Précipitez-vous cet après midi au théâtre de l'Athénée si vous souhaitez découvrir ce très bel opéra de Gian-Carlo Menotti, ce sera la dernière ! Attention pour les plus sensibles et déprimés, c'est assez dark.
Magda Sorel (Valérie MacCarthy) vient de voir son mari (Philippe Brocard), que l'on imagine être un opposant au régime, fuir au-delà des frontières. Il l'a laissée seule avec son bébé et sa mère en lui recommandant d'aller au consulat : en écoutant son histoire, le consul ne pourra que l'aider à quitter le pays. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Au consulat, il faut avoir les bons papiers. Il faut attendre. Il faut revenir. Rien n'est jamais en ordre. Et la secrétaire, superbement interprétée par Béatrice Dupuy, ne vous permet pas de voir le consul.
Opéra de la bureaucratie déshumanisée et écrasante, de personnes à la merci d'un régime violent, sans patrie, sans famille, sans papiers. Voilà qui rappelle l'univers de Kafka et son absurdité avec beaucoup de réalisme. Car ces administrations aveugles et sourdes, ces secrétaires non responsables, qui ne les a pas rencontrées ? Et au-delà du réalisme de cette histoire, le spectateur plonge aussi dans des moments oniriques très beaux : le cauchemar de Magda (glaçant), le numéro du magicien, les visages des différents cas... Cette alternance entre rêve et réalité ne dessert pas ce spectacle engagé, bien au contraire, cela lui donne une dimension plus universelle.
Ce qui est remarquable aussi dans cet opéra, c'est l'adéquation des paroles et de la musique ainsi que la poésie des mots, comme dans la chanson du départ de John.
Un spectacle prenant et touchant, dont on ne sort pas indemne, qui fait réfléchir au monde très normalisé dans lequel on vit. Un opéra politique et engagé ! Et demain, on reste dans la politique avec une pièce de théâtre engagée !
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