mercredi 29 février 2012

Chiens féraux

Étonnant petit roman que celui de Felipe Becerra Calderon !

Il y est question de ces chiens sauvages, ombres mouvantes, cris qui résonnent... Nous sommes au Chili, sous la dictature de Pinochet et Rocio plonge dans la folie. Ca ne se voit peut être pas très bien du point de vue de son époux, le policier Carlos mais pour le lecteur, c'est évident.
Elle est constamment interpellée par des enfants, qui fouillent son passé, qui la chérissent et la tourmentent. Ils évoquent son expérience en médecine, les villageois de ce coin de désert, les enfants, les chiens... les mirages. Ils parlent violence, ils parlent sang. 
Lui ? il passe ses longues journées à écrire sur un carnet. Avant de plonger aussi dans ses propres illusions et délires : une forme avance, une tache sur l'horizon. Qu'est-ce ? 

Pour plonger dans la folie, rien de mieux que cette écriture flirtant avec le surréalisme, mêlant pensée, parole et imaginations. Roman prenant, très bien écrit, d'un style proche de l'ensorcellement qui laisse deviner et construire, questionner et imaginer plutôt que de décrire.
Bluffant ! 

mardi 28 février 2012

Nouvelles chinoises. Tome 2

Merci à Babelio et aux éditions Myoho pour cet envoi.

Je n'ai pas été touchée par ces nouvelles extraites du Kin-Kou Ki-Kouan, je dois vous l'avouer. Ces histoires morales, où il est question de vol et de tromperie, d'amitié et d'amour, ne m'ont pas transportée. Je ne dis pas que c'est mauvais, cela ne m'a pas vraiment plu. 

Toutes les nouvelles se présentent avec quelques vers en exergue, illustrant bien souvent le propos qui va suivre. Là, il est question d'une ou plusieurs histoires morales.
La première 'Les Alchimistes' présente un homme qui n'a de repos tant qu'il ne parvient pas à changer le plomb en or. Il se fait bien entendu tromper par tous les faux chimistes venus.
'Comment le ciel donne et reprend les richesses' propose deux nouvelles sur ce thème : l'homme pieux trompé par une épouse avare voit les malheurs s'accumuler sur ses enfants. Il ne comprendra pourquoi qu'une fois seul et ruiné. Le pauvre reçoit des richesses pour une durée donnée : il prend vite les traits de ces riches qu'il méprise.
'Mariage forcé' propose un conte sympathique, peut être le plus plaisant du recueil. Un homme veut marier sa fille mais il n'acceptera que les prétendants à son goût. Pour tromper ce père exigeant, certains sont prêts à toutes les bassesses. 
'La tunique de perle' est à nouveau une histoire d'époux et de tromperie. Comment vivre malgré l'absence de l'être cher ?
'Véritable amitié' présente un sacrifice presque inhumain pour un ami jamais rencontré.

Je ne saurais dire pourquoi je suis si peu enthousiaste, les thèmes ne m'ont guère touchée et l'écriture est d'une froideur peu commune, sans relief.
Mauvaise pioche pour moi.

lundi 27 février 2012

1Q84

Les deux premiers tomes de cette nouvelle aventure onirique et étrange de Haruki Murakami sont à lire. Vraiment !

Le premier tome Avril-Juin et le second Juillet-Septembre ne sont que le début d'une plus longue histoire, dans une réalité qui ressemble à la notre, mais qui en est pourtant différente de façon infime. 1Q84, c'est 1984 avec Q : kyu qui veut aussi dire 9. Tout se passe dans les deux réalités, qui se distinguent via quelques évènements historiques différents et par leur nombre de lunes. 

Dans ce roman, qui se déroule donc au Japon, nos héros sont deux trentenaires. Tengo est prof de math et écrivain. Enfin, nègre maintenant. Car il réécrit le premier roman de la jolie et étrange Fukaéri, La chrysalide de l'air. De ce best-seller, on ne sait pas grand chose sinon qu'il y est question d'êtres inconnus, les Littles-Peoples.

Aomamé, jeune femme dont le nom signifie haricot de soja, est coach et tueuse. Elle est au service d'une vieille dame qui prend sous son aile les femmes violées et souhaite que leurs bourreaux soient punis. Fille d'un couple de témoins de Jéhovah, elle a coupé tout lien avec sa famille à l'adolescence. Elle n'a gardé de son enfance qu'un bel amour pour un garçon dont elle n'a plus aucune nouvelles aujourd'hui. 

On suit nos deux personnages chacun à leur tour, dans une réalité dont on ignore souvent s'il s'agit de 1Q84 ou 1984, notamment pour Tengo. Il est beaucoup question de secte, de bien et de mal, de solitude. Mais aussi de simplicité, d'attentes, d'espoirs, de rencontres, de dialogues très forts, de spiritualité, de sens...
La plume onirique d'Haruki Murakami a su m’envoûter dès les premières pages et c'est avec impatience que j'attends la suite !

Pour moi, c'est vraiment le meilleur des romans que j'ai pu lire de lui à ce jour, qu'il s'agisse de Kafka sur le rivage ou de Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil.

samedi 25 février 2012

Hunger games

Katniss est une jeune fille de seize ans. Elle vit dans le District Douze, la plus délaissée des régions vassales du Capitole, centre du monde post-apocalyptique dans lequel elle vit. Il faut dire que comparé aux Districts 1 et 4 qui fournissent la capitale en produits de luxe et fruits de mer, le Douze est logé à bien mauvaise enseigne : l’industrie du coin, c’est le charbon, et l’air est empli de sa poussière. Alors Katniss se débrouille comme elle peut, et nourrit sa famille en chassant dans la forêt normalement interdite aux habitants, à cause des dangers qu’elle présente.

Au Capitole, le président Snow règne sur les districts d’une main de fer. Ses pacificateurs sont partout, et tous les moyens sont bons pour rappeler aux habitants des districts qui décide des règles du jeu. C’est d’ailleurs littéralement ce qu’il se passe tous les ans, lors de la Moisson. Devant les caméras, un jeune homme et une jeune fille de chaque district sont tirés au sort pour participer aux Hunger Games. Des jeux biens singuliers, qui prennent place dans une arène close, éloignée de tout, et où il ne peut y avoir qu’un seul survivant, un seul vainqueur. Et je vous le donne en mille : cette année-là, c’est la petite sœur de Katniss qui est tirée au sort. Elle ne fera ni une ni deux, et se portera volontaire à se place. Le décor est planté, les jeux peuvent commencer !

"Suspense" est sans doute le mot qui décrit le mieux ce livre de Suzanne Collins qui se dévore sans difficultés. L’auteur nous mène de rebondissement en rebondissement, et l’on a bien du mal à décrocher des 200 dernières pages. L’atmosphère est tantôt malsaine, tantôt légère, jamais creuse… Le scénario est très bien monté, on croit avec effroi à ce système où la télé-réalité et les médias ont tout corrompu. Les personnages principaux sont également assez réussis : tout en relief, on ne peut rester indifférent à ces gladiateurs improvisés livrés à eux-mêmes, forcés à réveiller leurs instincts les plus primitifs malgré eux…

On pourrait entamer une réflexion de fond sur le scénario, et les déviances du système actuel qu’il pointe. On pourrait aussi s’arrêter de lire et se rendre compte que l’on prend certainement autant de plaisir à suivre les Hunger Games que les habitants du Capitole si avilis. Cela m’est arrivé à quelques reprises. Mais je n’irai pas plus loin dans cette direction : Hunger Games est avant tout un très bon livre, qui ne cherche pas à vous culpabiliser mais à vous tenir en haleine, et je vous le recommande vivement !


Le commentaire de Praline :
Terminé lundi dernier aux heures tardives du petit matin, j'ai littéralement été happée par cette lecture. Certes, j'avais tendance à me sentir voyeuse mais jamais je n'ai pu lâcher le roman. 
Notons également que les caractères des personnages, notamment Peeta et Katniss sont bien étudiés et donnent envie de dévorer la suite. Cette fille du feu est une vraie survivante, et elle aura besoin de tous ses atouts dans l'arène. Par contre, elle reste ou tente de rester humaine, de ne pas se laisser embarquer par le système de violence et de haine. Et pourtant...
Palpitant !


Le tome suivant
Le tome 3

samedi 18 février 2012

Les écriveurs. La Cité lumineuse

Merci à J'ai lu pour ce roman de Frédéric Mars.

J'avoue que j'ai d'abord eu quelques craintes. Lara Scott, surnommée Lara Croft, me paraissait une héroïne un peu pénible. Mais j'ai vite eu envie de la suivre.
Mais avant tout, je dois vous parler du début : Tout commence par une noyade. Et là, le temps s'étire. Lara, que sa demi soeur Bethsie maintient sous l'eau, nous raconte par des sauts de plus en plus éloignés dans le temps ce qui l'a conduite ce matin à mourir. 
Fort heureusement, elle survit grâce à un truc louche, une espèce de pouvoir... Elle peut écrire en double miroir (lettres retournées et de droite à gauche) et se dérober ainsi à Bethsie avec, dans l'ordre, un respire puis un Bethsie lache Lara. Elle a de la chance d'avoir eu du sable meuble à disposition !
Cette haine, on la comprend assez mal. J'imagine que c'est réservé aux tomes suivants.

Puis Lara est Révélée. Comprenez que ses dons lui sont expliqués. Elle peut écrire la vie des hommes qui lui sont confiés tout comme chacun parmi les Ecriveurs peut écrire une vie et celle de toute l'humanité, ou presque. Épatant, non ?
Bien entendu, Lara va découvrir ses nouvelles capacités, les utiliser pour tenter de comprendre son passé, notamment la mort de sa mère et faire pas mal de bêtises... Avant de découvrir qu'elle se frotte à plus fort qu'elle.


Un roman jeunesse plutôt sympa avec une exploitation du thème du grand livre de la destinée plutôt bien exploité. Des personnages qui, par contre, suivent les clichés de la littérature adolescente : les beaux gosses trop sexy, sages ou pervers, les filles trop jolies que l'on jalouse, la nana pas très mignonne ou qui ignore sa beauté et ses capacités... Bref, seuls les noms changent mais les caractères sont assez fades.
Par contre, l'île, les catégories d'Ecriveurs, la Galerie des Portes, les fenêtres de vie sont très chouettes.

Une lecture divertissante. Mon regret : qu'il s'agisse d'une série en X tomes !

jeudi 16 février 2012

Enola Game

Merci aux éditions Dialogues pour l'envoi de ce roman de Christel Diehl ! J'avoue que je me suis fait un peu priée car je craignais une lecture très déprimante. 
Alors, je ne peux pas vous dire qu'elle soit gaie. Mais elle est terriblement prenante. Elle conserve l'espoir malgré tout, même s'il est souvent ténu.

Une mère et sa fille se retrouvent seules, coincées dans leur maison. Un évènement que la fillette appelle 'La grande lumière' et sa maman 'Enola Game' a bouleversé la civilisation existante : plus d'électricité donc des appareils sans utilité, plus de travail ni de routine, plus de soleil...
Alors, il faut s'organiser avec ce que l'on a. Tenter de garder une dignité, un but. Utiliser enfin ce temps dont on pensait qu'il filait trop vite. 
Heureusement, les deux rescapées ont des vivres. Et puis, des aliments et de l'eau sont livrés régulièrement.
Cette catastrophe, c'est une façon de réaliser ce qui compte vraiment pour la narratrice, d'évoquer son passé, d'imaginer un avenir. Une pause obligatoire dans une vie survoltée, une mise à nu.

Entre flash-back, extraits d'une vie quotidienne entre quatre murs, suppositions sur ce qu'a pu devenir le reste du monde, la narratrice nous émeut, nous touche mais nous fait aussi réfléchir sur notre essence, notre essentiel, notre sens. 
Sans compter que le tout est porté par un style concis et poétique.
En termes d'ambiance, je dois vous avouer que l'angoisse, la tension voire la peur montent à mesure des pages. L'étau se resserre et les dangers du monde extérieurs semblent se multiplier et se rapprocher de cette maison cocon.

Une histoire qui m'en rappelle une autre : En un monde parfait par exemple ou Joueur_1 (dont il faut que je vous parle) ou alors Je suis une légende... Et certainement La Route que je n'ai toujours pas lu. 

mercredi 15 février 2012

Petits contes à régler : Le cas Rubis C.

J'ai plongé avec délices dans le roman de Gaël Bordet et j'ai eu beaucoup de mal à l'abandonner pour aller bosser, alors que je n'étais qu'à quelques dizaines de pages de la fin.
Vous l'avez compris, c'est un roman dans lequel on se sent bien : personnages attachants, suspense, créatures magiques et enchantements vous y attendent. Certes, c'est un roman à destination des djeuns et ça se sent parfois dans le ton employé, dans les relations des personnages entre eux, mais ça se lit tout à fait bien quand on est sorti du lycée (et ne me demandez pas depuis quand).

Figurez-vous qu'il existe une organisation mise en place par les divinités grecques pour veiller sur les contes de fées. Hypnos est directeur général du groupe Cyclone, attaché à la section MythIC (Mythes, Imaginaire et Contes). Il envoie en mission dans le monde de Perrault quatre de ses agents, Jason, un vétéran, Sybille, Helen et Hector. Les trois derniers sont de jeunes recrues, tout excités par cette première enquête.
Rubis C., alias le petit chaperon rouge, a été trouvée inanimée en forêt de Fontainebleau. En faisant appel aux dons de Sybille, à savoir visions, rêves prémonitoires et prophéties, et d'Helen, érudite en contes et langues féériques, les jeunes agents parviennent à désigner un suspect : Pandora, anciennement rattachée à MythIC mais traître à la cause. Pour faire toute la lumière sur l'affaire, les quatre jeunes gens sont envoyés dans le monde de Perrault où Cendrillon prend des grands airs...


Une très belle plongée dans les contes de fées, haletante, fourmillant de références, d'humour et de magie. 
Où l'on découvre que Carabas a plus de griffes que dans le conte, que Barbe-Bleue tient la taverne Les sept femmes à Barb', que les ogres peuvent être charmants et attachants... Bref, c'est plein de jolies rencontres, de tristes combats, de tours de passe-passe et de féerie.

Vivement le suivant !

lundi 13 février 2012

Le Lai du Chèvrefeuille

Je croyais que ce poème de Marie de France reprenait tout le mythe de Tristan et Yseut de façon globale, complète et exhaustive.
C'est plus ou moins le cas. Mais c'est hyper court ! Grosse surprise et déception pour moi. 

Le mythe est raconté dans les grandes lignes mais un épisode particulier est mis en lumière, celui de la rencontre des amants dans la forêt alors qu'Yseut chevauche vers Tintagel. Elle remarque un tronc gravé par Tristan et le retrouve pour quelques instants. 

Le rapport avec le chèvrefeuille ? (Certaines disent avec la choucroute mais bon, soyons de circonstance)

" D'euls deus fu il tut autresi
Cume del chevrefoil esteit
Ki a la codre se perneit :
Quant il s'i est laciez e pris
E tut entur le fust s'est mis,
Ensemble poeent bien durer ;
Mes ki puis les voelt desevrer,
Li codres muert hastivement
E li chevrefoil ensement.
Bele amie, si est de nu :
Ne vus sanz mei ne mei sanz vus !"


Ce qui donne en français moderne :


"D'eux il en était comme du chèvrefeuille
Qui s'enroule autour du coudrier ;
Une fois qu'il s'y est entrelacé et pris,
Et qu'il s'est au tronc de l'arbre noué,
Ensemble ils peuvent longtemps vivre.
Mais ensuite si l'on veut les désunir,
Le coudrier meurt hâtivement
Et le chèvrefeuille pareillement.
Belle amie, il en est ainsi de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans vous !"


Adorable, non ?

dimanche 12 février 2012

Tristan et Yseut

Après la version de Béroul, voici celle de Thomas. Bien sûr, on reste sur le même mythe donc l'histoire n'est pas différente. Sauf que les moments racontés ne sont pas les mêmes. 
Le premier extrait est celui de la consommation du philtre d'amour, sur le navire, et de la nuit de noce où Brangien remplace Yseut entre les bras du roi Marc. 
Puis on est projeté à la fin de l'histoire quand Tristan épouse Yseut aux Blanches Mains. Mais il ne consomme pas le mariage. Tristan revoit aussi Yseut alors qu'il est déguisé en lépreux. Enfin, on s'attarde sur la mort des deux amants. 

Ici, le ton est assez différent de celui de Béroul. On entre plus profondément dans la psychologie des amants, on apprend leurs douleurs et leurs espoirs. On croise un compagnon fidèle de Tristan, Kaherdin. Et puis, on rencontre l'épouse vierge de Tristan. On assiste à des scènes étranges : Brangien qui se révolte contre les amants, Tristan qui contemple une statue de sa belle etc.


Bref, des anecdotes différentes, moins vivantes selon moi que Béroul et moins drôles mais plus chargées et dramatiques.

samedi 11 février 2012

Amours de Cassandre

Pour le challenge de l'Irrégulière, je me suis replongée dans Ronsard. Pour moi, c'était un peu le poète de l'amour par excellence. En réalité, c'est plutôt le mal-aimé qui se plaint sans cesse des rigueurs de sa belle, qui ne daigne lui jeter un regard.
Du coup, j'ai aussi lu Sonnets et madrigals pour Astrée, une autre de ses belles. Ou peut être celle de Béranger du Gast, son amant, à qui Ronsard aurait prêté sa plume. C'est toujours ce même ton, plaintif et à la limite de l'adoration éperdue, menaçant parfois. Jamais il n'est question de plénitude de l'amour mais toujours des douleurs du coeur.
Le tout est empli de références à l'antiquité, à la mythologie, aux astres, à éros et à sa piqûre qui dure, etc. Il faut dire que les noms des deux miss s'y prêtent bien.

Pour tout vous dire, j'avais un souvenir plus enchanté de Ronsard. Mais j'ai trouvé qu'il utilisait les mêmes recettes régulièrement...

Alors un petit sonnet pour la route !


XXXVI

Pour la douleur qu'Amour veut que je sente , 
Ainsi que moi, Phébus, tu lamentais, 
Quand amoureux et banni tu chantais 
Près d'Ilion sur les rives de Xanthe. 

Pinçant en vain ta lyre blandissante , 
Fleuves et fleurs et bois tu enchantais, 
Non la beauté qu'en l'âme tu sentais, 
Qui te navrait d'une plaie aigrissante. 

Là de ton teint tu pâlissais les fleurs, 
Là les ruisseaux s'augmentaient de tes pleurs, 
Là tu vivais d'une espérance vaine.

Pour même nom Amour me fait douloir, 
Près de Vendôme au rivage du Loir, 
Comme un Phénis renaissant de ma peine.

vendredi 10 février 2012

La rivière à l'envers

Voici un très beau roman jeunesse de Mourlevat. 

Je vous plante le décor : c'est une quête et une histoire d'amour. 

Dans son petit magasin où l'on trouve normalement tout ce qu'on cherche, Tomek n'a pas d'eau de la rivière Qjar. C'est bien dommage car c'est justement ce dont la jolie Hannah a besoin. Cette eau qui donne l'immortalité... pour guérir son oiseau, une jolie passerine.
Hannah poursuit ses recherches et Tomek marche à sa suite. Il est tombé amoureux au premier regard.

Tomek quitte le monde qu'il connait et découvre des territoires étonnants : une forêt où l'on est oublié du monde et où vivent des bêtes, un champ de fleurs délétères, un océan et une île maudits, une rivière... qui coule à l'envers. Ces paysages fantaisistes sont peuplés de personnages sympathiques : une belle et son âne, des petits parfumeurs, des marins... 

Plus qu'une quête de son amour, Tomek part véritablement à la conquête des mondes connus ! 
Une réflexion sur la mort, sur le départ et l'ouverture au monde !


Un roman imaginatif, bien mené, bien écrit, à la Alice au pays des merveilles.
Et il existe une deuxième tome, Hannah, qui raconte cette quête du point de vue de la jeune femme.

jeudi 9 février 2012

La Colline aux coquelicots

Le dernier né du studio Ghibli est mignon, charmant mais un peu niais. Ou naïf, ou frais. Selon l'humeur !

Japon, années 60, petite ville côtière.
Umi tient la maison avec ses soeurs et sa grand-mère. Elle hisse les drapeaux tous les matins en souvenir de son père, marin disparu en mer pendant la guerre. Elle va au lycée. Elle fait la cuisine pour la pension de famille. Et bientôt, elle s'investit dans le journal du lycée. Une vie bien réglée.
Shun, jeune garçon intrépide est scolarisé dans le même lycée. Il est très engagé dans la sauvegarde du lieu où sont établies les associations du lycée, le Quartier Latin. 

Tous deux vont beaucoup se rapprocher pour sauver la vieille bâtisse menacée de démolition. 
Cette année va leur permettre de se découvrir et de faire le point sur ce qu'est l'amour et l'amitié. 
Esthétiquement joli, mignon mais l'histoire ne casse pas trois pattes à un canard... Un shojo, quoi.

mercredi 8 février 2012

Hymne à l'amour

Une des plus belles chansons d'amour pour moi, une chanson qui me faisait pleurer à tous les coups !




Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer 
Et la terre peut bien s'écrouler 
Peu m'importe si tu m'aimes 
Je me fous du monde entier 
Tant qu'l'amour inond'ra mes matins 
Tant que mon corps frémira sous tes mains 
Peu m'importe les problèmes 
Mon amour puisque tu m'aimes 

J'irais jusqu'au bout du monde 
Je me ferais teindre en blonde 
Si tu me le demandais 
J'irais décrocher la lune 
J'irais voler la fortune 
Si tu me le demandais 

Je renierais ma patrie 
Je renierais mes amis 
Si tu me le demandais 
On peut bien rire de moi 
Je ferais n'importe quoi 
Si tu me le demandais 

Si un jour la vie t'arrache à moi 
Si tu meurs que tu sois loin de moi 
Peu m'importe si tu m'aimes 
Car moi je mourrais aussi 
Nous aurons pour nous l'éternité 
Dans le bleu de toute l'immensité 
Dans le ciel plus de problèmes 
Mon amour crois-tu qu'on s'aime 


Dieu réunit ceux qui s'aiment


lundi 6 février 2012

Du domaine des Murmures

Les Murmures, c'est un fief de Bourgogne avec son château accroché à la falaise.
En 1187, Esclarmonde, jeune adolescente promise à un coureur de jupons, Lothaire, décide de ne pas se marier. Au milieu de la cérémonie, elle dit "non" à son promis et se coupe l'oreille alors qu'un agneau vient se réfugier à ses pieds. Désormais considérée comme sainte, la vierge demande d'être enfermée dans une étroite cellule adossée à la chapelle.
De ses murs, Esclarmonde va se livrer à sa spiritualité mais aussi plonger dans les tourments les plus matériels. 
La recluse et cette cellule deviennent un réceptacle à secrets : tous viennent glisser leurs péchés dans cette oreille déchiquetée.

Loin d'être une dissertation sur la foi et le mysticisme, ce roman nous fait voyager dans le temps et dans l'espace. Nous sommes en Bourgogne mais aussi en croisades, avec une femme mais qui observe les hommes, dans une hagiographie et ses légendes... 

Des personnages forts, aux caractères tranchés, de la violence, des mots, Dieu pas tant que ça, voire pas du tout, quelques images fortes d'architectures, de l'amour, des mensonges en nombre, des superstitions...
Ce roman, comme un conte, joue sur des mythes et des légendes populaires, qui remplacent bien souvent un Dieu qu'on attend au coeur du récit.

La voix de Carole Martinez garde intacte cette force que j'avais apprécié dans Le Coeur cousu, cette puissance évocatrice, sa chaleur et son timbre si beau. 

Pour celles qui aiment les héroïnes médiévales et spirituelles, vous pouvez lire ce roman ou celui-ci, vous resterez dans ce genre d'ambiance !

dimanche 5 février 2012

Des photos et des plans

Les photos, ce sont celles de Diane Arbus, exposées au Jeu de Paume.
Traversant les salles de l'établissement, on suit sur les murs des photographies qui se suivent, sans rapport parfois, avec un thème commun de temps à autres (la salle des handicapés). Cartels minimalistes, photographies en noir et blanc, murs blancs (et foule à la queue-leu-leu devant ces murs) : j'ai eu un peu peur en entrant dans les premières salles.
Mais finalement, pas besoin de mots, les images sont évocatrices, les titres peuvent préciser un contexte qui échappe. 

Au final, une évocation de l'Amérique des années 60-70 et de ses rites, des images d'inconnus, d'anonymes ou de stars. Et une contextualisation qui n’apparaît que dans les deux dernières salles : vie de la photographe et thèmes qui lui sont chers. Une progression qui m'a semblé très juste pour cette exposition, mais un peu floue, comme s'il était impossible d'imposer un ordre quelconque à ces clichés. Plaisant pour les yeux, qui donne envie d'aller fouiller un peu plus loin.


Les plans, ce sont ceux de la Cité de l'Architecture et de ses beaux hôtels particuliers. 
S'il est une exposition à recommander, c'est bien celle-là. Elle est abordable : pas besoin d'avoir fait une thèse sur le sujet pour le comprendre. Elle apprend et synthétise. Elle propose des oeuvres sympa.

L'exposition suit une progression en trois temps : le premier est le plus ludique et peut être le plus critiquable. Il fait entrer le visiteur dans l'espace d'un hôtel particulier dont il reconstitue les volumes et la décoration. Entre la period room et le décor de cinéma, la démarche peut choquer. Elle est pourtant réellement évocatrice pour le visiteur.
Suivent des exemples d’hôtels particuliers parisiens remarquables, autant d'exemples pour leur époque, depuis l'hôtel de Cluny jusqu'au Palais Rose en passant par Lambert et Thelusson. Enfin, dans les alcôves des côtés, c'est un peu le fourre tout avec la question de la place de l’hôtel dans la ville, son décor, ses façades et ses jardins.

Une exposition véritablement enrichissante car elle apporte un regard sur un phénomène parisien, son exemplarité mais aussi sa conservation difficile aujourd'hui. Elle interpelle véritablement le visiteur et l’entraîne dans un dédale de pièces superbes. Je regrette simplement que l'aspect social n'ait été que brièvement mentionné. 

samedi 4 février 2012

La Horde du Contrevent

Comment vous parler du livre de Damasio ? 
Ce roman m'a véritablement séduite. En compagnie des 23 de la Horde, je suis remontée d’extrême aval en extrême amont, contrant le vent sous ses différentes formes.

Dans un monde battu par un vent aux souffles meurtriers, 23 compagnons formés depuis l'enfance, cherchent à accomplir une quête : gagner l’extrême amont pour y trouver la source du vent. Ils forment la 34e horde et marchent sur les traces de 33 précédents échecs.
De ces 23 hommes et femmes, on retiendra quelques noms et caractères : Golgoth, le traceur. C'est le bourrin, le gros dur, celui qui résiste à toutes les épreuves, qui parle comme un charretier. Sov et Caracole, le scribe et le troubadour, amateurs de mots, l'un conte la quête, l'autre l'imagine. Pietro, la noblesse incarnée. Oroshi, l'aéromaîtresse, celle qui connait le vent mieux que quiconque. Erg, le protecteur...
Je ne parlerai pas des autres mais ils sont tout aussi importants. Chacun a un rôle précis pour le salut de toute la horde. Seulement, ils l'ouvrent moins !
Chacun est désigné dans le livre par un symbole, un glyphe : cela demande un temps d'adaptation pour bien différencier les personnages car, à l'exception de Golgoth, leur style n'est malgré tout pas très différent.
Et puis, il y a le vent avec sa grammaire et son système de notation propre : dommage que le cours de Sov ne dure pas plus ! On aurait aussi aimé pouvoir noter les frémissements de l'air.

Leur spécificité : ils vont à pieds. Alors que les fréols utilisent des voiles et des vaisseaux, nos 23 suivent une tradition ancestrale, qui parait parfois dépassée.

Cette quête pourrait être aride sans la vivacité des personnages, leurs rencontres et les aventures (avec les hommes ou le vent ou les créatures) qui parsèment leur chemin. Et c'est une quête spirituelle également, parfois un peu tirée par les cheveux...

Un livre dont la forme particulière pourra déranger et dont les premières pages peuvent êtres difficiles à passer. Pour moi, cela a plutôt été l'inverse : un émerveillement inné devant ce livre avant d'en noter les quelques défauts (que je n'ai pas envie de détailler car mon sentiment général est excellent).

En gros, il faut le lire, se faire son idée mais je puis vous assurer que c'est une randonnée que vous n'oublierez pas !

vendredi 3 février 2012

Tristan et Yseut

J'ai relu avec plaisir ce mythe de l'amour par excellence !

La version de Béroul, que j'ai étudié voilà plusieurs années, m'a permis de replonger dans un univers médiéval.

L'histoire, vous la connaissez : Yseut et Tristan s'aiment à cause d'un philtre bu par erreur. Mais Yseut est mariée à Marc. 
Ce que les extraits de Béroul nous content (le début et la fin manquent), ce sont quelques moments dans la vie des amoureux : comment ils échappent à la vigilance du roi Marc, comment ils le fuient et vivent cachés dans la forêt à l'égal des vagabonds, comment Yseut est jugée à son retour à la cour.

Ces différents épisodes nous présentent l'amour comme désespéré. C'est un plaisir certes, mais pesant car fatal ici. Les amants doivent renoncer à toute ambition, tout respect d'eux-mêmes à cause de cet amour. C'est l'aspect amer qui transparaît. 
C'est aussi l'humour et la ruse des amants qui est au coeur du roman : ils ne cessent de tromper les autres, surtout Marc. Ils se griment, jurent et font des mots grivois.
C'est l'ordre social qui est mis en cause par cet amour. Les vassaux qui s'inquiètent d'avoir un roi incapable de faire sa loi chez lui.

Bref, l'amour de Tristan et Yseut, ce n'est pas vraiment celui des contes de fées mais c'est un des plus fous !


jeudi 2 février 2012

Le Jeu du chevalier

Je ne sais plus bien où j'ai entendu parler de ce titre de Kit Pearson mais j'ai bien fait de suivre ce conseil lecture.
Sans être exceptionnel, ce roman est à la fois un bon divertissement et une mise en garde pour son lecteur. Il rappelle la difficulté d'être un adolescent, le danger de certains jeux, la limite entre imaginaire et folie etc.

L’héroïne de ce livre, c'est Corrie Bell. Troisième d'une famille de six enfants, elle est en primaire. Sébastien et Rose sont ses aînés, ils sont au collège. Orly, Juliette et Harry sont plus jeunes. Toute cette belle famille s'élève plus ou moins seule depuis la mort de la maman. Et le père ? Universitaire très pris, perdu dans sa propre douleur, il néglige sa famille. Une bonne est présente tous les jours mais elle est plus une contrainte qu'une aide.
En bref, la vie n'est pas très marrante pour les Bell.

Méredith, l'amie de Corrie, va venir bouleverser le rythme de la demoiselle : elle lui fait prendre conscience de certaines absurdités, des qualités et des défauts de cette vie sans adulte. Elle la questionne sur le sens de "grandir" et d'adolescence.
Et surtout, elle va vouloir imiter les jeux familiaux de Corrie. 
Les frères et soeurs incarnent les chevaliers de la table ronde. Sébastien est Lancelot, Corrie incarne Gareth tandis que Rose imite Gauvain. Sébastien mène ses cadets dans des aventures médiévales, s'appuyant sur les textes. Il fait évoluer chacun, par des défis, des aventures, jusqu'au rang de chevalier.

Mais cette façon qu'à Sébastien de tout ramener à la chevalerie ne cache-t-elle pas quelque chose ? A mesure qu'il grandit, cette attitude étonne de plus en plus. 

On découvre un mal être adolescent à travers les yeux d'une enfant, les extrémités d'une dépression passée inaperçue. Et le contexte chevaleresque n'est pas pour déplaire. Le tout mâtiné d'Amérique sixties...

mercredi 1 février 2012

P'tit geste vert

bonial – promos, horaires et catalogues zero papier

Ce nouveau bidule sur le côté : c'est un arbre !
En gros, on plante un arbre pour compenser les émissions carbone de Pralineries. Moi, je trouve ça cool...
Parce que le vélib' ne suffit pas !

Si vous voulez en savoir plus, c'est ici.

Don Quichotte

Il est des classiques que l'on commence, que l'on dévore puis que l'on laisse de côté avant de les reprendre, de façon plus ou moins suivie. Pour moi, Don Quichotte a été une lecture à épisodes, comme le livre lui-même d'ailleurs. 

Je vous conte quelques mots pour vous remettre en tête de l'histoire de Cervantès
Alonso Quichano, amoureux de livres de chevalerie errante, se prend pour un des héros de ses livres. Il part alors avec Sancho Pança en quête d'aventures.
Les aventures en questions sont presque innombrables. Il est question d'amour, d’enlèvement, d'armées, de chrétiens, de maures, de déguisements... Les personnages que croisent les deux compères viennent distraire le lecteur comme autant de petites nouvelles ou contes enserrés dans le récit. Et ces rencontres peuvent avoir plusieurs facettes selon qu'elles sont racontées par l'auteur ou perçues par Don Quichotte, obsédé par les sorts et les magiciens. 


Je ne suis pas une spécialiste du livre, c'était ma première lecture in extenso. Je me sens un peu désemparée pour en causer.
Allons-y à bâtons rompus ! 

J'ai été étonnée par les faits suivants : 
- Les épisodes que l'on connait le plus (Dulcinée, les moulins à vents etc) apparaissent dès les premiers chapitres. Soit tout le monde arrête après le premier livre, soit on estime la suite inintéressante. 
- L'auteur intervient régulièrement, commente, critique, s'amuse, se cache sous des noms d'emprunts. Bref, c'est moderne ! 
- On se croirait dans un roman d'aventures à tiroirs façon Gil Blas de Santillane.
- La langue est drôle, jouant sur les mots, sur les répétitions... et sur les proverbes pour Sancho Pança. C'est plein d'humour !
- C'est moral, mais pas toujours...
- Les descriptions de la folie de Don Quichotte que l'on prend pour de la mythomanie avant de comprendre que c'est la "Mania" dans toute sa splendeur.
- L'évolution des personnages, notamment de Sancho Pança, qui mûrit.
- La puissance imaginative et le terre-à-terre des situations : ce qu'elles sont, ce qu'elles semblent être et comment elles ont abouti à ces extrémités.
- L'attachement que l'on éprouve envers les personnages, même secondaires.
- Sancho devient vraiment gouverneur d'une île 
- La folie du chevalier à la triste figure est chronique !
... Et plein d'autres détails attachants, charmants, surprenants, parodiques, ironiques, historiques, ...

Un roman très riche, qui demande du temps, qui nécessite parfois qu'on l'abandonne un peu pour mieux le retrouver !
Lecture qui n'a pas été que d'hiver pour le challenge de Marmotte