vendredi 30 août 2013

Qu'est-ce que l'art aujourd'hui ?

Edité par Beaux-Arts éditions et dirigé par Marie Bonnet et Fabrice Bousteau, ce livre est une véritable mine. Surtout pour quelqu'un comme moi qui a du mal à suivre toutes les créations contemporaines mais qui s'y intéresse. 

Weather-Eliasson-Tate-modern
D.R.


Après quelques articles introductifs sur les statuts de l'art, de l'artiste, sur le marché de l'art etc., ce livre présente par thèmes des œuvres du début du XXIe siècle. On va de Koons à Buren en passant par Eliasson. Les thèmes sont les suivants : nature, architecture, langage, son, imaginaire, figuration, contestation, identités et corps. Une intro dégage les enjeux de ces sujets puis une oeuvre est photographiée et analysée (avec un petit point sur l'artiste). Ces œuvres renvoient souvent à d'autres créations ce qui laisse deviner un travail ou un mouvement plus vastes. 
A mesure que je découvrais des œuvres, je notais des références. Et je cherchais d'autres oeuvres. Bref, cet ouvrage a attisé ma curiosité et m'a fait découvrir, sinon des artistes, du moins leurs créations.

Bien documenté, accessible et pertinent ! Bravo !

jeudi 29 août 2013

A Suspicious river


Eh non, je n'ai pas encore lu tous les Laura Kasischke ! Pourtant, c'est une auteur que j'adore. Mais depuis que j'ai dévoré (inconsciente que j'étais) tous les Zola ou les Stendhal sans que jamais ils n'en sortent de nouveaux, je suis un peu plus patiente. Je me garde des belles découvertes pour plus tard. Bref, voilà le pourquoi de cette lecture que j'aurais pu faire depuis des années. 

Leila est une jolie jeune femme. Elle travaille dans un hôtel. Elle vit avec Rick. Et elle se prostitue. 
En parallèle de ses aventures actuelles, certains chapitres nous font découvrir Bonnie, la mère de Leila. Et petit à petit, s'écrit l'histoire de la jeune femme.
Je ne souhaite pas trop en dévoiler mais sachez que, comme souvent avec Kasischke, on est face à une héroïne qui semble regarder ce qui lui arrive de l'extérieur. Est-elle touchée ? concernée ? On en douterait presque au ton détaché employé.
Et comme souvent, les images macabres et malsaines dansent dans le texte. 

Une histoire banale en apparence, dans une petite ville américaine, qui prend des allures de drame... Brillant ! 


mercredi 28 août 2013

L’enfant de l’étranger

Deux Arpents, 1913. Daphné lit Tennyson sur son hamac. Elle guette en réalité son frère Georges qui est parti chercher son ami Cecil à la gare. Cecil, aristocrate et étudiant à Cambridge, a publié quelques poèmes. Son arrivée chez les Sawle bouleverse la petite famille : Daphné s’imagine amoureuse, Georges pratique des jeux érotiques avec lui. Mais surtout, Cecil laisse un poème avant de partir. Un poème à l’étonnante postérité.

Corley Court, entre deux guerres. Daphné prépare ses deux enfants, Corinna et Wilfrid. Elle vit désormais dans le fief de Cecil Valance, dont elle a épousé le frère, Dudley. La famille est rassemblée autour de Sebastian Strokes qui souhaite éditer les poèmes de Cecil, décédé à la guerre.

Années 60-70. Paul Bryant est employé de banque chez Mr Keeping, le gendre de Daphné, et Peter Rowe enseigne à Corley Court. Les deux jeunes gens se rencontrent, se plaisent et partagent un intérêt commun pour Cecil.

Années 80. Paul écrit une biographie de Cecil. Il cherche à rencontrer avec plus ou moins de succès ses proches.

De nos jours. Lors d’une cérémonie en l’honneur de Peter Rowe, Rob, libraire, et Jennyfer, petite fille de Daphné échangent sur Cécil.

Cet épais roman de Hollinghurst s’intéresse à la construction de la mémoire d’un poète. C’est amusant de suivre, décennie après décennie le regard que posent ses lecteurs et ses proches sur un jeune artiste disparu dans la fleur de l’âge. Devenu, un peu malgré lui un symbole, celui du poète visionnaire et patriote, Cecil apparaît de son vivant comme un épicurien un peu hautain. Et « Deux Arpents », le poème culte, comme une simple dédicace sur le cahier d’une jeune fille.
L’autre thème récurrent du roman est l’homosexualité : latente ou assumée, tous les personnages y sont confrontés. On lit aussi l’évolution des mentalités vis-à-vis des gays.
Enfin, le style de ce roman est délicieusement teinté d’une féroce ironie. C’est ce qui fait tout son charme ! Les personnages se moquent les uns des autres, se méprisent, se font tourner bourrique. Le tout de façon extrêmement policée, très british.
En reposant ce roman, j’ai pensé à Possession de Byatt. On retrouve cette même soif d’inédits et de scoops littéraires et biographiques sur un poète décédé. Mais ici, tout est dans le rapport social plus que dans la véritable érudition.
Un roman foisonnant lu pour l’opération « on vous lit tout » de Libfly, avec des personnages auxquels on s’attache malgré eux et qu’on regarde grandir, vieillir et se transformer.

mardi 27 août 2013

Sous les vents de Neptune

Voilà très longtemps que je n'avais pas lu Fred Vargas ! Pourtant j'avais beaucoup aimé ma première lecture. Il a donc fallu qu'on me prête cet exemplaire pour que je me décide à renouer avec Adamsberg. 

Dans cet opus, le commissaire enquête sur un sujet qui le touche de très près. En effet, un démon de son passé resurgit. Un homme qui tue d'un coup de trident. Et qui échelonne ses crimes sur toute une vie. Pourtant, une cause naturelle aurait dû l'empêcher de poursuivre ses crimes, la mort. 
Alors, est-ce un disciple du criminel ? Ou Adamsberg qui perd la tête ? 

Voici une enquête qui nous entraîne jusqu'au Quebec, qui permet de retrouver des disparus de trente ans et implique une vieille bourgeoise devenue hacker. 
Des personnages hauts en couleurs, sur fond de mah-jongg, accompagnent Adamsberg dans une quête peu commune, qui plonge dans ses origines... 


Un livre que j'ai dévoré, auquel je reproche quelques rapidités (le personnage disparu depuis trente ans retrouvé en trois heures), mais qui dans le fond m'a tout a fait plu. J'ai adoré Adamsberg, Danglard mais aussi Retancourt, Josette et toute la clique, tous plus attachants les uns que les autres. Sans oublier le sort de la cathédrale de Strasbourg ! 


dimanche 25 août 2013

L'amour est une île

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Claudie Gallay. Et pourtant ce titre était dans ma PAL depuis sa sortie. Mais Les déferlantes m'avait laissé un peu de marbre, alors j'ai préféré attendre. Et j'ai bien fait car j'ai beaucoup apprécié cet opus, redécouvrant avec plaisir cette écriture. 
Phrases et chapitres courts. Personnages un peu cassés. Sur fond de festival d'Avignon en grève.

Odon, éditeur et directeur de théâtre, monte Nuit rouge de Paul Selliès, un jeune écrivain maudit. La Jogar, une actrice renommée qui s'est formée à Avignon, revient dans sa ville natale, entre vieux fantômes d'une enfance en rébellion et célébrité. Marie, la soeur de Paul Selliès, cherche des traces de son frère et photographie tout ce qui la touche. D'autres êtres évoluent autour d'eux : acteurs, grévistes, Isabelle, Jeff, Odile... Mais au coeur de l'histoire, on trouve un amour perdu mais toujours vivace et un texte perdu mais toujours vivant.

J'ai été complètement happée par cette histoire, dont les ressorts se dévoilent progressivement. Sous des prémices très simples, se dissimule une multitude de petits actes, d'histoires, de mensonges qu'une fille un peu paumée met au jour...

jeudi 22 août 2013

Le divan de Staline

Mi-novembre 1950 en Géorgie.
Staline se prépare un séjour dans un palais ducal à Borjomi. Il va y retrouver la Vodieva, sa maîtresse, et y rencontrer Danilov, un jeune peintre au projet grandiose.
Dans ce livre, où il n’est finalement question que de Iossif Vissarionovitch (Staline), on entre à la fois dans son quotidien (insomnies, méfiance) et dans son passé (rêves et mémoires qu’il partage avec la Vodieva). Staline tente de s’adonner à l’interprétation des rêves. Il demande à la Vodieva de l’accompagner sur les chemins du « Charlatan » qu’est Freud. Il s’intéresse aussi de loin à ce qui se passe en Corée.
Danilov est plutôt un prétexte : on attend longtemps la rencontre entre l’artiste et le petit père des peuples. Et Danilov va découvrir ce qu’il en coûte de s’approcher du pouvoir… D’ailleurs, c’est dommage que cette partie soit si tardive. On aurait envie d’en savoir plus !
Bref, nous suivons un Staline vieillissant, obnubilé par ses cauchemars sibériens, cherchant à démasquer le mensonge.

Je n’ai pas apprécié cette lecture. Je n’ai pas été emballée par la thématique, pourtant j’aime les histoires de peintres. Mais là, il n’était pas tellement question d’art. C’était plutôt une vision de l’intimité d’un vieil homme et de ses obsessions. Et franchement, elles ne sont pas passionnantes ! J’ai aussi mis un peu de temps à me repérer dans ce roman où les personnages ont des noms complexes. Pourquoi parler de Staline quand on peut nommer Iossif Vissarionovitch à toutes les pages ? Et l’écriture de Jean-Daniel Baltassat n’est pas désagréable mais ne m’a pas touchée.
Dommage…
Mais merci à Libfly pour l'envoi !

dimanche 18 août 2013

Keith Haring : the political line

J'ai eu l'occasion d'aller voir la rétrospective de Keith Haring au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, quelques jours avant sa fermeture. Ne connaissant l'artiste qu'à travers quelques images qui tenaient pour moi plus de la réappropriation de sigles mayas, j'ai été très content de pouvoir découvrir son œuvre dans sa globalité, et surtout d'obtenir quelques clefs de lectures...

L'exposition en elle-même est très bien ficelée. Le parcours est plutôt classique mais reste néanmoins efficace : après les débuts de l'artiste qui présentent ses inspirations et expliquent les principaux codes picturaux qu'il utilise, les œuvres sont rassemblées par thèmes. Comme le titre de l'expo le rappelle, ces oeuvres sont liées aux divers engagements de l'artiste, contre la société de consommation, l'apartheid, le laxisme vis à vis de la propagation du sida dont Haring est lui-même atteint...

Les œuvres en elles-mêmes sont poignantes, souvent violentes, surprenantes... En tout cas, elles n'ont laissé indifférent aucun des autres visiteurs que j'ai croisés lors de la visite. Seul bémol peut-être : à se retrouver placardées sur de grands murs blanc, les œuvres paraissent finalement sorties de leur contexte, des murs de métro où elles ont été peintes, des manifs pour lesquelles elles ont été créées. On se dit que les concepteurs de l'expo auraient pu faire preuve d'un peu plus d'originalité dans ce registre. Ceci mis à part, je vous la conseille vivement !