mardi 26 décembre 2006

Un petit Ronsard

Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi
Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,
Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,
Mille et mille baisers donne-moi je te prie,
Amour veut tout sans nombre, amour n'a point de loi.

Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi
Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie,
A baiser (de Pluton ou la femme ou l'amie),
N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,
Bégaie, en me baisant, à lèvres demi-closes
Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,
Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas,
Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

samedi 16 décembre 2006

Endymion

J'ai découvert Dan Simmons très recemment avec les premiers tomes d'Hypérion et de la chute d'Hypérion. S'il est toujours difficile au début de comprendre un nouvel univers de fiction, une fois ce monde entrevu, il devient vite fascinant. Les récits inventés par Dan Simmons sont étonnants et passionnants, sa création est cohérente et raffinée. Ce que j'admire beaucoup, c'est la capacité d'un auteur de science fiction à imaginer un tout unifié et raisonné, à se faire réellement créateur tout en laissant dans le texte des indices, des allusions voire des références directes à notre société, notre histoire, nos religions ou nos légendes.

Le cycle des Cantos d'Hypérion est une nouvelle épopée. Les deux premiers livres se déroulent sur Hypérion où des pèlerins unis par le hasard (ou le destin) cherchent à réaliser une mission qu'ils ignorent. Cette partie met en scène des personnages d'origines variées sur un fond de fin du monde. La seconde partie se déroule plusieurs années après, avec des personnages très différents tentant d'échapper à une Eglise toute puissante.

Cette lecture s'est révélée très envoûtante. Moi qui ne suis généralement pas fan de SF (enfin, je ne connais pas bien), j'ai adoré cette oeuvre qui a pour leitmotiv, entre autres, Keats.

Le Vieux qui lisait des romans d'amour

De Luis Sepúlveda, je ne connaissais que le nom... mais on me parlait de ce livre depuis un bon moment. C'est un très petit roman. Un roman poétique, que j'ai choisi cette semaine pour ne pas trop encombrer mon sac.
En Amazonie, un vieil homme a appris des indigènes tous les secrets de la nature. Sa joie loin de la forêt : lire. Mais des hommes peu attentifs troublent l'ordre naturel...

Luis Sepùlveda a aussi écrit Histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler que j'avais lu il y a longtemps. Cette histoire était adorable, très touchante, un dessin animé tout mignon avait suivi le livre.

Un Balzac de trop

Pour continuer sur ma lancée, j'ai lu La fille aux yeux d'or... 

Ce livre très court m'a dépité par sa fin précipitée. Le sujet principal en est l'intrigue amoureuse et le crime passionnel mais semble plus un prétexte à une description de la société parisienne. Rien d'étonnant pour Balzac, mais un peu décevant.


Une semaine en vadrouille



Cette semaine fut assez riche en "sorties" culturelles voire en sorties tout court.

Lundi : Un détour par le Grand Palais pour aller admirer Portraits publics, portraits privés 1770 - 1830. De beaux tableaux assurément, de beaux bustes certainement (j'y suis moins sensible qu'à l'art de manier le pinceau) et une organisation cohérente et intéressante. J'ai beaucoup aimé certains portraits de femmes et d'artistes dont l'oeuvre de Reynolds qui sert d'affiche à l'exposition. D'ailleurs, l'ensemble des oeuvres de Reynolds et de Goya présentées ici m'a séduite. Les portraits historiques et allégoriques étaient moins plaisants, plus froid comme il sied à ce type de tableaux moins personnels et intimes. Le seul buste vraiment magnifique était pour moi celui de Juliette Récamier.

Mardi : Un petit tour sur la piste de rock de Sup'Télécom.

Mercredi : L'exposition Hogarth au Louvre. Beaucoup de gravures moralisantes, humoristiques jusqu'au cynisme ou à la caricature. Un seul "hic", comme souvent au Louvre, la foule. Pour une expo telle que celle-ci, il faut souvent s'approcher des oeuvres, les regarder de près et longuement. Conséquence : des files d'attentes devant les ensembles de dessins.

Jeudi : Concert à Bercy ! Muse ! Un régal pour les oreilles et les yeux. Beaucoup du dernier album et des incontournables... j'ai bien fait d'y retourner, même si je les avais écoutés en juillet.

Vendredi : Pendaison de crémaillère d'un ami, retour très tardif...

dimanche 10 décembre 2006

L'amour des trois oranges

Un opéra, jeudi dernier... ah, ça faisait longtemps, presque un mois depuis Cosi fan Tutte !
L'histoire est assez simple : le roi cherche à guérir son fils hypocondriaque par un éclat de rire salvateur... produit non par le bouffon Truffaldino mais par Fata Morgana, la sorcière qui devait empêcher le rire. De dépit, la sorcière jette un sort au prince qui devra retrouver trois oranges, affronter une "cuisinière avec sa grande louche" et retrouver sa bien aimée transformée en rat. Un spectacle qui caricature le drame, la comédie, le romanesque et la farce. Et qui tient d'ailleurs beaucoup de la farce.
Le livret n'est à vrai dire pas terriblement convainquant mais les airs le sont bien plus. Quant à l'interprétation, la deuxième partie fut plus appréciable que la première. Cet opéra avait des allures de cirque et le spectacle fut assez complet et entrainant.

Les piliers de la terre

C'est le premier roman de Ken Follet que je lisais, et il fut un peu décevant !

C'est un pavé qui retrace l'histoire des habitants d'un comté anglais au XIIe siècle. On y croise Aliena et Richard, enfants du comte de Shiring, Tom le batisseur et sa famille, le prieur Philip et l'évêque Waleran, une sorcière et des rois... Le nombre de personnage est assez important et diversifié de même que les points de vue narratifs. L'action se déroule essentiellement en Angleterre mais il arrive aux personnages d'aller jusqu'à Saint Jacques de Compostelle. Les intrigues : luttes de pouvoir, construction de cathédrales, sorcellerie (peu), guerre, amour, complots, vengeance... Un assortiment vaste pour un livre aux allures d'épopée.

Hélas, l'auteur semble avoir cédé à la facilité en écrivant un roman pseudo historique, aux caractères très caricaturaux et aux rebondissement assez prévisibles. Ce qui tient en haleine, c'est certainement les retournements de situation constants et la vitalité de l'écriture. Quant au style, il est assez quelconque...

samedi 9 décembre 2006

La duchesse de Langeais

Ah un petit Balzac, c'est bien agréable ! Je n'en lis pas très souvent, environ une fois par an, car je ne suis pas une inconditionnelle. Toutefois, ce dernier roman m'a réconcilié avec l'auteur du pénible Père Goriot.

L'histoire est simple. Un général entend dans une église la voix d'une nonne, voix qu'il reconnait comme celle d'une connaissance. Celle-ci n'est autre que la duchesse de Langeais, une très belle coquette du faubourg Saint-Germain. Par un long retour sur les origines de cette rencontre, on découvre les deux personnages et les relations qu'ils entretiennent. Le général de Montriveau s'est épris de la belle tandis qu'elle se moquait de son amour. Vient l'éternel refrain du "tel est pris qui croyait prendre", la duchesse tombe amoureuse dès l'instant où le général se détourne d'elle. Ce roman tragique ressemble à un drame classique, il montre des êtres aristocratiques, beaux et courageux, déchirés par la passion et l'indifférence.

Ce fut une lecture très précieuse, sous la couette, une soirée. Une lecture qui a remué mes souvenirs de contes de fées et de Corneille.

Erec et Enide

Manuel Vasquez Montalban signe avec cette oeuvre un beau roman à trois voix : Julio prend sa retraite, chercheur en littérature médievale, il assiste à ses dernières conférences et repense à ses années passées. Madrona, son épouse, organise Noël et se dévoue pour aider son entourage. Pedro, leur neveu, et Myriam, son épouse, engagés dans une mission humanitaire en découvrent les revers. La narration est fondée sur le mythe arturien d'Erec et Enide que revivent le jeune couple et sur lequel Julio écrit sa conférence.

Cette oeuvre est très poétique, le rythme en est captivant et la triple histoire donne beaucoup de punch.