dimanche 31 décembre 2017

Belle année 2018

De 2017, quelques lectures surnagent. Finalement peu par rapport à tout ce que j'ai lu. Il y a ceux qui parlent de la guerre et de ses victimes, de ses héros et de ses vaincus. Il y a le témoignage intime d'une héroïne malgré elle. Il y a des contes noirs et fantastiques. Il y a des voyages au coeur de l'Amérique. Et dans notre propre société. C'est un peu mon best-of.

Et pour 2018 ? Comme tous les ans, j'espère de belles lectures, plus de découvertes et de rencontres... Et je vous en souhaite aussi !


jeudi 28 décembre 2017

L'Enfant bleu

C'est un titre de Bauchau, comme tous ses titres d'ailleurs, qui patiente parmi les titres de ma LAL depuis des années. Je l'ai noté au début du blog, il doit y avoir 10-11 ans. Je ne sais pas si c'est un coup de coeur, car j'y ai trouvé quelques languides longueurs, mais pas loin.

Véronique, psychanalyste, rejoint un hôpital de jour. On lui confie un adolescent psychotique, Orion. Orion dit "on ne sait pas". Il est poursuivi par le démon de Paris. Il dessine des îles et des labyrinthes. Ses camarades le poussent à bout, pour le voir se déchainer et lancer des tables et des chaises. Ses parents pensent qu'il existe des vrais et des faux métiers. Et que le talent d'Orion pour le dessin n'est certainement pas une voie. Et pourtant... Avec Véronique, Orion découvre Thésée et le minotaure, une image et un mythe puissant, qui construisent ce roman et la personnalité d'Orion. 

C'est le roman d'une analyse au long court, d'un adolescent devenu jeune homme. D'un dessinateur devenu artiste. C'est une relation entre le patient et le médecin, entre la mère et le presque enfant, entre des amis. C'est aussi des œuvres qui s'écrivent, qui se créent, entre poésie, musique, peinture et sculpture... Un très beau roman sur la vocation artistique, sur l'accomplissement d'une partie de soi par l'art.
Lucas, Fade into you

jeudi 21 décembre 2017

Récits d'un pélerin russe

Voilà un petit ouvrage de piété russe fort sympathique, qui retrace le voyage d'un homme qui est saisi par une parole "Priez sans cesse". Il se met en quête des moyens pour prier, de ce qu'est réellement la prière. Il interroge, il lit, il expérimente.

On le suit durant son parcours et ses lectures. Il rencontre notamment un staret (moine) qui lui enseigne à prier très simplement, en répétant sans cesse "Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, prends pitié de moi". Puis son pèlerinage se poursuit, il rencontre des brigands, il travaille, détourne une jeune fille du mariage, est reçu par des hôtes très saints, etc. A chacun, il enseigne la prière du coeur, la prière qui s'incarne dans chaque battement de coeur et permet de prier sans cesse. Et d'être toujours avec Dieu. Car c'est finalement ce que recherche notre narrateur : l'union parfaite avec Dieu. 

Texte classique de l'orthodoxie, il est à la fois très abordable sur sa forme et très profond. 

mercredi 20 décembre 2017

Coco

Ah, il est très sympa le dernier Disney. Et très esthétique. Et hispanophone parfois. Bref, plein de qualités !

C'est l'histoire de Miguel, un jeune garçon qui veut être musicien alors que les siens ont banni la musique. Pas très original comme point de départ. Sauf qu'en voulant trouver (ou plutôt voler) une guitare, Miguel se retrouve au pays des morts. Commence une course poursuite entre Miguel et ses ancêtres... qui nous fera découvrir l'univers coloré et merveilleux de ce pays. A la recherche d'Ernesto de la Cruz, le célèbre musicien, Miguel espère lui aussi percer dans la musique. 

Je ne vous en dit pas plus sur l'histoire... Car ce qui m'a fascinée par dessus tout est la culture latino, les éléments du Dia de los muertos, les musiques, les couleurs... et tout cet univers visuel très fouillé, très riche, qui donnait parfois envie de faire des arrêts sur image pour mieux l'admirer.

lundi 18 décembre 2017

Quand pleurent les étoiles

Encore un roman qui trainait sur ma PAL depuis...15 ans ! Je pense d'ailleurs que j'aurais dû le lire quand il m'a été offert, j'aurais eu le même âge que le héros, j'aurais peut-être moins vu venir la fin et les intrigues. Mais soit, c'était tout de même un bon moment de lecture que ce roman de Jean-Luc Angélis.

Jacques a 18 ans, il vient de passer son bac et se voit chargé d'une étrange mission. A la mort de Marc, son parrain, il est invité à l'enterrement et au repas qui suit, en compagnie des amis chers à Marc : le cheikh Abdallah, des veneurs, des marins de Bretagne, des éthiopiens... Des personnes d'ailleurs dont Marc, aventurier et voyageur, a su se faire apprécier. Et chacun raconte un peu de ce qu'il a connu du défunt. Jacques va de surprises en surprises, découvrant un homme bien plus ample que celui qu'il connaissait.
Mais c'est à l'ouverture du testament qu'il est le plus surpris. Marc lui a laissé une mission, un jeu. Une chasse au trésor qui va durer une année et faire voyager Jacques sur tous les continents.

Joli roman d'initiation, plein d'énigmes et de rencontres, ce roman est un hymne à l'ouverture et à l'aventure. Destiné à la jeunesse, il pourra aussi plaire aux grands.


mercredi 13 décembre 2017

Meilleurs alliés

C'est un peu par hasard que l'on a choisi d'aller voir cette pièce d'Hervé Bentégeat au Petit Montparnasse. Le côté joute oratoire entre de Gaulle et Churchill nous tentait bien. Incarnés par Pascal Racan et Michel de Warzée, ces personnages sont plutôt convaincants dans leurs rôles. On y croit ! Par contre, il y a trop de phrases percutantes à la minute, on a l'impression que la pièce est un prétexte pour les utiliser plus qu'autre chose. Car derrière ces discussions et ces jeux de mots, les enjeux sont finalement énormes : la France libre va-t-elle ou non débarquer ? De Gaulle peut-il être reconnu comme la voix de la France ou faut-il le bâillonner et laisser les américains prendre le lead ? 

Pièce en deux temps, en face à face, puis avec des intermédiaires qui tentent de simplifier les relations entre les deux meneurs, elle est rythmée. Le spectateur, même s'il connait la fin, est parfois tendu sur son fauteuil, parfois détendu car les bons mots ne manquent pas. Un petit regret, le passage au plan affectif des relations. "Churchill ne m'aime pas", "de Gaulle ne m'a jamais aimé" etc n'est pas très bien utilisé selon moi et donne un aspect un peu artificiel et niais à certains passages. Mais l'ensemble est agréable ! 


lundi 11 décembre 2017

L'enfant qui

Deuxième rencontre avec Jeanne Benameur. C'est poétique, c'est forestier, c'est polyphonique, c'est mystérieux, c'est un peu court...

Dans ce roman, nous suivons trois rescapés. Trois personnes qui tentent de survivre au départ (ou à la mort, on ne sait pas vraiment) d'une femme. Une femme qui était entrée dans la vie du père par la lecture des lignes de sa main et sa démarche libre dans sa jupe mouvante. Une femme accueillie dans la maison familiale par la mère du père. Une femme devenue mère d'un petit être rêveur, libre, qui explore les bois avec un chien invisible aux yeux des autres. 

Tous les trois, mais surtout l'enfant, souffrent de ce départ. Et un matin, chacun de son côté va vivre une expérience singulière pour continuer à vivre sans elle, un rite presque initiatique, qui fait remonter souvenirs et sensations perdus.

Une femme qui se dessine en creux, que l'on devine mais qui nous reste aussi insaisissable que sa langue. Et une narratrice, présente près de l'enfant, discrète mais qui s'épanouit aux dernières pages. Une lecture que j'ai trouvé belle de son écriture et de ses non-dits même si parfois trop vague et floue.

vendredi 8 décembre 2017

Sa majesté des mouches

C'est quand même dommage de faire des couvertures aussi moches ! Car c'est clairement ce qui m'a fait me tenir loin de ce roman de William Golding depuis des années. Alors que c'est franchement génial.

De jeunes enfants ont survécu à un crash et se retrouvent livrés à eux-même sur une île. Ralph, charismatique et sportif, est élu chef. Il se donne une priorité : allumer un feu pour être visible des bateaux et pouvoir être sauvé. A ses côtés, Porcinet, un petit gros myope et asthmatique, qui lui souffle quelques bonnes idées mais sert de bouc émissaire au groupe. En face, Jack, un garçon qui aime commander et se retrouve à la tête des chasseurs qui veulent attraper les cochons de l'île. Tout autour, des petits, qui se baignent, mangent et dorment sans trop se soucier du reste. Mais qui font des cauchemars et voient un monstre sur l'île. Et des grands, tour à tour proches de Jack ou de Ralph.

Le semblant d'ordre et l'organisation souhaité par Ralph tourne court. La rivalité entre Jack et lui croît. Le feu est délaissé. Les cabanes ne tiennent pas debout. Le monstre prend de l'ampleur. Bref, le modèle que tentait de préserver Ralph craque de toutes parts. La violence et la superstition grandissent. Et l'effroi du lecteur avec. 

Roman au style un peu plat, aux personnages assez peu nuancés et à la fin expédiée, il n'en est pas moins très intéressant, sociologiquement parlant. Il dénote d'une vision très pessimiste de la nature humaine et des rapports sociaux. Je m'interroge sur les fondements de ce roman, sur des expériences qui ont pu être menées sur les comportements en l'absence d'une société et de lois... En tous cas, c'est plutôt effrayant comme résultat. Et j'ai du mal à y voir un livre jeunesse !


lundi 4 décembre 2017

Moi qui ai servi le roi d'Angleterre

Offert à l'Amoureux par ses collègues tchèques, ce roman de Bohumil Hrabal a longtemps patienté sur notre PAL. Le titre ne nous disait rien. Et puis un jour, je l'ai ouvert et y ai trouvé un joli bijou d'humour.

Notre narrateur et héros est un petit homme intelligent et opportuniste. Groom dans un hôtel de Prague, il devient millionnaire. Il commence par vendre des saucisses à la gare (où il ne rend pas la monnaie, les trains partent trop vite) puis sert en salles. Il passe d'hôtels en hôtels, toujours meilleur dans son service. Il parie avec le maître d'hôtel sur les nationalités et les commandes des clients. Il sert le Negus et le Président. Et tout cela, avec un regard frais sur les clients et leurs mœurs. Le passage du général qui dénigre tout est particulièrement amusant, ou celui des vieux juges qui regardent les filles. Notre groom lui-même est fantaisiste, il aime couvrir les femmes de pétales ou de feuilles. Ce qui touche profondément sa future femme, une petite allemande dynamique et patriote. Dans la Prague des années 30 puis 40, c'est pas terrible comme mariage. Méprisé par les allemands et traitre aux tchèques, notre petit groom se retrouve dans une station thermale pour belles ariennes enceintes. Du coup, ça aurait pu mal se passer à la fin de la guerre s'il n'avait été, par méprise, pris pour un résistant. Et c'est ainsi qu'il continue son irrésistible ascension et devient propriétaire d'un joli hôtel. Enfin, jusqu'à ce que les communistes internent les millionnaires.

Voilà un petit bonhomme, sans morale ni patrie, qui transforme chaque difficulté en opportunité. Porté par l'ambition d'être riche, il fait toujours les bons choix... et la chance le sert. Bref, ce n'est pas quelqu'un de très fréquentable mais sa manière de regarder le monde et de conter son histoire est terriblement amusante voire truculente ! 

vendredi 1 décembre 2017

Dans les forêts de Sibérie

Pour les retrouvailles du blogoclub, c'est ce titre de Sylvain Tesson qui a été choisi. Il était question de globe-trotters et aventuriers... Ce qui est bien le cas de notre auteur mais est-ce une aventure de s'enfermer dans une cabane près du lac Baïkal ? C'est à travers son journal de bord que nous allons le découvrir.

De février à juillet dans une cabane au fin fond de la Sibérie. Pas de voisins, si ce n'est quelques ours, phoques et insectes au printemps. Des litres de vodka, des livres, des vivres... Et pas grand chose de plus. Un véritable ermitage. Enfin, avec tout de même de la technologie (ordi, portable, etc). Au programme des journée, quelques activités indispensables comme fendre du bois et prendre des poissons. Et quelques autres non moins essentielles comme observer les mésanges, partir en expédition autour de sa cabane, saluer des voisins à quelques jours de marche (oui, pas de véhicule pour notre ermite si ce n'est un kayak), adopter des petits chiots, recevoir (parfois, rarement) des nouvelles du monde. Pour un voyageur, c'est un étrange défi que de demeurer ainsi. Las de trop de pas ? de bruit ? Envie d'un peu d'introspection ? Quelle que soit la raison, l'idée est de relever le défi de 6 mois de cabane, dont 3 à moins 30°C. 

Je n'ai pas bien vu l'intérêt de cette retraite, prétexte souvent à des critiques des grandes villes et de la société, prétexte à une autoanalyse qui ne nous intéresse pas vraiment (et qui ne nous regarde pas, heureusement, l'auteur ne se dévoile pas trop), prétexte à des aphorismes, des pseudo haïkus et des beuveries. Prétexte à une découverte spirituelle ? nullement. L'intérêt littéraire n'est pas dingue non plus. C'est assez plat, avec quelques envolées poétiques par-ci, par-là, quelques jolies descriptions et métaphores... 

Je sors assez déçue de l'expérience, qui me semble inaboutie, aussi bien du côté du voyage intérieur et du déplacement personnel de l'auteur que du côté du déplacement du lecteur, qui n'est (en tous cas, moi comme lectrice) nullement bouleversé par cette œuvre.