Le Palais de Tokyo est devenu est de nos immanquables. Ses expositions ont le don de nous intriguer, de nous questionner, de nous émerveiller ou de nous perturber. Celle qui s'y déroule actuellement (et se termine dimanche) est encore une fois très stimulante. Son propos est d'explorer des territoires non-artistiques a priori. Les œuvres exposées sont plus celles d'inventeurs que d'artistes.
On est accueilli par les créations de Takis, de grands signaux très élancés, lumineux. Comme une invitation à traverser une invisible frontière. Dans l'univers de Takis, les ondes sont reines. Jouant avec les aimants, l'artiste imagine des tableaux en 3D et en suspension, des murs magnétiques, des méduses à mercure... Mais son oeuvre la plus frappante est certainement sa sculpture musicale. Imaginez des aiguilles suspendues devant des cordes. Grâce aux aimants placés derrière les cordes, l'aiguille frappe la corde de façon aléatoire. La multitude de cordes donne l'impression qu'un véritable orchestre joue une musique contemporaine et saccadée, assez envoûtante. La musique de l'au-delà. L'idée est géniale et séduisante ! Je suis restée devant cette oeuvre, fascinée par la simplicité du dispositif, sa beauté et sa puissance.
J'ai poursuivi ma visite par la section sur l'artisanat d'art, "L'usage des formes". Très riche et complète, elle explore le rapport de l'homme à l'instrument et la variété de ceux-ci. A la fois très pratiques et inventifs, les objets exposés vont de l'outil préhistorique aux objets créés sur imprimante 3D. Pour continuer dans le thème de la musique, vous y trouverez d'étonnants instruments comme une flûte-contrebasse ou une tôle à voix.
Ce n'est qu'en descendant que vous entrerez dans vraiment dans le vif du sujet. Le Bord des mondes vous attend pour un voyage dans l'étrange. Entre l'homme qui invente des territoires grâce à des cartes patiemment construites et assemblées, celui qui imagine sortir de prison grâce à des cartes à jouer ou qui invente un jeu de rôles géant, on entre dans l’irrationnel, le bizarre, non loin de la folie. Vous verrez par exemple des pierres assemblées selon un équilibre improbable et plus ou moins éphémère, des larmes de joie ou de peine sous le regard d'un microscope... Des façons d'analyser l'homme et le monde qui ne répondent pas à des critères scientifiques mais qui utilisent son langage (on l'a raté mais il y a notamment un homme qui met sous forme d'équations ce que lui disent les visiteurs). On croise aussi des animaux oniriques, présentés récemment à la Cité des Sciences pendant l'expo Art robotique, les Animaris de Jansen. Certains objets peuvent être réellement utiles comme les attrapes-nuages qui fertilisent les déserts ou absolument inutiles comme les chindogu de Kenji Kawakami. Certaines œuvres mettent mal à l'aise comme un robot bien trop humain, d'autres nous font rire. Les Chindogu sont géniaux pour cela. Ils ne sont pas vraiment utiles mais ils ont l'air utiles. Ce sont des gadgets drôles et poétiques qui frôlent l'absurde. Il y a des règles pour définir un Chindogu. Ainsi, "Un Chindogu, tu ne pourras vraiment utiliser" ou "L'esprit d'anarchie, le Chindogu doit incorporer" ou encore "Un Chindogu sans préjugé sera"...
Sinon, il y a aussi des cheveux. Non, des perruques et ornements en cheveux. Tu ne comprends par bien ce qu'ils font là. Cela participe au bizarre.
L'extraordinaire grenouillère de ménage ! |
Enfin, en s'enfonçant un étage plus bas, un "Archipel secret" nous est livré. Il s'agit d’œuvres contemporaines d'artistes d'Asie du Sud-Est. Cela va du bateau en osier au graffiti, en passant par la sculpture, l'installation et la vidéo. Un espace dans lequel je me suis moins attardée, peu sensible à ce que je voyais, voire un peu crevée par mes expéditions dans les mondes précédents...
Bonne visite !
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