus important dans la vie ? Je n'ai pas oublié la réponse : une seule chose compte, petite, c'est la gaieté, ne laisse jamais personne te l'enlever. Elle disait : gaieté. Je suppose que les religieux diraient : joie [...] Quand je me suis mariée, la gaieté était dans mon coeur. Si j'ai divorcé, c'est parce qu'elle menaçait d'en partir"
"Moins aimer, c'est ne plus aimer du tout"
"Il me semble parfois que tous nos sentiments, même les plus profonds, ont une part indélébile de comédie. Leur profondeur ne doit souvent rien à l'amour - et tout à l'amour-propre. C'est sur nous-mêmes que nous pleurons et c'est nous seuls que nous aimons"
"L'état d'âme fait oublier l'âme. Moi je le dirais comme ça : l'état d'âme empêche l'âme de venir"
"Je ne sais pas ce qu'est l'âme. Je sais très précisément dans quelle partie du corps elle s'évapore, jusqu'à s'anéantir : un minuscule point sombre dans la prunelle des yeux - le mépris"
"Si je ne disparais plus, c'est que je n'ai plus besoin de disparaitre. Le mariage est encore la meilleure façon pour une femme de devenir invisible"
"Si on disait vraiment, partout et toujours, ce qui nous chante dans la tête, la vie serait plus drôle, plus déchirée peut-être, bien plus vivante"
"Tout ce qu'on vit vraiment est secret, clandestin et volé, marcher sous la pluie fine et se réjouir du bruit des talons sur les pavés, prélever une phrase dans un livre et la poser sur son coeur un instant, manger un fruit en regardant par la fenêtre, ça aussi il faut dire que c'est tromper, puisqu'on y reçoit du dehors une joie brute qui ne doit rien, absolument rien au mari"
"La chanson de ne rien faire pour bien faire, j'y trouve une image de ce que je vis avec lui, une annonce de la fin avant la fin et je n'en suis pas triste, ce que j'apprends avec l'ogre c'est à ne pas jouer du violoncelle pour mieux en jouer plus tard, j'apprends à être aimée pour n'avoir plus besoin de l'être et pour enfin aller au-delà, ailleurs, au-delà du sentiment, ailleurs que dans le sentiment, pour aller dans quoi, dans l'amour peut-être, comme aujourd'hui dans cet hôtel, vivante, seule, aimante d'amour partout donné, partout reçu, sans la maladie du lien à un seul, aimante d'un amour qui ne dépend plus d'un père, d'un mari ou d'un amant, l'amour est une pièce minuscule dans laquelle j'entrerai au bout de ces trois ans, pendant trois ans je me prépare à aimer, pendant trois ans je vis en attendant autre chose et donc je ne vis pas, je brûle seulement et les deux autres brûlent avec moi"
"On ne peut pas grandir avec les autres. On ne peut grandir qu'en échappant à cet amour qu'ils nous portent et qui leur suffit, croient-ils, à nous connaitre. On ne peut grandir qu'en faisant des choses dont on ne leur rendra pas comte, et d'ailleurs si on leur en rendait compte, ils ne les comprendraient pas, parce qu'elles seront faites avec cette part de nous demeurée invisible, insaisissable, non couverte par le manteau d'amour qu'ils jetaient sur nos épaules"
lundi 21 décembre 2020
La déchirure
lundi 14 décembre 2020
La gouvernante suédoise
Ce court roman de Marie Sizun, découvert chez mes parents, je l'ai confondu avec un autre noté dans ma LAL. Qu'à cela ne tienne, ce fut une belle découverte ! C'est une histoire de famille, à la fin du XIXe siècle, dont les secrets déteignent toujours aujourd'hui. Sa particularité, c'est l'atmosphère de mystère qui s'en dégage et la petite voix de la narratrice, qui questionne les faits.
Fin du XIXe siècle, un français dans la force de l'âge séduit une jeune suédoise. Hulda et Léonard se marient. De professeur de français, il devient homme d'affaire et n'est pas très présent. Hulda, bientôt mère, n'arrive pas à tenir sa maison. C'est dans ce cadre que Léonard recrute Livia comme gouvernante. Les deux femmes deviennent amies, les enfants grandissent, mais Léonard impose à sa famille un départ précipité vers la France où Hulda commence à broyer du noir.
Roman intimiste, il garde pas mal de ses secrets, notamment autour de Léonard - sa première épouse, son travail, la raison de sa présence en Suède. Il est toutefois sans équivoque sur les amours ancillaires et la dépression d'Hulda, bloquée dans une vie isolée, loin des siens. Un roman que je risque d'oublier assez vite, mais dont je retiendrai la petite voix mystérieuse.
jeudi 10 décembre 2020
Les braises
Ce roman de Sandor Marai patientait depuis un certain temps sur ma PAL. Comme souvent avec cet écrivain, j'ai passé un très bon moment.
Le général vient de recevoir un pli. Sur le champ, il ordonne que la maison reluise pour accueillir un mystérieux invité. A travers un flash back, on découvre le vieil homme enfant, fils d'une française et d'un officier d'Autriche-Hongrie. On suit Henri dans cette enfance solitaire d'enfant unique, entre des parents si différents, à l'école et à l'armée. Heureusement, il rencontre un ami, Conrad, duquel il est inséparable.
Ce soir, c'est un vieillard qui s'apprête à revoir cet ami après 40 ans de séparation. Ambiance tendue, tout le monde sur son 31, c'est une soirée spéciale qui se prépare. Car l'ami en question a fui un beau matin, est parti vivre sous les tropiques sans dire au revoir, après une soirée en tous points identique à celle que veut lui faire vivre Henri. A l'époque, Christine, son épouse, était toujours vivante et il s'était passé quelque chose entre Christine et Conrad. Ce soir, le général veut connaitre la vérité. Et c'est une longue soirée qui se déroule, une soirée où l'on replonge dans le monde d'avant la Première Guerre mondiale où chacun appartenait à un camp différent. Une soirée d'un luxe que l'on imagine plus. Une soirée polie, sans éclats de voix, mais où la sourde détermination d'Henri ne fait pas de doute : il ira jusqu'au bout de ses questions.
Un huis-clos où la tension grimpe progressivement, ferrant le lecteur qui a autant envie de savoir que le général. Un roman sur l'amitié servi par une plume délicate, attentive aux mouvements de l'âme. Vous avez compris : j'ai beaucoup aimé !
"Etre différent de ce que l'on est... est le désir le plus néfaste qui puisse brûler dans le cœur des hommes. Car la vie n’est supportable qu’à la condition de se résigner à n’être que ce que nous sommes à notre sens et à celui du monde. Nous devons nous contenter d'être tels que nous sommes et nous devons aussi savoir qu'une fois que nous aurons admis cela, la vie ne nous couvrira pas de louanges pour autant. Si, après en avoir pris conscience, nous supportons d'être vaniteux ou égoïstes, d'être chauves ou obèses, on n'épinglera pas de décoration sur notre poitrine. Non, nous devons nous pénétrer de l'idée que nous ne recevrons de la vie ni récompense ni félicitations. Il faut se résigner, voilà tout le grand secret"
lundi 7 décembre 2020
Une spiritualité d'enfant
Avant-propos de Lytta Basset
L'enfance : une pierre d'attente pour le spirituel de Nicole Fabre
La spiritualité de l'enfant trisomique de Michèle Trellu
La presse éducative, une école de spiritualité pour les enfants d'Emmanuelle Rémond-Dalyac
Un esprit caché aux sages et aux intelligents de Serge Molla
Cultiver la spiritualité : le modèle éducatif de la "Haggadah de Pessah" de Tania Zittoun
"l'attention à l'inhabituel, un art de questionner ce qui semble évident, et un souci pour les pratiques concrètes comme lieu de l'ancrage du sens"
Paraboles thérapeutiques à l'écoute des enfants et des personnes handicapées de Madeleine Natanson
Thérèse de Lisieux et l'enfance spirituelle : relire "Le Divin Petit Mendiant de Noël" de Sylvie Barnay
Notes sur l'esprit d'enfance bernanosien d'Yves Bridel
"La relation à Dieu : celui qui vit selon l'esprit d'enfance est vis-à-vis de Dieu comme l'enfant vis-à-vis de son père ; il a avec Lui une relation parentale, il s'abandonne à Lui, il attend tout de Lui. C'est cette relation qui est au centre de la voie de l'enfance spirituelle, et c'est dans cette attitude de confiance et d'insouciance que s’ancrent l'ouverture à l'autre, la modestie, l'humilité. Mais aussi la vitalité, le gout de l'aventure, l'engagement total, l'espérance, la révolte contre tout ce qui peut s’opposer à cet élan vital"