Ce mois-ci, le blogoclub est consacré à la figure maternelle. La lecture proposée était La promesse de l'aube de Gary, que j'ai déjà lu. J'ai donc pris le second sur la liste, ce roman d'Albert Cohen dont j'avais adoré Belle du seigneur.
Ce roman est un poème empreint de lyrisme, un hymne à l'amour maternel. Le narrateur nous raconte sa mère. Elle n'est pas très jolie, elle parle avec un drôle d'accent. Enfin, elle était. Car elle est morte. Et maintenant qu'enfermée dans son cercueil elle ne peut plus veiller sur son fils, celui-ci prend conscience de son amour insurpassable, de son dévouement à toute épreuve. Et il regrette. Il regrette de n'avoir pas plus profité de cet amour, de ne pas l'avoir plus goûté et de lui avoir préféré des jolies donzelles. C'est la déclaration tardive et excessive d'un fils ingrat à sa mère adorée. C'est le moment où il réalise qu'il est désormais seul au monde, que personne d'autre que sa mère ne pourra jamais l'aimer autant. C'est le moment où il se sent coupable de vivre, de continuer à vivre malgré cette mort. Comment peut-il encore manger, dormir, écrire ?
C'est à la fois déchirant sur le deuil, superbe sur l'amour et la solitude, drôle sur le jeu social. On y retrouve les thèmes chers à l'auteur et déjà mis en lumière dans Belle du seigneur : la superficialité et la vanité de l'humain, attaché à la jeunesse et à la beauté, les moqueries sur l'identité juive, ainsi que la variété de tons, du tragique au burlesque, etc. Par contre, ce livre ne se lit pas vraiment d'une traite, les lamentations de l'auteur sont un peu répétitives.
J'en garderai des citations comme "Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte" ou "Qui dort, sinon ma mère éternellement, qui dort, sinon ma mère qui est ma douleur ? Ne la réveillez pas, filles de Jérusalem, ma douleur qui est enfouie au cimetière d'une ville dont je ne dois pas prononcer le nom, car ce nom est synonyme de ma mère enfouie dans de la terre" ainsi que des moments de craquages comme ses rimes sur les vaches "Une vache éprise Chante dans l'église D'un air lascif. Une vache andalouse Danse en bonne épouse D'un air chétif..." ou le Roméo au nez coupé.
J'ai adoré ce texte, tout comme j'avais adoré le Gary !
RépondreSupprimerJe crois que Gary reste mon chouchou
SupprimerEffectivement, les billets sur Gary ne peuvent que te tenter !
RépondreSupprimerJ'ai mis le Gary au pied de mon lit, je crois que je vais le relire
SupprimerJe lirai aussi "le livre de ma mère"... un jour !
RépondreSupprimerIl est chouette
SupprimerUne lecture que j'avais beaucoup aimé à l'époque. Un très bel hommage.
RépondreSupprimerOui !
Supprimercoucou, j'ai bien les liens, je suis juste un peu à la bourre pour les liens.
RépondreSupprimerSi tu pouvais mettre un logo du challenge et un lien, ce serait super gentil ;)
Des bises
c'est fait, merci !
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