Ce roman de Jon Kalman Stefansson dormait aussi sur ma PAL. Je savais pourtant qu'il serait beau, qu'il serait marquant, bref, qu'il me fallait l'ouvrir. Mais ça fait partie des romans que j'aime garder pour des circonstances particulières, attendre le bon moment pour l'ouvrir et en profiter. C'est un roman qui nous emmène jusqu'en Islande, près des pécheurs.
Barour et le gamin sont allés au village, ils ont emprunté un livre et reviennent à la cabane de pécheurs. Ils dégustent les vers du Paradis perdu sous le toit bas de la maison. Ils sont un peu moqués par le reste de l'équipage. Le lendemain, Pétur les emmène pêcher. Les hommes rament dans la nuit, à travers une mer dangereuse. Ils s'installent, pêchent. Et Barour découvre qu'il a oublié sa vareuse, tout à la joie de retenir les vers de Milton. Oubli fatal qui le fera périr de froid cette nuit-là. Le gamin, éperdu de douleur de perdre son seul ami, déjà orphelin de toute sa famille, décide d'aller rendre le livre.
Histoire d'amitié et de pêche, c'est un livre infiniment poétique et fort. Il nous plonge dans le monde rugueux des marins, dans la vie des pécheurs de morues. Univers violent et dur, où la camaraderie vient soutenir les forces des hommes. Il nous plonge dans une terre hostile, dont le froid, le vent, la terre peu fertile, pousse les hommes vers une mer traitresse.
Econome de mots, choisissant des images fortes et poétique, c'est un livre qui transporte, qui nous fait vivre une belle aventure humaine.
"L'enfer, c'est d'être mort et de prendre conscience que vous n'avez pas accordé assez d'attention à la vie à l'époque où vous en aviez la possibilité."
"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts. Pourtant, à eux seuls, ils ne suffissent pas et nous nous égarons sur les landes désolées de la vie si nous n'avons rien d'autre que le bois d'un crayon auquel nous accrocher."
"Les yeux échappent à tout contrôle. Nous devons réfléchir où et quand nous les posons. L'ensemble de notre vie s'écoule à travers eux et ils peuvent aussi bien être des fusils que des notes de musique, un chant d'oiseau qu'un cri de guerre. Ils ont le pouvoir de nous dévoiler, de te sauver, te perdre. J'ai aperçu tes yeux et ma vie a changé. Ses yeux à elle m'effraient. Ses yeux à lui m'aspirent. Regarde-moi un peu, alors tout ira mieux et peut-être pourrai-je dormir. D'antiques histoires, probablement aussi vieilles que le monde, affirment que nul être vivant ne supporte de regarder Dieu dans les yeux car ils abritent la source de vie et le trou noir de la mort"
Encore un que j'aimerais lire... ;)
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