Voici un autre essai d'Amin Maalouf, plus récent que les Identités meurtrières, mais qui interroge tout autant notre rapport à l'autre. Parcourant l'histoire de l'Orient au XXe siècle et au début du XXIe, l'auteur s'inquiète. Car un vent violent parcourt le monde, qui semble bien aller à sa perte.
Entre l'essai et le témoignage autobiographique, Amin Maalouf remonte le temps. Il voit des lignes de fracture : la guerre des 6 jours, qui a écrasé le rêve arabe et fait de l'Orient un perdant ; et 1979, avec la chute du shah d'Iran, le début de la guerre en Afghanistan, la prise d'otage à la Mecque... Et le discrédit du communisme, la faiblesse des USA et de l'Europe pour inspirer d'autres. Bref, c'est plutôt l'histoire des rendez-vous ratés et chacun dans son coin que tous ensemble ! C'est cela que déplore l'auteur. Il met aussi en garde : comment rester en démocratie alors que les ténèbres s’amassent ? Et comment ne pas tomber dans le piège de la sécurité, du confort et du bonheur qui nous ferait abdiquer notre liberté ?
"Tout au long de l'histoire, les expulsions massives, qu'elles paraissent justifiées, légitimes ou pas, ont généralement nui à ceux qui sont restés bien plus qu'à ceux qui ont été chassés"
" Dans une société où les minoritaires subissent la discrimination et la persécution, tout se corrompt et se pervertit. Les concepts se vident de leur sens. Parler encore d'élections, de débats, de libertés académiques ou d'Etat de droit devient abusif et trompeur"
"Ce qui caractérise l'humanité d'aujourd'hui, ce n'est pas une tendance à se regrouper au sein de très vastes ensembles, mais une propension au morcellement, au fractionnement, souvent dans la violence et l'acrimonie [...] Ce qui aggrave encore cette tendance, c'est que le monde est aujourd'hui rempli de "faux ciments" qui, telle l'appartenance religieuse, prétendent réunir les hommes alors qu'ils jouent, dans la réalité, le rôle inverse"
"Je suis même tenté de redire ici ce que j'ai dit à propos de Mandela et de sa manière de remédier aux tensions raciales dans son propre pays : il arrive que la générosité soit la moins mauvaise solution ; et il arrive qu'une bonne action soit aussi une bonne affaire"
"Ce que je regrette, c'est la disparition d'un certain état d'esprit qui a existé du temps des empires, et qui considérait comme normal et légitime que les peuples vivent au sein d'une même entité politique sans avoir forcément le même religion, la même langue, ni la même trajectoire historique"
"Nous progressons dans de nombreux domaines, nous vivons mieux, et plus longtemps. Mais quelque chose se perd en route. La liberté d'aller et de venir, de parler et d'écrire, sans être constamment surveillés"
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