lundi 28 février 2022

Un fils tombé du ciel

Lao She nous livre un roman à la fois amusant et tragique avec ce livre. 


On est en Chine, au début du XXe siècle. On ne le ressent pas toujours tant tout est centré sur les relations entre les personnages et autour du héros lui-même. C'est l'histoire d'un enfant abandonné, adopté par une famille sans enfants. Il est marchand, elle est maîtresse de maison. Le petit Tianci grandit entre eux, en faisant tout pour embêter sa mère et se faire gâter par son papa poule. Enfant remuant à la maison, il est vite maté à l'école où il n'apprend pas grand chose. On le suit jusqu'à la fin de l'adolescence, alors qu'il n'a toujours choisi que les plaisirs et la facilité. 

Roman initiatique souvent drôle, parce que l'auteur s'en mêle pas mal, il est finalement assez plat et décevant.


 

lundi 21 février 2022

Les Bourgeois

Voici un roman d'Alice Ferney, sur ma PAL depuis des années. Il est un peu trop à l'image de son titre, enfermé dans une société bourgeoise, une famille aisée entre la fin du XIXe siècle et du XXe. 

A l'occasion de la mort de Jérôme, un des plus jeunes frères, on rencontre la fratrie Bourgeois, les enfants de Mathilde et Henri mais aussi leurs cousins, les enfants de Gabrielle.

A total chez les Bourgeois, 10 enfants : Jules, militaire, Jean aussi. Nicolas, André, Louise, Joseph, Jérôme, Claude, Guy et Marie. Ils évoluent dans des milieux d'affaires, des milieux privilégiés, ils sont médecins, avocats, gradés... Enfin, les hommes. Leurs épouses et les femmes en général sont surtout là pour faire des enfants. 

En même temps qu'on découvre le quotidien de cette famille, on suit la grande histoire de France, celle des guerres mondiales et de la guerre d'Algérie. On suite les évolutions sociales, le rapport à la religion qui change, le rôle des femmes qui s'étoffe. C'est amusant cette grande fratrie mais le lecteur s'en fiche un peu. Et surtout, il peut être un peu décoiffé par les propos sur les droits des femmes, sur leur quotidien et la liberté à laquelle elles ont - ou non - accès. 




mercredi 16 février 2022

Faut-il lâcher prise ?

C'est une collègue qui m'a prêté ce court ouvrage de Robert Scholtus. Le lâcher prise est à la mode, vous l'avez sans doute remarqué. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Et est-ce réellement une bonne idée de lâcher prise ? A travers un parcours dans la tradition chrétienne, le théologien nous invite à une autre forme de confiance, entre volontarisme et abandon. 

Lâcher prise, surfer sur la vague d'une société liquide, n'est-ce pas consacrer une démission ou n'est-ce pas parfois juste se lâcher, sans penser qu'il s'agit d'indifférence à l'autre ? N'est-ce pas une défaite que de renoncer à des idées, à des engagements même si la mode est à l'éternel présent ? 

Petit détour par le volontarisme et ses excès, par le mouvement et l'hyperactivité si intense que seule la démobilisation ou le retrait de la course puissent y répondre. Puis on en vient à l'abandon, à l'abandon à Dieu, qui lui aussi peut-être si excessif à vouloir détruire le moi, détruire l'amour propre et la volonté, voire le désir qu'il conduit à une "âme morte". C'est finalement par Thérèse de Lisieux et Charles de Foucauld que l'on commence à s'approcher d'une autre forme de lâcher prise, l'acceptation de son humanité, la confiance et la reconnaissance que chacun a besoin des autres, ne se suffit pas à lui-même. C'est là qu'on commence à parler d'amour et d'abandon dans l'amour, par amour :

"Il faut aimer pour s'abandonner, tout comme il faut s'abandonner pour aimer"
Il est question d'abandonner ses armes, comme Jacob devant l'Ange, sans renoncer à combattre, entre résistance et soumission. De se rendre disponible à un Dieu qui s'est anéanti par amour. 
Une autre façon de vivre avec les autres plus libre et plus aimant ?

"Crois en Dieu comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu. Cependant mets tout en œuvre en elles, comme si rien ne devait être fait par toi, et tout par Dieu seul."

"Il manquera toujours au lâcher prise tel qu'il se comprend aujourd'hui de se renoncer lui-même comme volonté et comme méthode pour n'être plus que cette joyeuse disponibilité à laquelle Dieu nous abandonne"

"Ce m'est tout un que je vive ou je meure,
Il me suffit que l'amour me demeure"


lundi 14 février 2022

La tia Julia y el escribidor

Je profite du mois latino américain pour sortir ce roman de Vargas Llosa de ma PAL de livres prêtés où il patientait depuis l'an dernier. La lecture en était fort divertissante, c'est une belle façon de renouer avec une langue et un continent que j'aime !

Le jeune Marito Vargas étudie le droit et travaille dans une radio de Lima. Il rêve de devenir écrivain et ne cesse de jeter des brouillons d'histoires à la poubelle. Et voilà qu'il commence à faire sortir Julia puis à flirter avec elle alors qu'il s'agit d'une tante, venue de Bolivie. La tia Julia, largement son ainée, divorcée, s'attache aussi à lui. Evidemment, c'est un scandale pour la bonne société !

En parallèle de cette histoire d'amour - assez peu intéressante à mes yeux, sauf pour le côté très rocambolesque de la fin -  on découvre des feuilletons radios du grand Pedro Camacho ! Des histoires étonnantes, burlesques, qui se terminent toujours par un suspense et des questions insoutenables. Cette alternance permet de découvrir une multitude d'aventures, des façons d'écrire différentes et surtout... que les personnages peuvent échapper à leur créateur. En effet, Pedro Camacho se mélange un peu les pinceaux et les feuilletons si populaires tournent à la catastrophe. 

Un roman très agréable, avec des personnages secondaires innombrables qui permettent de découvrir la diversité de la population latino-américaine. Portrait drôle, acerbe et loufoque d'un monde chaotique, c'est aussi un autoportrait de l'écrivain qui revient sur ses jeunes années. Chouette découverte !


jeudi 10 février 2022

D'autres poèmes de Dickinson

7

The feet of people walking home

With gayer sandals go—

The Crocus— till she rises

The Vassal of the snow—

The lips at Hallelujah

Long years of practise bore

Till bye and bye these Bargemen

Walked singing on the shore.

 

Pearls are the Diver's farthings

Extorted from the Sea—

Pinions— the Seraph's wagon

Pedestrian once— as we—

Night is the morning's Canvas

Larceny— legacy—

Death, but our rapt attention

To Immortality.

 

My figures fail to tell me

How far the Village lies—

Whose peasants are the Angels—

Whose Cantons dot the skies—

My Classics veil their faces—

My faith that Dark adores—

Which from its solemn abbeys

Such resurrection pours.


254

“Hope” is the thing with feathers -

That perches in the soul -

And sings the tune without the words -

And never stops - at all -

 

And sweetest - in the Gale - is heard -

And sore must be the storm -

That could abash the little Bird -

That kept so many warm -

 

I've heard it in the chillest land -

And on the strangest Sea -

Yet, never, in Extremity,

It asked a crumb - of Me.

 

271

A solemn thing—it was—I said—

A Woman—white—to be—

And wear—if God should count me fit—

Her blameless mystery—

 

A hallowed thing—to drop a life

Into the mystic well—

Too plummetless—that it come back—

Eternity—until—

 

I pondered how the bliss would look—

And would it feel as big—

When I could take it in my hand—

As hovering—seen—through fog—

 

And then—the size of this "small" life—

The Sages—call it small—

Swelled—like Horizons—in my breast—

And I sneered—softly—"small"!

 

279

Tie the Strings to my Life, My Lord,

Then, I am ready to go!

Just a look at the Horses -

Rapid! That will do!

 

Put me in on the firmest side -

So I shall never fall -

For we must ride to the Judgment -

And it's partly, down Hill -

 

But never I mind the steepest -

And never I mind the Sea -

Held fast in Everlasting Race -

By my own Choice, and Thee -

 

Goodbye to the Life I used to live -

And the World I used to know -

And kiss the Hills, for me, just once -

Then - I am ready to go!

 

315

He fumbles at your Soul

As Players at the Keys -

Before they drop full Music on -

He stuns you by degrees -

 

Prepares your brittle substance

For the etherial Blow

By fainter Hammers - further heard -

Then nearer - then so - slow -

 

Your Breath - has chance to straighten -

Your Brain - to bubble Cool -

Deals One – imperial Thunderbolt -

That peels your naked Soul -

 

When Winds holds Forests in their Paws -

The Firmaments - are still –

 


321

Of all the Sounds despatched abroad-

There's not a Charge to me

Like that old measure in the Boughs

That Phraseless Melody-

The Wind does- working like a Hand -

Whose fingers brush the sky-

Then quiver down, with Tufts of Tune-

Permitted Men-and Me-

lnheritance it is -to Us

Beyond the Art to Earn-

Beyond the trait to take away-

By Robber - Since the Gain

Is gotten not of fingers,

And inner than the Bone-

Hid golden- for the whole of days-

And even in the Urn-

I cannot vouch the merry Dust

Do not arise and play-

In some odd fashion of it's own-

Some quainter Holiday.

 

When Winds go round and round, in Bands-

And thrum upon the Door-

And Birds take places- Overhead -

To bear them Orchestra-

 

I crave him Grace- of Summer Boughs-

lf such an Outcast be-

Who never heard that fleshless Chant

Rise solemn, in the Tree-

As if some Caravan of Sound-

On Deserts, in the Sky-

Had broken Rank-

Then knit -and passed -

In Seamless Company-

 

327

Before I got my eye put out -

I liked as well to see

As other creatures, that have eyes -

And know no other way -

 

But were it told to me - Today -

That I might have the Sky

For mine - I tell you that my Heart

Would split, for size of me -

 

The Meadows - mine -

The Mountains- mine -

All Forests - Stintless Stars -

As much of Noon as I could take

Between my finite eyes -

 

The Motions of the Dipping Birds -

The Morning's Amber Road -

For mine - to look at when I liked -

The News would strike me dead -

 

So safer - guess - with just my soul

Upon the window pane

Where other creatures put their eyes -

Incautious - of the Sun –

 

341

After great pain, a formal feeling comes -

The Nerves sit ceremonious, like Tombs -

The stiff Heart questions was it He, that bore,

And Yesterday, or Centuries before?

 

The Feet, mechanical, go round -

Of Ground, or Air, or Ought -

A Wooden way

Regardless grown,

A Quartz contentment, like a stone -

 

This is the Hour of Lead -

Remembered, if outlived,

As Freezing persons, recollect the Snow -

First - Chill - then Stupor - then the letting go -

 

352

Perhaps I asked too large -

I take - no less than skies -

For Earths, grow thick as

Berries, in my native town -

 

My Basked holds - just - Firmaments --

Those - dangle easy - on my arm,

But smaller bundles - Cram.

 

353

A happy lip — breaks sudden —

It doesn't state you how

It contemplated — smiling —

Just consummated — now —

But this one, wears its merriment

So patient — like a pain —

Fresh gilded — to elude the eyes

Unqualified, to scan —


lundi 7 février 2022

Frankie Addams

Encore une sortie de PAL historique pour ce roman de Carson McCullers. Bienvenue dans les affres de l'adolescence, pendant un été ennuyeux.

Frankie est une jeune fille qui vit avec son père, sa nourrice Bérénice, et son cousin John Henry. Une grande nouvelle survient cet été là : son frère se marie. Autour de cet événement, Frankie imagine une vie meilleure, une vie réconciliée avec elle-même, aimée par le jeune couple. Mais la réalité est bien différente. Elle attend impatiemment le mariage, joue à être autre pour mieux se sentir elle-même. Elle erre, elle fait des tentatives, des expériences, observée par une Bérénice attentive. 

Une atmosphère un peu lourde, des histoires d'amour ratées, des journées qui n'en finissent pas, tout tend à donner à ce roman un rythme lent. La frustration et la solitude de Frankie sont au centre, contaminant le lecteur. Un roman très juste sur l'adolescence, la recherche de soi et le flou de ce virage entre enfance et âge adulte. 

jeudi 3 février 2022

Les Disparus

Je crois que c'est Bobin qui m'a donné envie de lire André Dhôtel, des années après Le pays où l'on arrive jamais, étudié au collège - et dont je ne garde aucun souvenir. 

Dans ce roman, il y a des mystères autour de bois où des gens disparaissent. C'est d'abord Casimir, un ami de Maximin, dont on perd la trace du jour au lendemain. Et puis, en s'installant à Someperce comme comptable, Maximin découvre que ce n'est pas la première fois que cela arrive. Il ne fouille ni ne fouine mais découvre petit à petit les étranges mœurs du lieu comme l'éternel dialogue entre les notables du coin :"Des nouvelles ? - Pas de nouvelles". Ou les dégâts faits au camping qu'il gère. Lui-même se sent le besoin de jouer de la musique et est hypnotisé par les bois. Comme ça ne se fait pas, il finit par se parler à lui-même. 

Avec l'aide d'une archéologue, d'un gardien  et d'une drôle de fille, Maximin découvre progressivement les histoires de Someperce, toujours sur le mode de la suggestion, de l'intuition, avec mystères et jamais de certitude.

Un roman étonnant pour ce flou, cet aspect flottant des personnes et des choses, mais prenant et poétique. La nature y a une belle place ainsi que les saisons. La langue est belle, il y a de l'humour, de la beauté... ça se lit très bien !

"Il fut repris par cette hantise forestière et il se dit qu'en effet ce qu'il y avait d'incroyable, c'est qu'à chaque instant tout semblait nouveau en raison même d'une immobilité presque intolérable. Enfin cessons de faire des phrases. Peut-être tout simplement cette campagne était belle, ni harmonieuse ni désordonnée, mais absolument étrangère à toute idée et à toutes proportions connues"