mercredi 30 septembre 2020

Au risque de se perdre

Roman hérité de la bibliothèque de mes grands-parents, il patientait sur ma PAL avec ses jolies photos d'Audrey Hepburn. Ecrit par Kathryn Hulme, il sera mon ultime participation au mois américain de cette année. 

Gabrielle Van der Mal rentre au couvent lorsque nous la rencontrons. Cette charmante jeune femme renonce à son amour, Jean, et à sa famille, marquée par la figure de son père, un médecin reconnu. Elle apprend une toute nouvelle façon d'être : les horaires, les postures, l'examen de conscience, la mesure, l'humilité - voire l'humiliation. Tout doit être mesuré, pour Dieu. Et surtout, il faut obéir à la sainte règle, qui se décline surtout en charité, pauvreté et obéissance. 

Devenue soeur Luc pour ses compagnes, elle s'engage de plus en plus dans la vie de nonne, de postulante à novice, de novice à professe. Son rêve : devenir missionnaire en Afrique, pour soigner des indigènes. Elle en prend petit à petit le chemin, sans cesser de se heurter à une règle, l'obéissance. Comme il est difficile de lâcher sa liberté ! Droite, exigeante et orgueilleuse, elle lutte contre elle-même pour rentrer dans le moule de ses soeurs. Passant par divers hôpitaux, elle excelle dans ses tâches d'infirmière, moins dans la vie communautaire.


Joli roman sur une vie "contre nature" - comme le dit une supérieure au début de l'ouvrage -, il se lit bien, porté par la figure attachante de Gabrielle. Ce qui est plus étonnant, c'est l'uniformité des sœurs qui l'entourent. Quelques figures, désagréables ou, au contraire, inspirantes, se détachent. Une biographie romancée sympathique !


mardi 29 septembre 2020

Friandises littéraires

Les gens qui savent que j'aime les livres soit hésitent à m'en offrir en disant "Tu as déjà tout lu", "J'ai peur de me tromper", soit m'offrent des livres en tremblant. C'est un peu le cas avec ces miscellanées de Joseph Verlet. J'avoue que c'est le genre de livre que je trouve amusant de feuilleter mais qui n'a pas beaucoup d'intérêt.

Il s'agit d'une centaine de faits liés à la langue française comme des mots féminins (épithète) ou masculins (tentacule) ou des figures de style, à des écrivains, parfois oubliés, à des livres ou à des personnages. 
On y parle beaucoup de prix Goncourt, d'académie voire de légion d'honneur mais aussi de Tintin avec ses noms dans diverses langues "Tim" ou "Kuifie" (ou Milou peut s'appeler "Snowy", "Terry" ou "Spokie") ou avec un répertoire de toutes les injures du capitaine Haddock "Crème d’emplâtre à la graisse de hérisson". On a y trouve le nombre d'apparitions des personnages principaux de la Recherche ou de la Comédie humaine et les noms des nègres de Dumas. Ainsi que tous les sortilèges de Poudlard.
Saviez-vous que Guerre et Paix aurait pu s'appeler Tout est bien qui finit bien ? Ou Le Bruit et la fureur Twilight ? Ou Le Rouge et le Noir Julien ?

Faits amusants, étonnant, chiffrés, c'est parfois éclairant "9 609 000 signes" pour la Recherche, parfois juste inutile comme les 10 couverts du Goncourt ou les meilleures ventes de livres de 2006. On rit d'aphorismes, on se réjouit de recette de pied d'éléphant, d’incipit ou derniers mots. Bref, il y a à boire et à manger là-dedans, à chacun d'y faire son miel !


dimanche 27 septembre 2020

Révolte dans les Asturies

Cet ouvrage d'Albert Camus est de ceux que je n'avais pas lu dans mon adolescence, temps où j'ai dévoré ses œuvres. Oui, j'ai mangé des classiques au kilomètre entre 12 et 22 ans, chacun son vice ! Et j'aime bien y revenir maintenant :) Bon, ce titre n'est pas de ceux que je retiendrais. 

Alors cette courte pièce n'est pas seulement de Camus mais aussi de Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, c'est une oeuvre collective en quatre actes, qui retrace une révolte ouvrière de 1934 en Espagne. C'est bien sûr une pièce engagée politiquement et actuelle (écrite en 1935), dont la représentation a été interdite à sa publication.  

On est du côté des révoltés, et l'on suit les débuts de la grève des mineurs communistes, les hommes qui se sacrifient à une cause, et qui sont écrasés dans le sang. Tout se passe autour d'un café, avec une grande place donnée à la radio qui informe de la pensée officielle. Il y a peu de textes et de personnages, c'est plus une base. Pas le temps de s'attacher aux personnages, on a à peine le temps de les connaitre et l'action va vite. C'est assez sec, très centré sur le politique.

vendredi 25 septembre 2020

Tendre est la nuit

C'est un livre de Fitzgerald dont je disais, par habitude, qu'il était de mes favoris. Mais je n'en gardais qu'un vague souvenir. Alors le mois américain fut l'occasion de le ressortir de la bibliothèque et de le redécouvrir. Je ne sais pas si je le classerais encore dans mes favoris mais j'ai incontestablement passé un beau moment de lecture. 

C'est un roman en trois temps. Le temps de Rosemary, celui de Dick puis celui de Nicole. C'est l'histoire d'un couple. C'est une histoire d'amour et de folie. Une histoire qui s'intéresse à la psychologie. C'est une histoire de riches, entre deux-guerres. Côte d'Azur, Suisse, Paris...

Matisse, deux danseurs, 1937

Rosemary, jeune star de cinéma, est éblouie par les Diver, Dick et Nicole. Elle s'entiche surtout de lui, dont elle tombe amoureuse mais est aussi fascinée par la troublante épouse. Elle les suit à Paris. Ce n'est que restaurants, théâtre et oisiveté élégante. Quelle perfection ! Et pourtant, un soupçon s'insinue : qu'a-pu voir Mrs McKisco chez les Diver pour déclencher un duel ? 

Dick, c'est l'homme parfait, qui fait se sentir chacun à l'aise, le gentleman attentif et doux. Le psychiatre aussi. L'homme qui a charmé une jeune et riche malade, Nicole. Par ses lettres pendant la guerre, il l'aide à se soigner. En l'épousant, il espère la guérir de sa schizophrénie. Le couple parfait voyage en Europe, Nicole fait quelques rechutes, Dick s'installe et monte une clinique. Il aime fêter et boire, un peu trop parfois.

Nicole, l'héritière, la belle, l'étonnante est plus consciente de son environnement et de sa maladie qu'elle n'y parait. Elle voit aussi son mari, objet de tous ses soins et de sa jalousie, devenir peu à peu un homme vulgaire, alcoolique, oisif... dévoré par elle, peut-être.

C'est une histoire d'amour tragique, de passion fusion, une tragédie en trois actes, aux plans dignes d'une caméra. Une histoire des années folles, chez les riches de ce monde, noyée par le luxe, l'argent, les futilités, où l'on se laisse bercer, envouter jusqu'à la noyade. Mélancolique et élégant, à l'image de la plume de Fitzgerald, c'est un roman plus fin qu'il n'y parait, tout en clair-obscur.

jeudi 24 septembre 2020

Sorties de l'été

On commence par des expos avec une journée au musée de l'Homme ! Oui, c'était pendant l'été, la plupart des expos sont terminées.

Je mange donc je suis

Mangez avant d'aller voir cette expo, elle risque de vous donner faim. On y parle d'alimentation, de cuisine, de nourriture bien entendu. Tout commence avec nos goûts et un rapide retour sur l'alimentation préhistorique puis on découvre des éléments culturels, sociaux et religieux. Car manger nourrit le corps mais aussi l'esprit à travers des rites. C'est aussi un élément social et culturel, de la cuisine à la table, qui parle de nos quotidiens. Enfin, un dernier temps est consacré à la production de la nourriture, challengeant nos perceptions de ce qu'on mange : est-ce que c'est mieux bio, local ou autres ? Est-ce qu'on est prêt à manger des insectes ou de la nourriture lyophilisée ? 

Expo intéressante, partant un peu tous azimuts, à trop embrasser, elle ne saisit pas grand chose. Tout est survolé. C'est une porte d'entrée qui donne envie de développer des dizaines de sous-expos autour de la nourriture-culture, de la nourriture-sociale, de la nourriture-religieuse, de la nourriture-produit, de la nourriture-future... 


Dernier repas à Pompéi

Après "Je mange donc je suis", une expo dédiée à la nourriture à Pompéi, montrant essentiellement des restes d'aliments carbonisés. Organisée comme une domus avec ses pôles liés au repas : taberna, culina et triclinum, l'expo présente des denrées alimentaires avec quelques recettes, laissant entrevoir une partie de la gastronomie romaine. 

 

Etre beau

Expo photo rapide sur la norme, le handicap et l'image de soi par Frédérique Deghelt, écrivaine et Astrid di Crollalanza, photographe. Un peu trop courte !


Puis petit tour à l'ouest avec trois expos bien différentes. 

A Capella 

Etonnant de voir un street artist exposé dans une chapelle ! C'est le cas de Seth à Saint Malo. Photos d'œuvres en Chine, en Inde et ailleurs, toiles, installations, carnets de voyages, tous types de médias sont présentés. J'ai aimé les clins d'yeux constants entre les installations, les photos, les objets, qui permettent d'entrer dans un univers. 


Archipel, Fonds de dotation Jean-Jacques Lebel à Nantes

L'expo du musée des beaux-arts de Nantes est celle d'une collection qui part tous azimuts. Oeuvres du 20e et 21e siècles, regroupées par artiste ou par courant artistique, elles forment des archipels d'art. On part à la découverte d'œuvres du surréalisme, dadaïstes, de Fluxus etc. Rien de bien marquant si ce n'est la richesse de la collection. 

Raoul Dufy (1877-1953), les années folles

Au musée des beaux arts de Quimper, j'ai pu découvrir des oeuvres de Dufy issues d'une collection particulière. La première partie s'attache surtout à des paysages, bords de mer, scènes parisiennes tandis que la suite tourne autour de la couture et des arts décoratifs. Je me suis régalée de ses motifs, utilisés en couture ! 



Un petit tour au Palais de Tokyo pour découvrir des expos qui m'ont laissée sur ma faim.

Ulla von Brandenburg : Le milieu est bleu

Jeu de rideaux et d'apparence, façon théâtre, de tissus, de couleurs franches, de nasses à poissons géantes, de personnages étranges, jusqu'à un genre d'opéra entre scène et forêt, j'avoue n'y avoir rien compris. Mais j'ai trouvé ça plutôt joli... Ce qui n'est pas assez pour apprécier une expo malheureusement. 

Notre monde brûle

Cela raisonne écologie, non ? Eh bien pas seulement. C'est aussi une réalité politique, celle des printemps arabes, des guerres, des migrations qui est au cœur de cette expo. Oeuvres d'artistes variés, du Moyen Orient et d'Afrique, dialoguent. Il y est question de perte, deuil, pillage et déplacement, de colonisation et d'influence. Seul regret, assez peu de dialogue entre certaines œuvres. 

Après les musées, passons aux salles obscures...

Tenet

Tout le monde a déjà parlé du film de Nolan, non ? J'ai aimé les jeux sur le temps et l'entropie, ça fait un peu mal à la tête mais c'est bien pensé. Et c'est un bon film d'action. Mais beaucoup moins bluffant qu'un Inception pour moi. 


Le capital au XXIe siècle

Je n'ai toujours pas lu la somme de Piketty, qui reste sagement sur ma PAL, mais j'ai vu le film. C'est un documentaire agréable à regarder, facile d'accès et qui investit sur la culture pop et ciné pour faire comprendre les inégalités. Des paroles d'experts viennent étayer tout cela, historiquement et économiquement. Malheureusement, il manque d'éléments économiques et de propositions concrètes à mes yeux. Disons que c'est un bon appetiser !


En Avant

Sympathique petit dernier de Disney qui met en scène un monde où la magie disparait. Deux frères se mettent en quête de cette magie pour retrouver leur père. Touchant et drôle, un bon mélange !


Adolescentes

Emma et Anaïs sont deux adolescentes de 13 ans. Amies, elles vont au même collège à Brive. Elles seront suivies par le réalisateur jusqu'à leurs 18 ans. Au-delà de la vie personnelle des deux jeunes filles, ce sont leurs familles et leurs milieux sociaux qui transparaissent à l'écran. J'avoue m'être plutôt ennuyée devant ce documentaire, malgré quelques rires. Les garçons qui m'accompagnaient ont bien aimé.


West Side Story de l’Amazing Keystone Big Band au Bal Blomet

Premier concert depuis le confinement. Que ça fait du bien ! Surtout quand l’Amazing Keystone Big Band propose une réécriture de West Side Story. Un ensemble de 17 musiciens, tous meilleurs les uns que les autres, qui rajeunit et jazzifie la comédie musicale avec trois chanteurs épatants et un conteur. Voilà qui donne envie d'aller plus souvent dans cette magnifique salle !

mercredi 23 septembre 2020

Les aventures de Tom Sawyer

Voilà un livre de Mark Twain qui patientait sur ma liseuse depuis des années et que je viens de me résoudre à découvrir pour le mois américain. 

Tom Sawyer, élevé par sa tante Polly vit dans la ville de Saint-Petersburg - sur les bords du Mississipi comme le disait la chanson du dessin animé. C'est un garçon plein d'imagination, malin et fort, qui aime se battre, faire le clown et jouer. Il se sort sans trop de souci de nombreuses situations désagréables : corvée de repeindre un portail ou messe un peu longue voire assassinat... Il joue avec des amis, notamment Huckleberry Finn, un enfant vagabond. C'est avec lui qu'il surprend un meurtre au cimetière et se met dans de drôles de draps. Mais la réalité se mêle toujours au jeu et le jeu à la réalité, la chasse au trésor et à l'homme deviennent prétextes à jouer aux voleurs, aux pirates ou à Robin des bois. 



Outre ses aventures et l'école buissonnière, on suit ses histoires amoureuses et ses tourments moraux. En effet, le jeune garçon s'apitoie beaucoup sur son sort et rêve souvent de la tristesse que causera sa mort. Qu'à cela ne tienne, il profite d'un de ses jeux pour participer à son propre enterrement ! Libre, vif, bagarreur, leader et menteur, il est attachant ce Tom. Mais on ne voit pas que lui, on aperçoit aussi la petite société de la ville, avec sa hiérarchie sociale, ses croyances, ses habitudes. 

Un joli roman jeunesse, pas toujours si jeunesse que ça d'ailleurs, bien rythmé, avec son humour et sa morale. 
"Tom se dit qu’en somme l’existence est fort supportable. Il avait découvert, sans s’en douter, une grande loi sociale : afin d’amener les hommes à convoiter quelque chose, il suffit de leur faire croire que la chose est difficile à atteindre" 
"Sur ce, nos écoliers s’habillèrent, cachèrent leurs armes et s’éloignèrent de la forêt de Sherwood, regrettant qu’il n’y eût plus de proscrits et se demandant ce que la civilisation moderne a fait pour compenser cette lacune"

mardi 22 septembre 2020

Le visage jaune

C'est une courte histoire de Sherlock Holmes que celle-ci. Elle a pour intérêt de s'attaquer à l'extraordinaire sagacité du détective de Conan Doyle. 

Grant Munro arrive très agité chez Holmes. Il s'inquiète des sorties nocturnes et des mensonges de sa femme. Marié depuis trois ans à Effie, veuve d'un premier mari, il n'a jamais eu à se plaindre de quoi que ce soit jusqu'à présent. Mais ses liens avec le cottage voisin nouvellement habité l'inquiètent. Et le visage jaune qu'il voit à la fenêtre de celui-ci aussi. Il vient prendre conseil auprès de Sherlock Holmes. Celui-ci croit élucider l'affaire en imaginant le mari, non pas mort mais bien vivant, venu faire chanter sa femme. Pourtant, une fois dans le cottage avec Grant, c'est tout autre chose qui advient ! Et Holmes de demander à Watson de lui rappeler cette histoire la prochaine fois qu'il est trop sûr de lui !

Court, pas très embrouillé et plutôt sympathique.



lundi 21 septembre 2020

Les rêves des autres

Je continue à découvrir les John Irving de ma PAL avec cette fois un recueil de nouvelles. On retrouve bien l'humour et le sens du cocasse de l'auteur, les petitesses humaines mises sous la loupe et l'ambiance américaine.


Les rêves des autres : un jeune divorcé se découvre une capacité surprenante : il peut faire les rêves des personnes qui ont dormi sur un lit avant lui. Il rêve ainsi d'un rêve de sa femme, de sa mère, et d'une intimité qu'il n'avait jamais imaginée. 
Un énergumène passe à table : un homme boit trop, sa femme le surveille, elle sent qu'il va s'emporter. Elle tente d'éviter le scandale, il s'amuse à le provoquer.
L'espace intérieur : un jeune couple s'installe dans une petite maison, charmé par un noyer et l'intérieur modulable. La jeune femme, architecte, en fait un lieu à son idée tandis que son époux, urologue, soigne toutes les maladies vénériennes des étudiants de la ville. Mais leur voisin les inquiète, il en veut au noyer...
Dans un Etat proche de l'Iowa, ou l'itinéraire qui mène à l'état de grâce : un homme et sa voiture, quelle drôle de relation ! Surtout quand celui-ci roule sans cesse, se trompe d'itinéraire, échoue au mauvais endroit.
Un royaume de lassitude : Minna encadre les jeunes femmes d'un foyer. Sa vie est réglée comme du papier à musique, sans qu'aucune émotion ne vienne changer la routine. Quand elle demande une embauche, la vie du foyer change avec l'arrivée de Céleste. 
Faut-il sauver Piggy Sneed ? Un pauvre diable ramasse les ordures et vit avec des cochons. Il est la risée de tous les enfants puis adultes, qui le maltraitent, explorant l'ignominie humaine.
Mon dîner à la Maison Blanche : Faut-il répondre à une invitation des "amis des républicains" quand on est démocrate et qu'on reçoit une invitation à dîner à la maison blanche ? 

Les nouvelles sont moins inoubliables que ses romans, moins intenses au niveau des personnages, mais on retrouve bien le burlesque, l'amusement ou la tristesse devant tous les caractères.



samedi 19 septembre 2020

Bible et ennéagramme

J'ai entendu parler de l'ennéagramme lorsque j'étais en Amérique latine. Cela ne m'avait alors pas plus intriguée que ça. Et plus récemment, une amie m'en a parlé comme d'un bel outil de connaissance de soi. J'ai décidé de m'y intéresser un peu, puis de me former un peu plus. Cette lecture vient compléter ces premiers pas dans un univers étonnant où les personnes appartiendraient à un des neufs types de personnalités, définies par un évitement initial. Le premier exercice est d'essayer de repérer cela. Et c'est loin d'être simple, il faut pas mal de patience, de rencontres, de vérité envers soi-même pour se plonger là-dedans. Au début, on a l'impression d'être un peu partout. Finalement, en creusant du côté de nos énergies vitales (instinctif, émotionnel ou mental), on avance petit à petit. Ce qui est intéressant avec cet outil, c'est qu'il propose des chemins de progression. C'est surtout ce qu'explore cet ouvrage de Rémi J. de Roo, Pearl Gervais, Diane Tolomeo et Eric Salmon à partir de figures bibliques. L'objectif est d'étudier ce chemin et d'interroger le lecteur sur ce qui le touche, ce qu'il peut apprendre à partir du personnage, sur lui-même ou sur les autres.

Les neufs types sont répartis en trois parties : les types conciliants qui répriment leur centre mental, qui ont conscience de ce qui est juste - les types assertifs qui répriment leur centre émotionnel, vont vers les autres en tenant en compte leur désir plutôt que celui des autres - les types en retrait, qui prennent leurs distances par rapport aux autres et sont plutôt dans l'observation mais à la vie intérieure riche. 

Pour le type 1, les figures sont Jean Baptiste et Paul. Ce sont les réformateurs et les perfectionnistes qui veulent faire ce qui est juste. Ils veulent vivre pour un but plus grand. Ils veulent changer le monde pour qu'il soit meilleur et doivent apprendre l'humilité. Ce sont des personnes qui luttent contre leur colère et se critiquent intérieurement sans cesse. 
"Ils savent déceler les besoins urgents qui nécessitent d'être traités. Ils veulent convertir et réformer le monde et ils le veulent maintenant" - Et ils veulent se réformer eux-mêmes, surtout s'ils voient qu'ils s'étaient trompés !
"le don du type 1 : voir ce qui ne va pas et a besoin d'être changé, dépasser le statut quo et avancer dans sa transformation, ce qui n'est autre que le don de prophétie. En tant que prophète, le Un est capable de déceler les défauts d'une situation ou d'un système ainsi que visualiser l'unité qui pourrait en sortir. Dans sa forme la plus pure, son besoin de repentance et de réforme n'est pas le résultat d'un jugement critique mais le fruit d'un désir ardent que justice soit faite et que la vie s'améliore et s'harmonise"


Pour le 2, c'est Ruth et Booz, le fameux couple. Ils aspirent à être aimés, jusqu'à fusionner avec l'autre, et ils sont empathiques envers les autres. Ils veulent être indispensables. Ils voient plutôt le bon dans toute les situations et ont une certaine souplesse.
"Chez Ruth comme chez Booz, nous trouvons des exemples de questions auxquelles le Deux est confronté, telles que la peur d'être rejeté, le désir d'être aimé inconditionnellement, la recherche d'intimité et le besoin de prendre soin des autres et de donner"

Le 6, c'est Pierre et la mère des Maccabées - que je découvrais, je n'avais pas souvenir de cette histoire. Ce sont des personnes loyales, des êtres fidèles et dévoués qui ont besoin de sécurité. Ils doutent beaucoup et font des scénarios du pire, oscillant entre confiance et méfiance. 
"Ils cherchent une autorité à respecter tout en se méfiant de l'autorité sous toutes ses formes"
"Le Six a deux façons possibles de réagir à une situation difficile : soit il fuit, soit il se précipite pour l'affronter afin d'en être débarrassé"

Le 7 est un enthousiaste, qui évite la douleur et l'instant présent, en allant de l'avant. C'est Salomon et la Samaritaine par exemple. Ils sont enthousiastes, rêveurs, gourmands de tout mais cherchant à combler un vide intérieur. 
"Salomon dit avoir essayé de se divertir par de nombreux plaisirs, une attitude typique du Sept pour éviter d'affronter la douleur de la vie [...] il finit par comprendre qu'aucune d'entre elles ne pourra lui fournir la réponse à la question de la raison de notre existence, ni expliquer pourquoi la douleur et le tristesse font inévitablement partie de la vie"
"Demander de l'aide à un Sept revient à l'inviter à sortir de son schéma d'accumulation et d'aspiration à "toujours plus" pour l'encourager à donner"

Le 8 est dans l'action, il n'accorde de place ni à ses sentiments ni à ceux des autres. Il est protecteur et provocateur, fort, catégorique. Il ne supporte pas l'autorité d'un autre sur lui. Il est anxieux et colérique. C'est Marthe et la Cananéenne - là aussi, qui est cette femme ? Ce sont des personnes franches, qui ont soif de justice et affirment leur bon droit. 

Le 3 - comme David et Saül - incarne la réussite, il lui est difficile d'être authentique, de ne pas rester dans l'apparence. Il veut être accepté et admiré pour ses succès, quitte à manipuler la vérité. 
"Un Trois est constamment dans l'action et estime qu'il est difficile d'attendre et d'être patient"
"Sa réputation était en jeu et sa crainte de perdre la face a pris le pas sur sa conscience"

Le 4 - comme Job et Marie Madeleine - sont des "romantiques", des artistes maudits, des individualistes centrés sur leurs émotions, qu'ils ressentent intensément. Ils sont créatifs, sensibles au beau mais aussi à la souffrance. Ils s’apitoient sur eux-mêmes. 

Le 5 a le désir de tout savoir. C'est un penseur, un observateur curieux qui a peur d'être incompétent et qui ne partage que difficilement son savoir, ayant peur de ne pas savoir encore assez. Ils peuvent être hyper spécialisés. C'est Joseph et Nicodème. 
"Les Cinq peuvent réfléchir à tous les problèmes, analyser et synthétiser l'information, mais ils peuvent trouver difficile d'engager l'énergie nécessaire pour transformer l'observation en action"
"Les Cinq excellent à trouver des solutions, principalement en raison de leur capacité à enregistrer beaucoup de paramètres et à accumuler suffisamment d'informations pour établir des prévisions fiables. Dans le monde des affaires et du commerce, cela peut produire des résultats très profitables. Parce qu'il possède ces compétences, Joseph est souvent en mesure de retourner des circonstances défavorables en sa faveur"
"Joseph démontre la tendance du Cinq à pouvoir freiner ses émotions tout en les ressentant en profondeur, et en les analysant plutôt que de se laisser à les ressentir véritablement"
"Le pas le plus important que puisse faire le Cinq, c'est de se connecter avec le monde réel et d'y tester ses idées"

Les 9, tels Abraham et l'aveugle de la piscine, sont des médiateurs. Ils cherchent paix et harmonie, en évitant tout conflit et toute colère, surtout la leur. Mais ils peuvent aussi abandonner leurs désirs aux autres, pour ne pas faire de vagues et vivre leur vie par procuration. Il sont la "négligence têtue". 
"Il est confronté à un véritable dilemme qui se retrouve souvent dans la vie des Neuf : résister au changement et rester immobilisé, ou risquer le changement et tout à coup avoir de nombreuses décisions à prendre et un mode de relation à revoir"

Alors, est-ce que vous reconnaissez quelque part plus qu'ailleurs ? Est-ce un outil que vous connaissez ? 

jeudi 17 septembre 2020

Croc-blanc

 Avec cette lecture, je renoue avec une grande émotion de jeune lectrice. Je me souviens de la tension avec laquelle je suivais les combats de chiens, de la rudesse des hommes. J'avais oublié les débuts, avant la naissance du jeune chien-loup. Cette relecture m'a emballée !

Dans le grand nord, des chiens, un traîneau, un cercueil, des hommes, des loups et la faim. Voilà comment s'ouvre cet ouvrage, sur des steppes gelées, avec une course de fond entre deux mondes. La grande leçon de Croc-blanc, celle qu'il n'oubliera jamais, la loi fondamentale de la nature, c'est manger ou être mangé. Et dès les scènes inaugurales, le thème est lancé. 

On suit ensuite les loups, et notamment une louve, avec ses prétendants. Elle est remportée par le Borgne et donne naissance quelques mois plus tard à une nichée de louveteaux dont notre héros est le seul rescapé. C'est l'enfance, l'apprentissage de la curiosité, de la force de vie, et de la peur. C'est aussi le moment de la rencontre des hommes, que Croc-Blanc surnommera dieux. Nouveaux apprentissages, notamment celui du combat. Maltraité par les chiens, le jeune loup devient rapide, précis, bref, redoutable. Il ne répond qu'à son maître, Castor-Gris. Vendu à Beauty Smith pour du whisky, Croc-Blanc devient un tueur avant d'être tiré de l'arène par Weedon Scott et de découvrir l'amitié et la douceur.

A part la fin, qui est so "happy end", c'est un roman d'apprentissage extraordinaire et puissant que nous offre Jack London ! Suivre ce jeune loup à chaque pas, s'étonner avec lui de la lumière, de l'eau, des êtres vivants ou non : c'est le tour de maître déployé lors de la première sortie de Croc-Blanc. Et ça continue sur ce mode, ancré dans les sensations et les ressentis du héros, tout en gardant son animalité, sans chercher à en faire un homme. C'est manichéen, notamment dans les types d'hommes rencontrés par Croc-Blanc. On peut trouver ça limitant, l'animal est moins intelligent que l'homme nous dit l'auteur, mais c'est aussi très riche. 

Parmi les questions sous-jacentes, on retiendra celle de la liberté versus la fidélité ; la faim ou le confort ; l'animalité de l'homme et la possibilité de la dépasser ; la capacité d'apprentissage ; la résilience... Bref, des thèmes que l'on retrouve chez Jack London, notamment dans le merveilleux Martin Eden. Une magnifique redécouverte !


mercredi 16 septembre 2020

Middlemarch

Voilà des années que je compte m'atteler à ce gros pavé de George Eliot. Débuté à la fin du mois anglais, je le termine maintenant. J'étais pourtant optimiste, bien accrochée aux premiers chapitres et puis, petit coup de mou au milieu et lassitude avant de le reprendre.

Bienvenue à Middlemarch, charmante bourgade anglaise au début du XIXe siècle. Attention, c'est petit, on papote, on se regarde, on sait si on est du même monde ou pas. 

Au cœur de notre roman, des femmes diverses, plus ou moins indépendantes - à la façon de l'époque - mais toujours considérées comme mineures par les hommes : Dorothea, une charmante et riche jeune femme, pure, spirituelle voire mystique et éprise de savoir ; 

"Il fallait à son essor une satisfaction sans limite, un objet dont elle ne se lasserait jamais, capable de réconcilier le désespoir de soi-même avec le sentiment délicieux d'une vie en dehors de soi"

Rosamond, charmante aussi mais consciente de ses charmes et assez superficielle ; Mary, moins jolie mais terriblement douce, bonne et dévouée ; Célia, la soeur de Dorothea, douce et bonne, soumise à son mari. 

Côté beaux gosses, il y a Lygate, médecin moderne, qui cherche à se faire une clientèle et à épouser une femme modèle ; Fred, le fan de chevaux, qui se rêve héritier et se met tant bien que mal au boulot ; Chettam, qui se console de la perte d'une sœur avec l'autre ; Ladislaw, artiste et intelligent, un peu fat, mais sans le sou et de naissance douteuse. Et d'autres hommes un peu moins sympathiques tels que le vieux Casaubon dont s'entiche Dorothea, séduite par ses discussions élevées. Ou moins sexy tel Camden, le bon père, sérieux, compétent et aimé de tous.

Et le pitch ? Histoires de mariages, bien sûr avec leurs désillusions, les caractères qui se dévoilent dans l'intimité et les ragots des voisins. Mais pas seulement ! Il y a aussi des intrigues politiques et financières dans une société à la fois en pleine évolution et fortement arc-boutée sur ses traditions. Histoires d'héritage, de malversations financières ou d'élections, ce ne sont pas celles qui m'ont le plus intéressée. Je les ai trouvé parfois embrouillées ou trop denses. Par contre, il est remarquable de lire les caractères des uns et des autres (surtout des unes en fait, avec une belle attention aux personnages féminins), et la façon dont ils se dévoilent dans des moments de crise. Ce qui rend aussi ce livre agréable, ce sont les apartés et commentaires de l'auteure, qui n'hésite pas à se moquer finement de ses personnages, des différences homme/femme ou de la vie de province. 


"L’esprit d’un homme, quel qu’il soit, a toujours cet avantage sur celui d’une femme qu’il est du genre masculin, comme le plus petit bouleau est d’une espèce supérieure au palmier le plus élevé, et son ignorance même est de plus haute qualité"
"Si l’auteur d’une Clef de toutes les mythologies était trop disposé à ne considérer les autres qu’au point de vue de sa convenance personnelle et comme providentiellement créés à son usage, n’oublions pas que ce trait de caractère ne nous est pas tout à fait étranger, et qu’il réclame comme toutes les autres espérances trompeuses des mortels, un peu de notre pitié"
"Un matin, quelques semaines après son retour à Lowick, Dorothée… mais pourquoi toujours Dorothée ? N’y avait-il donc, dans ce ménage, que son seul point de vue à considérer ? Pourquoi réserverions-nous tout notre intérêt, toute notre faculté de compréhension, aux jeunes créatures qui conservent un air florissant au milieu de leurs chagrins ? car celles-ci aussi se faneront et connaîtront les soucis usants et les souffrances d’un âge plus avancé, dont nous les encourageons à ne pas se préoccuper. En dépit de ses yeux clignotants, des loupes blanches que lui reprochait Célia, et de l’absence de rondeurs musculaires qui contristait sir James, M. Casaubon avait au cœur un foyer de sentiments intenses, une soif intellectuelle aussi insatiable que les appétits du reste des humains. Il n’avait, en se mariant, rien fait d’exceptionnel, rien que ce que la société sanctionne et considère comme une occasion de fleurs et de banquets. Il avait trouvé un beau jour qu’il n’y avait plus à différer dans ses intentions matrimoniales, et il s’était dit qu’en prenant femme, un homme bien posé devait désirer et choisir avec soin une jeune lady florissante — la plus jeune serait le mieux, parce qu’elle serait alors plus éducable et plus soumise, — d’un rang égal au sien, ayant des principes religieux, d’honnêtes penchants et l’intelligence saine. À une telle jeune fille, il ne manquerait pas d’assurer de beaux revenus, et ne négligerait aucun soin pour son bonheur ; en retour, il recevrait d’elle les joies de la famille et laisserait derrière lui cette copie de lui-même que les faiseurs de sonnets du xvie siècle semblaient réclamer de tout homme avec tant d’insistance. Les temps étaient changés, et nul faiseur de sonnets n’avait insisté auprès de M. Casaubon, pour qu’il laissât au monde une copie de lui-même ; d’ailleurs, il n’était pas encore venu à bout de la copie de sa clef des mythologies ; mais il avait toujours eu l’intention de se mettre en règle avec la nature par le mariage ; et avec le sentiment de sa solitude, l’impression que les années fuyaient rapidement derrière lui, que le monde devenait plus obscur, était pour lui une raison de ne pas perdre plus de temps à se donner ces joies domestiques, avant que les années ne l’en privassent pour toujours [...] La société n’a jamais eu l’absurdité d’exiger qu’un homme se préoccupe autant des facultés qu’il possède pour rendre heureuse une charmante jeune fille, que des facultés de cette jeune fille pour le rendre heureux lui-même. Comme si un homme n’avait pas assez à faire de choisir sa femme, mais devait encore choisir le mari de sa femme ! Ou, comme s’il était tenu de se préoccuper, en sa propre personne, des grâces qu’il transmettra à sa postérité ! Quand Dorothée l’accepta avec effusion, M. Casaubon trouva la chose toute naturelle, et crut que son bonheur allait commencer"
"Quand les animaux entrèrent dans l’arche par paires, on peut s’imaginer que les espèces les plus rapprochées se regardèrent d’assez mauvais œil, en songeant que, sur une unique provision de fourrage, cela faisait vraiment trop de corps à nourrir. Des réflexions du même genre s’imposèrent aux carnivores chrétiens qui formaient le cortège mortuaire de Pierre Featherstone, guettant tous la même provision limitée dont chacun espérait la plus grosse part. Les plus proches parents par le sang, et les parents par alliance formaient déjà un nombre considérable qui, multiplié par les possibilités, offrait un vaste champ aux conjectures jalouses et aux espérances passionnées"

lundi 14 septembre 2020

Chronique d'hiver

Décidément, j'aime l'écriture de Paul Auster ! Dans ce récit autobiographique, il se raconte, à soixante-quatre ans. 
Il revient sur des moments de sa vie en les contemplant par le prisme du corps et de ses mouvements. Corps respirant, corps blessé, corps bougeant. Il parle des lieux où il a vécu, des femmes qu'il a rencontrées, des accidents qui ont failli lui coûter la vie, de sa relation à la mort, à celle de ses parents, de sa mère surtout. Il raconte les corps qui souffrent ou qui jouissent, l'urgence de l'amour à 18 ans, le calme du corps à soixante. Mais à travers son corps, c'est toute son âme qui s'exprime. Il le montre bien à travers les crises de panique : le corps a son langage. 
Il parle aussi d'écriture et de livres, et bien des éléments de sa vie font penser à ses romans. On y croise la belle Siri et sa première femme. On découvre son goût pour la danse et l'expression des corps. 


C'est un ouvrage un peu fouillis, où l'on suit l'écrivain sans qu'il nous accorde la pause des chapitres. Tout file et se lie par des associations d'idées. C'est un voyage intime auquel nous convie l'écrivain, sans qu'on y sente d'exhibitionnisme ou de voyeurisme. 



dimanche 13 septembre 2020

Fates and Furies

 Livre de Lauren Groff noté à sa sortie, lecture repoussée, un peu poussive et maintenant terminée. 

De quoi ça cause ? Mathilde et Lancelot (dit Lotto), c'est le couple parfait ! Il est brillant, elle est superbe. Il écrit des pièces, elle gère la maison. Ils font la jalousie de leurs amis - et de la mère de Lotto, Antoinette. Mais sous leurs dehors lisses et parfaits, quelques ombres. 

Construit en deux parties, Lotto d'abord puis Mathilde, le récit est chronologique pour Lotto et regorgeant de flash back pour Mathilde. 

Lotto, fils choyé, ayant perdu son papa, vit avec sa mère et sa tante. Il a des fréquentations douteuses, est envoyé en pension, chope toutes les filles qui passent avant son coup de foudre pour Mathilde - et son mariage. Entretenu par sa femme avant de trouver sa voie, de comédien à dramaturge, il brille tant qu'il est au centre du monde. 

Mathilde, c'est une femme pure et discrète nous dit Lotto. Et puis, quand on découvre Mathilde, dans la 2e partie, on comprend mieux son comportement - et sa colère latente. Je ne vous en dirai pas plus sur elle, c'est la partie la plus intéressante du roman.

Ce que j'en pense ? C'est loin d'être le chef-d'oeuvre que l'on m'a décrit ! Oui, c'est une jolie pirouette que de montrer les côtés blancs puis noirs d'une vie de couple, de dévoiler mensonges et omissions, mais cela n'a rien de très original. Par contre, montrer combien l'on voit l'autre tel que l'on est, comment Lotto, aveuglé par son propre ego, est incapable de voir qui est sa femme ou comment Mathilde, si discrète, est bien plus qu'une gentille muse, ça l'est déjà un peu plus. La langue était à la fois vulgaire et pompeuse - quel intérêt de décrire les scènes de sexe de Lotto ? Je crois que c'est ce qui m'a le plus gênée avec l'arythmie du livre. Et les personnages me sont restés antipathiques, du début à la fin, creux malgré tous les efforts pour leur donner une histoire, une psychologie. Peut-être parce qu'on reste au théâtre ou dans son univers ? Lotto et Mathilde ne sont-ils pas uniquement des acteurs, des marionnettes présentées au lecteur ? J'ai l'impression qu'on voit les ficelles.

samedi 12 septembre 2020

Les neiges du Kilimandjaro

Le mois américain est un peu mon occasion de retenter des auteurs qui ne m'ont plu qu'à moitié comme Hemingway - oui, c'est bizarre, je ferai mieux de me concentrer sur ceux qui me plaisent. L'an dernier, je me suis ennuyée dans un roman. Cette année, je suis plutôt contente de ces nouvelles. On y retrouve cette humanité perdue, un peu vide, trop riche en safari ou trop pauvre pendant la guerre, des hommes grossiers, qui viennent des terres, des hommes qui regardent le monde et s'interrogent. Touchante humanité !


Les neiges du Kilimandjaro. Il s'est blessé à la jambe. Il se voit déjà mourir et fait repasser les moments de sa vie. 

Dix indiens. Retour de la fête du 4 juillet, 9 indiens dorment, ivres. Nick, rentre chez lui pour apprendre que sa bonne amie en aime un autre.

La capitale du monde. Madrid, Paco se rêve torero et s’entraîne dans la cuisine. Un faux mouvement et il est mort.

Hommage à la Suisse. Dans un café, une scène entre un voyageur et une serveuse, reprise trois fois. 

L'heure triomphale de Francis Macomber. Ils sont partis à la chasse au lion et l'on comprend très vite qu'il n'a pas tout géré. Sur le pouvoir et la virilité.

Le vieil homme près du pont. Guerre d'Espagne, tous fuient l'ennemi sauf cet homme, inquiet pour les animaux qu'il a abandonné (deux chèvres, un chat et des pigeons).

C'est aujourd'hui vendredi. Les légionnaires boivent un coup après la crucifixion. 

La lumière du monde. A la gare, des prostituées et des hommes attendent le train. Parmi les femmes, l'une d'elle, obèse, fascine le narrateur. 

La fin de quelque chose. Nick et Marjorie pêchent puis il la renvoie. 

Une journée d'attente. Il a de la fièvre. Entre Fahrenheit et Celsius, il voit mieux ne pas se tromper !

Là-haut dans le Michigan. Liz sent qu'elle aime bien Jim. Elle le regarde, elle l'attend. Mais pour Jim, elle n'est qu'un corps. 

Trois jours de tourmente. Bill et Nick boivent, prévoient leur journée de pêche. Nick regrette d'avoir quitté Marjorie. 

jeudi 10 septembre 2020

L'homme qui pleure de rire

On m'a prêté ce bouquin en me demandant s'il n'y avait pas quelque chose d'incroyable, d'étonnant, à sauver dans ce roman de Beigbeder. Personne n'avait trop envie de le lire autour de moi. Et finalement, comme souvent, j'ai tenté. Et j'ai regretté. Car je crois que je n'apprécie ni l'écriture ni les thèmes abordés par cet auteur.

Octave Parango est au centre de cet ouvrage. Il est chroniqueur dans une radio publique dont il se fait virer pour être arrivé sans chronique - et avec une belle gueule de bois. C'est un choc. Et l'occasion de s'interroger sur l'humour omniprésent, notamment sous forme d'ironie, dans notre société. 
C'est aussi l'occasion d'un regard en arrière, les lieux qui ne sont plus à la mode, les nouvelles façons de sortir, de draguer. Le fêtard qu'est Octave continue à picoler, se droguer et à plus de mal à choper qu'avant. 
Ça sent un peu le règlement de compte, la nostalgie à peu de frais, la philosophie à la petite semaine. Cet anti héros, souvent pathétique, campé par l'auteur agace ou fatigue.

"L'humour est une dictature parce qu'il n'autorise jamais de droit de réponse. C'est son apparente légèreté qui le rend si implacable. Si tu te plains, tu passes pour quelqu'un de chiant, lourd et susceptible. L'humour est une fake news avec un éclat de rire derrière et Octave était complice de ce système"


Pour vous interroger sur la place du rire, préférez Homo Comicus.

mardi 8 septembre 2020

Nos richesses

Je ressors de cet ouvrage de Kaouther Adami très déçue. Vous connaissez mon goût pour les livres, les livres qui parlent de livres, les livres qui parlent d'auteurs, les livres qui parlent de libraires, les livres qui parlent de bibliothèques. Eh bien, ce livre était tout cela. Mais je n'ai pas réussi à rentrer dedans, du début à la fin. 

2bis, rue Hamani. Une adresse mythique, celle d'une librairie tenue par Edmond Charlot. Vous ne le connaissez pas ? Moi j'ignorais aussi son existence. C'est un passionné des livres et de l'écriture méditerranéenne. C'est lui qui publie Révolte dans les Asturies de Camus - que je n'avais pas lu avant et qui m'a donné envie de le lire, mais c'est une autre histoire et un autre billet. 
Éditeur et libraire, on suit ses rencontres, ses joies de publier de beaux livres, ses questions sur une Algérie qui bouge. Il s'installe à Paris, il s'associe, il fonde des revues, il se ruine, il continue d'aimer les livres et la Méditerranée. 
En parallèle, de nos jours, Ryad débarque à Alger pour vider le local de de la librairie, fermée et rachetée par un marchand de beignets. On le voit mettre les livres dehors, nettoyer, se prendre d'amitié pour Abdallah, qui a travaillé dans ces lieux.

Drôle de roman, dont les deux temps et voix n'apportent pas grand chose. Des personnages finalement peu attachants, peu incarnés. Une petite et une grande histoire qui se chevauchent mal. Dommage car le postulat initial était très intéressant. Une rencontre ratée.


dimanche 6 septembre 2020

Replay

Nouvelle sortie de PAL avec ce roman de Ken Grimwood dont on m'a dit le plus grand bien. Et qui m'a plu sans m'emballer. 

Le pitch : Jeff fait une crise cardiaque à son bureau en 1988. Il meurt. Enfin, presque. Car il se retrouve de nouveau étudiant, dans sa piaule, avec son colloc' d'il y a 25 ans. Et il revit sa vie, tout en ayant conscience de la précédente. En pariant, il se fait un petit matelas qui lui évitera les déboires financiers qui l'ont poursuivi sa vie durant. Et bim, il meurt à nouveau et se réveille à nouveau étudiant... C'est le début des nombreux replay que subira Jeff, qui se focalise soit sur l'argent, soit sur l'amour, ou le sexe et la drogue, ou la science etc. pour mener une vie qui lui corresponde. 

Dans ce cycle sans fin, il se pose quelques questions sur la façon de changer le monde. Mais n'y parvient que dans les choses triviales. Est-ce que nous sommes destinés ? Est-ce encore un coup des extraterrestres ? On ne le saura pas ! Les raisons des replays restent non éludées. De même, la façon dont ils se déroulent et les dates des "réveils" de Jeff restent mystérieuses. Seul compte Jeff et ses états d'âmes, ses réussites remarquables et ses échecs. Et franchement, ce n'est pas passionnant. C'est même plutôt plat malgré l'idée sympathique d'une boucle temporelle récurrente. 


Un livre qui aurait mérité que les personnages soient plus creusés... ou les phénomènes mieux expliqués pour sortir du roman un peu moyen. 


samedi 5 septembre 2020

ATD Quart Monde - Joseph Wresinski : la pauvreté au corps à corps

Je trouve passionnante l'approche d'ATD Quart Monde et je lis sur le sujet pour mieux comprendre la philosophie. Avec ce court ouvrage de Fabienne Waks, j'ai pu avoir une vision de l'essentiel ! Je vous la partage.

En 15 chapitres, on remonte l'histoire de l'association, fondée dans le camp de Noisy-le-Grand autour de Joseph Wresinski. Visant à combattre la misère, avec ceux qu'elle touche, cette association veut redonner une dignité aux plus pauvres. A travers l'engagement de volontaires et d'alliés, elle agit sur les causes et la mise en lumière de la misère. A travers les universités populaires, elle réunit les chercheurs et les plus pauvres pour mieux faire comprendre la misère, mieux la combattre, faire tomber des stéréotypes ou des clichés. A travers des outils culturels, elle donne une histoire et une dignité aux personnes. Et l'association a fait avancer bien des dossiers, que ce soit au niveau de la prise en compte de la misère, de la création de la CMU etc.

"Ce qui fut déterminant dans le Mouvement depuis l'origine, c'est que nous n'avions rien à offrir que nos personnes. Nous n'étions propriétaires de rien, nous n'étions pas une organisation d'HLM, ni des travailleurs sociaux relevant d'un service... Notre extrême dénuement, notre total manque de moyen nous ont permis d'être acceptés par les familles défavorisées [...] expliquera plus tard Joseph Wresinski"

"Joseph Wresinski réalise que cette aide ponctuelle provoque parfois plus de mal que de bien, que les habitants ont l'impression d'être abandonnés à chaque départ, qu'il faut vivre sur place pour comprendre la situation et être capable d'agir"

"Quand quelqu'un vient lui proposer une aide, il lui demande de s'engager par des actes concrets, mêmes s'ils apparaissent minimes, comme remplir les dossiers, se renseigner sur les démarches ou les accomplir. Il ne rejette pas les dons mais demande aux donateurs de s'y intéresser, de suivre leur utilisation, d'exiger des comptes. Il sait que la majorité veut bien répondre présent, envoyer un chèque mais refuse de regarder un pauvre face à face"

""Pourquoi est-il si difficile de parler des familles sous-privilégiées ? Sans doute parce qu'elles sont pratiquement inconnues dans leur pays et que très peu de gens ont fait, sur elles, des études approfondies" rappelle Joseph Wresinski"

"Cet aspect intellectuel est emblématique du mouvement : on cogite, on s'arrête sur les textes, on dit ce que l'on pense, on agit. Le message n'est pas d'emblée porteur, on a du mal parfois à l'expliquer et à le faire passer : le pain parait plus important que le livre"

jeudi 3 septembre 2020

L'arbre monde

 J'ai bien d'autres livres de Richard Powers sur ma PAL et c'est finalement par celui-ci, prêté par une collègue, que je le découvre. C'est un bon gros roman choral qui tourne autour des arbres. Roman écologiste et militant, mais pas que. Roman d'initiation, mais pas que. Saga en Amérique, mais pas que.


Au cours du roman divisé en 4 parties - racines, tronc, cime, graines - nous suivons 9 personnages principaux - oui, c'est pas mal de le lire d'une traite pour ne pas perdre le fil. Ils ont en commun un rapport aux arbres et à la nature un peu particulier, que ce soit pendant toute leur vie ou simplement quelques jours de celle-ci. 

Chez les Hoel, c'est un châtaigner qui domine les terres et est traditionnellement photographié chaque mois. Chez Mimi, c'est plutôt le mûrier qui abrite les jeux d'enfant. Et c'est un pin qui lui donne envie de se battre pour les arbres. Adam s'identifie à l'érable planté à sa naissance. Douglas a été sauvé par les branches d'un banian. Ray et Dorothy plantent chaque année des trucs verts dans leur jardin. Pat s'est passionnée pour les arbres sur lesquels elle écrit une thèse qui est ridiculisée. Neelay, codeur de génie, trouve l'inspiration auprès des arbres. Olivia, étudiante à l’affût de toutes les expériences possible, n'a d'abord rien à faire des arbres avant qu'ils ne deviennent sa raison de vivre. 

Bien entendu, certains de ces personnages vont se rencontrer et interagir tandis que d'autres n'entreront en contact avec eux que brièvement ou par des médias interposés. Au centre de la narration, la défense des arbres et de la forêt par des collectifs. Cherchant à faire reconnaître l'arbre comme un vivant et non comme un produit à exploiter, ils utiliseront tous les moyens possibles jusqu'à la désobéissance civile. En parallèle, on apprend sur les arbres et leurs modes de communication à travers les travaux de Pat. 

C'est à la fois actif et réflexif et c'est ce qui rend ce roman si riche quoi que parfois un peu bavard. Foisonnant, à la construction complexe, arborescente peut-être, il mérite la lecture. Et si les personnages s'effaceront de ma mémoire, je ne doute nullement de garder l'arbre et les forêts comme protagonistes de ce livre. 

mardi 1 septembre 2020

Couples

Je voulais lire Updike depuis des années... et j'ai bien peiné dans cette lecture ! 

Bienvenue dans une petite ville américaine où les couples de la bourgeoisie locale se reçoivent régulièrement. Ils mangent, ils boivent, il tentent des jeux, ils papotent, ils se regardent. Parmi eux, on suit surtout Piet Hanema, époux d'Angela et père de deux fillettes, entrepreneur en BTP, croyant et obsédé. Ou plutôt, facilement enclin à l'adultère. Bon, ce n'est pas du tout le seul de ce groupe à aller sauter la femme de ses potes. C'est simplement sur lui qu'est plus tourné le projecteur. 

Et ce genre d'histoire m'ennuie mortellement. Les bourgeois qui s'ennuient et se trompent, malgré le ton ironique de l'auteur, ne m'intéressent pas. C'est long, c'est aussi ennuyeux que la vie des personnages... Il m'a fallu de la persévérance pour le terminer, en espérant que la fin "sauve le livre". Ce ne fut pas le cas. Dommage pour un auteur qu'il me tardait tant de découvrir !