jeudi 31 mars 2016

Du côté de chez Swann

J'ai commencé la Recherche il y a des années et, coupée par une rentrée des classes, je n'avais pas poursuivi malgré mon engouement pour la plume de Proust. Un peu honteuse de l'abandon et inquiète de n'avoir jamais la disponibilité nécessaire pour ce type de lecture, je ne savais pas trop comment et quand reprendre. Et finalement, j'ai ouvert le livre, lu les premières phrases... et ai laissé le texte m'embarquer de nouveau. Car des les premières lignes, Proust m'a séduite à nouveau par son rythme, son choix des mots, ses images.

En trois parties, "Combray", "Un amour de Swann" et "Noms de pays: le nom", ce premier opus de la Recherche nous présente le jeune narrateur, hypersensible et amoureux. De sa maman, de Gilberte. Enfin, il se présente lui-même. Il nous introduit également à cet étonnant Charles Swann, bourgeois qui fréquente la plus haute société mais s'entiche d'un coquette cocotte, Odette de Crecy. Il nous invite à découvrir les paysages normands, les tantes hypocondriaques, les écrits de Bergotte, le cercle des Verdurin. 

Je ne sais trop que vous dire sinon que j'étais littéralement hypnotisée par les phrases de Proust, par ses images esthétiques et littéraires. L'évocation des œuvres d'art est en effet un des éléments que j'ai le plus apprécié, émaillant ma lecture d'images peintes. J'ai aussi été fascinée par cet amour idiot de Swann pour Odette. Cette jalousie si puissante qu'elle ressemble à l'amour. La description de ce sentiment dans toutes ses nuances est une vraie richesse de l'ouvrage.

Musée Jacquemart André Italie

J'ai bien entendu souligné et noté bien des passages. Je vous en livre quelques phrases :
"J'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance"

"Contrairement à ce qu'on voit dans le visage de beaucoup d'humains, il n'y avait d'ironie que pour elle-même, et pour nous tous comme un baiser de ses yeux qui ne pouvaient voir ceux qu'elle chérissait sans les caresser passionnément du regard"

"Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres"

"Il en est ainsi de notre passé. C'est peine perdue que nous cherchions à l'évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont inutiles. Il est caché hors de son domaine et de sa portée, en quelque objet matériel (en la sensation que nous donnerait cet objet matériel), que nous ne soupçonnons pas. Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas."

"Tachez de garder toujours un morceau de ciel au dessus de votre vie"

"Elles pensaient qu'on doit mettre devant les enfants, et qu'ils font preuve de gout en aimant d'abord les œuvres que parvenu à la maturité, on admire définitivement. C'est sans doute qu'elles se figuraient les mérites esthétiques comme des objets matériels qu'un œil ouvert ne peut faire autrement que de percevoir, sans avoir eu besoin d'en mûrir lentement les équivalents dans son propre cœur"

"Et tandis que la vue purement charnelle qu'il avait eu de cette femme, en renouvelant perpétuellement ses doutes sur la qualité de son visage, de son corps, de toute sa beauté, affaiblissait son amour, ces doutes furent détruits, cet amour assuré quant il eut à la place pour base les données d'une esthétique parfaite"

challenge classique

"Aussi, se privait-il d'y aller, ayant plaisir à se dire que c'était pour elle, qu'il voulait sentir, n'aimer qu'avec elle"

"La disposition particulière qu'il avait toujours eue à chercher des analogies entre les êtres vivants et les portraits des musées s'exerçait encore mais d'une façon plus constante et plus générale ; c'est la vie mondaine tout entière, maintenant qu'il en était détaché, qui se présentait à lui comme une suite de tableaux"

jeudi 24 mars 2016

Les Indes noires

Jules Verne m'a plus convaincu avec ce roman qu'avec le précédent. Pourtant, les lieux sont moins sexy et l'on troque des pirates pour des mineurs. Qu'à cela ne tienne, l'ambiance étrange et féerique de ce monde souterrain m'a beaucoup plu.


James Starr entreprend un voyage dans le temps lorsqu'il décide de répondre à l'invitation de Simon, le contremaître des mines d'Aberfoyle. Fermées depuis une dizaine d'années pour cause d'épuisement de ses ressources, elles n'ont jamais été abandonnées par Simon qui y a établi toute sa famille. Et pas à la surface, non, au fond de la mine. Retourner sur ces lieux fait naître la nostalgie chez notre ingénieur, très attaché aux hommes qui y ont travaillé et à la qualité superbe de son charbon. 
La belle surprise, c'est que le brave Simon et son fils Harry semblent avoir découvert un nouveau filon. Le truc moins cool, c'est qu'une force contraire semble vouloir les retenir au fond de la mine. 

Quelques temps plus tard, Coal-city attire dans les fonds de cette mine des visiteurs de l'extérieur, des familles de mineurs et bien sûr, James ! La famille de Simon a été la première à s'installer dans cette ville souterraine, à l'entrée du nouveau filon. 

Je crois que c'est ce qui m'a séduit dans ce roman : cette ville nouvelle, industrielle et touristique dans un lieu qui n'a pas grand chose d'attirant, le lien avec le petit peuple qui est écrasé par les explications scientifiques. Parce que la suite du roman, notamment avec la découverte de Nell et la poursuite des actes de sabotage, est sympathique sans être di
ngue.

Un petit roman recommandable !


mardi 22 mars 2016

Las venas abiertas de America Latina

Eh oui, je m'essaie à la lecture en espagnol maintenant. Histoire de pratiquer autrement cette nouvelle langue, de m'imprégner de ses structures, découvrir ses subtilités et rencontrer sa culture. Enfin, la culture de l'Amérique du Sud, ma zone d'adoption pour cette année. Pour cela, cet ouvrage incontournable d'Eduardo Galeano m'a paru une bonne base.

Mère paraguayenne

Je vous mets le sommaire histoire plus bas que vous puissiez vous repérez mais je vous raconte d'abord de quoi ça cause.

Le livre date un peu (1970) et il est partisan (anti-capitaliste), c'est certain. Il ne fait pas la pub des américains ou des européens. Il pose souvent les pays d'Amérique du Sud en victimes. Mais il n'en demeure pas moins une analyse super intéressante de l'histoire et des systèmes installés en Amérique du Sud, du point de vue d'un de ses enfants.

La première phrase donne le la: les pays se sont divisés en deux clans, ceux qui gagnent et ceux qui perdent. Et l'Amérique latine s'est, dès la Renaissance, spécialisée pour perdre ! D'ailleurs, l'Amérique, c'est les Etats-Unis. L'autre Amérique n'est qu'une sous-Amérique. (Et si on remet les choses dans leur contexte de 1970, c'était encore plus vrai qu'aujourd'hui). Et pourquoi cette place de vaincu ? A cause du système capitaliste qui a poussé à l'exploitation des richesse de l'Amérique Latine pour des mains étrangères, entretenant une pauvreté interne. C'est cette inégalité toujours plus criante que dénonce Galeano. Et pour cela, il remonte le temps...

Lorsque Christophe Colomb découvre l'Amérique, ce monde qui ignore l'usage du fer, du verre, de l'araire et de la roue, l'Espagne n'a pas des masses de sous : elle est au bout de sa Reconquête et ça lui a coûté cher. On est donc en mode conquête et conversion. Du coup, tous ces petits nouveaux d'Amérique, on les réduit à l'esclavage s'ils ne se convertissent pas... et on leur pique des trucs. Les indigènes des îles caraïbes deviennent des chercheurs d'or qu'on épuise à la tache ou qui se suicident pour y échapper !
Pourquoi cette appropriation des terres nouvellement découvertes ? Parce que c'était normal. Le Portugal avait reçu l'Afrique et la couronne de Castille toutes les terres inconnues qui pourraient être découvertes par ses envoyés. Comment ça se passe ? D'abord, il y a cette croyance que les blancs sont des dieux vengeurs de retour, ce qui facilite le contact et les trahisons. Car les conquistadors se plaisent à trahir, à intriguer, à creuser les divisions internes pour faciliter leur propre prise de pouvoir. Et pour terminer le nettoyage, les virus ferment la danse : la moitié de la population indigène aurait ainsi péri d'épidémies venues d'Europe. 

Le drame de l'Amérique Latine, c'est que toutes ses richesses ont servi, non pas à investir dans le développement des pays, mais ont favorisé leur exploitation par d'autres, l'or des Amériques servant plutôt à orner les palais et les églises d'Europe que d'Amérique (même si, évidement, on croise des retables foufous au Pérou). 

Potosi, mine découverte entre 1545 et 1558, est le cimetière de 8 millions d'indiens. Exploitée jusqu'au 18e siècle, c'est aujourd'hui une des villes les plus pauvres de Bolivie malgré quelques belles façades qui content une histoire d'injuste exploitation et de richesses dispersées. On lit ici de belles pages sur la décadence et les ruines d'une ville aux richesses décimées. 

Il y a aussi tout un thème sur les indigènes. Malgré la bulle de Paul III de 1537 qui déclare les indiens "hommes véritables", les justifications philosophiques de l’exploitation des indiens se poursuivent (païens, sans âme et que sais-je encore). Ce à quoi Las Casas rétorque que les indiens préfèrent se rendre en enfer pour ne pas croiser de chrétiens! Pour vous donner une idée du temps qu'il faut pour reconnaître l'humanité aux indiens, sachez que le Paraguay déclare que les indiens sont des êtres humains à l'égal des autres habitants du pays en... 1957 ! (et cela n'est pas encore entré dans les mœurs si l'on en croit une enquête postérieure de l'université catholique qui montre que 8/10 paraguayens croient que les indiens sont comme des animaux, d'où le peu de cas fait des indigènes aujourd'hui encore). 

Après l'or, le sucre défigure l'Amérique, détruisant les forêts et épuisant le sol. Exploité par des esclaves venus d'Afrique dans des latifundia, la cane à sucre est une malédiction qui se nourrit de la pauvreté et qui combine esclavage, féodalisme et mercantilisme.

Aux XIXe et XXe siècles, la dépendance économique se poursuit. Ainsi, les Etats-Unis investissent en Amérique Latine, notamment pour l'extraction du pétrole et des richesses minières. Pour le bien des populations ? Pour plus de travail ? Non, pour payer à des prix dérisoires ces richesses à une main d'oeuvre interchangeable. C'est le libéralisme des colonies espagnoles qui a ouvert la porte à l'Angleterre au XIXe. A cette époque, par exemple, le Paraguay est seul pays avec une barrière douanière. Qu'à cela ne tienne, les banquiers anglais vont financer une guerre, celle de la Triple Alliance (Argentine, Brésil, Uruguay) qui devient un génocide des paraguayens (on estime que 80% de la population masculine est tuée). La division des dépouilles du territoire est scellée avant même que la guerre n'éclate: ce sera Misiones pour l' Argentine, la partie est du Paraguay pour le Brésil... et rien pour l'Uruguay, qui s'adjoint plus tardivement. Avant la guerre, le Paraguay vit une époque de croissance économique et industrielle (train, armes... et donc certainement ouvriers). 98% du territoire est de propriété publique, chacun peut cultiver un bout de terre. Après la guerre, les barrières tombent et la liberté de commerce est possible au Paraguay, qui a perdu ses trains, ses bateaux, ses hommes et ses terres. 

Au XXe, les bénéfices vont plutôt dans la poche des USA que de l'Angleterre. Le Paraguay est envahi par des produits importés du Brésil, fabriqués par des entreprises nord-américaines : en 1968, les entreprises étrangères contrôlent la majorité des entreprises brésiliennes (les USA en gèrent 50%). Mais qu'importe comme le dit le dictateur du Paraguay en 1970, Stroessner : "La contrebande est le prix de la paix".

Autre moyen de contrôle, la dette ! Joli instrument de chantage des pays du sud par les USA. Le FMI et la Banque inter-américaine de développement décident de la politique économique des pays qui sollicitent un crédit, facilitant l'hégémonie nord-américaine ; Jusqu'à l'aide internationale est lue par Galeano comme un programme pour élargir le marché américain, une façon d'absorber les excédents ! Et le pire, c'est l'histoire des votes à l'ONU: les pays sud-américains ne seraient pas rares à troquer leur vote contre quelques dollars, facilitant les résolutions made in USA.

Et bien sûr les produits faits en Amérique latine sont encore et toujours tournés vers l'exportation, pas vers le développement intérieur du pays. L'idée d'un marché commun en Amérique latine est bloqué selon Galeano par peur qu'il ne profite plus aux entreprises étrangères que nationales... Bon, là je crois que c'est surtout que chacun veut garder son indépendance.

Revenant quelques années après sur son ouvrage et sa réception, il raconte que le meilleur éloge du livre c'est que les dictatures l'interdissent !

Ecrit alors que l'Amérique du Sud est aux mains de dictatures toutes plus vendues aux américains les unes que les autres, ce livre propose un foisonnant allez-retour entre passé et présent pour comprendre la réalité actuelle et pouvoir la faire évoluer. Malheureusement, ce n'est pas un contexte favorable puisque les dictatures nomment traîtres ceux qui osent s'indigner des injustices et qui veulent faire changer les choses. Aujourd'hui, on sent bien que les choses ont changé et que certains pays prennent conscience de leurs richesses. Mais cela aura été par le sang et les larmes... tandis que d'autres restent bien à la traîne et ne parviennent toujours pas à nourrir leur population ! 

Intro: Ciente vinte milliones de niños en el centro de la tormenta

I. La pobreza del hombre como resultado de la riqueza de la tierra

Fiebre del oro, fiebre de la plata

- El signo de la cruz en las empuñaduras de las espadas
- Retornaban los dioses con las armas secretas
- "Como unos puercos hambrientos ansian el oro"
- Esplendores de Potosi: el ciclo de la plata
- España tenia la vaca, pero otros tomaban la leche
- La distribucion de funciones entre el caballo y el jinete
- Ruinas de Potosi: el ciclo de la plata
- El derramamiento de la sangre y de las lagrimas: y sin embargo, el Papa habia resuelto que los indios tenian alma
- La nostalgia peleadora de Tupac Amaru
- La Semana Santa de los indios termina sin Resureccion
- Villa rica de Ouro Preto: la Potosi de oro
- Contribucion del oro de Brasil al progreso de Inglaterra

El rey azucar y otros monarcas agricolas

- Las plantaciones, los latifundios y el destino
-El asesinato de la tierra en el nordeste de Brasil
- A paso de carga en las islas del Caribe
- Castillos de azúcar sobre los suelos quemados de Cuba
- La revolución ante la estructura de la impotencia
- El azúcar era el cuchillo y el imperio el asesino
- Gracias al sacrificio de los esclavos en el Caribe, nacieron la máquina de James Watt y los cañones de Washington
- El arcoiris es la ruta del retorno a Guinea
- La venta de campesinos
- El ciclo del caucho: Caruso inaugura un teatro monumental en medio de la selva
- Los plantadores de cacao encendían sus cigarros con billetes de quinientos mil reis
- Brazos baratos para el algodón
- Brazos baratos para el café
- La cotización del café arroja al fuego las cosechas y marca el ritmo de los casamientos
- Diez años que desangraron a Colombia
- La varita mágica del mercado mundial despierta a Centroamérica
- Los filibusteros al abordaje
- La crisis de los años treinta: "es un crimen más grande matar a una hormiga que a un hombre"
- ¿Quién desató la violencia en Guatemala?
- La primera reforma agraria de América Latina: un siglo y medio de derrotas para José Artigas
- Artemio Cruz y la segunda muerte de Emiliano Zapata
- El latifundio multiplica las bocas, pero no los panes
- Las trece colonias del norte y la importancia de no nacer importante 

Las fuentes subterraneas del poder

- La economía norteamericana necesita los minerales de América Latina como los pulmones necesitan el aire
- El subsuelo también produce golpes de estado, revoluciones, historias de espías y aventuras en la selva amazónica
- Un químico alemán derrotó a los vencedores de la guerra del Pacífico
- Dientes de cobre sobre Chile
- Los mineros del estaño, por debajo y por encima de la tierra
- Dientes de hierro sobre Brasil
- El petróleo, las maldiciones y las hazañas
- El lago de Maracaibo en el buche de los grandes buitres de metal 

II. El desarrollo es un viaje con mas naufragos que navegantes

Historia de la muerte temprana

- Los barcos británicos de guerra saludaban la independencia desde el río
- Las dimensiones del infanticidio industrial
- Proteccionismo y librecambio en América Latina: el breve vuelo de Lucas Alamán
- Las lanzas montoneras y el odio que sobrevivió a Juan Manuel de Rosas
- La Guerra de la Triple Alianza contra el Paraguay aniquiló la única experiencia exitosa de desarrollo independiente
- Los empréstitos y los ferrocarriles en la deformación económica de América Latina 
- Proteccionismo y librecambio en Estados Unidos: el éxito no fue la obra de una mano invisible 

La estructura contemporanea del despojo

- Un talismán vacía de poderes
- Son los centinelas quienes abren las puertas: la esterilidad culpable de la burguesía nacional
- ¿Qué bandera flamea sobre las máquinas?
- El bombardeo del Fondo Monetario Internacional facilita el desembarco de los conquistadores
- Los Estados Unidos cuidan su ahorro interno, pero disponen del ajeno: la invasión de los bancos
- Un imperio que importa capitales
- Los tecnócratas exigen la bolsa o la vida con más eficacia que los "marines"
- La industrialización no altera la organización de la desigualdad en el mercado mundial
- La diosa tecnología no habla español
- La marginación de los hombres y las regiones
- La integración de América Latina bajo la bandera de las barras y las estrellas
- "Nunca seremos dichosos, ¡nunca!", había profetizado Simón Bolívar 

lundi 14 mars 2016

Lituma en los Andes

Je découvre un peu plus Mario Vargas Llosa avec ce roman, qui se dit policier. Mais c'est surtout pour la présence de Lituma, brigadier, et son adjoint, Tomasito, dans un village. Et pour la disparition de quelques péons de la mine voisine. 

Ce roman à plusieurs voix conte en parallèle la triste vie d'un poste de police isolé dans les Andes, à Naccos, les exactions du sentier lumineux et l'amour de Tomasito pour Mercedes. Lituma enquête vainement sur la disparition des trois travailleurs, interrogeant régulièrement Dionicio y Adriana (oui, à Naccos, pas à Naxos) et s'ennuie à mourir. Il est aussi terrifié par la présence du Sentier lumineux, qui n'épargne personne, et surtout pas un flic. Plus que cette enquête qui piétine, ce sont les victimes du Sentier lumineux qui m'ont intéressée. Tous innocents et pourtant tellement coupables, sacrifiés sur l'autel d'une guérilla contre le capitalisme, l'argent, l'Occident... Une violence froide et une inflexibilité effrayante qui renoue avec les sacrifices humains des peuples indigènes antiques. Ce qui n'est pas sans faire le lien avec les êtres mystérieux de la montagne, esprits ou démons qu'il faut amadouer... Au milieu de toute cette violence, le jeune Tomasito nous fait sourire par son amour naïf et absolu. Ouf !

Un roman qui me laisse un peu mitigée, je ne sais si c'est pour le style ou le thème (à moins que ce ne soit le fait de lire en espagnol, encore un peu tendu parfois) mais qui me donne tout de même envie de découvrir d'autres œuvres de Vargas Llosa. 

Andes

vendredi 11 mars 2016

Le Phare du bout du monde

Après avoir vu Les éclaireurs, le phare du bout du monde dans la baie d'Ushuaia, j'ai eu très envie de découvrir l'histoire qu'avait pu tisser Jules Verne autour de ce bâtiment et dans cet environnement hostile. Attention, histoire de pirates !

Phare des éclaireurs, Ushuaia

Trois gardiens viennent de voir partir le Santa Fé, le navire qui transporte tous ceux qui ont construit le phare au cours des derniers mois. Ils vont vivre trois mois dans l'île avant que ne vienne la relève. Les trois marins se réjouissent de ce job qui va éviter bien des naufrages. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que de l'autre côté de l'île vivent des pirates dirigés par Kongre et Carcanque, qui ont fait s'échouer plusieurs navires et attendent désormais de prendre possession d'une goélette pour charger leurs trésors et filer vers le pacifique. Bien entendu, nos gentils gardiens n'ont aucune idée de ce qui se prépare...

Ce roman, qui flirte parfois avec Robinson Crusoé, est sympathique sans être génial. Certes, on se demande comment tout cela va se finir et l'on découvre beaucoup de termes de marine mais les personnages restent stéréotypés et sans grand relief jusqu'à la fin. 

challenge classique

mardi 8 mars 2016

Goosebumps (Chair de Poule)

On n'a malheureusement pas tous les jours le choix de ce qu'on peut voir comme DVD quand on est invité chez des potes... Et ce week-end, ça a été le cas ! (et oui, on est actuellement dans une partie du monde où ce film, encore dans vos salles, est sorti en DVD).

On s'est retrouvé devant un gamin, Zach, qui venait d'emménager dans la petite ville tranquille de Madison. Charmé par sa voisine, il s'effraye des cris qu'il entend régulièrement. Serait-ce son père, un homme antipathique au possible, qui la battrait ? Alerté, le jeune homme décide d'en avoir le coeur net et visite la maison en compagnie de son nouveau pote, Champ.

Et là, c'est la cata. Ils ouvrent un livre de R.L.Stine et un monstre en sort, l'abominable homme des neiges. Mais ce n'est pas tout, Slappy, une poupée diabolique, en profite pour semer la panique. Ouvrant régulièrement les livres de Stine, elle en fait sortir tous les monstres possibles... Stine, le père antipathique devenu brusquement plus sympa (Jack Black), s'allie aux jeunes gens pour sauver le monde... euh, la ville.

Assez ridicule, du point de vue des dialogues comme du scénario, ce film a peiné à me faire sourire. Je n'y ai ni retrouvé l'ambiance effrayante des livres de mon adolescence, tout est tourné en mode comédie, ni même les contenus des livres en question (à part Hannah, qui doit être Le fantôme d'à-côté ou un truc du genre).

Bref, le navet à éviter !


samedi 5 mars 2016

L'armée furieuse

C'est fou comme un petit Vargas peut vous extraire du quotidien, vous offrir un espace de délassement. C'est assez propre à la lecture en général mais, étant plutôt plongée dans des essais pour le boulot, je perdais de vue ce plaisir de la lecture, qui fait filer l'heure jusqu'aux dernières pages de l'ouvrage et vous laisse un peu sonné, triste et heureux.

Est-ce Adamsberg et ses fantaisies ? Danglard et son érudition ? Violette et son efficacité ? Toute cette équipe qui ne tourne pas rond au milieu de meurtriers pas plus sains ? Ou le plaisir de voir mêler des éléments historiques et légendaires comme cette armée furieuse (que vous pouvez croiser plus vivante encore dans Faërie) avec la réalité tristoune d'une petite ville normande ? Toujours est-il que je sors enchantée de ces retrouvailles avec Vargas. Je notais l'an dernier une lassitude à dévorer de façon trop rapprochée ses ouvrages. Je ne vais donc pas enchainer tout de suite avec un autre titre, même si ce n'est pas l'envie qui manque.


Quant à l'histoire, l'Amoureux vous en donne un bon avant goût auquel je n'ai rien à ajouter !

*****

Grand amateur d'Agatha Christie dans ma jeunesse, c'est avec grand plaisir que j'ai replongé dans l'univers policier, en découvrant par la même occasion Fred Vargas.

Son héros, le commissaire Adamsberg, n'en jette pas autant qu'Hercule Poirot ou Sherlock Holmes. Lui est juste flic, basé à Paris et commandant une brigade criminelle. Pas forcément méthodique, ni académiquement génial, il n'en reste pas moins un enquêteur hors pair, capable de déceler un crime passionnel au sein d'un couple d'octogénaires, là où tout le monde avait vu une simple mort naturelle.

Si Adamsberg est haut en couleurs, sa brigade l'est encore plus : son bras droit, méthodique et à la mémoire inépuisable, a tout de même un sérieux problème avec la bouteille. Les divers lieutenants ou brigadiers constituant son unité sont eux tour à tour narcoleptique, paniqué à la vue du sang ou inadapté socialement... Et pourtant tous géniaux à leur manière.

DR
Dans cet opus de Vargas, alors qu'Adamsberg est confronté à une affaire hautement politique de meurtre de magnat de l'industrie, il reçoit la visite d'une dame habitant une petite ville de Normandie, qui lui raconte une histoire des plus étranges. Selon elle, des meutres seraient en préparation dans le village d'Ordebec, où sa fille aurait vu l'armée furieuse, une sorte de compagnie fantomatique médiévale qui se montre tous les siècles environ, et exécute dans l'ombre les habitants qui ont commis des crimes impunis.


Bien entendu, contre toute attente, Admasberg réussit à se faire saisir de l'enquête alors que celle de Paris piétine et que sa place est en danger. Confronté à une population qui croit dur comme fer à l'armée furieuse, et avec une disparition sur les bras, la situation semble bien problématique...

Fred Vargas m'a réellement bluffé dans la façon dont elle réussit à tisser la trame policière, à la lisière du fantastique, en nous faisant par là même occasion découvrir des personnages tout à fait inhabituels. Le dénouement est digne de celui d'un Agatha Christie : autrement dit, on ne s'ennuie pas ! 

mercredi 2 mars 2016

Les jeux de l'amour et de la mort

Rien de tel qu'un petit Fred Vargas pour faire une pause entre deux classiques ! Dévoré en une après-midi, il m'a plus intéressé pour le monde dans lequel il se déroulait, celui de l'art, que pour le caractère des personnages. Ici, point d'Adamsberg ou d'autre inspecteur attachant. A la rigueur, Thomas, héros et un peu victime, est le personnage le plus fouillé... Mais pas au point de le rendre intéressant.

Le plot ? Thomas Soler, jeune artiste en quête de reconnaissance croise Gaylor, le "peintre chéri du XXe siècle". Il se met en tête de le rencontrer coûte que coûte. Cette occasion lui est fournie par Saldon, un américain qui a fréquenté Gaylor dans sa jeunesse et compte lui extorquer quelques billets. Munis d'une invitation pour la soirée annuelle du peintre, les deux amis de fraîche date se séparent. Thomas patiente, incapable de s'adresser à sa vedette. Il décide donc de monter dans le bureau du peintre pour lui laisser quelques photos de ses œuvres... Et c'est là qu'il tombe sur un cadavre.
Avec ses amis, notamment Jeremy, il va mener sa petite enquête, alors que le commissaire Galtier piétine. Et comme d'hab, c'est le genre d'initiative qu'il vaut mieux ne pas prendre quand on a manqué de peu un assassin. 

Sympathique sans être fou, ce premier Vargas m'a plu pour son intrigue qui est finalement très liée à la carrière d'artiste de Gaylor, à la capacité d'observation d'un peintre comme Thomas ou à la force déductive de Jérémy.