lundi 28 décembre 2020

Teologia guarani

Ce titre de Graciela Chamorro est certainement effrayant au premier abord. Qui sont ces guaranis ? C'est pas un peu compliqué la théologie ?
Notre auteur, qui a vécu plusieurs années avec les guaranis, les mbyas et les chipiras au Brésil et en Argentine, nous expose une théologie indigène et invite les églises qui cherchent à évangéliser les indigènes à se mettre à l'écoute de leur propre religion.

Elle débute son ouvrage par une classification de l'attitude des églises chrétiennes face aux autres religions :
- ecclesio-centrisme : excluant. La révélation divine réduite à un seul langage, une seule culture, un accès unique et exclusif à Dieu.
- christo-centrisme : incluant. Par un discours universel, où se diluent les particularités culturelles, toutes les réalités sont des nuances d'une même histoire du salut, conscient ou non.
- theocentrisme : pluralisme. Toutes les religions conduisent à Dieu, les cultures et les religions ne parlent pas le même langage mais partagent une recherche d'absolu.

I. Historia
1. Fragmentos de la trayectoria y del modo de ser guarani
Présentation des langues et de la variété culturelle représentée sous le nom "guarani". Il est évidemment question de la conquête et du bon accueil des guaranis aux espagnols, qui s'empressent de leur piquer leurs terres, leurs femmes puis leurs vies.
En 1580, création des réductions franciscaines pour pacifier les groupes et les intégrer au système colonial. Et contrairement à ce que laissent croire les sources historiques, tous n'ont pas été réduits, ce qui a permis aux indigènes guaranis de survivre jusqu'à aujourd'hui. Ils utilisent la religion pour se différencier face aux colons : les chamans ont choisi des éléments religieux comme symboles d'identité ethnique et culturelle. C'est une religion basée sur la parole : ñe'ẽ, ayvu et ã: parole, voix, parler, langue, langage, âme, nom, vie, personnalité, origine. La vie est expérience de la parole, Dieu est parole, la communication entre mortels et immortels, passe par la parole. Et la communication du mythe passe par la parole, le chant, le conte.

2. La palabra olvidada. La profecia guarani contra la mision cristiana
Deux sources de pouvoir chez les guaranis : le cacique comme chef de famille élargi et le chaman comme chef religieux. Souvent le chaman peut être source de rébellion. Pour contrer la prédication chrétienne, les guaranis se sont affirmés par leurs chants, leurs critiques et leurs prophéties. 
Entre 1545 et 1660, les indigènes se rebellent à travers une vingtaine de soulèvement contre les missionnaires. Beaucoup moins au XVIIIe siècle. Ils pratiquent les inversion des rites chrétiens comme des contre-baptêmes ou anti-eucharisties, des nouvelles incarnations du Christ ou de la Vierge parodiés pour lutter contre le christianisme, des prophéties qui annoncent la destruction de tout le peuple s'ils ne reviennent pas à leur mode de vie traditionnel : polygamie, danse rituelle et vie libre dans la forêt. 
Le christianisme a confondu universalité avec obligation. Il se caractérise aux yeux des prophètes guaranis comme totalitaire, reniant la pluralité et la différence. Ce n'est pas un refus d'ouverture, c'est refus de désintégration sociale et de mort pour eux. Il existe aussi une réaction d'accueil des missionnaires, qui auraient été annoncés par un saint apôtre comme porteurs de la parole de Dieu.

II. Teocosmologia
3. Representaciones de la palabra original
Au XVIe, on pense que l'essence de la foi est l'obéissance et que sans structures telles que le roi et la loi, les indigènes ne peuvent pas obéir donc pas croire. Mais il existe un Dieu suprême des indigènes : Tupa, vu comme un père, et on croit à l'immortalité âme. 
La mythologie tourne autour de frères jumeaux, le soleil et la lune, qui humanisent la terre en en nommant les éléments, cherchent leur père dans le ciel. Ses attributs divins sont : vera, la lumière des éclairs, rendy, la lumière des flammes et ryapu, le son du tonnerre
Le christianisme sacrifie le polythéisme et la diversité des traditions, laisse de côté femmes, pauvres et indigènes.

4. La cosmificacion de la palabra
La divinité se reconnait à ses ornements, qui correspondent au cœur de son être. Avec elle, les guaranis recherchent la terre sans mal : c'est une recherche écologique, intemporelle et purement religio-culturelle, ou une recherche symbolico-religieuse, avec la migration comme mouvement messianique. La terre est comme le lieu du chemin, où l'on doit suivre les pas des jumeaux divins.

5. La bifurcacion de la palabra y su restitucion
Chaque personne est comme une incarnation de la parole divine. L'homme comporte une âme humaine et une âme animale, qui perturbe l’âme humaine. Les crises de la vie sont perçues comme la  perturbation de la communication humain-divin. L'âme divine s'éloigne de Dieu sous la pression de l'âme animale. 
Le vocabulaire guarani sur la notion de péché a été inventé par les missionnaires qui en font un dérivé du mot "femme". Et le mot "chrétien", est proche du mot "homme". 
Chez les guaranis, il n'y a pas de notion du péché et du salut par l'incarnation de Dieu. Ce n'est pas une religion du pardon mais de la vengeance. 

III. Paradigma ritual
6. Liturgia de la palabra sacramentos de la vida
La parole fait partie de l'expérience mystique, écoutée, dite et qui fait advenir les choses. 
Le rite Kunumi pepy de perforation de la lèvre à 13 ans lui est lié.
La création de l'homme se fait dans un songe qui génère une parole. La personne est ensuite une parole rêvée. Ce n'est pas l'homme qui a un nom mais le nom qui contient la personne. L'identification est forte avec l'animal ou le végétal dont il porte le nom. 

7. La liberacion de la palabra. El dialogo
On revient sur les questions d'exclure, d'inclure ou de se rencontrer dans nos diversités.


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