Je viens de finir mon premier Patrick Modiano pour le blogoclub. Merci pour cette initiative car voilà des années que j'avais envie de lire ses romans et que je repoussais ce moment (oui, c'est pas très cohérent). Mon impression à chaud : une atmosphère plus mystérieuse qu'elle n'y parait, des personnages qui ne se livrent pas tout entiers. Bref, un livre tout en retenue, un peu ambigu.
Faut-il parler un peu du contexte ? Notre narrateur vit à Nice. Il croise une de ses connaissances, Villecourt, et déroule rétrospectivement le fil entre son arrivée à Nice. Rejoint par Sylvia, qui porte au cou un gros diamant, la Croix du Sud, il cherche un moyen de le vendre. Les Neal, un couple d'américains, semble intéressé...
Mais il y a dans ce roman beaucoup plus et beaucoup moins qu'une histoire d'amour et d'argent. On y croise l'ennui et la déchéance d'un homme. C'est un roman dans lequel l'obscurité semble régner ; même en plein soleil, les zones d'ombres gagnent. Ce n'est pas la Nice lumineuse de l'été, c'est une ville froide, dans laquelle les gens se croisent sans se voir, dont les grands hôtels ont perdu leur éclat. Décrépitude des choses et déchéance des hommes, est-ce là le sujet du roman ?
Pas seulement, c'est aussi un roman de l'incompréhension, du regret et du temps qui émousse. Il laisse au lecteur une curieuse impression d'inachevé, de renoncement et de nonchalance. De l'humidité aussi. Celle de ce meublé qui colle à la peau des personnages. Et du lecteur.
Non, on ne saura pas tout, voire on n'en saura de moins en moins à mesure qu'on avance. Car l'écrivain joue avec les apparences et les non-dits, laissant au lecteur le soin de combler ou non les trous.
Je sors de cette lecture avec cette impression de tristesse et de flou, de mystère et de vanité. C'est curieux, presque physique comme sensation. Je crois que j'ai compris de quoi on parle lorsqu'on parle de l'ambiance des romans de Modiano.
la fin m'a laissé longtemps songeuse... tout en atmosphère...
RépondreSupprimerBonne fin de journée!
Une ambiance bien étrange, en effet, se dégage de chaque lecture que je fais de cet auteur.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que c'est un peu sa signature
SupprimerC'est certain que l'auteur aime le flou comme sa pensée quand il l'évoque à l'oral. Je pense avoir fait le tour de l'auteur en 10 romans...
RépondreSupprimerJe te sens lassé de ce flou...
SupprimerJe suis assez d'accord avec tout ce que tu dis, la côte d'Azur est toujours vénéneuse chez Modiano, en revanche, je m'étonne de voir le terme de vanité...je n'ai pas ce sentiment là, de mystère, de flou, oui, mais de vanité je ne suis pas sûre (à moins que tu parles de l'un des personnages?)
RépondreSupprimerC'est l'un de mes préférés de l'auteur, mais c'est parce que je connais bien les lieux aussi sans doute.
Bon lundi
Merci :) Vanité dans le sens "Vanitas vanitatis", dans le sens des natures mortes qui renferment sous leurs couleurs plus ou moins vives l'imminence de la mort et le sentiment que la vie est courte... Ne trouves-tu pas un peu de ça chez Modiano ?
Supprimercomme je le disais chez Hélène, je lirai un jour ce roman parce que c'est un de ceux qui me tentent le plus de lui. Bises
RépondreSupprimerBonne lecture
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