samedi 13 septembre 2014

Le Prix unique du livre à l'heure du numérique

Voici un intéressant petit essai de Mathieu Pérona et Jérôme Pouyet sur l'économie du livre

Les premières parties "Le secteur du livre" et "Le prix unique du livre : comment et pourquoi ?" s'intéressent à la chaîne du livre telle que nous la connaissons depuis la loi de 1981 qui encadre le prix des livres. L'économie du livre est particulière pour plusieurs raisons : le livre est un bien d'expérience. On ne peut que difficilement en prédire le succès car celui-ci n'est pas lié à des conditions matérielles (gps intégré, sans huile de palme, etc.) mais à un phénomène de buzz, alimenté par les médias mais surtout par le bouche-à-oreille. Par ailleurs, le livre a une vie très brève : il est exposé quelques semaines sur une table avant de rejoindre les autres "rossignols" sur les étagères. Enfin, une foultitude de titres sort chaque année : le rôle des prescripteurs est essentiel pour mettre en lumière un titre. Si le best-seller n'a absolument pas besoin qu'on l'encense, le premier roman d'un auteur ne deviendra un succès que si votre libraire, votre voisin ou un journal vous le conseille. Sinon, vous n'aurez même pas idée que ce livre existe.
Parmi les autres considérations sur la chaîne du livre, nos auteurs signalent une concentration toujours plus poussée des éditeurs (12 éditeurs vendent 80% des livres) et un éclatement des lieux de vente de livres. Et ils constatent un nombre toujours croissant de livres publiés mais une baisse du tirage moyen d'un livre.

Observant ensuite "Les effets du prix unique du livre", on se rend compte que ce prix n'a pas beaucoup augmenté par rapport à l'ensemble des activités culturelles et de loisirs. Mais nos auteurs s'interrogent sur son intérêt. Ils remarquent que la diversité éditoriale est parfois aussi vaste qu'en France dans les pays qui n'ont pas légiféré sur le prix du livre. Et ils proposent d'autres solutions pour l'économie du livre dans "Le prix unique du livre face aux mutations de l'édition". Je retiendrai notamment celle-ci, qui nécessite que l'éditeur connaisse bien l'état de ses ventes : il s'agirait de récompenser les libraires qui lancent le bouche-à-oreille autour d'un livre en proposant une marge plus importante aux détaillants qui vendent les premiers exemplaires d'un roman. C'est une façon de récompenser les libraires qui jouent réellement leur rôle de prescripteur. A l'opposé, le libraire qui vend un best-seller recevrait une marge plus faible. Intéressant, non ?

Vitrine de livres Art deco


Par contre, je m'attendais à ce que cet ouvrage parle un peu plus de l'économie du livre numérique, plutôt absent de l'analyse. Un regard sur le prix du livre, avant les débats sur Amazon et consorts.

2 commentaires:

  1. Pas mal du tout ce concept visant à favoriser les nouveaux auteurs !
    Cela permettrais peut être de nuancer ce phénomène des auteurs de romans de gare. J'imagine que c'est abordé dans ce livre, mais de la même façon que 12 éditeurs vendent 80% des livres, cela ne m'étonnerais pas que ces maisons fassent 80% de leur chiffre d'affaire sur leurs 12 premiers auteurs...

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    1. Malheureusement, il n'est pas beaucoup question des auteurs. Il parle un peu des classements par contre.

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