C'est une amie qui m'a parlé de Marion Muller Colard. J'ai entendu une de ses interviews et, très vite, j'ai eu envie de la lire.
Dans ce roman, on suit Sylvia, une mère qui vient de perdre son enfant. Une femme qui ne pleure pas, ou ne pleure plus. Une femme qui se croit presque soulagée de cette perte. Car Bastien, lourdement handicapé depuis la naissance, elle le soigne depuis plus de 30 ans. Rien n'habite son corps, rien n'éclaire son regard. Bastien ne réagit jamais. Sylvia le promène, le lave, le nourrit, le masse seule, avec son mari, depuis qu'il est né.
C'est donc Clothilde, la sœur de Bastien, qui prend l'enterrement en main. Et Clothilde, elle pleure. Elle regrette Bastien, elle jouait avec lui, même s'il ne répondait pas, elle l'aimait.
Sylvia, entre le moment du décès et l'enterrement, est comme pétrifiée. Elle ne ressent pas. Elle agit automatiquement, au point de risquer de se noyer dans la Durance qui elle, ne cesse de se gonfler d'eau et déborde. Et Sylvia, peut-elle laisser déborder un trop plein ?
Entre présent et passé, la mort de Bastien réveille des souvenirs d'enfance, des drames, des joies aussi. Et s'il avait une place, une autre place que celle qu'on imaginait. Et s'il donnait du mouvement aux autres ce Bastien ?
Sobre, précis dans son écriture, c'est un roman profond et beau sur le deuil, sur la force du vivant.
Une très belle région que celle où coule la Durance.
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