mardi 30 juillet 2019

Les furtifs

Voilà un livre que, sans le savoir, j'attendais. J'avais beaucoup aimé découvrir l'écriture et l'univers de Damasio dans La Horde du Contrevent. C'était un plaisir de découvrir à nouveau un roman après ses nouvelles. Gros roman, foisonnant, il m'a moins emballée que le précédent mais beaucoup donné à penser.

Dans un avenir très proche, l'Etat n'a plus aucun pouvoir et se sont les marques qui possèdent les villes. A Orange, gérée par la compagnie du même nom, Lorca Varèse passe son examen final au Récif. Il va devenir chasseur de furtifs, des êtres vivants inconnus du grand public, dont on soupçonne qu'ils vivent à la lisière de nos sens. Paradoxal pour un sociologue et un alter que de se retrouver dans l'armée ! Mais Lorca est prêt à tout si cela peut lui permettre de retrouver sa fille de quatre ans, Tishka, disparue depuis plusieurs années. Fillette évaporée dans un appartement fermé, en présence de ses deux parents, Lorca et Sahar. Fillette qui disait communiquer avec d'autres êtres avant  sa disparition. 
Sahar a fait son deuil, Lorca non. C'est donc d'abord la quête de ce père qui occupe toute la place. Intégré à la meute d'Herman Agüero, avec Saskia et Nèr, Lorca débute les chasses. Et il tente de reconquérir sa femme en lui rapportant des preuves de l'existence des furtifs, à défaut de Tishka. Comme dans la Horde, chaque personnage a sa typo et son vocabulaire propre, lié à son histoire et à son boulot. Saskia est d'abord dans les sons alors que Nèr est dans le visuel. Agüero n'hésite pas à utiliser l'espagnol. C'est un peu son glyphe, cette empreinte que laissent les furtifs. Pour le coup, c'est bien plus facile de distinguer les personnages que dans la Horde, tant ils sont différents et typés, voire caricaturaux.

Au-delà de cette quête, il y a la description d'un monde ultra connecté, où chacun a une bague et un forfait qui lui donne accès à des zones de la ville, à certains espaces et services. Chacun est suivi et partage ses données aux gentilles IA. Sauf quelques alters et pirates qui détournent le système comme Sahar, Lorca... et les fameux furtifs, indétectables. Une menace pour une société de contrôle. 
On découvre aussi des zones libres et des zones de résistance, avec des communautés qui vivent de l'harmonie et l'aide (utopie contre dystopie, Damasio ne fait pas dans la demi-mesure). Et c'est finalement cette lutte entre deux mondes qui occupe le roman. Une lutte manichéenne et éternelle. 
Allergiques à la politique et adeptes de l'ultra libéralisme, ce livre n'est pas forcément pour vous car l'auteur a très clairement choisi son camp et nous assène régulièrement des passages poético-politiques un peu lassants et longs. 
La longueur - ou les longueurs - est aussi pénible : il y avait des pages à élaguer, notamment à la fin.

Bref, si c'est un plaisir de retrouver Damasio, je retiendrai plutôt la Horde que les Furtifs, tant au niveau de la narration et de la langue. Pour l'engagement politique, why not, mais il manque franchement de finesse !

lundi 29 juillet 2019

El llano en llamas

Recueil de nouvelles du mexicain Juan Rulfo, prêté par un collègue, qui se lit très bien. Chaleur, pauvreté et violence dans les pages qui suivent. Au centre du recueil, un lieu, le Llano grande, hostile à la vie. Et un fond de solitude, de tristesse. On marche beaucoup, on fuit les forces de l'ordre ou les crimes commis.

Nos han dado la tierra : un groupe cherche la terre qu'il vient de recevoir, dans le désert, on marche avec eux.
La cuesta de las comadres : qui a tué les Torricos ?
Es que somos muy pobres : une inondation et tout est perdu : champ, vaches et veaux... que reste-t-il pour vivre que de se vendre soi-même ?
El hombre : une histoire de meurtres et de vendettas familiales où chacun fait la justice à son compte.
En la madrugada : il s'en passe des choses à l'aube dans une ferme, notamment des histoires incestueuses.
Talpa : Natalia, Tanilo et le narrateur se rendent à Talpa, sanctuaire miraculeux de la vierge Marie, pour soigner Tanilo. Et en chemin...
Macario : Il est simple, il a faim, il aime beaucoup la servante de sa marraine, Felipa.
El Llano en llamas : histoire de guerres. Finalement pas ma préférée du recueil.
¡Diles que no me maten! : vendetta encore.
Luvina : la vie dans ce village déserté par les hommes.
La noche que lo dejaron solo : il a un peu tardé en chemin, c'est ce qui le sauve.
Paso del Norte : il migre vers le nord.
Acuérdate : Tu te rappelles d'Urbano Gomez, qui était à l'école avec nous ? Il a mal tourné.
No oyes ladrar los perros : si on n'entend pas les chiens, c'est qu'on est perdu. Histoire d'un père et d'un fils.
El día del derrumbe : quand des politiques débarquent après un tremblement de terre, pour vider encore plus les caves !
La herencia de Matilde Arcángel : un père déteste son fils d'avoir tué sa mère à la naissance.
Anacleto Morones : un groupe de femmes veut béatifier Anaclète. Mais celui qui les reçoit ne souhaite pas qu'il en soit ainsi. 


vendredi 26 juillet 2019

Lettres d'or

Je poursuis mes lectures de Bobin, petits livres lumières. Malgré son titre, celui-ci l'est un peu moins pour moi. Ce sont des lettres à la femme aimée. Des lettres qui lui parlent parfois d'elle, parfois du monde, parfois de lui. Il y est beaucoup question d'amour et de solitude. Il n'y a pas d'histoire, pas de sens. Il y a des mots, des éblouissements poétiques. On se promène dans les pages, on picore. Rien n'a retenu mon attention plus que cela. Mais c'était une balade agréable, comme si, à la place des paysages magnifiques que j'espère trouver dans ces livres, j'avais pris un chemin parallèle, celui où l'on croise aussi voitures et bus. 

Du coup, pas de phrase choc pour moi dans ce titre. J'ai bien aimé ces deux passages mais aucun ne me traverse l'âme.

"Les poètes sont des gens qui ne savent rien faire de leurs mains, sinon des gâteaux de silence, qui leur prennent tout leur temps et qu’ils oublient ensuite, sur une assiette de faïence, au bord de la fenêtre. Les enfants viennent y goûter, puis les bêtes, enfin les morts qui nous entourent et ne tolèrent pas d’autre nourriture que ces quelques miettes, invisibles". 

"Il y a ainsi deux journées dans une seule : celle que l'on vit et qui est fausse, celle qui est vraie et que l'on ne vit pas. On est sur un chemin. On longe une haie, et derrière c'est le même chemin, tout pareil mais désencombré, comme un sillon de lumière tracé d'un seul coup. Ce n'est pas qu'on soit perdu : par habitude, on va tout droit aussi, jusqu'au soir. Ce sont les choses qui nous ont perdu, étant sur l'autre chemin où nous ne sommes pas"

lundi 22 juillet 2019

Contes bizarres

C'est l'un des premiers titres de ma LAL. Il doit être dans ce carnet depuis plus de dix ans et je ne suis pas certaine qu'il ait été nécessaire de le découvrir. Le recueil contient trois contes d'Achim d'Arnim, un poète et romancier romantique allemand. Après la préface assez indigeste de Breton, je m'attendais à des écrits méconnus mais incomparables. Ce n'est pas exactement ça.

Isabelle d'Egypte : une jeune femme vit dans une maison présumée hantée, avec une vieille bohémienne. Son père vient d'être pendu. Elle s’amourache du jeune prince Charles -futur Quint- et veut le séduire en utilisant une mandragore. Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu : la racine devient un petit être malfaisant, on croise un golem, les amoureux sont joués... C'est à la fois trop long dans le développement et trop court sur certains passages clés. Décevant.

Marie Melück-Blainville : Une jeune inconnue, venant de l'Orient, est baptisée Marie Melück. Elle entre d'abord au couvent puis se fait actrice avant de tomber amoureuse du fidèle comte Saintrée, qui se languit de sa Mathilde. Mais les femmes, un peu sorcières, ont des charmes auxquels nul ne résiste. Une histoire qui se poursuit jusqu'à la Révolution.

Les héritiers du Majorat : Un jeune héritier revient dans sa contrée natale où un cousin l'accueille. Il vit pauvrement, espérant un jour récupérer un peu des biens de la famille. L'héritier du Majorat s'installe chez son cousin, où il découvre la belle Esther, beauté triste et malade comme lui. Il assiste à des scènes curieuses et magiques avant de voir s'effacer la belle. 

lundi 15 juillet 2019

La Porte des enfers

Plonger dans un roman de Larent Gaudé est souvent pour moi gage d'une lecture addictive et forte, traversée d'images et de métaphores intenses. C'est le genre de livre que j'ai du mal à lâcher, qui m'habite toute la journée qui me sépare de ses pages et sur lequel je me jette en rentrant du boulot. 
Avec ce titre, on entre dans les mystères de la mort et des enfers. Préparez vous à une excursion dantesque dans les rues de Naples et dans ses enfers.

Pippo est mort, fauché à 6 ans dans une fusillade à Naples. Ses parents, Matteo et Giuliana voient s'effondrer toute raison de vivre. Matteo tourne en rond dans les rues désertes chaque nuit, bercé par son taxi. Giuliana maudit le monde. Au cours de ses errances, Matteo rencontre des passionnés de l'enfer, l'enfer sur terre ou ailleurs. Une étrange assemblée, dans un bar ouvert à des heures indues. Une assemblée qui l'accompagne bientôt dans la quête de son fils. 

Roman aux notes fantastiques, qui m'a beaucoup rappelé Ouragan. Mais quelle noirceur, quelle douleur, quelle terreur que la mort et ses enfers ! Beaucoup moins optimiste finalement que ce qui se vit à Haïti. Joie pourtant de cette lecture, de l'écriture de Gaudé. 



vendredi 12 juillet 2019

L'éloignement du monde

J'avais déjà lu ce texte de Bobin dans le recueil de Gallimard, L'enchantement simple. Je le redécouvre dans son unicité et dans sa première édition. Ce sont autant de méditations sur le monde. Quelques phrases, une lettre, un paragraphe qui nous font toucher la beauté de la vie. En comparant mes lectures, dans deux ouvrages différents, je constate que j'ai le crayon plus amoureux de Bobin aujourd'hui. Je souligne plus. Je coche. Je note. Certaines phrases résonnent toujours. D'autres s'ajoutent au bouquet de mots. Je vous les livre. 


"Si nous considérons notre vie dans son rapport au monde, il nous faut résister à ce qu'on prétend faire de nous, refuser tout ce qui se présente - rôles, identités, fonctions - et surtout ne jamais rien céder quant à notre solitude et à notre silence. Si nous considérons notre vie dans son rapport à l'éternel, il nous faut lâcher prise et accueillir ce qui vient, sans rien garder en propre. D'un côté tout rejeter, de l'autre consentir à tout : ce double mouvement ne peut être réalisé que dans l'amour où le monde s'éloigne en même temps que l'éternel s'approche, silencieux et solitaire" 
"Du point de vue de l'esprit, il n'y a aucune différence entre surabondance et pénurie : plus on va dans la solitude et plus on a besoin de solitude. Plus on est dans l'amour et plus on manque d'amour. De la solitude, nous n'en aurons jamais assez et il en va de même pour l'amour - ce versant escarpé de la solitude"
"L'homme du sérieux est un des plus puérils qui soient. Il se penche sur sa vie comme l'écolier sur sa copie. Il s'applique et se scandalise de l'indulgence du maître pour les mauvais élèves qui savent que la vie est parfois grave, souvent légère - jamais sérieuse"
"Nous sommes devant la vie comme devant un messager qui frapperait chaque matin à notre porte. Nous l'invitons à entrer, nous le faisons asseoir et nous commençons à lui confier nos espérances et à lui faire part de nos plaintes, avant de lui proposer de partager notre repas et de nouveau la litanie des plaintes, le bavardage des espérances, à présent c'est le soir, nous le raccompagnons à la porte et nous le saluons sans avoir pensé une seconde à lire cette lettre qu'il agitait tout ce temps sous nos yeux" 
"Ce qui est dit n'est jamais entendu tel que c'est dit : une fois que l'on s'est persuadé de cela, on peut aller en paix dans la parole, sans plus aucun souci d'être bien ou mal entendu, sans plus d'autre souci que de tenir sa parole au plus près de sa vie"
"Nous allons ici et là, à la recherche d'une joie partout en miettes, et le sautillement du moineau est notre seule chance de goûter à Dieu éparpillé sur terre"
"Il nous manque d'aller dans notre vie comme si nous n'y étions plus, avec cette souplesse du chat entre les herbes hautes, ou ce fin sourire de l'amoureuse devant son cœur cambriolé"
"Le monde ne tient que parce que nous nous croyons contraints de le porter sur nos épaules - sans voir que personne ne nous demande une telle chose"
"Nous nous plaignons du monde comme on se plaint de ne pouvoir sortir d'une pièce dont nous aurions fermé la porte à clef et jeté la clef par la fenêtre"
"Thérèse d'Avila, lorsqu'elle faisait à manger pour ses sœurs, veillait à la bonne cuisson d'un plat et concevait dans le même temps des pensées éblouissantes de Dieu. Elle exerçait alors cet art de vivre qui est le plus grand art : jouir de l'éternel en prenant soin de l'éphémère"
Et celle que je retiens en particulier pour aujourd'hui, c'est celle-ci : 
"Il faudrait accomplir toutes choses et même les plus ordinaires, surtout les plus ordinaires - ouvrir une porte, écrire une lettre, tendre une main - avec le plus grand soin et l'attention la plus vive, comme si le sort du monde et le cours des étoiles en dépendaient, et d'ailleurs il est vrai que le sort du monde et le cours des étoiles en dépendent"
 Elle me plait et me questionne. Doit-on être dans cette hyper attention au monde et aux choses ou dans un détachement ? J'ai l'impression qu'on oscille sans cesse avec Bobin dans le rapport au monde. Il y a ce monde au sens mondain qui est à fuir pour pouvoir être, en vérité. Et il y a ce monde au sens de la vie, qui devrait être vécue avec application et légèreté. Comment faire ?


lundi 8 juillet 2019

Le jardin forteresse

Bienvenue en Sicile, dans le palais de Denys de Syracuse, en -400. Ou plutôt dans son jardin, au coeur de ce roman. Un jardin où évoluent trois grâces, les filles du tyran : Sophro, Harmonia et Diké. Tout y est doux et joyeux, les jeunes filles jouent, se lavent, papotent dans un monde ouateux, hors du temps. Si leurs mères nourrissent encore des rivalités, c'est moins le cas des filles. Mais dans ce monde protégé, quelques informations mettent en garde les jeunes femmes contre les folies du temps et des hommes, à travers des mythes rapportés par leur nourrice. 

Et en grandissant, leur vie idyllique se transforme. Certes, le cadre ne change pas, reste luxuriant et protégé, mais il ressemble de plus en plus à une prison pour ces femmes mariées aux membres de leur famille, femmes-pions sur l'échiquier paternel. Et le jardin se transforme en serre étouffante et malsaine, gorgée de désirs de pouvoir et de sensualité...

Ecriture magnifique, personnages finement accompagnés dans leur évolution, atmosphère pesante palpable, c'est un magnifique roman malgré ses thèmes plutôt glauques. Une belle première découverte de Claude Pujade-Renaud !

vendredi 5 juillet 2019

Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas

Bobin et Boubat, quelle belle rencontre ! Les mots de Bobin, qui percent la carapace de la vie et des apparences pour en toucher l'essence. Les photos de Boubat, qui saisissent l'instant parfait, l'instant vivant. Ces photos qui illustrent les couvertures de Bobin chez Folio. 

C'est d'abord le titre qui m'a donné envie de découvrir cet ouvrage, dont j'ignorais qu'il ferait dialoguer images et textes. Quelque chose qui ne meurt pas... n'est-ce pas ce que chacun recherche, plus ou moins. Un peu d'éternité dans la brièveté du monde et des vies. 

D'abord, c'est un beau livre. Un grand format. Avec sur la couverture un petit garçon, l'oreille collée à un coquillage. C'est serein, poétique. Et quand on ouvre le livre, des photos en noir et blanc. Des photos du monde entier. Paris ou les Caraïbes, le Mexique ou la Provence. Des hommes, des femmes, des fleurs, des paysages, des mouettes, un bout de trottoir, flou, net. Du mouvement ou des poses. Et à côté, entre les pages, des mots de Bobin sur Boubat et sur la vie qu'il salue. Quelques mots sur la façon de prendre la photo, comme de vivre, ce moment d'absence à soi. C'est la même vie quotidienne, loin des grandes aventures. Cette petite vie discrète des mères de famille anonymes ou des passants. La bonté. Les anges. La joie. Bref, ce vocabulaire de Bobin que vous commencez à reconnaître. C'est un dialogue plus qu'un commentaire, les mots et les images se répondent. Et le lecteur peut entrer par le texte ou par les images. Feuilleter ou lire de façon suivie. On se promène. On observe ces hommes qui ont choisi un bien beau métier : 

"Dire : je sais les horreurs de cette vie et je ne me lasserai jamais d'en débusquer les merveilles, c'est faire son travail d'homme"

C'est cette petite phrase que je retiens, qui définit pour moi ce livre mais aussi ce à quoi, personnellement, j'aspire. Même si je le fais mal.

Et comme pour illustrer cela, deux extraits un peu plus développés sur des attitudes qui, je crois, construisent ce travail d'homme.
"La confiance est la matière première de celui qui regarde : c'est en elle que grandit la lumière. La confiance est la capacité enfantine d'aller vers ce que l'on ne connait pas comme si on le reconnaissait. "Tu viens d’apparaître devant moi et je sais qu'aucun mal ne peut me venir de toi puisque je t'aime, et c'est comme si je t'aimais depuis toujours". La confiance est cette racine minuscule par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie - avec les autres hommes, les autres femmes, comme avec l'air qui baigne la terre ou le silence qui creuse le ciel. Sans confiance, plus de lien et plus de jour. Sans elle, rien"

""Prendre soi" - ce pourrait être la devise d'un artisan, d'une mère ou d'un amoureux. C'est la devise de la vie dans son ensemble, puisque son ensemble n'est composé que de détails, comme la peinture qui grandit sur la toile par légères touches du pinceau, minuscules vibrations de la main"

jeudi 4 juillet 2019

Les Barbares

Encore une sortie de LAL très ancienne. Suite à ma rencontre avec Jacques Abeille, j'avais noté ce titre pour poursuivre mon exploration des jardins statuaires. J'aurais dû le faire plus tôt car mon souvenir du voyageur et des jardiniers de statues reste assez flou.

On reprend un personnage anonyme, le Professeur, savant et linguiste, voué à devenir lui aussi voyageur. Le temps a passé. Terrèbre est tombée sous les invasions barbares et les hommes des steppes occupent la cité. Notre narrateur, universitaire qui comprend leur langue, reçoit la mission de la transmettre. Quand d'autres le relaient et espionnent systématiquement les barbares, le doyen lui demande de traduire un ouvrage reçu dans des circonstances mystérieuses. Il s'agit du livre des jardins statuaires. Est-ce pour cette traduction qu'il est fait prisonnier par les barbares ? Il l'ignore, mais le voilà retenu dans leur camp puis engagé dans un voyage avec eux. Il devient en quelques sortes l'historiographe du Prince des barbares, qui se dirige vers les jardins statuaires, traversant les steppes et les bois, se défaisant de ses hommes. Il espère pouvoir retrouver l'auteur du livre traduit et la trace de deux femmes.

Notre narrateur en profite pour noter tout ce qui l'intrigue et l'enchante des barbares. Chevauchant aux côtés de Félix, la femme bleue et d'Uen'Ord, il découvre les rites et les croyances de ceux qui ne sont finalement pas si barbares qu'ils semblent.

Intéressant contre-point des jardins statuaires, figés dans un archaïsme et une rigidité maladive, les hommes des steppes lui opposent le mouvement et le détachement. Regard ethnologique et écriture toujours fine et précise, sans fioritures. Un régal !


lundi 1 juillet 2019

Le courage d'être soi

Je découvre un autre ouvrage de Jacques Salomé que celui sur la planète TAIRE, qui traite de certains sujets identiques, autour de la communication notamment mais dont le sens est plutôt mis sur le développement personnel. 

A travers des exemples personnels et d'autres, l'auteur nous propose d'aller vers plus de connaissance de soi et d'authenticité. Il propose de démasquer les blessures, les zones d'ombre, les fidélités contraignantes et de mieux vivre deuils et séparations pour grandir... Moui moui moui, c'est vraiment blabla et théories. Pas du tout d'idées un peu pratiques, à part quand on revient sur ESPERE. Et c'est torché assez rapidement pour paraître imposé, sans remise en question possible. Bref, pile-poil ce qui me fait grincer des dents. J'ai largement préféré ma première lecture !