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mercredi 31 août 2011

Un été sans les hommes

Siri Hustvedt avait été une chouette rencontre il y a quelques années ! Et nos retrouvailles furent plutôt agréables. Merci à Hilde d'avoir un peu hâté la rédaction de billet pour le compte rendu de lecture-commune... Sans elle, pas sûre que j'aurais pris le temps !

Ce livre est le parcours personnel d'une femme qui tente de se reconstruire sans son époux. Boris, son mari, vient de lui avouer qu'il la trompait avec une jeune fille. Mia, notre héroine, ne le supporte pas. Elle craque mentalement. Après une brève hospitalisation, elle décide de quitter New York pour rejoindre sa mère dans le Minnesota.

Là, elle fréquente les femmes retraitées du club de lecture local et découvre les étonnantes créations de l'une d'elle. Elle sympathise plus généralement avec tout le petit groupe.
Et pour occuper son temps, la poétesse donne des cours de poésie à des adolescentes. C'est l'occasion de se replonger dans un âge difficile, méchant, où les groupes font la loi aux dépens des filles isolées. La petite Alice en fera les frais.

La cure de Mia est un mélange de courts moments d'énervement contre Boris, de nostalgie, de petits plaisirs...

Une écriture tout en finesse, encore une fois, une psychologie fouillée, une narration par contre assez simple. Sympathique !

mardi 30 août 2011

Bienvenue dans la vraie vie

Merci à Libfly pour ce roman de Foglino que jamais je n'aurais pensé à acheter ou à lire et qui fut une véritable découverte. 

Frank travaille au Consortium, comprenez la bourse mondiale. Sa vie, c'est trouver l'entreprise qui fera exploser le baromètre, qui enchantera les actionnaires de tout ordre. Mais quand il peine à trouver un nouveau produit pour les investisseurs, il l'invente et crée ForEverGreen avec l'aide d'un complice, Mr. Smith et d'une jolie communicante, Marlène.

Ce roman est une belle dystopie où la bourse règne en maître, où le chomage est monnaie courante, où chacun parie sur les cours et les actions en espérant s'enrichir, où la réalité et le mensonge sont indistinctement liés. Si au début de ma lecture, j'ai eu quelques craintes en replongeant dans mon quotidien (actions, fonds d'investissements et fusions-acquisitions sont mon lot actuel), j'ai apprécié ce regard ironique sur ce monde de la finance. Les crises qui sont présentées comme autant de mises en scène, de même que les cotations d'ailleurs. Ce vocabulaire qui ne signifie rien. Ces hommes obsédés par le moindre sou mais inconscients des hommes qui peuvent être derrière une société. Bref, caricaturalement et en grossissant, c'est un peu notre monde avec ses cours, ses traders et ses crises.

Le personnage principal, Frank Medrano, est à la fois très naïf et retors. Il ne vit finalement que pour ce travail qui lui pompe toute son énergie. Pour le reste, c'est le désert : des relations humaines faussées, un grand appartement vide, des rencontres éphémères avec des clochards en tous genres (dont un grand déchu de la finance). Brossant avec vivacité et bonne humeur les excès de l'économie de marché et les excès du Consortium, Bernard Foglino nous offre ici un roman très prenant. J'imagine que le sujet peut en inquiéter certains. Il ne faut pas, c'est accessible et cela montre bien le vent que peuvent brasser les financiers de notre monde. Un roman à la fois très pessimiste via la société décrite et le fait que tout un chacun s'en accommode mais aussi très drôle par les situations envisagées.

De quoi faire un peu réfléchir sur les derniers scandales et krachs boursiers !
Le roman est passé chez Nina

jeudi 18 août 2011

La vie devant ses yeux

Laura Kasischke m'a encore épatée. Remarquable ! Étonnant ! Malsain. Une fin ambiguë. Je préfère vous l'annoncer dès ce début de billet car je sais que certains seront déjà récalcitrants à ces caractéristiques.
Le plot est plutôt simple. 

Nous sommes dans un lycée, petite ville des US, deux copines, Diana et Maureen, papotent dans les toilettes. Au loin un bruit peu identifiable. Qui se rapproche. Un homme s'encadre dans la porte et demande avec sadisme : "Qui dois-je tuer de vous deux ?"
La réponse ? Elle s'écrit dans ce roman.

Diana, jolie quarantenaire, mère d'une mignonne fillette, épouse modèle, coule des jours heureux dans cette petite cité. Elle a une grande qualité, c'est une Bree, sens du contrôle, de la propreté, de la morale, elle est rigide et droite. Artiste mais pas folâtre, elle est satisfaite. Pourtant, de petits détails, des flash back, polluent ses jours. Des jeunes gens inconnus qui profitent de la piscine des voisins, des mots d'insulte, un chat qui rappelle étrangement son précédent... De petites anomalies qui pourrissent un peu la vie, qui questionnent, mais jamais longtemps.

Je n'ira pas jusqu'à dire que c'est un roman d'ambiance car on est happé par la question initiale : qui a survécu ? Comment ? Et pourquoi le passé rattrape-t-il tout à coup le présent ? Et comment notre héroïne peut-elle vivre avec ses crimes ? 

Comme toujours, un roman mené de main de maître par Laura Kasischke. Et qu'il ne me reste plus qu'à découvrir en VO si je suis trop en manque car j'ai fait le tour de ses oeuvres traduites.

lundi 15 août 2011

L'aveuglement



C'est Emeraude qui en avait parlé. Il y a des années. Et c'est en pensant à elle que j'ai emprunté ce roman en bibliothèque.

Ce qui est étrange, c'est que je me rappelle un peu moins son sentiment sur ce livre. Je vais vous donner le mien : j'ai adoré.

Que ce passe-t-il dans ce monde qui est peut-être le notre ? Un homme devient soudainement aveugle, plongé dans une lumière blanche. Et tous ceux qui l'ont croisé deviennent aussi aveugles. Est-ce une nouvelle épidémie ? En tous cas, le gouvernement ne veut prendre aucun risque. Il met les aveugles et leurs proches en quarantaine. Hébergés dans les locaux d'un asile abandonné, une micro société d'aveugles se forme. Et ce n'est pas sans mal. Car lorsqu'il n'y a que quelques cas, c'est presque gérable. Mais lorsque l'épidémie prend des proportions plus vastes, ça se complique. Les rations sont toujours trop faibles, les soldats effrayés tirent dans le tas, des gros bras prennent le pouvoir et le pouvoir républicain en prend un coup. Pas de chef = anarchie. Un chef = tyrannie. Les hommes régressent de plus en plus jusqu'à retrouver la tribut primitive.
Heureusement, nous avons des yeux pour nous guider dans ce monde en décadence. Ceux d'une femme, mystérieusement immunisée. Cette femme, c'est à la fois une présence discrète, une malédiction pour elle-même car seule dans ce monde aveugle et une bénédiction pour les siens qui peuvent compter un atout supplémentaire. 

Ce roman, cette dystopie, est véritablement envoûtante. Le lecteur est pris au piège de cette étrange aventure et ne sait s'en détacher. 

Une seule mise en garde pour les lecteurs : le style de José Saramago. On peut apprécier ou détester. C'est le genre d'écriture sans ponctuation ou très peu. Où les dialogues s'écrivent dans les paragraphes et s'intercalent avec la narration. Mais si cela m'a interrogée les premières minutes, c'est finalement une habitude à prendre et un petit plaisir de plus dans la lecture.

jeudi 11 août 2011

Melancholia

Qui a dit que l'été ne sortaient que les navets ? Franchement, il faut courir voir le dernier Lars Von Trier, il est tout simplement scotchant. 

Ce que j'ai aimé : 
Le thème du prélude de Tristan et Isolde de Wagner, toujours repris, lancinant. 
Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, chacune sa partie, chacune son caractère.
Les premières images que l'on décode à mesure du film. 
Les dernières minutes.

Que dire sur ce film d'un esthétisme renversant, qui mêle les références artistiques et images collectives ? C'est d'une renversante beauté. C'est déroutant, étrange, oppressant. C'est stressant, triste, sublime, absurde. Cela fait rire, pleurer, s'interroger. C'est un film qui m'a émue.

Justine, qu'interprète brillamment Kirsten, vit son mariage comme un jeu de massacre. Elle n'arrive pas à s'y intéresser, elle fait le vide, elle refuse de se laisser porter. 
Claire, la charmante Charlotte, cherche plutôt à profiter de la vie, s'angoisse de se savoir et de se sentir mortelle. Car la menace qui plane au dessus des soeurs et de l'humanité, c'est Mélancholia, planète exogène perdue dans notre système solaire, qui risque de frôler la terre. 

Fable désespérée et satirique, marquante et indispensable, que je recommande à tous.



mardi 9 août 2011

The Throne of fire

Après Percy de ce cher Riordan, j'avais commencé la saga Kane. Vous en souvenez-vous ? Eh bien voici le second volume.

Nous sommes toujours en présence d'une retranscription écrite d'un enregistrement audio des deux héros, Carter et Sadie. Ils nous content ici une nouvelle étape de leurs aventures dans un monde empreint de magie, de dieux égyptiens et de crocodiles sacrés. 
Leur nouvelle mission pour empêcher le réveil du chaos, le serpent Apophis ? Réveiller son ennemi mortel, le dieu Ra. Pour cela, il leur faut retrouver le parchemin qui permet de guider le voyage du dieu, voyage du soleil le jour, voyage dans l'obscurité et les épreuves de la Duat la nuit.
Mais ces papyrus sont bien moins évidents à retrouver qu'il ne semble. Et de nouveaux ennemis se préparent à aider le chaos à s'installer.
Bien mené pendant les trois quart du volume : voyage spécial et immanquable dans une région inhospitalière dont je tairai le nom notamment, la fin est un peu expédiée. Dommage. 

Si Carter et Sadie vont chacun, ensemble et séparément, tenter de recoller les trois morceaux de la formule magique, ils ne sont plus seuls. Ils entraînent à Brooklyn des générations de magiciens. Mention spéciale pour le petit Felix qui adore les pingouins et qui a fait fondre de tendresse l'Amoureux (afficionado des pingouins, je vous le rappelle).
Une aventure très bien menée avec Bes, le dieu nain, d'une laideur difficile à supporter mais plein d'humour et d'esprit pratique, comme compagnon et guide.

Dans ce volume, vous apprendrez comment Sadie a fêté ses treize ans en bloquant toute la circulation londonienne, s'est coltinée avec des momies romaines et a découvert un nouveau jeu de société.
Bonne lecture ! Et vivement le suivant.

dimanche 7 août 2011

Les contes de la nuit

Je ne sais pas s'il fallait avoir vu Princes et Princesses pour apprécier ce nouvel opus de Michel Ocelot. Car il reprend exactement le même principe avec ces nouveaux contes. Encore une fois, deux jeunes gens et un adulte réalisent dans un ancien cinéma des scènes de contes en ombres chinoises. 
L'innovation ici, c'est un usage brillant de la 3D. Vraiment. Vous connaissez mon aversion pour ces lunettes qui glissent, qui s'appliquent mal au dessus de mes lunettes de vue, qui font mal à la tête etc. Eh bien, il existe une vraie valeur ajoutée au niveau des plans, du paysages, de ses couleurs éclatantes, des personnes qui s'y déplacent. Car si tous les êtres vivants (abeille, homme, corbeau ou biche) sont peints de noir, les végétaux luxuriants, les architectures d'or et enchantements des fées sont de mille couleurs, plus brillantes, plus vibrantes que jamais. Un délice pour les yeux.
Alors, mon sentiment ?
Six contes dans des atmosphères diverses : Tibet, Afrique, Amérique Latine, Moyen Age (14e et 13e) ou Antilles. Des personnages aux coiffures et accessoires designés sur mesure. Des contes pour porter leurs aspirations.
Mais une grande similarité avec Princes et princesses tout de même.
Et le coté moral, happy end et peu surprenant de certains contes. L'horrible est caché, un peu lissé, notamment pour le conte du Tibet et des Aztèques. 
Très joli mais à voir certainement avec des enfants.

samedi 6 août 2011

Brassens ou la liberté !


Voici l'une des dernières expo qui résiste encore et toujours à l'avancée des vacances. Elle est de qualité, elle est certes un peu loin du centre, à la cité de la musique. Mais elle accumule les bons points.
Tout d'abord, régulièrement, des musiciens interprètent les hits de Brassens.
Ensuite, élaborée par Sfar, elle utilise la BD comme cartel explicatif, ce qui est plutôt chouette. 
Enfin, elle allie extraits musicaux, photos, films, itinéraire de balade plein de surprises et fréquentation raisonnable. 
Bref, elle est extra. 

Et puis, curieux de Brassens comme moi ou novice comme l'Amoureux, elle plaît à tous car elle fait découvrir un homme, une oeuvre, un apprentissage de la musique, de l'écriture, de l'amour mais de façon pédagogique, progressive. Ce n'est pas un plongeon agressif dans une oeuvre étrangère mais la découverte d'un bon copain, qui a eu une enfance de monsieur tout le monde et a progressivement dévoilé ses dons.
A recommander !

vendredi 5 août 2011

Kung Fu Panda 2

J'ai rattrapé mon retard en visionnant le premier opus avant de découvrir ce second volet des aventures du panda des arts martiaux. J'ai apprécié les deux mais mal compris l'engouement des uns et des autres. C'était chouette mais pas génialissime.
Notre panda, qui est maintenant expert en Kung Fu, va apprendre à atteindre la maîtrise absolue dans cet opus.
Un paon, tyrannique et amoureux des canons, signifie la fin du Kung Fu. Mais nos cinq héros n'ont pas dit leur dernier mot. 
Po va apprendre sur lui et grandir encore plus dans cette histoire, non sans faire pas mal de boulettes avant.
Humour, aventures etc mais pas mal de répétitions selon moi. Pas indispensable.

mercredi 3 août 2011

Gabriela, girofle et cannelle


Premier titre pour le challenge amoureux : une histoire qui finit bien !

Des années que ce titre était dans ma LAL. A tel point que je ne sais plus d'où me venait cette recommandation. Et pourtant, cela m'eut été utile car elle était très bonne.

Ce roman, il sent le Garcia Marquez

Le village écrasé par la chaleur, les propriétaires enrichis par le cacao, les femmes adultères tuées avec leurs amants, les maîtresses entretenues vues de haut par les "filles de", les luttes politiques entre le vieux colonel et l'étranger parvenu. 
Et au milieu de tout ce petit monde, il y a Nacib, le turc qui tient le bar le plus sympathique d'Ilhéus, petite ville brésilienne, le Vésuve. Il faut dire que sa cuisinière hors pair réalise des petits accompagnements à faire saliver les gourmands. Mais tout tourne mal lorsqu'un beau matin, la vieille Filomena, cuisinière de son état, l'abandonne la veille d'un grand dîner pour la compagnie locale d'autobus qui inaugure sa ligne. Il se met en quête d'une perle et c'est plutôt compliqué.
Alors, en désespoir de cause, il se rend au marché des miséreux, des vagabonds fraîchement arrivés qui ne demandent qu'un bon lit et de quoi manger. Gabriela, fille crasseuse, ne se distingue en rien des autres sinon qu'elle affirme savoir cuisiner. Dubitatif, Nacib l'entraîne.

En éclot une fine cuisinière, souriante, chantante, aimant l'amour, simple et bonne. Nacib ne tarde pas à tomber amoureux de la douce Gabriela. Taraudé par la jalousie, il lui vient des idées... Et s'il l'épousait ?

Cette histoire d'amour, c'est un délice. D'abord parce qu'elle laisse vivre la cité et ses problèmes politiques, ses personnages principaux comme secondaires, que Gabriela, si elle embaume tout le roman, n'en est pas pour autant l'unique centre. Bref, cette histoire laisse la place aux autres, ne les écrase pas.

Ensuite, c'est une histoire d'amour, de jalousie, de fidélité mais tout en nuances. Si Nacib est tantôt complètement accro, tantôt plutôt détaché, Gabriela est faite de tendresse, de douceur, d'attachement. L'amour ne prend jamais ce nom avec elle mais c'est la forme qui trahit le fond. 

Enfin, outre nos amoureux, il en est d'autres qui gravitent autour d'eux : l'amour trahi, l'amour platonique, l'amour charnel... Et le plus beau, le plus pur, le plus entier, c'est certainement celui de Gabriela, malgré ses contradictions.

Envoûtant, enivrant, excellent ! Une belle façon pour moi de rencontrer Jorge Amado.

Le petit plus : les poèmes qui introduisent chaque partie et en donnent le La.

mardi 2 août 2011

Mange monde

Sorry pour l'absence de messages chers lecteurs mais le déménagement des meubles aura été plus rapide que celui d'internet.

Brussolo est toujours sympa entre deux livres pour se remettre d'une lecture dense par exemple. Ici, drôle de scénario encore une fois.


Le héros est un artiste. Mais son art est très particulier comme vous allez le comprendre.
Voyageant sur un vieux bateau rouillé avec son fils, un horrible gamin malsain, pervers et laid et sa femme, il est chargé de donner aux îles un caractère. Car le monde est noyé. Ne subsistent que des îlots, des atolls. 
Que s'est-il passé ? 
Enfant, Mathias a dû fuir. Sa mère, sculpteur de son état, était spécialisée dans l'ornement des villes, femmes plantureuses représentant l'abondance et autres horreurs. Mais un drôle de phénomène les fait sans cesse reculer dans les terres : les falaises s'effondrent, grignotées, le monde tremble toujours plus fort. Des pans entiers de régions disparaissent, noyées. La clameur populaire parle d'un monstre, le Mange monde, qui se nourrit des continents. De quoi s'agit-il ? Je préfère vous laisser la surprise. 
Toujours est-il que depuis, la France est un ensemble d'îles, sans identité. Et que le sculpteur et architecte doit redonner à chacune une forme plus nationale : taillée en hexagone ou retrouvant dans le jardin de Mme Unetelle le climat méditerranéen tandis que son voisin cultivera des vergers normands. 
Un boulot ingrat.
Son rêve : retrouver un île étrange où les enfants nés pendant la catastrophe ont gardé le crane mou, incapable de se former à cause de la tremblote permanente dont était affligé le monde. Façonner chaque jour des visages et des hommes.

Un Brussolo que j'ai trouvé perché mais très imaginatif, un peu court, qui aurait mérité de poursuivre la dystopie. Pas mal !