samedi 30 octobre 2021

Être un homme

J'avais un bon souvenir de Nicole Krauss, enfin du seul roman que j'ai pu lire d'elle. J'ai lu rapidement ces nouvelles et je n'en retiens pas grand chose. Au cœur de ces 10 nouvelles, la judéité et des questions existentielles des personnes. 

En Suisse : Une jeune iranienne, loin de sa famille, flirte avec des hommes plus âgés.

Zoucha sur le toit : Un vieil homme à l'hôpital disparait alors que son petit fils nait. 

Je dors mais mon cœur veille : Dans l'appartement de son père décédé, un homme s'installe comme chez lui.

La fin des temps : Ses parents divorcent, elle découvre l'amour.

Voir Ershadi : Un acteur apparait dans des endroits improbables. Et le souvenir du film où il jouait s'est transformé.

Urgences futures : Obligation d'acheter un masque à New York.

Amour : Histoire d'une belle aimée, retrouvée dans un camp à la veille de sa mort.

Au jardin : Avec un paysagiste, un jardin grandit.

Le mari : La mère de la narratrice se voit confier un homme que les services sociaux lui présentent comme son mari disparu. 

Être un homme : Une femme se remémore ses amours en regardant ses enfants.



jeudi 28 octobre 2021

Un afghan à Paris

J'étais heureuse de découvrir ce nouveau texte de Mahmud Nasimi ! Plus question de la route de l'exil dans ce texte mais des difficultés et des surprises d'une nouvelle culture. Par de courts chapitres, l'auteur nous confie ses aventures françaises. Il s'attaque d'abord à la langue, l'un des premiers moyens d'intégration dans un nouveau pays. La langue, elle passe pour lui par la littérature et les chansons : réfugié dans un cimetière, il en vient à s'intéresser aux morts illustres et à leurs textes.

Mais il est aussi question de liens, avec sa famille, notamment sa mère ; puis en France avec des voisins, avec des personnes qui l'ont accueilli, avec des compatriotes. 

C'est écrit joliment, poétiquement, une lecture agréable entre vers et prose !



lundi 25 octobre 2021

Expiration

Ce livre a rejoint ma bibliothèque à Noël et c'est finalement cet été que je l'ai ouvert. J'y ai cueilli, page après page, les fascinantes nouvelles de Ted Chiang. De longueur variable, chaque nouvelle est très léchée, souvent assez "scientifique". Au programme, la question du libre-arbitre. Moins d'enthousiasme du côté de l'écriture, passe-partout.


Le marchand et la porte de l'alchimiste : un conte, façon mille et une nuits, qui nous fait voyager dans le temps !

Expiration : découverte au scalpel des robots - et de la fin d'une espèce - voire d'un monde.

Ce qu'on attend de nous : ou pourquoi il faut croire au libre arbitre.

Le cycle de vie des objets logiciels : dans un monde virtuel, des mignons animaux de compagnie digitaux ont séduit des utilisateurs. A mesure qu'évoluent les technologies, seul un petit groupe conserve des liens avec leurs digimos. Petit souci : l'obsolescence. 

La nurse automatique brevetée de Dacey : une nurse mécanique fait-elle de bons humains ?

La vérité du fait, la vérité de l'émotion : et si toute notre vie était enregistrée, que deviendrait notre mémoire ?

Le grand silence : ou comment communiquer avec des intelligences moins extraterrestres que les extraterrestres.

Omphalos : sur l'origine du monde et la volonté divine, une petite histoire de créationnisme.

L'angoisse est le vertige de la liberté : dans des mondes parallèles, est-ce que nous faisons les mêmes choix ? Et tous les choix différents que font nos "parallêtre" font-ils de nous des personnes fondamentalement différentes ? 


Un recueil intéressant, surtout pour les questions philosophiques qu'il pose plus que pour les moyens qu'il propose pour les aborder. Il manque parfois un peu de chair pour s'attacher aux personnages ou aux mondes imaginés. 

jeudi 21 octobre 2021

Un jour viendra

Dommage, ce roman de Giulia Caminito m'a laissée de glace. Je n'avais jamais eu de mauvaise surprise avec Gallmeister, je crois que j'en resterai aux romans américains. 

Saga familiale en Italie, dans les Marches, à la fin du XIXe siècle. Dans une famille pauvre et crasseuse, où l'on respire de la farine à longueur de journée, deux frères n'ont rien en commun. Lupo et Nicola passent pourtant du temps ensemble, l'ainé protégeant le cadet, la brute empêchant le faible de faire quoi que ce soit qui le mette en danger. Autour d'eux, une famille décimée, un couvent, un village qui cache quelques secrets et des mouvements révolutionnaires. Lupo suit les traces de son grand-père dans l'agitation anarchique. Nicola se trouvera dans la Grande guerre. En parallèle, on suit les sœurs d'un couvent, surtout Clara, qui a été enlevée à son Soudan natal. 

Un roman à l'écriture poussive, des personnages qui m'ont laissée indifférente, je n'y reviendrai pas !

lundi 18 octobre 2021

L'intimité

J'étais à la fois très tentée et très méfiante par rapport à ce nouveau roman d'Alice Ferney. Méfiante parce que j'ai l'impression que ses romans se concentrent sur un micro milieu, des histoires de familles bourgeoises, toujours un peu les mêmes. Méfiante aussi par rapport au sujet de la sexualité, de la maternité, de l'éthique de la vie, qui sont souvent traités à l'emporte-pièce. Mais aussi tentée de savoir ce qu'elle voulait dire sur ce sujet, si elle pourrait m'y surprendre. Et ça a été le cas. Une lecture intéressante, donc !

Ce roman s'ouvre sur une scène de départ à la maternité. Ada va accoucher de son second enfant, conduite par Alexandre. Elle confie son fils Nicolas à Sandra, une voisine avec qui elle a sympathisé. Sandra a accepté par amitié mais n'aime pas spécialement les enfants et a choisi de ne pas être mère, ni même en couple. Elle préfère garder sa liberté et répondre à ses désirs sans s'engager. Elle découvre toutefois ce soir-là que tous les enfants ne se ressemblent pas et s'attache à Nicolas. Quant à l'accouchement, il s'avère plus compliqué que prévu et Ada ne reviendra pas de la maternité. Alexandre doit alors faire son deuil d'une femme qu'il a poussé à lui faire un enfant, voulant à tout prix être père. Il se console dans une amitié croissante avec Sandra. Et se lance sur des sites de rencontre où il croise Alba, une femme superbe (dans tous les sens du terme), aux idées bien arrêtées, qui souhaite être mère en étant no sex. On découvre avec elle le monde de la gestation pour autrui.

Un roman sur le désir et le pouvoir, le pouvoir d'imposer son désir ou non à l'autre, dans les relations amoureuses et amicales. Des personnages intéressants, notamment Sandra, qui cachent surtout des interrogations sur la vie de couple et la parentalité. Bémol quand même sur la fin, où Sandra semble aller contre ses valeurs - et Alexandre retomber dans le piège de la puissance.


samedi 16 octobre 2021

Marcher, une philosophie

Je retrouve dans cet ouvrage de Fréderic Gros des points similaire à celui de Solnit sur le même sujet : la marche. Il alterne temps sur des marcheurs comme Rimbaud, Kant, Thoreau, Rousseau, Gandhi ou Nerval avec des chapitres sur la promenade, le pèlerinage, mais aussi la solitude, le silence ou la pensée du marcheur. 

C'est avant tout un espace de liberté, une façon d'être en dehors d'un système lié au temps. Car la marche, elle se fiche de la vitesse. C'est l'espace qui compte. La marche rend l'homme à lui-même, à sa joie d'exister. Elle le libère du faire. 

"Thoreau a pu écrire dans sa correspondance : pour savoir ce qu'il faut faire, demande, à propos de l'action que tu te proposes, "Quelqu'un d'autre pourrait-il le faire à ma place ? " Si oui, abandonne-la, sauf si elle est absolument indispensable. Mais c'est qu'elle n'est pas prise dans la nécessité de la vie. Vivre, au plus profond, personne ne peut le faire à notre place. Pour le travail, on peut se faire remplacer, mais pas pour marcher"

Un livre agréable à parcourir, qui nous met en compagnie de marcheur poète, philosophes et politiques !



jeudi 14 octobre 2021

Mon mari

Maud Ventura propose un roman sympathique pour cette rentrée. Le plot, une femme mariée, toujours amoureuse comme au premier jour. 

On la suit toute une semaine, cette quarantenaire amoureuse. Elle est enseignante et traductrice, mère de deux enfants, très belle, synesthète, dans l'hyper-contrôle mais ce n'est pas vraiment ça qui compte ici. Ce qui compte, c'est l'amour qu'elle a pour son mari et que son mari a pour elle. Et rien ne lui échappe, le temps qu'il passe avec elle évidemment mais aussi le fait qu'il lui tienne ou non la main, qu'il la compare à une clémentine ou à une pêche, qu'il écoute ou chantonne des chansons françaises ou brésiliennes... Elle met son couple au centre de sa vie, jusqu'à enseigner l'anglais à travers des situations vécues ou des lettres échangées avec son mari. Tous ces éléments sont consignés comme autant d'indices dans des carnets qui lui permettent de mieux connaitre et contrôler son mari - enfin, elle le croit. Sans compter qu'un carnet spécial, que l'on découvre à la fin, permet de tenir les comptes. Sous ses dehors parfaits, la belle choque : ses mensonges, ses priorités, ses amants. Le vernis craque et c'est finalement ce qui nous intéresse.

Roman peu répétitif et longuet dans l'expression de l'obsession de l'héroïne mais agréable à lire, original, avec une chute qui réveille son lecteur. Belle trouvaille !



lundi 11 octobre 2021

Quichotte

Salman Rushdie imagine avec ce titre un nouveau Don Quichotte, un Quichotte indien, Ismail Smile, en quête de sa bien aimée Salma. Comme souvent avec Rushdie, l'aventure n'est pas unique et linéaire. En parallèle, l'histoire de l'écrivain, Brother, est aussi contée.

Si Quichotte vivait aujourd'hui, il ne serait plus gavé de romans de chevalerie mais de shows télé. Notre Quichotte - Ismail, représentant pharmaceutique qui vient d'être viré, se lance dans une quête qui lui fera traverser des vallées et des épreuves, au volant de sa Chevrolet. Son but, la présentatrice de talk-show Salma R., une belle, hantée par l'histoire des femmes de sa famille et accro aux opiacés. Pendant la quête, Sancho va s'incarner dans un fils, d'abord imaginaire puis bien réel, un petit pantin qui veut devenir un vrai garçon. Dans cette traversée, c'est l'Amérique du chômage, de la drogue, du racisme, de la brutalité qui nous est montrée. Une Amérique qui se disloque progressivement vers une fin du monde. Voilà pour la ligne principale.

En miroir, on suit l'écrivain qui fait naître Quichotte, Brother, dans ses histoires de famille - pas très éloignées de celles de son personnage. Rien de très novateur dans ce procédé, mais soit.

Roman foisonnant, roman à charge contre une société qui se délite, il se lit plutôt bien malgré quelques longueurs - impression récurrente avec cet auteur.


jeudi 7 octobre 2021

Ressac

Aussitôt prêté, aussitôt lu, ce livre de Diglee n'a pas fait long feu sur ma table de nuit et une heure après sa première page, je le refermais.  


De mercredi à lundi, un mois de février, c'est le temps de cet ouvrage. 5 jours au bord de la mer, dans une abbaye pour un temps de retraite, de mise à l'écart du monde, d'Instagram. Un temps pour soi et pour se retrouver. Un temps aussi pour dessiner et pour écrire. Voilà ce que nous raconte Diglee dans ce livre. Ce n'est pas si extraordinaire mais c'est un rappel du rythme fou et fracassé de nos vies, de l'importance de prendre du temps - le temps de vivre et d'écouter, de marcher, de lire, de ne rien faire. 

C'est aussi un temps particulier, alors que son beau-père vient d'avoir un grave accident et qu'elle se pose des questions sur son amoureux. Un temps pour mettre à distance les questions, pour observer les temps gagnés, les temps reçus ou offerts, les temps habités et aimés. 

Une jolie introspection, qui se lit aussi en images.

lundi 4 octobre 2021

Nullipare

Cet ouvrage de Jane Sautière conte cette femme qui n'a pas eu d'enfant. Elle explore son passé, sa naissance en Iran, ses déménagements incessants, sa fratrie disparue... Elle parle de sa mère, de son travail en prison, de cette évidence de n'avoir pas d'enfant. Sans revendication ni regret, simplement. Elle explore les moments où l'enfant aurait été possible, les enfants autour d'elle. Et fait naitre un livre. 
Un ouvrage bien moins passionnant que ce que j'imaginais, trop centré finalement sur la narratrice.