Je connaissais l'histoire du génocide cambodgien grâce à un livre, Survive le peuple cambodgien de J. Lacouture, que l'on a mis dans mes mains alors que j'étais adolescente. Je n'en ai que de rares souvenirs.
Ce livre de Rithy Panh et Christophe Bataille raconte à la fois l'histoire de Rihty et celle de Duch, responsable du camp de détention S-21. D'autres personnages apparaîssent, bourreaux et victimes.
Rithy est fils d'un sénateur. Il raconte comment sa famille est dispersée et décimée. Appartenant au nouveau peuple, c'est-à-dire aux classes éduquées qui ont besoin d'être "rééduquées", Rithy travaille dans les rizières, dans des hopitaux... Autour et avec lui, les hommes ont faim, ils souffrent, ils se font arrêter, torturer et tuer. Rithy survit. Mais frôle bien souvent la mort. Sa famille ? Il voit ses neveux mourir de faim, son père mourir de desespoir, sa mère... il arrive trop tard.
Quant au face à face avec Duch, ce sont quelques mots. Nie-t-il ses actes ou les assume-t-il ? Rouage d'un système ou décideur ? Et cette torture, comment pourrait-il l'ignorer ? Le mathématicien, le bureaucrate converti ou technicien de la révolution, que dit-il à la caméra ? Quels slogans retient-il ? Il se coupe, il rit, parfois se ferme.
Dans un monde que les khmers façonnent avec la peur et le sang, au nom d'un communisme soi-disant égalitaire, l'Angkar, c'est tout un peuple qui disparaît dans les charniers. Rithy Panh, dans la lignée des écrivains comme Primo Levi, qu'il évoque et questionne, raconte son histoire et celle de son pays. Il s'approche du bourreau en cours de jugement. Il s'interroge aussi sur ce qu'est le survivant, sur sa difficulté à vivre.
Merci au Livre de poche pour cette lecture essentielle sur notre histoire récente, encore mal connue. Le style est simple, concis et sobre. Les événements sont épouvantables. A l'époque de tous les négationnismes, un livre comme celui-ci est indispensable.
Il y a eut un très beau film également, dans les années 80, sur ce sujet.
RépondreSupprimerConnais-tu son titre ? Merci !
Supprimerj'ai bcp aimé également : ce questionnement, cette recherche de sens permanente.
RépondreSupprimerOui, ce témoignage est très riche !
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