jeudi 30 juillet 2015

Trois petits tours au Centre Pompidou...

...Avant que Le Corbusier ne file !

Le Corbusier, mesures de l'homme 

Comment une amatrice d'architecture aurait-elle pu rater cette exposition, je vous le demande ? Et pourtant, j'ai attendu les derniers jours pour la découvrir. Célébrant le cinquantenaire de la mort de l'architecte, cette exposition est une rétrospective construite de façon chronologique. Au programme, une dizaine de salles bien remplies qui tendent à couvrir tous les champs d'action de Corbu. Si l'axe des "mesures de l'homme" est effectivement mis en avant, bien d'autres aspects sont explorés.

Modulor, Le Corbusier mesures de l'homme 1954

Les premières salles plantent déjà le décor. Oui, Corbu est un architecte. Il est fasciné par le Parthénon et dessine la villa Schwob. Mais la salle suivante nous rappelle que Corbu s'est longtemps rêvé peintre. S'inspirant du cubisme qu'il critique et transforme, avec Ozenfant, en purisme, il peint des natures mortes colorées et géométriques. On retrouvera ce goût de la peinture plus loin dans l'exposition avec ses peintures de femmes ou ses "Ubu". Bon, on comprend bien pourquoi on a plutôt retenu l'architecte en lui.
C'est aussi ce qui occupe beaucoup l'exposition : villas particulières comme la villa Savoye, ensembles comme les unités d'habitation et même urbanisme comme Chandigarh sont largement présentées à travers dessins, maquettes, photographies ou films. Le Corbusier y apparaît essentiellement comme un théoricien, un homme qui veut faire rentrer les choses dans des cases conceptuelles. Entre l'Esprit Nouveau, le système Dom-Ino, le Modulor, etc. tout semble devoir être standardisé, balisé, géométrisé. L'homme du Modulor, qui est le sujet central de l'expo, parait une simple mesure, un être sans humanité. C'est d'ailleurs un peu ce qui transparaît dans les unités d'habitation : certes, l'espace est pensé pour chaque chose et propose un maximum de logements sur un espace minimum. Cela s'entend dans la période d'après-guerre où il faut reconstruire vite et pas cher. Mais les appartements façon casiers de bouteilles font vite clapiers à lapins... et l'humain y est oublié.

Maquette Ronchamp Corbusier 1950-55Le détour par Ronchamp et La Tourette est plutôt sympathique avant de rejoindre la lointaine Chandigarh. Là, l'expo reste évasive et l'on peine à comprendre les différents espaces de la ville. C'est dommage.

Et je ne vous ai pas parlé de Corbu designer mais une salle y est consacrée. Je vous laisse la découvrir, elle n'a rien de très inattendu.

Ce qui est chouette dans cette expo, c'est l'abondance et la diversité des oeuvres. Majoritairement issues de la Fondation Le Corbusier, on ne les voit pas tous les jours sorties. Par contre, rien ne donne véritablement d'âme à tout cela... Corbu est un peu un robot.

Mona Hatoum 

Après Corbu, j'ai profité de mon passage au Centre Pompidou pour m'intéresser à l'oeuvre de Mona Hatoum dont je ne connaissais pas grand chose. J'ai été agréablement surprise par son oeuvre engagée qui met l'accent sur les conflits, réels ou latents. Son Present Tense qui montre les territoires palestiniens problématiques, son Light Sentence qui nous met tous en prison, son Hot Spot qui fait du monde entier une zone dangereuse... Il est d'ailleurs intéressant de voir combien le monde la préoccupe : ses cartes et planisphères projettent sur le monde une grande fragilité.

Mona Hatoum, hot spot, 2013

Son utilisation des objets quotidiens, qu'elle détourne et empreint d’étrangeté, est très inspirée de surréalisme (Gater Divide, Daybed, Incommunicado, etc). J'ai cependant été moins emballée par ses vidéos.

L'ensemble laisse une impression de monde instable et angoissant.

Valérie Belin, les images intranquilles 

Valerie Belin, Untitled, 2006

Enfin, petit détour par le musée et les collections permanentes pour croiser les photographies de Valérie Belin. Là encore, le climat est malsain et étrange. Photographiant des visages de mannequins, elle fait douter le spectateur. Sont-ils artificiels ? Sont-ils vivants ? Au-delà de la simple image, les sujets questionnent. Et si l'homme n'était plus qu'un vulgaire mannequin, enfermé dans les apparences, les objets, la consommation...


2 commentaires:

  1. Tu sais parler de tes visites! Je suis allée à cette expo, début mai, ai fait bien des découvertes (le peintre, le designer); j'admire ce qu'il fait en architecture, mais sans envie d'y habiter. En revanche je suis repartie avec un gros magazine sur plein d'autres architectes qui me font plus rêver...

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