C'est dans la bibliothèque secrète de Daraya que j'ai noté ce titre de Moustafa Khalifé. C'est un étrange livre que ce journal romancé.
Le narrateur revient en Syrie après ses études en France. A la sortie de l'avion, il est directement jeté en prison et torturé sans comprendre ce qu'il a bien pu faire pour cela. Transféré à la prison du désert, il y reste plus de dix ans, mis à l'écart par les autres prisonniers pour des questions religieuses. Le lecteur découvre son quotidien avec les maladies, les violences policières, les exécutions sommaires, la torture, la vie en commun dans une cellule, les moments de grâce et ceux d'horreur qui se côtoient. Perdant les plus belles années de sa vie en prison, seul, se terrant dans ses couvertures, il finit par sortir dans un monde qui a changé sans lui et dans lequel il ne peut trouver sa place.
Témoignage terrible de la violence d'une dictature et d'un pays où l'on peut être emprisonné pour rien, cet ouvrage à la langue froide et crue nous éclaire sur cet arbitraire des régimes totalitaires. L'absurde de cet enfermement et la passivité voire la résignation du narrateur interpellent tout autant que la deshumanisation des prisonniers par les policiers. Inspiré de l'expérience de l'auteur, c'est une lecture qui fait froid dans le dos.
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