mardi 30 septembre 2008

The serpent on the crown

Elizabeth Peters et son héroïne, Amélia Peabody, me ravissent ! 
Comme toujours, la famille Emerson mène des fouilles en Egypte, dans la vallée des rois. Comme toujours, ils vont avoir fort à faire entre voleurs, meurtriers et innocentes victimes. Un écrivain célèbre pour ses histoires de vampires et de revenants, Magda Petherick, vient confier aux Emerson une superbe statue. Elle accuse celle-ci d’être maudite et d’avoir causé la mort de son époux. Pour se préserver du même sort, elle implore Emerson de recourir à ses petits exorcismes. La beauté de la statue attire les connaisseurs : son style amarnien, qui fait sa rareté, et sa provenance inconnue passionne les collectionneurs. Plusieurs tentatives d’effractions inquiètent les Emerson (qui adoptent un lion… pardon, un chien). Mais ce n’est que le début des ennuis : Magda disparaît puis est retrouvée sans vie. Ses beaux enfants sont suspects. Et bien sûr, un tas d’individus peu recommandables entourent Peabody. 
Encore une belle aventure à la Indiana Jones où l’on retrouve Ramsès, Nefret et les jumeaux, Sethos, Carter… Attention, la malédiction de Toutankhamon n’est pas loin, parions sur le tome suivant ! (Mais que font les traducteurs de cette série ?! Les enquêtes paraissent dans le désordre et des années après leur publication outre atlantique !)

lundi 29 septembre 2008

Petit prince du désert


Une histoire courte de Poivre d’Arvor. J’ai repéré la couverture. Inévitablement, le livre de Saint-Exupéry s’est imposé en pendant. Même image, même titre. L’histoire est tout à fait différente mais l’on a le plaisir de croiser l’écrivain–aviateur lors d’une petite escale.
Jacques est fou de sa maman, elle est si belle, si classe… Alors quand elle suit un aviateur héroïque pour une croisière, abandonnant enfant et mari, Jacques décide de la retrouver. Il se glisse hors de la maison et rejoint l’aérodrome. Sans se faire repérer, il se dissimule dans un sac de courrier et part pour une mission postale au dessus de l’Afrique. Les premiers jours se passent bien mais tout change avec la tempête et les Maures. Dans le désert, Jacques va découvrir un autre monde et se construire.
Beau livre, un peu court, assez poétique et qui me rappelle mes lectures du Petit Prince.


dimanche 28 septembre 2008

Nouvelles



Thème du dernier club des théières ? Une lecture concernant les phénomènes météorologiques. Drôle de sujet ? Pas du tout ! Choisi pour la bonne cause, le challenge au nom de la rose que certaines peinent à finir ;) Comme j'ai terminé le mien avec La tempête, il a fallu trouver autre chose. S'il faut tout avouer, j'avais très envie de me replonger dans Zweig. Et comme étymologiquement, météorologie désigne les phénomènes célestes en général mais pas uniquement les variations climatiques, j'ai lu les nouvelles suivantes (que j'ai adorées).

Conte crépusculaire : Toutes les nuits, le jeune Bob rencontre une femme dans son jardin, avec laquelle il partage de folles embrassades. Il cherche à découvrir l'identité de la belle que le noir abrite et sombre dans les douleurs de la passion incertaine.

Amok : est une relecture. Climatiquement parlant, c'est la chaleur moite de l'Orient, qui porte sur les nerfs et exacerbe les perceptions, les agacements. Un passager clandestin raconte au narrateur l'aventure qui a fait de lui un Amok (genre de fou furieux). Médecin de brousse, une jeune anglaise vient à sa rencontre et lui ordonne un avortement. L'homme veut fléchir cet orgueil, refuse puis, saisi par une étrange affectation, poursuit la fière aristocrate.

La femme et le paysage : Dans un hôtel, l'ambiance est pesante, moiteur d'avant l'orage. Le narrateur semble être le seul à subir ce malaise, cet énervement. Une étrange jeune fille est pourtant en proie au même sentiment. La nuit tombée, il la retrouve dans sa chambre avant qu'une pluie torrentielle vienne nettoyer le paysage et la terre. Nouvelle très sensuelle, aux métaphores très explicites...

La nuit fantastique : Un jeune dandy ne ressent qu'indifférence. A l'occasion d'une rencontre désagréable, il sent son coeur revivre et la joie, la peur, la haine, lui rendent à nouveau le monde perceptible. Cette renaissance n'est possible qu'à la faveur de la nuit qui comporte ses habitués, qui protège ou révèle le narrateur.

La ruelle au clair de lune : Marin allemand égaré dans une ville française, il entre dans une maison close, attiré là par un chant. Il y observe une scène humiliante : un homme est constamment rabroué et moqué par une prostituée. La clef de l'histoire est dans le conte que fait ce pauvre homme au marin. La nuit est ici vecteur d'inquiétude et d'indétermination, elle dissimule l'objet clef de l'histoire, celui qui décide d'une fin atroce ou d'un éternel recommencement.

Ce qui est remarquable ici, ce sont les atmosphères pesantes, souvent sensuelles, portées par l'obscurité, l'orage, la chaleur... Comme toujours, Zweig a su m'enchanter :)

samedi 27 septembre 2008

Cendrillon


Franchement, je ne sais plus qui m’a annoncé que ce livre de Reinhardt était l’une des révélations de la rentrée 2007 mais en voilà un qui s’est bien moqué de moi !
Le narrateur se cache sous diverses identités. Il est l’écrivain qui apprend à recevoir éloges et critiques à propos de ses livres, celui qui accompagne la mise en scène de Médée et l’amoureux des pieds cambrés, comme ceux de Margot, des chaussures Louboutin, et de l’automne. C’est l’écrivain des middle classe victime d’une machination. C’est une logorrhée qui tourne parfois à la Angot, et ça, c’est insupportable.
Les alter ego d’Eric ?
Il y a Laurent Dahl, qui travaille et se cultive depuis l’enfance, qui croit au progrès, qui se fait petit à petit un nom dans la finance mais échoue à trouver le bonheur. Incursion dans le monde des hedge fund, cette histoire touche parfois au thriller par son rythme final.
Un autre protagoniste, Patrick Neftel, fait peur. Son père est dans une spirale d’échecs, il rate tout ce qu’il entreprend, souvent par maladresse, par gentillesse ou par léche-bottisme indécrottable. La vie de son fils Patrick bascule le jour où son père se suicide. L'homme devient alors un bon à rien, vulgaire, dégoûtant, à la charge de la société.
Thierry Trockel travaille en labo. Il aime mettre des photos de sa femme, nue, sur le net.

Bien entendu, toutes ces vies se mélangent, dans la narration comme dans l’esprit du lecteur. On retrouve des figures parentales assez similaires chez ces hommes et certains détails, glissés l’air de rien, augmentent les confusions : un tableau dans une salle à manger, un job… On se doute même de certaines communications entre les personnages aux avenirs pourtant bien distincts. Si la construction du livre m’a semblé intéressante, les détails crus, le style, la pseudo théorisation de la middle class m’ont beaucoup agacés.

vendredi 26 septembre 2008

Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil


Je suis complètement à la bourre pour la lecture du blogoclub ! J'ai enfin trouvé et lu le livre de Haruki Murakami. L'histoire, on commence à la connaître. La vie d'Hajime : son enfance "difficile" en tant que fils unique, sa première amie, Shimamoto-San, sa copine, Izumi, sa maîtresse, cousine d'Izumi, sa femme, Yukiko, son fantasme, Shimamoto-San.
Est-ce pour autant une histoire sentimentale ou la vie amoureuse d'Hajime ? Pas uniquement. Sa vie universitaire et professionnelle est également parcourue. Mais l'accent est véritablement mis sur l'insatisfaction du protagoniste, sa vie qui s'écoule sans qu'il n'y prenne vraiment goût, sa recherche inlassable de Shimamoto-San dans les femmes qu'il croise. Et bien sûr, lorsqu'il retrouve cette amie, elle reste impénétrable et mystérieuse.
Je me suis demandée pourquoi ce roman avait pu plaire. Le style n'est pas désagréable, quoi qu'un peu froid, les questions demeurent, le personnage est abandonné comme s'il n'y avait plus rien à en tirer. Je reste mitigée, insatisfaite... Quant au titre, c'est une histoire de Shimamoto-San qui en donne la clé et qui métaphorise toute la quête d'Hajime.

jeudi 25 septembre 2008

Suzette et le bon ton


Personnellement, je ne connaissais pas la semaine de Suzette. C’est maman qui m’en a parlé lorsque j’ai trouvé ce livre de Mad H-Giraud. C’est un délice, on se croirait dans la comtesse de Ségur. Ce livre n’est autre qu’un petit manuel de bonnes manières à destination des petites filles. Toutes les occupations d’une demoiselle y sont examinées et la meilleure façon de se comporter est décrite par « tante Mad ». Pour vous donner une idée, il y a la journée type, les circonstances exceptionnelles, les qualités à chérir et les défauts à corriger. Certains titres sont assez énigmatiques (et amusants) comme « Ce que Suzette doit être pour d’autres bêtes qui ne crient pas, pour les poupées, pour les vieux jouets » : comment s’occuper gentiment de ses peluches et autres joujoux. Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir un extrait : « La vieille dame vous a donc tendu la main et vous a embrassée. Tout ceci est fort bien. Au sujet de ce baiser, il faut, Suzette, que je vous donne un petit conseil, mon Dieu, bien délicat !
Il arrive parfois que les très vieilles personnes - des jeunes aussi, d’ailleurs - vous donnent un baiser qui laisse une petite impression d’humidité sur votre joue fraîche.
C’est désagréable, je sais bien, mais je vous en supplie, Suzette, de supporter stoïquement cet ennui.
Ne faîtes rien pour y apporter un adoucissement. Ne tirez pas votre mouchoir pour le passer sur votre joue, n’effleurez même pas celle ci d’un revers de main : tout remède serait une offense à l’auteur involontaire de ce mal. »
N’est-ce pas absolument délicieux et d’un charme désuet ?

mercredi 24 septembre 2008

Fleurs de Ya-Ya

Suite des divins secrets des petites Ya-Ya lu et apprécié au collège, ce livre de Rebecca Wells complète le premier. Je me souviens mal des divins secrets. Il était question de Siddy qui tentait de renouer le dialogue avec sa mère, Vivi. Pour cela, elle prend connaissance d'un "journal d'une Ya-Ya" qui conte la vie de sa mère.
Mais qu'est-ce qu'une Ya-Ya ? Les Ya-Ya, ce sont quatre amies : Vivi, Caro, Tensy et Necie. Inséparables dès leur enfance, les quatre femmes s'inventent un langage, font les quatre cent coups ensemble, se réconfortent. Ces demoiselles puis mères hors normes partagent une foi proche de la superstition, un gout pour les apéros bien tassés et un esprit de clan. Dans Fleurs de Ya-Ya, ce sont les enfants et les petits enfants qui sont mis à l'honneur. De courts chapitres retracent des épisodes amusants, émouvants ou inquiétants, bref, tout ce qui fait une vie de famille. Des années 30 aux années 90, les générations de Ya-Ya se succèdent, avec un élan et une joie de vivre toujours renouvelés.
Il me semble avoir préféré les divins secrets qui possédait une intrigue globale à ces fleurs, moins intenses.

mardi 23 septembre 2008

Conan Lord, carnets secrets d’un cambrioleur


Londres, après guerre. Conan Lord signe ses crimes au diamant sur vitres et miroirs. Ce prince des monte-en-l’air n’a jamais été pris et crée autour de lui une légende. Les hypothèses des journalistes se multiplient. Ils sont loin d’imaginer que ce personnage est un groupe de trois rescapés d’un cirque : Peggy, ancienne dompteuse, Tiny, l’homme-enfant, et Seth, l’homme obus.

L’affaire à laquelle ils s’attellent est difficile. Il s’agit de récupérer un tableau gardé dans la grande maison Shelton, ancien lieu de réunion de tous les aristocrates oisifs des années 20. C’est dans cette société toujours imbibée d’alcool ou de drogue qu’eut lieu une série d’assassinats particulièrement effrayants : des femmes de chambres décapitées, dont la tête était posée dans le jardin et le corps assis sur une chaise, les mains sur un abécédaire. Les deux suspects principaux se sont entretués devant un témoin, qui a pu apprendre du mourant l’identité du coupable. Cet homme a choisi de se taire. Avant de mourir, il peint un tableau donnant la clé de l’énigme. C’est ce tableau, qui a porté malheur à tous ses propriétaires, qu’il faut dérober. Le trio s’apprête à découvrir les secrets de la maison Shelton.

Un brussolo qui joue sur le rationnel et l’irrationnel, qui aime les retournements de situation, les fausses pistes. Un bon cru qui fait frissonner !

lundi 22 septembre 2008

Le baron perché


C’est Tamara qui m’a donné envie d’acheter ce petit Calvino. Il demeurait dans ma PAL, quand un prince charmant à la recherche de lectures estivales l’a sorti des ténèbres et l’a emmené sous le doux soleil breton. Réintégrant ma PAL, alors que le prince remontait sur son cheval blanc, le petit Calvino me faisait de l’œil. Mais c’est seulement lorsque le prince a insisté que j’ai enfin craqué.

Côme du Rondeau, exaspéré par la passion de sa sœur pour les escargots, sort un jour de la table familiale pour ne plus jamais y revenir. Côme grimpe dans un arbre qui domine la maison et de là se glisse dans un nouveau royaume de frondaisons. Son frère Blaise raconte comment il organise sa maison, les brigands qu’il y rencontre, les livres qu’il y dévore. Car ce n’est pas parce qu’il vit dans les arbres qu’il vit hors de son temps : il échange des courriers avec les plus célèbres philosophes des lumières, fait le libertin avec des belles, gère son domaine…
Il se nourrit de chasse, s’installe une douche dans les arbres, puis des bibliothèques. Non, vraiment, le baron est bien installé ! Et son domaine est plein de surprises : une colonie d’espagnols par exemple ! Oui, oui, tous se sont perchés avec leurs gros chats.

Un roman plein d’humour qui rappelle les contes voltairiens. Sous couvert de roman d’aventure, on retrouve les thèmes philosophiques des lumières sur la liberté, l’état de nature, le gouvernement idéal etc.

dimanche 21 septembre 2008

Valentino


Superbe expo au musée des arts décoratifs ! Dommage qu'elle soit déjà terminée :(
Que dire ? Des vêtements magnifiques, qui brillent par leur élégance, leur raffinement. Il y a l'incontournable rouge Valentino, ses plissés... Une expo qui donne envie de s'habiller en Valentino parce qu'il donne l'impression de confort, de classe folle, beaucoup de robes ou manteaux sont tout à fait portables, malgré leur originalité. C'est une mode qui sait rester sobre, féminine

samedi 20 septembre 2008

Réveillon à Tanger


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Ce recueil de nouvelles de Bowles ne me tentait pas beaucoup. J’imaginais ses histoires et son style comme quelque chose d’un peu lourd, caricatural, allez savoir pourquoi... En fait, pas du tout. Cela alterne entre humour, tendresse, sérieux et… humour. Les historiettes se déroulent au Maghreb ou en Asie, avec une atmosphère propre à chacune de ces régions. Les personnages sont bien campés, attachants ou répugnants, avec une notion de la morale très flexible.

Réveillon à Tanger. Un homme revient dans la maison familiale, il y passe le réveillon avec des voisins.
La petite maison. Règlements de compte entre une belle mère et sa bru.
L’éducation de Malika. Comment profiter des opportunités ou l’éducation (sentimentale) d’une marocaine. Ma favorite !
Mejdoub. Un mendiant richissime.
Renvoyé ! Un chauffeur risque sa vie… Il perd son travail.
Allal. Jeune homme solitaire qui devient l’ami des serpents. Assez étrange...
Le mari. Un homme qui exploite et trompe sa femme !
Souvenirs de Bouselham. Une étrangère noue une relation adultère avec un jeune garçon du cru.
Le fqih. Comment détecter la rage ? Enfermez le malade et laissez le mourir.
Ahmed et madame. Le trompeur trompé.
L’échelle et les cinq Soutine. Comment se casser la jambe peut faire d’un homme un fraudeur.
Le puits. Mourir ou tuer pour contrer le mauvais œil.
Au Krungthep Plaza. Un hôtelier inquiet.
Vous avez laissé vos graines de lotus dans le car. Des américains voyagent avec des moines bouddhistes, deux façon de voir le monde.
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Dans la chambre rouge. Une famille rencontre un individu curieux qui les mène dans cette drôle de chambre.

vendredi 19 septembre 2008

Arsène Lupin contre Herlock Sholmes


Le célèbre bandit de Maurice Leblanc affronte le détective britannique dans deux aventures : La dame blonde et la lampe juive. Par deux fois, il évite l’arrestation par une ultime pirouette et se fait percer à jour par l’étonnant Sholmes, accompagné du non moins célèbre Wilson (qui se prend tous les coups et n’assiste qu’au début des enquêtes, cloué au lit par un mauvais plaisant).

La dame blonde met bout à bout plusieurs affaires sans lien apparent mais dont Sholmes observe la cohérence : le vol d’un secrétaire contenant un billet (gagnant) au loto, un meurtre, un faux… Les rencontres entre nos deux héros sont du meilleur effet, et il est sympathique de suivre Sholmes sur les traces de Lupin. De plus, comme toujours, une jeune femme intervient dans l’affaire et le romanesque Lupin est décidément galant homme.

La lampe juive, histoire plus courte, se déroule dans une belle maison près du parc Monceau. Un vol semble y avoir été commis par un familier de la villa… et de Lupin. Là encore, Sholmes remonte la piste !


jeudi 18 septembre 2008

Les yeux bandés


Découverte avec Tout ce que j’aimais, Siri Hustvedt risque fort de rejoindre mon panthéon personnel. Cette lecture d’un second livre me le confirme. Dans ce dernier, elle décrit quatre moments de la vie d’une étudiante, Iris. Celle-ci est la narratrice de son histoire qu’elle choisit de présenter dans un ordre arbitraire, non chronologique mais assez significatif.
A New-York, cette jeune femme vit de très peu. Toujours à la lisière de la pauvreté crasse, elle accumule les petits boulots et les rencontres étranges. Le premier volet de ce livre conte justement l’un de ces jobs : "descriptrice" d’objets étranges pour un homme aux multiples pseudonymes. Le second volet traite de son expérience de modèle pour son ami Georges, photographe déroutant. C’est aussi là que son ex, Stephen, apparaît dans tout son mystère, jeune poseur assez désagréable. L’avant dernière partie concerne ses migraines chroniques et son hospitalisation. Quant à la quatrième et dernière, elle fait le lien entre les divers épisodes. Elle décrit plus précisément sa relation idolâtre avec un professeur, son travail de traduction et sa misère. Travestie en homme, les cheveux rasés, elle erre dans les bars louches et tente de se rassurer…
Un roman qui m’a vraiment beaucoup plu, dont je retranscris mal la force des caractères, des situations et des mots. Et le style porte tout cela merveilleusement, entre clarté et malaise permanent !

mercredi 17 septembre 2008

Dictionnaire amoureux du Louvre

Comme son nom l’indique, il s’agit de mots classés par ordre alphabétique se rapportant au Louvre, palais ou musée. On y trouve des informations pratiques, des commentaires d’œuvres, des notices historiques, des personnages ayant contribué à faire l’histoire et la beauté du Louvre. Je ne sais pas s’il est très pratique en salle car il est très épais et vise à l’universalité. Les notices d’œuvres sont très utiles mais certainement pas suffisantes, il faudrait plusieurs volumes de cette taille pour raconter les beautés de ces salles. Je l’ai lu pour conclure ce cycle à l’école du Louvre, pour me remémorer les salles, les dates, les peintres, pour apprendre le détail de l’évolution complexe et passionnante d’un des plus grands musées du monde. Un bel ouvrage, que j’ai apprécié pour la plume claire de Rosenberg, son érudition et sa façon de nous faire visiter le palais comme si nous étions ses hôtes. S'il fallait faire des reproches, je dirais qu'on sent le spécialiste en peinture derrière l'ex-directeur. Et que la vitrine des arts premiers au Louvre n'est pas forcément une mauvaise chose (il est quand même aberrant que l'emblème du quai Branly y soit exposé, certes). Mais l'on gagnerait certainement une place folle en exposant tout cela dans un musée qui lui est dédié.
Un extrait pour la route, tiré de Baudelaire « Le Louvre est l’endroit de Paris où l’on peut le mieux causer ; c’est chauffé, on peut y attendre sans s’ennuyer, et d’ailleurs, c’est le lieu de rendez-vous le plus convenable pour une femme ». Une phrase toujours d'actualité pour moi :)
Alors, pourquoi bouder son plaisir ? Voilà qui donne envie d’aller saluer Delacroix.

mardi 16 septembre 2008

Tom est mort

Vous rappelez-vous de l'émoi qu'a provoqué ce livre l'année dernière ? Les débats qu'il a suscités ? Voilà pourquoi cette lecture n'a lieu que si tardivement. On en entendait trop parler, il fallait crier au scandale ou au chef-d'oeuvre (nettement moins). Je ne crie pas. Je l'ai lu. Faut-il vous raconter ? Tom est mort. Tout est là. Marie Darrieussecq en scande son texte, sorte de journal intime, de memorandum des dix années écoulées depuis la mort de son fils, l'accident. Lequel ? Vous ne le saurez qu'au dernier paragraphe, et c'est peut être la seule curiosité malsaine qui vous pousse à poursuivre cette lecture. Franchement, cette fin est gênante, elle donne à ce livre une sorte de... je ne sais pas, facilité, vulgarité, le mauvais coté des best-sellers. Mais je ne vais pas trop insister sur ce dernier paragraphe. Entre la première phrase et la dernière, dix ans de souvenirs douloureux, des plus atroces moments (morgue, choix des vétements, du cerceuil, de l'incinération...) aux plus intimes ressentis. Mais... Tout cela reste froid, tend à être détaché, la narratrice s'observe avec un certain recul. Le sujet me paraissait très dur, la dureté du ton entrave toute compassion. Et c'est peut être cela qui est le plus appréciable ce roman, pour son style sans pathos. Certains se sont ennuyés, heureusement pour moi, il n'y pas assez de pages pour cela.

lundi 15 septembre 2008

Le journal d’un séducteur


Ce journal conte de façon méthodique les ruses d’un homme pour obtenir d’une femme ce qu’il désire. Kierkegaard, avec un cynisme fou, détaille ces procédés sous le couvert de Johannes.
A partir du moment où il croise une jeune fille, Cordélia, il souhaite la retrouver et la mener où il le souhaite. Pour cela, il ne ménage pas sa peine, se sentant amoureux. S’introduisant dans le cercle de ses amis, devenant proche d’un garçon qui aime la jeune fille, faisant mine d’être insensible à ses charmes et passionné par l’économie agricole (dada de la tante de Cordélia), il cherche à la vexer par son indifférence, la connaitre et l’intriguer. Puis la prenant par surprise en demandant sa main, il l’isole. Les fiançailles prononcées, lettres et gestes qui soufflent le chaud et le froid finissent de désorienter et d’attacher la belle. Prônant l’amour libre, elle rompt les fiançailles et se précipite à sa perte, entraînant la fuite et le dégoût du séducteur.

Apologie de la fausseté pour faire s’exprimer chez la jeune fille les plus beaux mouvements de son âme, son premier et unique amour… Un homme que l’on déteste mais dont on admire les calculs, justes et efficaces.

dimanche 14 septembre 2008

L’enfer du bibliophile


-->Petit conte humoristique sur les aléas de la vie d’un bibliophile, ce court ouvrage d’Asselineau m’a sauté dans les bras avec le Lucien.
Le narrateur, fou de beaux livres, de premières éditions autographes, de lettres originales, va vivre une journée infernale. Menée chez les bouquinistes par un étrange compagnon, il se retrouve avec une série de livres plus mauvais et inintéressants les uns que les autres. Ensuite, ce mauvais génie le suit dans une vente publique où notre narrateur se porte acquéreur des plus mauvais et insignifiants ouvrages pour des sommes phénoménales. Le petit monde des bibliophiles se gausse de ce pauvre homme, honteux et ruiné !


-->Un ouvrage plein de malice, à lire comme transition entre deux gros pavés.


samedi 13 septembre 2008

L'ignorant bibliomane


Cette petite traduction d’un texte de Lucien traite des riches acheteurs de livres qui ne s’en nourrissent pas. Se moquant des ignorants, des cuistres et des vantards, l’auteur fait sourire son lecteur. Il déconseille voire interdit aux imbéciles l’accumulation de livres qu’ils sont souvent incapables de lire et prône un élitisme des érudits.
Petit texte assez court édité par les éditions Sillage, il accumule les comparaisons qui tendent à ridiculiser les acheteurs compulsifs. Un thème intemporel ?

vendredi 12 septembre 2008

L’habit ne fait pas le moine


Un petit folio de Roth (écrivain que je n’avais, grande honte, jamais lu) qui comporte deux nouvelles. La première, Défenseur de la foi, raconte les manipulations de juifs dans l’armée américaine. Sous prétexte d’appartenance à la même religion, un soldat, Grossbart, tente de circonvenir ses compagnons et de se voir octroyer des privilèges par son supérieur, Marx, vétéran de la guerre 1945. Le sergent, d’abord attentif, comprend qu’il se fait manipuler. Il trouve moyen de rendre la monnaie de sa pièce à ce profiteur.
La seconde nouvelle, qui donne son titre au recueil, se passe dans un tout autre milieu, un lycée. Le héros fait connaissance avec deux fortes têtes, Albie Pelagutti et Duke Scarpa, tous deux fichés comme jeunes délinquants, ayant connu diverses maisons de correction ou prisons. Le narrateur relate quelques épisodes de cette scolarité un peu particulière.
Deux nouvelles sympathiques, pas folles, mais qui donnent envie de lire des romans de Roth. Un style agréable.

jeudi 11 septembre 2008

La tempête

Juan Manuel de Prada m’avait peu emballée avec les masques du héros alors que la lecture de la vie invisible (roman sur la folie, sur l'amour, avec en arrière-plan une étonnante pin-up, le tout entre Madrid et Chicago) m’avait totalement envoutée. La Tempête m’a réconciliée avec cet auteur ! 
Le narrateur, Ballesteros, thésard en histoire de l’art, propose une interprétation du célèbre tableau de Giorgione conservé à l’Accademia de Venise, la tempête. Il se rend dans la ville pour rencontrer le conservateur, Gabetti, et discuter ses hypothèses avec lui.
Le soir de son arrivée, il assiste à l’assassinat d’un homme en bas de son hôtel. Il lui tient la main pour ses derniers instants et se retrouve embarqué dans une histoire dont le sens le dépasse. Le mort se trouve être un célèbre faussaire bien connu de Gabetti et de sa fille, la charmante Chiara, restauratrice de tableaux. Entrainé malgré lui dans de sombres histoires, familiales, vénitiennes, artistiques, Ballesteros participe de très près comme d’assez loin à une curieuse enquête (mais je ne qualifierais pas ce roman de "policier", c'est autre chose, on ne cherche pas vraiment de coupable, on observe les habitants, surtout les femmes, on est au mauvais endroit au mauvais moment, on se fait menteur, voleur).
Ambiance un peu malsaine, dans une Venise froide et humide, le style de Prada oscille entre grande richesse voire préciosité et vulgarités très crues.

mercredi 10 septembre 2008

Nouvelles orientales


Une série de nouvelles qui ont l’allure de contes. Un ensemble poétique où la mort est présente, partout. L’Orient ? Grèce ou Japon, des empires exotiques, ces seuls endroits où de telles merveilles peuvent arriver. Ce recueil admirable de Yourcenar contient :

Comment Wang-Fo fut sauvé : histoire d’un peintre que l’empereur veut condamner à mort ou la vie d’une peinture.

Le sourire de Marko : comment vérifier si un héros est bien mort ? sa veuve a des tas d’idées ! Drôle et méchant.

Le lait de la mort : une mère emmurée vive nourrit son petit. Affreusement touchant. Crée une origine réelle aux légendes et superstitions populaires.

Le dernier amour du prince Genghi : un homme aux mille femmes se retire loin d’elles, pour vieillir sans bruit. Une concubine le suit et le séduit à maintes reprises. L'amour fou. Et les ruses qu'il inspire. Et combien il peut être négligé.

L’homme qui a aimé les néréides : est devenu fou. La mythologie moderne.

Notre-Dame-des-Hirondelles : comment un moine repousse les nymphes et autres divinités païennes. Un très joli conte sur l'intolérance, les forces vives de la nature, l'acceptation de la différence.

La veuve Aphrodissia : Kostis est mort. La veuve du pope pleure un fantôme, lequel ? Entre le mari et l'amant, et la mort de l'un par l'autre, il y a de quoi perdre la tête.

Kali décapitée : divinité indienne aux multiples rencontres. Texte très étrange...

La fin de Marko Kraliévitch : dans l’auberge, il y a un petit vieux. Son identité est secrète. Il part avec Marko. Mais ces deux là ne risquent pas de revenir un jour.

La tristesse de Cornélius Berg : souvenirs d’un peintre à Amsterdam. Atmosphère à la Rembrandt.


mardi 9 septembre 2008

Odeur du temps


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Un livre de d’Ormesson bien différent du précédent. Ici sont rassemblés des articles, chroniques, éditoriaux, bref, tout un matériel journalistique.

L’écrivain tire ces courts écrits du Figaro pour lequel il a longtemps travaillé. L’ensemble est divisé en thèmes : littérature, histoire, philosophie, voyages, langue française, cinéma… Ces chroniques se lisent sans difficulté, certaines sont anciennes mais toujours actuelles, elles sont souvent touchantes, belles, classes. Bien sûr, on retrouve des dadas : Chateaubriand, l’Académie, Venise... mais on découvre aussi beaucoup de livres à feuilleter, à relire, des auteurs à considérer, des idées à cogiter. Et puis on se délasse et l’on se réjouit devant tant de beautés à venir. La curiosité s’éveille. Et encore une fois, on admire cet esprit vif, ses connaissances rares sur des sujets divers. Décidément, j’aime Jean d’Ormesson.

Et pour ceux qui trouvaient prétentieux de réunir ses propres articles (et certainement pas les plus mauvais), je réponds qu’il est bien pratique de ne pas avoir à se perdre dans des archives (même si cela a un charme certain) et qu’il aurait été dommage de ne pas pouvoir se mettre ces beaux textes sous la dent.

lundi 8 septembre 2008

Dracula


Merci beaucoup à Arsène de m’avoir prêté ce joli chef-d’œuvre lors du lointain club des théières sur les créatures de la nuit ! J’ai profité de l’été pour dévorer ce livre de Bram Stoker, et participer ainsi au courant de lectures gothiques amorcé chez Lou et Malice

Le héros, Jonathan Harker, se rend pour des tractations immobilières dans une région éloignée des Carpates, chez le comte Dracula. Témoin d’événements très bizarres et retenu prisonnier dans le manoir du comte, le jeune homme décide de tenir un journal et tente de contacter sa fiancée demeurée en Angleterre. De son coté, la demoiselle, Mina, rejoint son amie Lucy sur la côte. Là, elle observe d’étonnants phénomènes. Lucy change soudainement suite à une escapade nocturne pendant laquelle elle a été mordue au cou. Il se trouve que Dracula a acheté une propriété dans la ville où se sont retrouvées les deux jeunes femmes. La santé de Lucy décline rapidement et ses amis décident de faire appel au professeur Van Helsing pour la soigner. Cet esprit vif comprend rapidement la cause du mal. Parallèlement, Jonathan a réussi à fuir et a épousé Mina. Celui-ci est très différent, timoré, malade. Il croit avoir rêvé son séjour. Hélas ! L’état inquiétant de Lucy le replonge dans l’univers du vampire.
 

Ce classique de la littérature gothique fut une excellente surprise. Dans cet épais bouquin, lettres et journaux intimes alternent conférant à l’ensemble un aspect très réaliste voire quasi scientifique. Une réussite !

dimanche 7 septembre 2008

De l'injustice des alphabets


Taguée par Aelys cet été, voici une petite sélection de mes auteurs et livres favoris. Pour que cela ne prenne pas un air trop imposant, je me suis limitée à un par lettre et tant pis pour les absents !

A...ARAGON, Aurélien
B...BONTE,
Jane Eyre
C...COHEN,
Belle du seigneur
D...DUMAS,
Les trois mousquetaires
E...ECO, Baudolino
F...FERNEY,
La conversation amoureuse
G...GARY,
Les cerfs-volants
H...HUGO,
L'homme qui rit
I...

J...

K...KAFKA,
Le procès
L...LACLOS,
Les liaisons dangereuses
M...MISHIMA,
La mer de la fertilité
N...

O...ORMESSON,
L'histoire du juif errant
P...POE,
La chute de la maison Usher
Q...

R...RACINE,
Andromaque
S...STENDHAL,
La chartreuse de Parme
T...TOLKIEN,
Le seigneur des anneaux
U...

V...VIAN,
L'écume des jours
W...WEI,
Fleurs de Chines
X...XINGJIAN,
La montagne de l'âme
Y...YOURCENAR, L'œuvre au noir
Z...ZOLA,
La faute de l'abbé Mouret

Je vous l'accorde, mes goûts n'ont rien d'original...
(et cette Vénus de Cranach ? Je l'aime bien aussi, na !)

Je passe le flambeau à Arsène, Anjélica et Anne. Et pour la suite de l'alphabet, on attendra le prochain tag.


Le treizième conte

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Je crois me souvenir que l’intégralité de la blogosphère avait apprécié ce roman de Setterfield. Je ne ferai pas exception. L’ambiance très gothique et british de ce roman m’a emballée, le suspense est demeuré jusqu’au bout.

Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, l’histoire est la suivante : une jeune fille réservée, Margaret Lea, travaille dans la librairie de son père, vivant depuis toute petite entre des livres rares et/ou précieux. Appréciant la recherche, elle a également publié des biographies d’auteurs du XIXe. Ses goûts la portent vers la littérature britannique de ce siècle, vers les romans gothiques ou à la Jane Eyre. C’est pourquoi, lorsque Vida Winter, auteur de best-seller l’enjoint d’écrire sa vraie biographie, Margaret est étonnée. Elle commence par lire les œuvres de la dame puis ses biographies supposées. Elle découvre qu’il en existe presque autant que d’interview. Intriguée, elle répond positivement à l’invitation de Vida Winter. Dans une grande maison isolée, elle vit sa première entrevue, début d’une longue série, dans la bibliothèque de l’auteur, une femme au look extravaguant mais malade. Margaret prend scrupuleusement ses notes puis décide de mener en parallèle sa petite enquête. Elle découvre l’histoire des jumelles Angelfield, histoire qui fait bizarrement écho à son propre vécu…

samedi 6 septembre 2008

Wall-e

« - Wall-eeee ! »
« Evveee… »
Voilà l’essentiel des dialogues du dernier Disney.
Et pourtant, la magie opère ! Wall-e est un petit robot aux attitudes curieusement humaines. Abandonné sur une terre désertique, il compacte les ordures le jour et regarde ses trésors (films, ampoules, casse-tête et autres créations humaines) la nuit. Tout change avec l’arrivée d’un joli robot, profilé comme un mac, rapide, gracieux et… armé. Difficile de faire connaissance avec quelqu’un qui vous tire dessus au moindre mouvement !

Quand la rencontre a lieu, la demoiselle, Eve, découvre les secrets de Wall-e et parmi eux, une plante. Eve a alors une curieuse réaction, elle l’enferme et devient muette. Wall-e, amoureux transi, la suit lorsqu’un vaisseau mystérieux l’enlève vers d’autres galaxies.

Un joli petit Disney, très poétique, un peu moralisateur sur « sauvons-la planète » mais terriblement attachant.

vendredi 5 septembre 2008

La physique des catastrophes

Bleue van Meer a traversé l’Amérique en long, en large et en travers. Son père, professeur à l’université, change de fac à chaque rentrée voire chaque semestre. Cette existence nomade prend fin lorsqu’il décide de s’installer à Stockton pour permettre à sa fille d’intégrer Harvard l’année suivante. Les premières pages racontent la vie avant Stockton : la mort de la mère, les copines du père (surnommées « sauterelles »), les livres, les dissertations le temps d’un trajet etc. Ensuite, il s’agit de l’année à Stockton : celle-ci s’annonce peu différente des autres, nouveaux visages, même anonymat, groupes de travail intéressés par les bonnes notes de Bleue. Et pourtant, une silhouette élégante vient modifier l’atmosphère, celle d’Hannah Schneider, professeur d’histoire du cinéma, qui fascine Bleue. Hannah réunit autour d’elle un petit cénacle d’étudiants et insiste pour que Bleue en fasse partie. Ce groupe assez hétéroclite, que la personnalité d’Hannah rapproche, est assez jaloux de cette distinction. Bleue est intégrée par respect pour Hannah mais sans grande joie. Conviée aux fêtes et aux dîners, elle poursuit sa vie d’étudiante studieuse mais prend sa première cuite. Elle forge des amitiés et s’interroge sur ce que cache son professeur. Il y a visiblement un "mystère Hannah" comme il semble exister un passé étrange derrière chaque membre du club.
Outre l’intrigue principale, Pessl s’amuse à portraiturer le père de Bleue, à relater leurs échanges érudits. Ce livre fourmille de dessins et de références, littéraires et scientifiques, signalées entre parenthèses, comme dans une thèse ou tout autre travail de recherche. Certaines amusent (l’encyclopédie du vivant, constamment citée pour divers animaux, permet de se faire une image des personnages), d’autres intriguent (titres réels ou inventés, mystification de l’auteur ou thèses improbables ?). Enfin, les titres des chapitres sont des titres de romans… le lien n’est pas toujours évident avec le contenu.

Pour conclure, j’ai trouvé ce livre assez éblouissant dans sa forme et son ton, j’ai souvent souri ou ri, j’ai eu envie de le prêter, j’ai eu du mal à le lâcher. Bref, j’ai aimé. 

Dominique

Je n’ai pas adoré ce classique de Fromentin. A vrai dire, je trouve qu’il est très proche de beaucoup de textes du XIXe, mais il ne brille ni par son style, ni par son thème, bref rien de follement original.

Le narrateur fait connaissance avec Dominique lors d’une partie de chasse et devient son ami au fil de leurs rencontres. Un soir, Olivier, meilleur ami de Dominique, lui envoie un mot, lui apprenant qu’il a essayé d’attenter à ses jours inutiles mais n’a pu que se défigurer. Cet événement déclenche une véritable logorrhée chez le héros. Celui-ci raconte son adolescence en compagnie d’Olivier, ses émois amoureux devenus passion pour Madeleine, cousine de son ami. Dégouté de la ville et de ses déconvenues, Dominique et Olivier choisissent une vie de gentilshommes campagnards, peu convaincus du sens à donner à leur vie.

Un roman que je n’ai pas trouvé très vif, ni même piquant, mais plutôt geignard… Fromentin a bien fait de se consacrer à la peinture (quoique sans originalité non plus) plutôt qu’à la littérature.


jeudi 4 septembre 2008

Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites


Julia essaye sans grande conviction une robe de mariée dénichée par son ami Stanley. A quelques jours de son mariage avec le jeune Adam (type même du gentil un peu chiant sans aucun potentiel), la jeune femme ne s’est pas encore souciée de cette formalité et semble s’en contrefiche. En outre, elle est incapable de se rappeler si elle a invité son père… Quand le secrétaire particulier de ce dernier lui téléphone, c’est pour annoncer la mort et l’enterrement d’Anthony Walsh, ce père si absent, le jour du mariage. La fête est reportée.

Plus tard, Julia découvre cependant que son père a fait en sorte de lui laisser un souvenir afin que, malgré cette mort, elle le connaisse mieux et, qui sait, lui pardonne ses absences. Avec humour, Levy traite des relations familiales, de l’amour et de l’amitié. Un roman dans la veine de ses premiers écrits qui donne envie de croire au premier amour mais qui laisse deviner ses rebondissements. Bref, toujours pas folle de cet auteur. L’année prochaine, peut-être ?!


mercredi 3 septembre 2008

La douane de mer


O vient de mourir à Venise, dans les bras de sa bien aimée, Marie. Son âme s’envole au dessus de la douane de mer et croise, avant de rejoindre l’indicible, une entité étrangère, A. A est un être conscient issu d’une galaxie lointaine, un explorateur moderne à la recherche d’autres consciences. O se donne trois jours pour lui faire découvrir le monde et l’aider à écrire un rapport pour ses compatriotes. Naviguant avec aisance et bonheur entre les continents et les ères, d’Ormesson fait revivre pour nous les amours de Sand et Musset, de Récamier et de Chateaubriand, son ami si cher, de Marie et lui-même. Il parcourt les combats, les guerres, le pillage de Rome en 1527. Il tente de faire comprendre à A la liberté et la finitude humaine. Jouant de sa philosophie, de ses lettres, de sa science, l’auteur nous émerveille (encore et toujours) par ses connaissances larges, son style précis, séduisant et prenant. Un roman que j’ai lu avant de découvrir Venise cet été, qui ne racontait pas tant Venise que ses touristes de tout temps émerveillés. Un très beau conte, proche de l’histoire du juif errant dans mon esprit. Réalité ou amalgame ?

mardi 2 septembre 2008

Sur ma mère

Un roman d’un écrivain qui m’est cher, Tahar ben Jelloun, sur un sujet difficile : la maladie et la mort de sa mère.

Lalla Fatma est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle oscille entre délires et lucidité. Son fils invente à partir des bribes saisies au vol le passé de sa mère, son histoire. Une maman qui redevient petite fille, qui discute avec les morts, qui confond ses enfants avec ses frères et sœurs ou ses parents. Reviennent en force les moments importants : les trois mariages, les naissances, les journées à préparer les grands repas, les moments d’intimité entre femmes, les déménagements, les rebondissements politiques… Derrière les mots de l’enfant, on devine une mère affaiblie, qui perd sa dignité. Auprès d’elle, Keltoum, qui la soigne, lui tient compagnie, lui parle et l’agace. Une femme qui profite de la situation mais tient sa promesse, reste fidèle à son amie malade.


L’auteur jongle entre passé et présent, entre souvenirs et événements quotidiens, entre coups de fil et visites. Récit touchant, témoignage d’amour d’un fils à sa mère, essai de reconstitution d’une vie qu’il a mal connue, entre Fès et Tanger. Ici, un peu de Maroc dans la vie quotidienne mais moins d'exotisme que dans d’autres romans car cette situation est, hélas, assez universelle.

lundi 1 septembre 2008

Anthologie de littérature oubliée : Perdus/trouvés


J’ai bien fait de suivre les suggestions de La Renarde concernant son libraire. J’ai poussé la porte de chez Tschann et en suis ressortie avec cet ouvrage peu banal dont le joli bleu turquoise m’a littéralement tapé dans l’œil.

Le titre avait de quoi intriguer et la quatrième de couverture, listant des auteurs et les définissant en quelques mots pleins d’humour, signalant « une épique publication de Monsieur Toussaint Louverture 25 euros, merci beaucoup », de quoi me plaire. Je vous parle de l’objet livre parce que c’est d’abord ce qui m’a séduite : un joli papier, épais, doux, des caractères d’imprimerie agréables et différents, des couleurs estivales… D'ailleurs, si vous voulez avoir des réponses aux 1001 questions que vous vous posez sur les livres, c'est !

Le contenu n’est pas en reste. Ces nouvelles dont les auteurs étaient pour moi d’illustres inconnus m’ont beaucoup plu. Elles sont réparties selon trois thèmes : intime et tragique, insolite et dérisoire, étrange et fascinant. C’est sans conteste les deux dernières catégories qui m’ont le plus emballée. Si je ne devais en retenir que quelques unes, ce seraient :

Humbourg, l’homme qui n’avait jamais vu le printemps. Un thème un peu à la Loti sur ces pêcheurs qui partent loin pour ramener des harengs et ne connaissent jamais de belle saison.
Samson, Fireman flower. Un récit très kafkaïen, où un pompier cherche l’origine du feu parmi ses hallucinations et le véritable brasier.
Avelot, les mystères rouges de l’hôtel Fornax. Un récit d’aventure, illustré, où le meurtre absurde émaille l’hôtel d’un Barbe bleu moderne.
Pawlowski, Inventions et dernières nouveautés. Objets surréalistes, utiles et comiques. Souvent évidents, il fallait y penser !
Valorbe, Au pays viride. Un tabou sur la nourriture dans ce pays étrange. L’exhibitionnisme ? croquer une pomme.
Escoula, la peau de la mer. Histoire poétique et triste d’une humanité sans soleil.
Fallada, je cherche mon vieux. Histoire d’un voleur de bicyclettes qui a piqué tout ce qu’il possède mais n’a pas de vélo.
Agapit, la manille muette. Une partie de carte criminelle.
Ewers, Ellen Carter. Fascination d’un homme pour Ellen, mangeuse d’hommes et femme fatale.
Smith, le jardin d’Adompha. Un jardin secret pour un souverain cruel. Des boutures végétales aux allures curieusement humaines.

Merci Céline la Renarde qui m'a tentée, merci aux éditions Toussaint Louverture pour ce si bel objet !