Grande fan de Laura Kasischke, j'avais très envie de lire son très court roman (novella pour être précise) sur une secte du début du XXe siècle. A ma connaissance, ce livre n'a pas encore été traduit en français (mais il est très lisible en VO).
1903, Benton Harbor (Michigan) accueille Benjamin Purnell qui y fonde la Maison de David. Le charismatique jeune homme annonce que seuls les membres de sa communauté, Eden springs, parviendront à la vie éternelle. Avec leur corps et leur chair. Le leader est rejoint par des disciples venus du monde entier, la secte s'étoffe et grandit. La communauté cultive vignes et vergers. C'est un peu le paradis sur terre. Bien sûr, il y a des règles : chacun doit rester chaste, ne pas manger de viande, etc. Quelques années après sa fondation, la Maison de David diversifie ses activités et ouvre un parc d'attraction et un zoo. Cela ne semblait pas forcément contradictoire avec la joyeuse philosophie de cette secte.
Néanmoins, le vers est dans le fruit... Benjamin n'est-il pas trop beau et charismatique ? Ne plait-il pas trop aux jeunes filles ? Et qui est cette jeune femme que le fossoyeur a enterré en croyant ensevelir une vieille dame ?
Laura Kasischke propose ici un roman illustré de photos et de cartes postales de cette Maison de David (qui a réellement existé et dont le parc d'attraction vient d'être remis en activité). Elle parsème son texte d'extraits de journaux. Et nous propose de pénétrer dans cette communauté au bord du déclin. Nous rencontrons les jeunes vierges qui entourent Benjamin, la vieille Cora Moon qui le conseille, la belle et rebelle Lena qui veut fuir les lieux. Le puzzle se met en place. Certaines pièces nous déconcertent voire nous dérangent : les victimes seraient-elles aussi coupables ? Mais l'ensemble fait sens.
On retrouve dans ce texte le style cru de Laura Kasischke. On y lit le thème de la décomposition, très présent dans ses autres romans, cette pourriture sucrée des fruits trop mûrs. L'atmosphère est mystérieuse et malsaine mais pas aussi pesante que dans ses derniers écrits. Il y a ici une subtilité presque perverse qui nous fait imaginer ce que l'auteur tait.
Bref, le thème de ce livre et son traitement, un peu différent de ce à quoi Kasischke nous a habitué, m'ont beaucoup plu. J'ai été fascinée par cette secte. J'ai aimé cette façon de présenter les personnages par quelques facettes et de nous laisser imaginer le reste, de confronter roman et réel, de ne pas donner de solution mais de laisser le lecteur trancher.
Il doit être, qui plus est, encore meilleur en VO.
RépondreSupprimerPas de comparaison possible pour celui-ci... Ceci dit jamais je n'ai été dérangée par une traduction de Kasischke.
SupprimerC'est un point qui nous sépare, je ne suis pas fan du tout de cette auteure. ;)
RépondreSupprimerCela fait quelques livres en moins sur ta LAL ;) Et puis, les goûts et les couleurs, c'est aussi riche quand on n'a pas le même avis
SupprimerBonjour Praline. Comme toi, j'aime beaucoup L. Kasischke. J'apprends l'existence de ce livre qui me tente beaucoup avec ton billet. Malheureusement, mon niveau d'anglais risque de ne pas être suffisant. Il va donc falloir que j'attende la traduction (mais l'engouement suscité par l'auteur en France je pense que ça devrait se faire un jour ...). Merci pour la découverte !
RépondreSupprimerJe t'en prie ! J'espère qu'il sera traduit prochainement car il est très chouette. Néanmoins, comme c'est un format un peu bâtard, entre la nouvelle et le roman, j'ai craint que cela ne prenne un peu de temps. Pour te rassurer, ce n'est pas un anglais très compliqué : si tu sais lire Harry Potter en VO par exemple, ça ne devrait pas te poser de souci.
SupprimerAheum ... Même Harry Potter je ne suis pas sûre d'y arriver ... J'ai des tonnes d'anecdotes catastrophiques sur mes problèmes de compréhension lors de mes voyages en Angleterre ... J'attendrai donc !
Supprimer:)
SupprimerJe n'ai pas encore lu un seul de ses romans mais je vais tenter d'y remédier.
RépondreSupprimerTu me diras ce que tu en penses, j'ai l'impression qu'on adore ou qu'on déteste cette auteur.
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