mercredi 15 octobre 2014

Tristesse de la terre

Je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup croisé ce livre d'Eric Vuillard sur vos blogs, sauf chez Maryline. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai choisi ce livre. Mais je peux vous dire comment. Je l'ai feuilleté, j'ai bien aimé les photographies, et surtout, j'ai commencé à lire la première page. J'ai été immédiatement prise par le style et le rythme de ce roman. 

Il s'agit d'"une histoire de Buffalo Bill Cody" comme l'indique le sous-titre. Une histoire de cow-boys et d'indiens. Et de spectacles et de shows qui réécrivent l'histoire

Robe en bison peint


Les courts chapitres nous font entrer dans la vie de Buffalo Bill à travers l'image. Les photographies scandent ce texte et cette vie, participant à l'écriture de celle-ci. Mais derrière l'image, il a pu exister autre chose. C'est ce que détaille chaque chapitre. 
Le lecteur est invité à revivre le Wild West Show, ce spectacle monté par Buffalo Bill qui montre la supériorité des cow-boys sur les indiens, et à le suivre dans sa tournée en Amérique et en Europe, jusqu'à... Nancy. Il croise Sitting Bull et Big Foot, chefs indiens fatigués, poursuivis par des cavaliers. Il contemple tout un peuple en voie d'effacement, décimé par la bataille (en réalité, un massacre) de Wounded Knee. "Les derniers pèlerins du monde seront des bandes misérables, peuples chassés, gens que l'on déporte ou repousse. Ce seront de longues files de morts". Il suit un entrepreneur sans pitié et sans joie, qui cherche avant tout à enrichir son show, à faire vivre le divertissement en travestissant l'histoire, donnant le beau rôle au vainqueur blanc. 

Un très beau récit qui est bien plus qu'une biographie mais aussi bien moins que cela. Pourquoi bien moins ? Parce que le lecteur n'a pas l'impression de tout connaître de Buffalo Bill, sa vie semble être le fil rouge ou le prétexte de l'ouvrage. Mais c'est aussi bien plus car ce livre interroge sur l'écriture de l'histoire, sur la force des images et du spectacle, sur la place de l'homme dans le monde, sur sa façon de se rendre maître de tout et de tous. 

Ce qui m'a porté tout au long de cette lecture, c'est aussi la très belle plume d'E. Vuillard. J'ai aimé le rythme de ses phrases, le choix de ses mots, précis, la poésie de ses images. C'est une écriture qui fait passer énormément d'émotions

Sur l'exploitation des hommes pour le divertissement d'autres hommes, je vous conseille aussi un essai passionnant sur les Zoos humains
Et sur les Indiens, il y avait la belle expo du musée du Quai Branly.


8 commentaires:

  1. J'en ai entendu parlé à la radio, mais il ne me tente pas.

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  2. C'est le 1er que j'ai lu de cette rentrée. J'ai trouvé ce petit livre inclassable passionnant, mais trop court ou trop dense ou manquant de souffle...Tu as raison d'évoquer les zoos humains, car le regard que portent les spectateurs du show sur les indiens y fait vraiment penser.

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  3. Je précise que je m'appelle Vio mais ta plateforme ne veut pas de mon pseudo !



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  4. Comme toi, saisie par la plume. Et ce choix narratif, ce fil rouge, m'a fascinée. La rencontre avec l'auteur qui a suivi ma lecture, un échange sur le rôle de la fiction, a été passionnante.
    ( merci pour le lien )

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    1. Tes articles étaient parfaitement convaincants :) Et c'est un plaisir pour le lien. Je crois que sans toi, je serais passée à côté.

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