Il est des personnages publics inspirants qui écrivent leur autobiographie. C'est le cas de Simone Veil et mon envie de la lire, plus ou moins présente depuis un bout de temps, a grandi avec l'entrée au Panthéon.
Elle se raconte dans cet ouvrage dans sa vie personnelle et politique successivement. On découvre une enfance heureuse et choyée à Nice avant sa déportation à 16 ans à Auschwitz, puis l'horreur des camps où elle perd une majorité des siens. Puis elle décrit son parcours de magistrate, dans l'administration pénitentiaire, puis son parcours politique : à la Santé et au Conseil Européen et au Conseil Constitutionnel. Enfin, son rôle auprès du Mémorial de la Shoah.
On y rencontre une femme de convictions et de caractère, investie et réfléchie. Elle nous décrit les difficultés de ses postes, notamment autour de l'IVG, y écorche ou y loue quelques hommes politiques, et nous parle peu de sa vie personnelle une fois devenue femme publique. Un témoignage intéressant pour connaitre le personnage de l'intérieur.
"D'une manière générale, tout ce que l'on inscrit habituellement au compte d'une morale "internationale" ne me met pas à l'aise. Je trouve certes louable de vouloir que les peuples se réconcilient, sauf à observer qu'en dépit de leurs intentions généreuses, les mouvements des droits de l'homme y parviennent rarement. Il arrive même qu'ils obtiennent le résultat inverse en radicalisant l'opposition entre ceux qu'ils ont catalogués comme étant les "bons" et les autres, montrés du doigt, les "méchants". Et puis, autre chose me gène dans ces droits de l'homme prétendument universels, c'est que, précisément, ils ne le sont pas. Il y a toujours deux poids et deux mesures. Quand il s'agit de négocier des accords commerciaux avec la Chine, le silence est d'or. Quand on cherche à séduire Poutine, on lui décerne volontiers des brevets de civisme, passant sous silence ses manquements aux sacro-saints droits de l'homme. Au fond, c'est toujours aux faibles que l'on fait la morale, tandis qu'on finit par blanchir les puissants"
"On parle beaucoup ici ou là du droit d'ingérence. Il me parait devoir être manié avec précautions, plutôt que d'être parfois brandi de manière inconsidérée. Quand à la force armée de cette idéologie, je veux dire la justice internationale, elle me semble tout aussi inadaptée aux situations particulières des États. A partir du moment où le Chili est redevenu une démocratie, il eut été préférable de laisser aux chiliens le soin de juger Pinochet plutôt que de rameuter l'opinion mondiale pour, du reste, ne rien obtenir. Il est déjà difficile pour un pays de sortir d'un système dictatorial ; si en plus les détenteurs de la morale internationale s'en mêlent sans même lui laisser le temps de résoudre ses problèmes internes, il semble qu'on ajoute encore au fardeau que les citoyens doivent porter".
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