Ce nom ne te dit rien ? Mais si, c'est le plafond bleu intense de la salle des bronzes grecs au Louvre. C'est cette peinture mythologique pleine de soleil. Regarde !
Cy Twombly, Coronation of Sesostris, 2000, Coll. Pinault |
Bien entendu, cette rétrospective te montrera que tout ne commence pas par la couleur et l'intensité des années 2000. Dans les années 50, Cy Twombly travaille à la mine de plomb sur des toiles beiges. Ce n'est pas forcément ce qui va retenir ton attention. Tu vas peut-être t'aventurer plus loin, (re)découvrir combien c'est un peintre classique, nourri de littérature et de peinture. Qui fait des clins d'oeil à l’École d'Athènes par exemple. Qui joue avec les couleurs, leur intensité. Parfois, c'est à la façon des ardoises couvertes de craie. D'autres, c'est comme du sang qui éclabousse la toile.
Ton premier choc, ta première pause contemplative, un peu longue, parfois nauséeuse, sera sans doute devant les Nine discourses on Commodus. L'empereur Commode, qui est tout sauf cela. Cela commence doucement, avec ce fond gris, apaisant, ce nuage/cerveau blanc dans son quadrillage, qui se floute et se colore de rouge et de jaune, cachant cette forme blanche, s'accumulant et dégoulinant sur la toile. C'est une série qui te dérangera peut-être, qui te questionnera à coup sûr !
Tu t'attacheras peut-être aux sculptures, comme des faux marbres, aux photos. Ou tu t'arrêteras devant ces fenêtres de verdure et d'écume que sont Bassano in Teverina.
Cy Twombly, Sans titre (Bassano in Teverina), 1985, Cy Twombly Fondation |
Mais d'autres surprises t'attendent. Il y a un cycle des saisons qui va t'attirer le regard. Qui va te donner envie de traverser la pièce. N'y cède pas, tu pourrais manquer le cycle 50 days at Iliam. Si tu es fan de l'Iliade ou de la Grèce antique comme moi, c'est un endroit que tu vas adorer. Le bouclier d'Achille qui tourbillonne, la colère et la tristesse du héros, les ombres qui errent après la guerre... Tu peux prévoir un peu de temps pour profiter de chaque œuvre et de la vue d'ensemble du cycle, de la violence à la mort.
Cy Twombly, 50 days at Iliam, Shades of eternal night, 1978, Philadelphia museum |
Voilà, maintenant, tu peux te perdre dans les saisons. C'est une nouvelle pause. Ce qui t'attends derrière, c'est un autre cycle. Alors patiente un peu, tu vas passer de la Grèce à l'Egypte. Oui, dans le bain de soleil du début. Et l'abstraction des formes, explicitées par des mots, par des couleurs qui déclenchaient tant d'émotions en toi va s'effacer. Plus de petit nuage rageur d'un Achille en colère, d'éclaboussures sanglantes. Tu retrouves dans The Coronation of Sesostris le voyage d'une barque, tu devines des corps, tu te réchauffes devant le soleil éblouissant. C'est plus doux. C'est une traversée où l'on se laisse glisser, sans tempête. Mais pas sans nerfs. L'omniprésence du gribouillis, sur telle ou telle partie des cycles, rappelle le bouillonnement initial.
Et puis, tu te glisseras dans les dernières salles, où l'on croise de glauques nymphéas, aux couleurs de chambre d'enfant. Tu verras Blooming, qui captive les visiteurs. Peut-être resteras-tu comme moi, coincé dans les toiles antiques, assommé par le choc des couleurs et la taille des œuvres suivantes. Et tu ressortiras en rêvant de replonger dans des lectures gréco-romaines... Bonne visite !
Je n'avais jamais pensé à regarder les plafonds du Louvre. A tord !
RépondreSupprimerIl y en a de splendides !
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