mercredi 28 juin 2017

Towards zero

Un mois anglais sans Agatha, est-ce possible ? Et contrairement à l'an dernier, j'ai pioché un bon cru, en tous cas, à mes yeux. 

La construction y est pour quelque chose avec une mise en place peut être plus complexe que d'habitude, à la fois autour d'un Mr MacWhirter, qu'on ne retrouve qu'au dénouement, ce qui rend le procédé un peu mal amené, de Battle, de Scotland Yard, qui a quelques problèmes familiaux, de l'assassin qui tend ses filets, etc.

Puis l'on rentre dans le vif du sujet avec Neville et Kay Strange. Ceux-ci prévoient de passer quelques jours dans une maison de famille où Neville a grandi, auprès de Lady Tressilian. Mais à la période où Audrey Strange, première épouse de Neville, a l'habitude de venir. Cela crée vite une ambiance invivable entre allusions et jalousies. Neville veut-il rester avec Kay ou revenir auprès d'Audrey ? Tout le monde se le demande... et a son avis sur la question. Mais avant la fin du séjour, les choses prennent un tour plus dramatique qu'un simple triangle amoureux. Lady Tressilian est retrouvée morte, le crane fracturé. Personne n'est entré ou sorti. Qui est le coupable ? La gentille dame de compagnie, le pupille, l'ami, l'épouse ou l'ex ?

Battle est sur le coup avec d'autres agents. Poirot n'est pas là même s'il est évoqué... Et heureusement, MacWhirter réapparait. 

Un bon petit Agatha Christie, avec une théorie intéressante, portée par le titre et l'avocat de Mrs Tressilian : le crime n'est que l'aboutissement, le zéro... mais il y a toute une pelote à remonter pour le comprendre. 



mercredi 21 juin 2017

Night and day

Ce Virginia Woolf ne restera pas parmi mes favoris. Je l'ai trouvé un peu bavard, et finalement assez loin de ce que j'avais apprécié dans mes précédentes lectures, ce monologue intérieur continu, qui s'intéresse plus à la pensée qu'à l'action. Car si l'on sent bien que Katherine Hilbery est sans cesse en proie à ce flux de pensées, qui l'éloignent bien souvent du monde, le lecteur n'y a pas forcément accès. 

Alors, le plot ? Londres. Katherine Hilbery, petite fille d'un grand écrivain, aide sa mère à écrire la biographie de l'illustre grand-père. Tea-time, lettres à recopier et équations (en cachette) forment son quotidien de jeune femme de bonne famille. Ralph Denham, juriste, tombe amoureux d'elle suite à une tea-party. Mais il n'est pas du même milieu qu'elle. Lui doit travailler et entretenir sa famille. Ah oui, et Mary est amoureuse de Ralph. Et c'est aussi une bonne amie de Katherine. Elle travaille pour être indépendante économiquement, et avoir des droits politiques. Voilà notre suffragette ! Il y a enfin William Rodney, un écrivain en devenir, un peu imbu de lui-même, qui doit épouser Katherine. Mais qui lui préfère sa cousine, Cassandra. Oui, c'est un peu compliqué les sentiments des uns et des autres... Et ce n'est pas forcément ce qui nous intéressera le plus durant la lecture. 

La question des classes sociales, du mariage, du travail des femmes, etc. que nous transmet Virginia est autrement plus intéressante. Et permet aux personnages de s'exprimer librement... Oui, William n'est pas mon idéal masculin avec cette réplique : 
"But for me I suppose you would recommend marriage ?" said Katherine, with her eyes fixed on the moon. "Certainly I should. Not for you only, but for all women. Why, you're nothing at all without it ; you're only half alive ; using only half of your faculties ; you must feel that for yourself".
Déçue par cette construction finalement assez classique, pas encore réellement woolfienne, j'ai retrouvé cette impression de marées, non pas dans les pensées des personnages, mais dans leurs sentiments, qui hésitent, qui disparaissent et réapparaissent, à mesure des jours... et des nuits. C'est fou d'ailleurs la différence des caractères selon que l'action prend place le jour ou la nuit, vous y serez attentifs si vous le lisez ! 

Et déçue aussi par les personnages, qui m'ont assez peu intéressée. Seule Mrs Hilbery, finalement plus fine et plus attentive qu'elle n'y parait, m'a pas mal amusée.

Quelques autres phrases glanées :

"You sound very dull", Katherine remarked, for the second time. "Merely middle class," Denham replied. "You pay your bills, and speak the truth. I don't se why you should despise us"

"It's curious", Mr Hilbery continued, agreeing with his daughter, "how the sight of one's fellow-enthusiasts always chokes one off. They show up the faults of one's cause so much more plainly than one's antagonists. One can be enthusiastic in one's study, but directly one comes into touch with the people who agree with one, all the glamor goes. So I've always found"

lundi 19 juin 2017

La mise à nu des époux Ransome

Drôle d'histoire que celle de ce couple cambriolé un soir de sortie à l'opéra. 
Mr et Mrs Ransome se retrouvent sans rien. Tout à disparu. Jusqu'au papier des toilettes, la marmite et son pot au feu, la moquette... Il ne reste rien.

La police ne sait pas trop quoi faire ou dire. La psychologue ne voit pas trop non plus. Mr Ransome reprend son métro-boulot-dodo mais n'a plus moyen d'écouter Mozart, ce qui le déprime. Mrs Ransome redécouvre son quartier en achetant ce qui manque (c'est à dire tout). Ce changement de cadre invite Mrs Ransome à sortir de ses habitudes. Son mari a plus de mal. Et puis, un jour, le mystère s'éclaircit.

Un roman d'Alain Bennet, l'auteur de La reine des lectrices, qui n'est pas aussi abouti que ce dernier. Absurde mais pas toujours drôle, léger et rapide mais souvent trop, il se lit en moins d'une heure et risque de laisser des souvenirs pour moins d'un mois. Absolument pas indispensable mais très british spirit.


jeudi 15 juin 2017

L'amour et M. Lewisham

Sous-titré "Histoire d'un très jeune couple", ce roman de H.G.Wells est un anti roman d'amour. Il en reprend les codes et il s'en moque allégrement. Sympathique sans être dingue, il aurait mérité plus de concision.

"En ce prélude, il ne sera pas question de l'amour, et cet antagoniste n’apparaitra réellement qu'au troisième chapitre". 
Oui, le ton est donné dès l'incipit ! Il va falloir lutter. 
Le lecteur rencontre M. Lewisham alors qu'il est maître adjoint et fournit dans sa petite chambre un travail considérable pour avancer dans ses études. C'est dans ce lieu que l'on découvre toute la philosophie et l'ambition du jeune homme à travers ses livres, les citations épinglées aux murs et son emploi du temps bien chargé. C'est sans compter sur le fameux amour du troisième chapitre, qui se présente sous les pas et les traits de la mignonne Ethel dès le premier chapitre. Mais comme l'indique également notre auteur, tout ceci n'est qu'un prélude et c'est à Londres, quelques années plus tard, que se joue l'essentiel de notre tragi-comédie. 

Wells n'y va pas de main morte avec son héros. Il le ridiculise tant et plus, il ne cesse d'ironiser sur la jeunesse et le mariage, bref, il s'amuse. Et le lecteur aussi, tout en ayant pitié du pauvre garçon. Dans cette sévère société victorienne, le romantisme et le rêve s'étiolent face à l'ambition et la tromperie londonienne (la scène de spiritisme en est le plus bel exemple). Un roman très différent de l'étiquette "anticipation" que l'on colle à l'auteur. 



Du même et dans un genre similaire, j'avais beaucoup aimé Miss Waters.

mercredi 14 juin 2017

Au hasard de la vie

Je n'ai pas le même enthousiasme devant mon Kipling de cette année que devant celui de l'an dernier, La lumière qui s'éteint. Est-ce le format "nouvelles" ? Est-ce l'exotisme ? On retrouve par contre la puissance de l'écrivain, son gout de l'aventure et ses personnages étonnants.

La préface nous invite dans un monastère indien, auprès d'un sage aux nombreuses histoires, que rencontre notre auteur.
"J'écris sur toutes les choses qui sont à la portée de mon entendement et sur beaucoup qui ne le sont pas. Mais surtout j’écris sur la vie et la mort, sur les hommes et les femmes, sur l’amour et la destinée dans la mesure de mes capacités, en racontant l’histoire par les bouches d’une, deux personnes ou plus. Alors, par la grâce de Dieu, les histoires se vendent et me rapportent de l’argent qui me permet de vivre".
C'est certainement la partie qui m'a le plus plu, notamment avec ce passage : 
"- Moi, j’étais jadis un conteur renommé, quand je mendiais sur la route entre Koshin et Etra ; avant le dernier pèlerinage que j’aie fait à Orissa. Je racontais beaucoup d’histoires et j’en entendais encore plus aux gîtes d’étape le soir quand nous nous réjouissions après la journée de marche. Je suis persuadé qu’en matière d’histoires, les hommes faits sont tout pareils à des petits enfants, et que la plus vieille histoire est celle qu’ils aiment le mieux. 
- Pour ton peuple, c’est la vérité, dis-je. Mais en ce qui regarde mes compatriotes ils veulent de nouvelles histoires, et quand tout est écrit ils s’insurgent et protestent que l’histoire aurait été mieux racontée de telle et telle façon, et ils demandent si elle est vraie ou bien si c’est une invention. 
- Mais quelle folie est la leur ! fit Gobind, en écartant sa main noueuse. Une histoire qu’on raconte est vraie durant tout le temps qu’on met à la raconter." 

Quant aux nouvelles, elles se déroulent toutes en Inde et s'intéressent aux liens entre anglais et indigènes, aux combats, aux femmes... Bien entendu, c'est très daté et les indiens passent souvent pour des imbéciles. Dans mon édition, j'ai trouvé ces titres :
La Noire et la Blanche : Georgie Porgie s'installe en Birmanie. Il prend une locale comme gouvernante, qui s'attache à lui. Alors que Georgie pense à se marier en Angleterre.
Le Retour d'Imray : Imray a disparu. Mais il semble que son esprit erre encore dans sa maison.
Le Chef du district : Remplacer un anglais par un indien, ce n'est pas forcément une bonne idée. En tous cas, dans cette nouvelle.
Naboth : Un mendiant, Naboth, s'installe près de chez vous...
La Rancune de Pambé Serang : Certains ont la rancune tenace, même pour un plat de riz ! 
"Il fut soigné et ramené à la vie avec toute la science que peut procurer l’argent, car la justice le réclamait ; et à la fin il recouvra suffisamment de santé pour être pendu en bonne et due forme"
Par le feu : Histoire d'amour et d'adultère qui finit mal.
L'Homélie de l'émir : C'est pas bien de voler ! L'émir est assez sévère avec ce genre de crime.
Les Juifs de Sheshuan : Ephraïm rêve d'une synagogue pour les siens. Mais c'est sans compter sur les calamités qui se préparent !
Route du puits-qui-gazouille : Lors d'une chasse, notre héros découvre un lieu mystérieux, qui rend fou les hommes.
La Cité de l'épouvantable nuit : nuit de chaleur où tous dorment, corps entassés. Promenade nocturne.
Mulvaney, incarnation de Krishna : Mulvaney, Ortheris et Learoyd sont inséparables. Mulvaney, le soldat le plus courageux, mais aussi le plus fou. De retour d'une expédition avec un palanquin, il se retrouve à voyager à travers l'Inde et à se faire passer pour un Dieu à Bénarès.
Comment Mulvaney épousa Dinah Shadd : Et malgré ce que dit le titre, ce n'était pas gagné. Car il a beau être fort, il n'est pas très malin avec les femmes, Mulvaney.
Sur le mont de Greenhow : Encore une histoire avec Mulvaney et ses amis. Cette fois, il est question d'un déserteur.
La Mutinerie des Mavericks : histoire de société secrète et de complots à San Francisco.

Des nouvelles d'intérêt et de longueur variés. Tout est loin d'être inoubliable.


dimanche 11 juin 2017

Un dessert anglais

Une fois n'est pas coutume, en l'honneur du mois anglais, j'ai eu envie de vous partager ma recette de crumble. Je le réalise avec les fruits de saison, ça peut-être pomme, poire, abricots, pêches, mirabelles, etc. selon l'inspiration. Cette fois, c'est avec les pommes Golden du pommier des parents et la rhubarbe de leur jardin !


Crumble cru

Tu coupes tes fruits en dés, tu les laves, tu les mélange grossièrement et tu les mets au fond de ton plat. Ça doit te faire un joli tapis, bien épais, tu ne vois plus le fond. Moi j'avais 4 pommes et deux branches de rhubarbe.

crumble cuit
Pour la partie "crumble", tu mélanges à la main 100 g de farine, 100 g de sucre (roux ou légèrement vanillé si tu as), 50 g de poudre d'amande (si tu n'en as pas, tu mets de la farine à la place, ça marche aussi mais c'est un peu moins cool) et 80 g de beurre demi-sel (parce que c'est meilleur). Tu mélanges un bout de temps pour obtenir une pâte sablée qui ne te colle plus (ou plus trop) aux doigts et qui s'effrite bien. Et puis tu l'effrite au dessus des fruits. Tu laisses cuire à 180°C pendant 40-45 min (enfin, ça doit dépendre de ton four, tu arrêtes quand c'est doré) et tu laisses refroidir un peu avant de partager (sinon tu te brules la langue). Enjoy !

lundi 5 juin 2017

L'héritage de Mr. Peabody

Sérusier, Paysage ogival
Pour parler de campagne anglaise, il y avait certainement d'autres titres. Mais chacun fait avec sa PAL, n'est-ce pas ? Plus qu'à la campagne, l'intrigue se déroule dans une petite ville anglaise entourée de marais. Bienvenue dans l'univers charmant d'Elizabeth Goudge !

Vendredi soir, fin de semaine. Tout commence dans la petite échoppe d'Isaac, horloger. Il soigne particulièrement cette montre, qui appartient au Doyen, le responsable religieux de la ville, Adam Ayscough. Demain, il viendra la lui porter chez lui et remonter les horloges de la maison. Fin connaisseur de l'horlogerie et habile artisan, Isaac réalise régulièrement des horloges. Celle qu'il imagine dépasserait en perfection tout ce qu'il a réalisé jusqu'à présent. 

Isaac vit avec sa soeur, Emma. Ce n'est pas une maison très joyeuse. Heureusement, Polly, la petite bonne est une boule d'énergie et d'optimisme. Surtout quand elle est amoureuse, ce qui est le cas. L'heureux élu, c'est Job, qui travaille comme apprenti chez un poissonnier et rêve devant la boutique de l'horloger. Il y a bien sûr d'autres personnages mais les principaux sont là. 

Et leurs relations vont se transformer au contact du Doyen qui décide un beau jour de sortir de sa tour d'ivoire et d'en apprendre un peu plus sur l'horlogerie. Par de petits actes, celui-ci va s'humaniser et faire rayonner la bonté autour de lui. Histoire de la conversion d'Isaac, c'est aussi celle de la conversion du Doyen, qui va enfin vivre l'amour de ses frères, non plus dans la rigidité mais dans la tendresse. 

Une jolie histoire, sans prétention, aux très belles descriptions de la ville et de sa cathédrale qui domine toute la campagne environnante.


samedi 3 juin 2017

Les grands-mères

Venus et Cupidon BronzinoAujourd'hui, le thème du Mois anglais est Doris Lessing. L'occasion pour moi de découvrir cette auteur ! Bon, il parait que cette histoire n'est pas très représentative de son œuvre donc je reviendrai certainement piocher d'autres de ses titres.

L'histoire et l'ambiance de cet ouvrage ne sont pas très saines, vous allez voir pourquoi. Lil et Roz sont amies depuis leur plus jeune âge. Elles font tout ensemble. Elles vont à l'école ensemble, elles vont à la plage ensemble, elles vivent l'une en face de l'autre. Évidemment, elles réussissent ensemble leur carrière (quoi que dans des domaines différents), se marient, ont chacune un joli garçon. La première ombre au tableau, si c'en est une, advient lorsque l'on propose au mari de Roz un job à l'autre bout du pays. Roz refuse de déménager. Son mari la quitte en la mettant en garde, car elle semble bien trop proche de Lil. Peu de temps après, Lil reste veuve. Tom et Ian grandissent et deviennent de beaux ados. Qui craquent sur la meilleure amie de leur mère. Ce n'était déjà pas très net, ça devient limite glauque. Sous un ciel d'azur évidemment. Mais le fin du fin, c'est que les beaux gosses vont quand même se marier... Et là, ça se corse !

Un roman très court aux allures de nouvelles, dans un cadre paradisiaque et lisse, qui cache, comme vous l'avez compris, d'étranges histoires. Bon, ça aurait mérité d'être un peu plus fouillé.

jeudi 1 juin 2017

One day

Je n'étais pas très enthousiaste devant le titre de David Nicholls proposé par le blogoclub de lecture pour ce premier juin. Ça sentait la bluette un peu niaise à plein nez.
Tout n'est pas niais. Mais ce n'est vraiment pas le genre de roman qui m'emballe. Erreur de compatibilité. Ça arrive.

Rembrandt, Amsterdam, Mariage juif
Emma et Dexter se rencontrent à la fin de leurs études. Ils s'apprécient beaucoup même s'ils ne se ressemblent pas. Il est du genre beau gosse, qui a envie d'être aimé, de réussir. Elle est plutôt intello, discrète et idéaliste. Ils oscillent pendant plusieurs décennies entre amour et amitié, se décidant plutôt pour la seconde option. Et on les rencontre, une fois par an, le 15 juillet. Pas ensemble. Ou pas forcément. On n'est pas en mode "on s'était dit rendez-vous". Non, on retrouve nos personnages dans leur vie quotidienne. Et l'on comprend l'année à l'aune du jour. C'est sympathique. On voit leurs carrières évoluer, leurs vies sentimentales changer, leur amitié se construire. Mais les personnages sont plus lassants qu'attachants : Dexter passe sa vie à picoler. Emma à s'excuser. C'est un peu caricatural. Heureusement, quelques touches d'humour viennent distraire le lecteur... et délayer encore un peu plus la sauce. 

Bref, ça a manqué de nuances à mes yeux, c'est trop de pages pour si peu d'aventure, ou pour si peu de découverte des personnages, ou pour un style si plat... J'ai eu l'impression de lire un scénario un peu longuet. 

Heureusement, il y aura de belles découvertes dans ce mois anglais, stay tuned !