Avec cet ouvrage, j'ai retrouvé la plume chérie de Laurent Gaudé. Il y est question de migration et de rêves. Destins croisés du capitaine Piracci et de Soleiman, des deux côtés de la muraille méditerranée, de Lampedusa au Soudan. L'un est sur l'Aquarius ou équivalent, il sauve les migrants des eaux noires et tumultueuses, les confie à la police. L'autre quitte son pays, avec son frère, des rêves d'avenir plein la tête. Rêves mis à mal durant le voyage, toujours plus dur. Et Piracci ne peut plus, il n'a plus de rêves maintenant qu'il a rencontré une femme, à qui il a confié une arme. Il redevient sensible au sens des autres, de ce qu'il fait, de ce qu'il cherche.
"Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes"
Un roman toujours d'actualité, des vies comme celles-ci, des fantômes sur les routes et des fantômes qui mettent en centre de rétention, un Eldorado toujours plus difficile à atteindre, avec toujours plus de sang sur ses murs.
Il patiente depuis si longtemps dans ma liseuse.
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