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continue à m'informer sur les inégalités sociales, et à creuser les publications d'ATD Quart Monde ! Avec cet ouvrage, l'association passe en revue plein de préjugés - 88 exactement - organisés en idées reçues sur les pauvres et sur les solutions pour en finir avec la pauvreté.
C'est par exemple "Les pauvres coûtent cher", "On peut gagner plus au RSA qu'avec le SMIC", "Les sans-abri ne veulent pas travailler", "Les immigrés prennent des emplois aux français" ou "Il vaut mieux placer les enfants pauvres"...
Chaque affirmation est ensuite expliquée, accompagnée par des chiffres et des situations concrètes. C'est très pédagogique et instructif !
"Les pauvres font tout pour profiter au maximum des aides
Au contraire, beaucoup ne sollicitent pas les aides auxquelles ils ont droit. Pour différentes raisons (volonté de ne pas dépendre de l'aide publique, complexité des démarches, manque d'information, souhait de ne pas être contrôlé...), une partie des personnes éligibles à différentes aides n'en font pas la demande. C'est ce qu'on appelle le non-recours. Les taux de non-recours sont les suivants : 50 % en moyenne pour le RSA (68 % pour le RSA activité, 35 % pour le RSA socle), 29 % pour la CMU complémentaire, 68 % pour le tarif première nécessité d'EDF, 62 % pour le tarif spécial solidarité de GDF, 50 à 70 % pour les tarifs sociaux dans les transports urbains."
"Les pauvres sont des fraudeurs
Ils fraudent beaucoup moins que les autres. Il ne s’agit pas de nier la fraude aux prestations sociales, ni la nécessité de lutter contre elle. Mais elle est très faible par rapport aux autres types de fraudes – notamment la fraude fiscale -, auxquels les discours stigmatisants s’intéressent beaucoup moins [...] 60 millions d’euros de fraude au RSA en 2009 pour environ 2 millions de bénéficiaires, cela représente en moyenne 30 euros par personne et par an. "la fraude des pauvres est une pauvre fraude", estimait le Conseil d’Etat en février 2011. Dernier point : en face des 4 milliards de fraude estimée aux prestations sociales, alignons les montants estimés des non-recours à ces mêmes prestations : 5,3 milliards pour le RSA, 4,7 milliards pour les prestations familiales et le logement, 828 millions pour l’allocation personnalisée d’autonomie (APA)…, soit au total environ 11 milliards "économisés" chaque année par l’Etat parce que, pour différentes raisons, une partie des personnes qui ont droit à ces prestations ne les sollicitent pas. Au bout du compte, malgré la fraude, l’Etat est donc gagnant d’environ 7 milliards d’euros par an !"
"Ce sont les étrangers les plus pauvres qui immigrent en France
[...] Les migrants disposent de ressources importantes, tant en termes financiers, comme en témoigne le niveau de transferts de fonds à destination des pays en développement [...] qu'en termes de capital humain puisque près d'un tiers des migrants récents dans les pays de l'OCDE sont diplômés du supérieur contre moins de 6% en moyenne dans leur pays d'origine"