mercredi 26 juin 2019

La ferme de cousine Judith

Je crois que c'est la première fois que je lis un ouvrage de Stella Gibbons. Trouvé dans ma PAL, je l'ai sorti pour le mois anglais ! Et j'ai plutôt aimé à mon grand étonnement. C'était une bonne détente, sans prétention.


Flora Poste se retrouve orpheline et sans un sou à 20 ans. Pas démontée par sa situation, elle envoie des lettres à des cousins éloignés pour s'incruster chez eux. C'est la lettre étonnante de sa cousine Judith qui parle de "réclamer des droits" qui décide Flora pour le Sussex. Elle débarque dans une ferme sale, biscornue, maudite... et entend bien changer les choses. Elle va réformer en quelques mois tous les habitants de la maison. D'Elfine, la fille sauvage, elle fait une parfaite fiancée. De son prêcheur de père, Amos, un prêcheur itinérant, laissant les mains libres à Seth et Ruben pour suivre leurs passions. Mais l'âme de la maison, Ada Doom, ne laissera pas son empire s'écrouler ainsi.

C'est drôle, léger, ironique : tout à fait ce qu'il me fallait pour une période intense de boulot. Voilà qui fait parfaitement retomber la pression. Par contre, ce n'est pas non plus une belle étude de caractères ou de la campagne anglaise, c'est plein de malice et de bons sentiments. 





lundi 24 juin 2019

Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits


Ma dernière lecture de Salman Rushdie n’est pas à la hauteur de mes attentes. Oui, ce billet commence mal. Le titre du roman était pourtant alléchant puisqu’il s’agit des mille et une nuits, à quelques jours près, selon notre comptabilité. Et je me retrouve avec un conte qui n’en est pas un, un conte qui n’est qu’un prétexte, un manteau sur les épaules d’une thèse bien froide. Malgré l’écriture emberlificotée de ce roman et quelques jeux chronologiques plus agaçants qu’intéressants, on reste dans une guerre des mondes tout ce qu’il y a de plus classique. Les combattants portent les masques de djinns pour cacher les terroristes, les extrémistes religieux ou les philosophes libertaires. Et le masque de la belle Dunia, princesse de la foudre, qui s’amourache d’Averroès fatigue plus qu’il ne séduit. 
Personnages en carton-pâte, guerre longue et inintéressante, je ne retiens du livre que la fantaisie des masques et des joutes, entre divinités et clowns. Dommage.


vendredi 21 juin 2019

Geai

Pour ouvrir le challenge Bobin avec Yuko en ce début d'été, je vous propose un livre qui commence en hiver, dans la glace et le froid. 

Geai et Albain. Femme morte, sous la glace, femme dont le sourire grandit, femme en rouge. Albain enfant curieux. sensible, rêveur, hors du monde ? Ou plutôt, plus dedans que les autres : présent à à la nature, à la musique, aux objets. Sage, sans souci du lendemain ou d'hier. Enfant que suit le lecteur, flottant avec lui. Albain devient adulte en conservant ses yeux et son attitude d'enfant, même quand il vend des casseroles ou travaille pour un antiquaire. Ce contemplatif, cet idiot diront certains, pose un regard si différent sur le monde et les êtres qu'il questionne. Faut-il tant travailler, se hisser, se battre ou se laisser vivre, à l'abri du monde ? Albain ne se pose peut-être même pas la question mais il a choisi.

J'ai noté pas mal d'extraits qui me plaisaient dans ce livre mais si je ne devais en garder qu'"une phrase qui bondit au visage du lecteur comme si elle n'attendait que lui" :
"On croit aimer des gens. En vérité, on aime des mondes"
Dans ce court roman, un bol d'air avec les jolies trouvailles de Bobin, Albain, ce personnage principal si paisible et doux. 
"Que deviennent les choses que personne ne voit ? Elles grandissent. Tout ce qui grandit grandit dans l'invisible et prend, avec le temps, de plus en plus de force, de plus en plus de place"
"Un secret, c'est comme de l'or. Ce qui est beau dans l'or, c'est que ça brille. Pour que ça brille, il ne faut pas le laisser dans une cachette, il faut le sortir dans le plein jour. Un secret, c'est pareil. Si on est seul à l'avoir, ce n'est rien. Il faut le dire pour que ça devienne un secret"
"Mon Dieu, protégez-nous de ceux qui nous aiment"
"Et voilà. Il ne voulait pas le dire à Prune et il l'a dit. Les secrets sont des piments sur le bout de la langue. Tôt ou tard ils mettent la bouche en feu. Tôt ou tard on ouvre la bouche et on montre le petit diable qui faisait sa cuisine entre nos dents serrées"
"-Si c'est pour moi, tu trouveras. Quand on aime quelqu'un, on a toujours quelque chose à lui dire ou à lui écrire, jusqu'à la fin des temps.
-Qui a dit que je vous aimais ?
-Mais tu me vois, Albain. Tu me vois : il est impossible de voir quelqu'un - de ce côté de la vie ou de l'autre côté, peu importe - si on ne l'aime pas"



Special Branch

Une fois n'est pas coutume, ce sera pour moi la BD qui m’emmène cette année à l'époque victorienne avec trois titres : l'agonie du Léviathan, la course du Léviathan et l'éveil du Léviathan de Pierre-Yves Berhin et Roger Seiter.
De Liverpool à Londres, nous suivons un enquêteur de la Special Branch, Robin, et sa soeur Charlotte, médecin et anthropologue.


Le Great Eastern est à quai pour démantèlement. Ce bateau qui ne semble avoir plus rien à offrir attire pourtant les regards des rôdeurs... et de la police quand une momie est retrouvée à bord. Surtout quand cette momie a en poche la photo du jeune amiral Cavanagh, devenu un politique éminent. Les gardiens du bateau disparaissent. Robin et Charlotte se mettent sur le coup pour découvrir ce qu'il s'est passé dans la traversée de 1867.

Une BD sympa, qui joue un peu trop du flashback pour faire avancer l'enquête à mon goût, mais qui nous plonge dans une belle ambiance avec les bas fonds de Londres et Liverpool - pub, bordels - et ses côtés plus reluisants. Une bonne lecture détente. 

lundi 17 juin 2019

Nemesis

Le mois anglais est souvent l'occasion pour moi de lire ou relire un Agatha Christie en VO, avec plus ou moins de chance dans la pioche. Avec ce titre, c'était plutôt bingo ! Sans surprise, Miss Marple est aux commandes.

Mr Rafiel, un riche financier, est décédé, annonce le journal de Miss Marple. Elle se souvient de l'avoir croisé des années auparavant autour d'un meurtre. La nouvelle pouvait rester sans suite et Miss Marple continuer à tricoter. Mais une invitation et un courrier du défunt l'invitent à mener l'enquête et à exercer une vengeance - d'où le Némésis du titre. Sauf que les infos sont extrêmement maigres jusqu'à ce que la vieille dame soit invitée à un délicieux tour des jardins et maisons anglaises. So charming ! Mais la campagne n'est pas si paisible qu'elle parait l'être. Entre trois sœurs qui rappellent les sorcières de Macbeth, deux femmes un peu louches qui semblent suivre Miss Marple et une touriste blessée, il y a fort à faire. Et toujours pas de commande claire de la part du défunt. 

Une enquête sympathique avec une Miss Marple très âgée, qui radote un peu, mais ne perd pas le nord pour autant. La fin est un peu longuette, c'est un policier où l'on entrevoit la vérité avant la vieille dame - ce qui est plutôt rare - mais l'ambiance de mystère avec cette commande post mortem est plutôt réussie. 

lundi 10 juin 2019

Pas d’enfants, ça se défend !

C’est le titre qui m’a fait emprunter cet ouvrage de Nathalie Six, une enquête autour de ceux qui refusent d’avoir des enfants, les child free. Elle s’intéresse à toutes les raisons qu’invoquent les non-parents, qu’ils soient en couple et mariés ou célibataires. Pas de grosse découverte dans celles-ci, elles tournent autour de :
La liberté et l’épanouissement personnel qui pourraient être contraints par les enfants, que ce soit dans le travail, l’amour, l’argent, le confort de vie ou la sphère personnelle
La peur d’être enceinte et d’accoucher
Le climat et la démographie mondiale
Un rapport non résolu à ses parents ou à soi
Une décision religieuse ou philosophique
Une volonté d’être fécond autrement, par la création artistique notamment


Et de questionner également le modèle social de la famille et cet impératif de l’enfant selon les âges de la vie. Pourquoi la norme est-elle d’avoir des enfants plutôt que le contraire à une époque où chacun peut décider d’avoir ou non des enfants ?

Ce qui est rassurant dans cet ouvrage, c’est que tout est finalement assez simple et qu’il n’y a pas des milliers de raisons d’avoir des enfants ou non. Mais j’espérais des choses nouvelles ou plus éclairantes ou inspirantes. Ce n’est malheureusement pas le cas même si l’ouvrage dresse, sans trop de parti pris, un instantanée de la question.

lundi 3 juin 2019

Trois frères


Harry, Daniel et Sam sont trois frères, nés après la guerre, à Camden, le 8 mai à midi, chacun à un an de distance de son aîné. Mais cela restera l’un de leurs rares points communs car leurs caractères et aspirations diffèrent. Abandonnés par leur mère, méprisant leur père, ils vont chacun se frayer un chemin différent dans la société londonienne.


Harry est le beau gosse populaire, qui ne se foule pas beaucoup mais qui a le sens des opportunités. D’abord coursier, il devient reporter au Clairon puis au Morning Chronicle.
Daniel est l’intello de la famille, il fait Cambridge, où il restera pour faire carrière dans la littérature.
Quant à Sam, il est solitaire et rêveur. Il se retrouve jardinier puis gardien. Il semble tout à fait inoffensif et perdu.

Bien que côtoyant les mêmes personnes, les trois frères se croisent peu. Ils n’ont aucune envie de se rappeler d’où ils viennent. Mais c’est grâce à eux que le lecteur pénètre dans une société londonienne pas très reluisante, pleine de magouilles, de fric, de sexe et d’apparence. L’intrigue tourne autour d’un promoteur immobilier pas très net pour mieux nous faire découvrir Londres et ses habitants.

Joli roman de Peter Ackroyd, bien mené, aux héros un peu caricaturaux et peu aimables. C’est vif, satirique, parfois grinçant !