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jeudi 5 mars 2015

Consuelo

Pour moi, George Sand, c'était uniquement La petite fadette et La mare au diable. Des lectures un peu enfantines, sur fond d'amours paysannes, aux personnages toujours purs et beaux, quoi que mal jugés. Cela m'a d'ailleurs toujours semblé contradictoire avec le personnage de l'auteur, viril et jouisseur, qui accumule les amants, que l'on nous présente à l'école... Avec Consuelo, on rentre dans quelque chose de plus consistant (et pas uniquement en termes de nombre de pages).


George Sand par David d'Angers

Consuelo est une petite zingarella vivant à Venise. Elle y apprend la musique auprès du Porpora, compositeur du XVIIIe siècle, et devient cantatrice. Pure et simple, la petite chanteuse ne prend pas la grosse tête. Mais le monde qui l'entoure, et notamment son petit amoureux, est bien moins chaste et désintéressé qu'elle. Et la voilà qui fuit Venise pour se réfugier en Bohème avant de retrouver son maître à Vienne.

Ce roman, publié en feuilleton (cela se sent dans les rebondissements et les invraisemblances de certaines actions), est de ceux qu'on a du mal à lâcher. Si l'héroïne, tellement éthérée et bienveillante que c'en est louche, a failli m'agacer à plusieurs reprises, elle n'en a pas moins finit par gagner ma sympathie. Franche, honnête, pieuse, c'est une petite sainte... Qui se retrouve dans des situations diaboliques. George Sand s'amuse à promener notre petite Consuelo dans toute l'Europe et à la confronter à des puissants comme à des humbles. Elle joue aussi sur différents cadres : la ville et ses tentations, la campagne et ses pauvres hères, le château et ses fantômes... donnant à chaque aventure une teinte plus libertine, plus champêtre ou plus gothique. Loin d'être linéaire, ce roman initiatique est plutôt sinueux.

Au-delà des aventures de Consuelo, il est intéressant de lire ses réflexions sur l'art et la vocation, sur la façon dont la musique élève et guérit, ses débats intérieurs sur son devoir : doit-elle suivre son coeur ou ses talents ? Est-elle d'abord femme ou artiste ? D'autres sujets sont effleurés comme la condition des pauvres et des riches. La figure d'Albert, qui ne supporte pas la misère et passe sa vie à faire des aumônes, et celle du comte Hoditz, qui utilise ses gens comme autant d'acteurs, interroge sur l'ordre social du XVIIIe siècle (époque à laquelle se déroule cette histoire) et du XIXe. 

Dans cette oeuvre romantique très complète, George Sand joue sur tous les tableaux. Elle est à la fois romancière, philosophe, artiste, femme politique... Malgré ses côtés un peu lourds et très pédagogiques, ce roman n'en renouvelle pas moins mon regard sur George Sand et sur son oeuvre. Je n'imaginais pas son humour et son goût du pastiche, je connaissais sa passion pour les musiciens mais moins pour la musique, et je découvre une volonté politique plus vaste que de simplement revaloriser la paysannerie berrichonne aux yeux du monde !




Allez, je m'embarque pour la suite de ce roman, La comtesse de Rudolstadt.

10 commentaires:

  1. Je ne me rappelle plus de l"intrigue mais sur le même thème de la musique, j'avais lu les maîtres sonneurs... Mais j'avoue que Sand me plaît moins que Dumas et autres écrivains du XIXeme siècle...

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    1. J'avoue, je fais aussi passer Hugo, Dumas, Zola, Balzac, Flaubert et pas mal d'autres devant elle. Mais quand on commence à avoir épuisé les écrits des premiers, on se rabat sur les suivants.

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  2. Bien envie de retenter George Sand avec ton article. En leture complète, j'avais Indiana qui m'était sortie par les yeux. J'avais bien plus préféré Consuelo quand j'avais voulu le commencer y a quelques années. (et ton édition est juste trop belle, celle que tu as mise sur Twitter pour VendrediLecture ♥)

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    1. Ah Indiana... j'avais oublié de mentionner ce monument du kitsch dans mon billet ! Je comprends ta réaction.
      Quant à mon édition, je suis moyennement fan de G. Sand en couv, je trouve ça un peu facile de la part de l'éditeur ;)

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  3. Aaaaaaaah Consuelo, j'ai lu cela il y a longtemps (y aurait-il une sortie récente? cela fait deux billets en deux jours, ton blog, et un autre); bien sûr que Georges Sand n'a pas écrit que des berrichonneries (et je peux en parler, j'habite le coin).
    Je constate que la suite La comtesse de Rudolstadt, est à part alors que dans mon souvenir c'est un tout. Je me souviens même de la fin (que je ne te raconterai pas) et aussi d'une initiation un peu comme dans La flûte enchantée.
    Relire ce (gros) roman me trottait dans la tête;..

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    1. Je ne pense pas pour la sortie récente. Ce livre était dans ma PAL depuis des plombes et je crois que mon édition date d'avant 2000. Je crois que la vente en 2 tomes est un calcul purement marketing...

      Quant à le relire, je te comprends. J'ai moi même des envies de relecture en ce moment, qui m'oriente vers du Hugo, du Zola et d'autres classiques très aimés.

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  4. Depuis le temps que je me promets de lire les romans de George Sand je n'ai toujours pas franchi le pas en dehors de mes lectures de jeunesse euh c'est vieux
    bon il faut vraiment que j'y pense

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  5. Le côté petite sainte risque de me rebuter. Je ne sais pas pourquoi mais ces personnages me sont toujours hautement antipathiques!

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    1. Je le comprends tout à fait. Mais elle presque sympa celle-là.

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