lundi 30 avril 2012

Le Premier été

Je ne sais pas définir ce qui m'a tant embarquée dans ce roman d'Anne Percin : le secret de l'héroïne ? Cette nostalgie qui imprègne tout le roman ? Ce style fluide et subtil ? Ce temps des vacances qui file de toute façon trop vite ? Cette jeune fille qui se construit ?

Angélique et Catherine vident la maison des grands parents, cette maison où elles ont passé leurs vacances, vécu leurs premières amours... Les deux soeurs, adultes, ont pris des chemins différents. La distance entre elles semble infranchissable. Et pourtant, devant les motifs effacés de tapis qu'on aère, Catherine raconte, se livre, semble-t-il, à sa soeur.
Les deux miss ont grandi dans les années 80. Leur programme de l'été était simple : cueillettes dans le potager, sieste et lecture de magazines, piscine et parfois soirée. Elles se cherchaient une place dans cette société d'adolescents : étranges rapports entre ceux du village et les fillettes venues pour l'été, drôles de relations avec les étrangers jalousés de la colo. Sans parler de ceux qui n'avaient leur place nulle part. 
Angélique, l’aînée, s'est amourachée d'un garçon de la colo. Tout à cette jeune amourette, elle ne remarque pas ce que Catherine vit cet été là... L'été de ses seize ans.

Outre cette intrigue, ce roman décrit merveilleusement l'adolescence, ses malaises, ses beautés, sa sensualité, ses découvertes et ses lâchetés. Et l'auteur réalise une belle plongée dans une époque charmante, avec ses tubes, sa mode et ses stars. L'ensemble baigne dans une atmosphère solaire puis moite et orageuse.

Un livre dérangeant presque malsain, déstabilisant et prenant, sur la trahison et la culpabilité, lourd d'une tension qui peine à s'estomper une fois le livre refermé. A découvrir !

samedi 28 avril 2012

Les magiciens de Caprona

Alors, non seulement je ne connaissais pas Les mondes de Chrestomanci, mais en plus, je ne les lis pas dans l'ordre. Honte sur moi.

Après Gwendoline, voici les Montana et les Petrocchi, les Capulet et Montaigu façon Diana Wynne Jones.
Dans une ville italienne, deux familles ennemies ne cessent de se chercher des noises. Familles de magiciens. Ce qui rend la rivalité encore plus amusante.

Mais de plus grandes menaces pèsent sur les familles que les simples sorts de leurs ennemis. Les pouvoirs de leurs sorts semblent disparaître et mettre en danger Caprona. Tout un chacun s'emploie à retrouver les paroles qui protègent la ville mais elles semblent perdues à jamais. 
Alors, on fait venir Chrestomanci pour y voir plus clair.

Mais c'est le hasard des rencontres, notamment entre Tonino et Angelica, qui va leur livrer les clés du problème...

Un second voyage dans les mondes de Chrestomanci aussi sympathique que le premier mais pas inoubliable. 

vendredi 27 avril 2012

Ma soeur est une sorcière

Honte sur moi, je ne connaissais pas les Chroniques de Chrestomanci de Diana Wynne Jones.

Gwendoline et Chat sont orphelins. Recueillis par une vieille dame, Mme Sharp. Gwendoline, qui a des dispositions pour la magie, prend des cours. Chat l'admire.
Gwendoline choisit de contacter Chrestomanci, un sorcier puissant, pour tout apprendre de lui. Hélas, la cohabitation avec la famille de ce dernier n'est pas de tout repos. Gwendoline, qui a la compétition et le gout du pouvoir dans le sang, entend bien montrer qui est le plus doué !

Ce roman, et cette série en fait, ne nous fait pas uniquement découvrir un monde de magie, il nous en fait deviner une multitude. Et c'est cette variété qui intrigue : les personnages peuvent être interchangés, les pouvoirs avoir des effets ou être neutralisés... Bref, c'est un monde de magie. 
Ce premier tome m'a semblé assez enfantin et, si j'ai adhéré à l’univers, les personnages ne m'ont pas emballée. 

jeudi 26 avril 2012

L'art de la joie

Mon papa me conseillait depuis des années ce roman de Goliarda Sapienza. Et j'ai suivi son avis. Et j'ai bien fait. Moralité : il faut toujours écouter son papa. Enfin, sauf quand il vous conseille un Benzoni, mais c'est une autre histoire...

J'ai rencontré Modesta, pauvre fillette sicilienne, encombrée d'une mère et d'une soeur handicapée. J'ai suivi son parcours, chez les soeurs, puis chez les princes. J'ai rencontré sa famille, ses amis, ses amours. J'ai noté ses influences : Tuzzu, l'oncle Jacopo, Carlo... autant de voix qui l'accompagnent et l'aident à se construire. Avec les livres, qu'elle dévore également.

Modesta, après un drame familial, échoue donc chez les soeurs où Leonora la prend sous son aile. Là aussi, ça ne se passe pas très bien. Elle se retrouve, par ses calculs et sa malveillance (dictée par la soif de liberté mais tout de même), chez les Bandiforti, famille aisée dirigée par une aïeule tyrannique. Par sa finesse et son comportement (très calculé là encore), elle parvient à s'y faire une place, adorée par Béatrice, son amie de jeux et plus encore, par le prince monstrueux, par l’aînée, qui l'imagine son digne successeur...

Dès qu'elle devient la gérante exclusive des richesses des Brandiforti, Modesta n'aura qu'une envie, vivre libre. Et si étonnant que cela paraisse, elle s'y tient toute sa vie.
On la voit se passionner pour la politique socialiste ou féministe, on observe ses amants et ses maîtresses se succéder dans un lit accueillant, où elle tombe parfois endormie des jours entiers, on constate la difficulté de la liberté et de sa transmission aux enfants, ... 

De 1900 à 1960, Modesta n'est pas épargnée par les tourments de la guerre, la montée du fascisme, les crises économiques, les maladies... Elle nous fait parcourir librement le siècle, peu soucieuse de la morale et du regard extérieur. Cette joie du titre lui va extraordinairement bien, elle incarne la joie et la soif de vivre.

L'ensemble est porté par un style riche et foisonnant, oscillant entre première et troisième personne, intégrant sauvagement des dialogues sans locuteur, portant le lecteur toujours plus avant, sans lassitude, sans épuisement du système. 

Un livre prenant, toujours plus lumineux (et pas uniquement grâce au soleil de Sicile) avec une héroïne attachante.
Comme Papa, je m'étonne que ce ne soit pas déjà un classique. Attendons encore un peu, il en a l'étoffe !

mercredi 25 avril 2012

A ne pas manquer à Branly

Deux très chouettes expositions à voir en priorité : Les maîtres du désordre et Exhibitions : L'invention du sauvage.

Je commence par ma préférée, vous ne m'en voudrez pas. 
Les maîtres du désordre propose une promenade à travers une étrange structure métallique de Jakob+MacFarlane. Tout commence avec l'acceptation du désordre, du chaos, de la force obscure qui menace le monde. Cette malignité, elle est présente au sein même de nos panthéons, qu'il s'agisse de l’incontrôlable Dionysos, de Topu ou de Shiva. 
C'est Topu !
Puis l'on s'intéresse aux intermédiaires, ceux qui tentent de régir ce chaos ; prêtre ou chamane, ce personnage vit à la croisée des mondes. Il se distingue du commun et se reconnait à ses capacités hors normes : il peut se métamorphoser, voyager (en prenant des boissons pas très nettes, je vous l'accorde) et dialoguer avec les esprits malins. Ce personnage apporte donc l'ordre et le renouveau dans les sociétés. Il soigne, il indique les actions à mener pour éloigner le mal. Cette catharsis, cette purification du mal, elle est personnelle mais aussi collective : on la retrouve dans ces fêtes agitées que sont les bacchanales, le carnaval et autres lupercales.
Pour conclure le propos, des oeuvres contemporaines comme autant de nouvelles catharsis.
Ce qui est intéressant, ce sont les réflexions et la curiosité que déclenche cette exposition : on a envie de découvrir les mythologies et les rituels de la moitié de la planète. Et l'ethnologue invite les artistes contemporains à dialoguer avec les objets sacrés. L'art devient aussi une purification, un questionnement de ce chaos et son combat. Le parcours fait aussi intervenir de véritables médiums : filmés, ils nous content leurs actes, leur élection, leurs combats... Un vrai voyage ! Bravo !

L'invention du sauvage vaut aussi le déplacement. 
L'exposition retrace l'histoire du racisme, cette mise à l'écart de l'étranger. L'autre intrigue et est exhibé. Dans les cours européennes, c'est un luxe de recevoir ces êtres inconnus, différents. Puis cette exhibition de l'autre se popularise à travers des spectacles. On s'étonne et on étudie cette différence, assurant bien entendu la supériorité de la race blanche. Etre noir comme être géant ou siamois, c'est une étrangeté suffisante pour être l'objet d'un numéro de cirque. Puis on passe au spectacle ethnique : les 'sauvages' sont payés pour présenter des numéros qui se veulent typiques de son peuple. Enfin, on clôture le propos avec les expositions universelles, à la gloire du colonialisme, qui présentent des hommes dans un cadre de vie reconstitué...
L'exposition présente bien cette progression des exhibitions et la construction de l'imaginaire qui l'accompagne. Sans cesse exhibé dans des conditions ridicules, enlevé de son pays, le 'sauvage' justifie la politique coloniale. Elle effraye, questionne, étonne, choque, ... 
Là aussi, on aurait envie d'en savoir plus. Et de se pencher sur la construction des notions de race qui ont fait la fortune des XIXe et XXe siècle.
Par contre, l'installation finale qui invite à s'interroger sur les préjugés d'aujourd'hui m'a semblé hors propos. J'avais l'impression que l'on mélangeait tout. Cette leçon de tolérance et d'ouverture n'est-elle pas redondante avec l'exposition elle-même ? Cherche-t-elle à moraliser un sujet qui l'est déjà beaucoup ?

Deux autres expositions plus petites valent un détour. Il s'agit de la pluie et de la Patagonie.
La Patagonie propose une découverte des terres et peuples lointains, qui ont été construits dans l'imaginaire et les récits de voyages avant d'être réellement étudiés. Photographies qui donnent envie de voyager.

La Pluie propose une étude du phénomène météorologique et cosmique qu'est la pluie. Vitale, elle est apportée par des êtres supérieurs... qui sont parfois difficiles à maîtriser ! Les représentations de celle-ci sont également présentées. Une courte promenade sous le ciel pluvieux des différents continents.

Vous l'avez compris, la programmation actuelle du musée du quai Branly mérite que l'on s'y arrête quelques heures !

mardi 24 avril 2012

Un petit tour au Jeu de Paume

Aujourd'hui, je vous propose deux espaces à visiter assez vite. En effet, les expositions présentées ne durent pas !

Au Jeu de Paume, vous en avez tous entendu parler, on va à la rencontre d'Ai Weiwei, l'artiste chinois qui blogue, twitte et photographie, et de Berenice Abbott (comme j'aime ce prénom) qui photographie et documente.

Berenice Abbott nous est présentée à travers ses oeuvres, d'une étonnante variété. Du portrait à la photo scientifique en passant par l'architecture et les scènes de vie quotidienne, la rétrospective nous présente un peu de tout. Et c'est là mon principal reproche : jamais on ne s'attarde réellement sur un projet (bon, Changing New York, un peu). Cette exposition ne peut être qu'un prélude. On aimerait en voir plus, en savoir plus.
De ce travail, on se sent étranger. On pourrait être devant un assemblage documentaire, froid et distant, scientifique peut-être ?
Alors malgré les belles surprises que sont certaines vues de New York, ces architectures métalliques qui métamorphosent la ville, et les photographies pour le MIT, dont l'abstraction et la froideur sont de toute beauté, je suis restée assez peu sensible aux photos de cette artiste. Par contre, j'aimerais bien en savoir plus sur Changing New York et pouvoir observer ces tirages si précis et méticuleux.


Au dessus, Ai Weiwei. Avec les précisions suivantes : Entrelacs présente photographies et vidéos. Ne vous attendez donc pas à voir ses autres oeuvres.
Le propos de l'exposition est de présenter les contradictions, les provocations et les engagements de l'artiste chinois hyper politisé. 
A travers quelques temps forts de la vie d'Ai Weiwei, on découvre un usage de la photographie de témoignage. Pas ou peu d'esthétique ici, à part lorsqu'il est question du projet Fairytale (et encore).
Non, c'est le geste politique qui prime.
L'exposition nous présente ses travaux new-yorkais, portraits de proches ou de parias. Comme un prélude à la déferlante de photos bloguesques. Ses travaux chinois (et commandes du gouvernement) sont présentés presque pèle-mêle. On y trouve à la fois les oeuvres 'officielles', qui documentent un monument, qui rapportent un projet mais aussi des photographies inclassables, autant de diaporamas des intérêts de l'artiste. Et puis il y a des photos de témoignage, des photos politiques, provocatrices. Qui peuvent aussi appartenir aux catégories précédentes, d'ailleurs, ce n'est pas exclusif. Celles-ci montrent toutes les contradictions d'un homme qui déplore la disparition d'une culture, d'un passé mais qui invite à se méfier et à défier les monuments et les oeuvres anciennes et iconiques. Qui travaille pour un gouvernement, le critique et s'en fait un ennemi (la série Earthquake interpelle).
Bref, une personnalité plus qu'une oeuvre, des témoignages plus que des oeuvres d'arts, une mise en scène et un questionnement permanents.


dimanche 22 avril 2012

Héritage

Je viens de finir un roman sympathique de Nicholas Shakespeare. 
L'intrigue a quelques similarités avec ma dernière lecture puisqu'il y est question d'une énorme somme d'argent qui arrive par hasard dans une vie.

Andy, jeune homme sans le sou, exploité par son patron, éditeur de collections de développement personnel, vient de se faire larguer par sa copine. Et un de ses professeurs préférés vient de mourir.
Il se rend à l'enterrement mais se trompe de chapelle. Poli, il reste jusqu'au bout et signe le livre d'or que lui tend un homme. Une dame fait de même. Une jeune femme, arrivée à la toute fin de la cérémonie, tente de signer également mais se fait rejeter. 

L'enterrement auquel vient d'assister Andy, c'est celui d'un richissime anglais, Christopher Madigan. Enfin, plutôt australien. Et arménien.Car cet inconnu dont Andy hérite, notre héros va avoir envie de le connaitre, de découvrir son histoire. Après avoir passé un an à voyager, prendre du bon temps et gâter ses amis... Et devenir un peu pourri-gâté. 

La seconde partie du roman nous fait rencontrer Christopher et son ombre, un homme aux multiples visages, qui ne cesse de vouloir le voler...

Ce roman bien construit surprend le lecteur par son changement de point de vue, par sa délicate sensibilité, par son humour, par ses personnages fouillés. Une belle découverte !

samedi 21 avril 2012

La liste de mes envies

- Changer de boulot
- Partir en vacances
- Trouver des escarpins bleu électrique
- M'offrir la bibliothèque de Belle
- ...

Jocelyne, l'héroïne de Grégoire Delacourt, a d'autres envies. Mais voilà un livre qui crée le besoin de faire des listes...

Jocelyne est mercière à Arras. Evidemment, comme je connais la ville, je l'imagine bien rue des petits Vieziers. Son mari travaille dans une usine voisine, qui fait des glaces (et devant laquelle je passe en voiture en sortant de l'autoroute). Bref, j'ai assez vite visualisé les lieux :)

Jocelyne tient un blog. Elle a un lectorat attentif et plus dévoué qu'elle ne l'imagine. Un lectorat qui ne cesse de grandir. 

Jocelyne a une famille : Jocelyn, son mari, qu'elle aime malgré tout, ses enfants, absents, partis... Elle a des copines, jumelles et esthéticiennes. Voilà le décor planté. C'est un peu plat, c'est gris, ...

Jusqu'au jour où Jocelyne devient millionnaire. Elle n'arrive pas à se décider : garder cet argent ? le crier sur tous les toits ? 
Notre héroïne, plutôt discrète, préfère rêver à ses futurs achats. Mais elle n'aura pas le temps de les concrétiser...

On tourne les pages de ce roman rapidement, style sans fioritures, rapide. Et malgré l'étonnant mélange de sérénité et d'angoisse de Jocelyne, le tempo reste le même pendant toute la lecture. Pas incontournable ni détestable, il a le mérite de se lire vite. 

Mon reproche : 100% cliché. Le matérialisme : bouh ! L'argent ne fait pas le bonheur. Les parisiens sont méprisants. L'amour ne s'achète pas, etc.
Vite lu mais, hélas, vite délaissé. Un livre pour se changer les idées quelques heures.

mercredi 18 avril 2012

Ombres et lumières d'outre temps

Il est beaucoup question du temps dans ce recueil de Luc Valéro. 

Recueil de poésie ? Recueil d'essais ? Recueil de jeux ? De jeux de mots, de jeux de sons, de jeux d'esprit... Voilà ce qui m'a plu dans ce recueil : sa musicalité, ses mots malins, qui font des clins d'oeils à leurs voisins. 

Et les thèmes ont également su me toucher : le temps (mais moins les conjugaisons), et l'usage du présent, la recherche de soi, et puis le Taurus...

Du Taurus vers la mer est mon poème préféré du recueil : j'ai souri puis ri en le lisant. Alexandre, Antoine et Barberousse tous rassemblés autour de ce fleuve Cydnus ! Voilà qui m'amusait et me séduisait !

Et c'est étonnant de noter les émotions par lesquelles chaque partie du recueil, pourtant très court, a pu me faire passer : la nostalgie, la joie, la curiosité puis la tristesse, le questionnement et l'inquiétude...

Petit bémol cependant sur De Profundis, excessif selon moi et sur Le Pierrot, parce que le personnage ne me touche pas...

Pour conclure, je ne puis que vous conseiller cette lecture pleine de fraîcheur. 

jeudi 12 avril 2012

Doubt

Aujourd'hui, place aux mangas ! C'est plus précisément de Doubt, dessiné par Yoshiki Tonogai, que je vais vous parler.

L'histoire se situe donc au Japon, où le jeu "Rabbit Doubt" fait un carton : des joueurs, assimilés à des lapins dans le jeu, se retrouvent sur Internet via leur téléphone pour tenter de démasquer le loup qui se cache parmi eux et qui les assassine un par un.
Yu et Mituski décident un jour de rencontrer les personnes faisant partie de leur groupe de jeu. Si Hajime brille par son absence, les autres membres du groupe virtuel se retrouvent dans la bonne humeur... Jusqu'au blackout qui suit la soirée.
Nos héros vont se réveiller dans un espèce de blockhaus glauquissime, vêtus de têtes de lapins, et vont vite s'apercevoir que Rei, l'une des leurs, a été assasssinée. Le tueur n'aura laissé qu'un message : "mort au menteur !" C'est donc bien dans une partie de Rabbit Doubt grandeur nature que les protagonistes vont s'engager...

Au fil des révélations sur les passés obscurs des personnages, des trahisons et des morts qui parsèment les quatre tomes, Tonogai ne laisse pas un moment de répit à ses lecteurs. Si le thème de la série est un tant soit peu banal, l'intrigue et les rebondissements sont menés avec une réelle efficacité, et chaque personnage possède un relief certain, si bien qu'on meurt d'envie de savoir qui a pu planifier tout ça...

J'ai beaucoup apprécié ce shonen qui se situe à mi-chemin entre Cube et Les Dix petits nègres... La preuve, je me suis fait offrir la série suivante du même auteur : Judge :)

samedi 7 avril 2012

Le détail, pour une histoire rapprochée de la peinture

Ce livre de Daniel Arasse n'est pas le plus accessible. Il faut parfois se concentrer pour le suivre et voir les détails qu'il questionne. Dans mon édition avec peu d'images en couleur, c'était parfois compliqué de ne pas se perdre.


Ce livre est un essai sur l'importance du détail. Virtuosité ou sens caché ? Désir de reproduire la vérité ou tableau surchargé qui se noie sous trop de précision ?

D. Arasse nous propose un parcours dans des toiles, du Moyen-Age au XIXe siècle. Il y étudie la petite bête sur le Christ, l'anthropomorphisme d'un nuage ou d'un rocher, la disposition des paroles d'or de l'ange Gabriel.
Il ouvre son propos par la surcharge, le détail que le moderne évite ou déteste, lui qui se plait à délaisser le détail pour l'impression picturale globale. S'ensuit une histoire du détail via quelques exemples et l'explication du choix de la représentation ou non d'un détail (indispensable ou non). L'imitatio et l'art du détail sont ensuite considérés.
La seconde partie interroge sur le rôle du détail, sa fonction picturale... et sur les interprétations qu'il apporte au tableau. Le régal et le danger des historiens de l'art dont les rapprochements peuvent faire sourire.

Un livre érudit, dont la construction interne (liens entre les tableaux, contexte) peut être complexe à suivre, mais dont le propos invite le lecteur à observer attentivement. Un précepte à conserver pour vos prochaines visites muséales !

vendredi 6 avril 2012

Le Turquetto

Metin Arditi nous propose ici un joli roman historique.

A partir d'une jolie idée, celle que L'Homme au gant, oeuvre attribuée à Titien, serait l'oeuvre d'un peintre oublié de la Renaissance, Arditi nous raconte la vie tumultueuse du Turquetto.

Du gamin juif des rues d'Istanbul des années 1530, qui apprend à calligraphier chez l'arabe Djelal, au peintre admiré de Venise, bien des aventures attendent le turc. 
Elie, petit garçon qui a honte de son père, fuit régulièrement sa maison. Il se cache et dessine sans cesse. Et quand il ne dessine pas, il imagine ses dessins. Il a pour modèles les esclaves que vend son père. A la mort de ce dernier, il fuit pour Venise.
On l'y retrouve marié et reconnu, élève de Titien, il a une belle réputation, il obtient des commandes prestigieuses. Mais les jalousies et la religion feront oublier les oeuvres et le nom du petit juif devenu artiste.

Un roman délicieusement écrit, qui nous transporte dans des contrées ensoleillées, parmi des personnages, nobles ou gueux, aux mots crus et aux comportements subversifs. Une histoire rapide, aux chapitres courts et bien rythmés, qui se dévore avec plaisir. Belle aventure !

jeudi 5 avril 2012

Comment regarder un tableau ?

Ce très bel objet de Françoise Barbe-Gall n'est pas un outil que vous prendrez avec vous lors de votre prochaine visite au musée. C'est plutôt celui que vous ouvrirez avant ou après votre visite pour apprendre à regarder véritablement une oeuvre.


J'ignore combien de secondes, minutes ou heures vous passez devant un tableau. Si j'en crois les visiteurs que j'observe lors d'expositions, c'est rarement plus de trois secondes. Et pourtant, est-ce que ce temps suffit à déceler un détail significatif, une touche, un style ?

L'auteur nous invite à nous focaliser pendant de courts chapitres sur des oeuvres souvent bien connues. Elle en propose une description et s'attarde sur quelques éléments. 

Bien entendu, il ne s'agit nullement d'un commentaire d'oeuvre érudit mais plutôt d'une promenade parmi les tableaux. C'est une invitation à l'interprétation et au regard attentif.
Très bel objet !

mercredi 4 avril 2012

Fables. Légendes en exil

Je découvre quasiment les comics avec celui que m'a envoyé Pandagarou. Et c'est une très bonne surprise ! Merci !

Ce comics de Bill Willingham et Lan Medina colle parfaitement au thème Disney car il reprend les personnages des légendes et contes de notre enfance transposés dans le monde moderne. A New York, Le loup et Blanche-Neige sont garants de la sécurité des personnages de contes.
Quand l'assassinat de Rose-Rouge est annoncé, les deux comparses se lancent dans une enquête chez ses anciennes conquêtes, notamment Barbe-Bleue.

Voir la jolie Blanche-Neige en tailleur ou en robe de soirée sexy, accompagnée du Loup, accueillir Belle et sa bête ou danser des valses tout en menaçant les suspects d'une grande épée, c'est assez sympa, exotique et novateur. Une série à poursuivre !

mardi 3 avril 2012

Clara et la pénombre

Indétrônable Somoza qui ne cesse de m'étonner, de m'effrayer et de me plaire. 

Ici, un monde qui me séduit d'autant plus que j'en suis proche : l'art. Et l'art contemporain.
Un monde où la toile est un être humain que l'artiste peint, vernit, prépare et tend. Un monde où les toiles humaines sont vendues, où des jeunes enfants posent pour l'art, comme oeuvre d'art.
Bienvenue dans l'art hyperdramatique !


Mais tout le monde n'adhère pas à ce courant. Et un criminel tente de détruire des oeuvres ! Il parvient à tuer la jeune fille que Bruno Van Tysch avait intitulé Défloration. 
Après cet épisode, on suit les agents de la fondation Van Tysch, April Wood et Bosch, qui cherchent à arrêter le coupable et à protéger les oeuvres. Mais on suit aussi Clara, toile médiocre, révélée par un grand peintre. 

Dans une atmosphère de plus en plus sombre, de polar, on assiste à un débat entre la valeur de l'art et la valeur humaine. Cet effacement des toiles, cette façon de les torturer par des poses acrobatiques effraient et fascine par leur souplesse, les homme-objets 'les décorations' trop mauvais pour être peints, sont relégués à n'être que de l'artisanat humain.
Ce qui est aussi passionnant, c'est que la psychologie compte énormément et que les toiles sont tendues par des moyens que l'on peut assimiler à du harcèlement. 

Bref, un roman plus obscur que clair, où L'Artiste (le criminel) frappe les toiles les plus chères du monde et échappe à toute identification. Une atmosphère malsaine mais fascinante et une imagination extraordinaire donnent un roman au style précis, que l'on ne peut lâcher.
Superbe ! 


lundi 2 avril 2012

D'autres petits plaisirs à Paris

Ces derniers temps, récital de piano et théâtre. 

Hier, nous avons eu le plaisir d'aller écouter Anne Queffélec, salle Gaveau à l'occasion des folles nuits de Gaveau. Une heure de morceaux sympathiques, que je reconnaissais parfois. Je ne suis pas une spécialiste, loin de là. Cela m'a confirmé que j'avais un peu de mal avec Chopin et que j'aimais Haendel. 
Je ne sais trop que dire sinon que la salle était blindée, que l'ensemble méditatif m'a fait peur mais qu'en sortant je chantonnais. Cela ne peut être que bon signe.

De filles en aiguilles à la Michodière, c'est un vaudeville comme on les aime, un peu gouailleur, un peu vulgaire mais drôle. Mention spéciale pour la jolie Delphine Depardieu.
A Pigalle, les danseuses ne sont pas censées sortir avec des garçon sans la permission de Big Mac. Mais Élodie a rencontré un pur beau gosse qu'elle ne peut laisser filer. Elle va alors tenter de mener sa barque sans se faire prendre. Ce qui n'est pas une mince affaire !
Amusant et détendant pour un vendredi soir mais pas incontournable.

Annabelle M Une histoire sans faim est d'un tout autre style. On rigole moins aux Mathurins même si les excès de cette anorexique prêtent parfois à rire tellement ils nous semblent absurdes... et dramatiques. L'actrice incarne à la fois la jeune anorexique, ses parents, un inspecteur étrange (le personnage un peu bizarre de la pièce selon moi), de l'aube de la maladie à sa guérison. Et pendant ce temps, une délicieuse odeur de tarte aux pommes flotte dans la pièce. Miam !



dimanche 1 avril 2012

Dans la ville d'or et d'argent

Vous rappelez vous de l'exposition sur Lucknow

Eh bien j'étais sortie de Guimet avec l'envie d'en savoir un peu plus sur ce pur joyau, détruit par les anglais. C'est un roman de Kenizé Mourad qui m'a permis de replonger dans cette histoire. 

Nous sommes en 1856, dans le zénana (partie des femmes) royal de Lucknow. Malika Kishwar, la mère du souverain, Wajid Ali Shah, s'étrangle de rage devant les insultes répétées des anglais envers son fils. Quand ces derniers exigent le départ du prince pour annexer son pays, la reine mère va s'embarquer plaider la cause de son fils auprès de Victoria tandis que Wajid Ali Shah se remet d'une maladie à Calcutta.

Hélas, les anglais multiplient les exactions, les tensions se font vives parmi les indiens et tout ne tarde pas à exploser. Il ne manque à la révolte qu'un meneur. Pour Lucknow, c'est l'une des femmes de Wajid Ali Shah qui prend le flambeau, Hazrat Mahal, accompagnée du rajah Jai Lal. 

Le roman conte ensuite les combats pour se débarrasser des anglais, les tactiques, mais aussi l'amour qui naît entre les deux meneurs ! Une belle façon de découvrir la révolte des cipayes.

Ce roman historique m'a semblé complexe, notamment parce que je connais mal l'histoire et les termes indiens (mais heureusement, le livre est parsemé de petites notes bien utiles). Il n'est pas sans lourdeur, stylistique en particulier. Mais il m'a permis de m'attacher à deux héros de la libération de l'Inde, d'imaginer la beauté et le luxe de Lucknow, de me remémorer les trésors présentés à Guimet et les dessins architecturaux princiers. Une plongée dans l'histoire indienne, dans l'exotisme, qui interroge la notion de liberté, de barbarie et de civilisation.